19/09/2014
"Trois-huit", extrait.
" (...) La conseillère - Non, mais ça n’a rien à voir avec rien. On peut aussi comprendre que quand on rentre d’une journée de travail, on n’a rien envie de faire.
M.H. - Oui, mais pendant ce temps-là, vous faites tout, c’est ça ?
La conseillère - On peut dire ça, si vous voulez.
M.H. - Je ne veux rien. Je veux juste que vous compreniez que c’est parce qu’on fait quelque chose que l’on ne peut pas faire rien. Et moi, aujourd’hui, je vous demande de me trouver du rien et vous me proposez quelque chose.
La conseillère - Si ce n’est que ça, on peut s’arranger : je vous radie des listes et vous
n’aurez plus rien !
M.H. - Toujours sur le mode péjoratif, hein ! ça vous ennuie qu’on puisse revendiquer ça ?
La conseillère - Certainement, oui, ça m’ennuie ! Il faut travailler, dans la vie, ne pas rester à faire rien.
M.H. - Si vous saviez le temps que ça prend…
La conseillère - De quoi faire ?
M.H. - Faire rien.
La conseillère - Ça ne peut pas prendre du temps de ne rien faire !
M.H. - De faire rien, si. Il faut s’y consacrer pleinement. A temps plein. On comble tellement de vides quand on fait quelque chose qu’à côté, le rien n’est rien.
La conseillère - Vous êtes quoi, philosophe ?
M.H. - Oh non ! Vous n’imaginez pas les études qu’il faut faire pour ça ! Des années de travail, et pour quoi faire : enseigner que celui qui sait, c’est celui qui sait qu’il ne sait rien. Avouez que c’est un peu fort de café, non ? (...) "
extrait de "Pôle-Emploi", une des trois pièces de "Trois-huit". Sortie le 27 septembre aux Editions Raison & passions
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18/09/2014
Avant.
Quand Google s’appelait le Quid, la démarche était périlleuse, mais le résultat moins éphémère.
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17/09/2014
Roi & Reines.
15:41 Publié dans Blog | Lien permanent
16/09/2014
Clark Kent.
Je ne peux que penser que la rapidité avec laquelle je me défais de ma veste, de ma chemise et de mon pantalon en toile pour enfiler un vieux short et des tongs au moment où j’arrive chez moi me ferait passer, dans une cabine téléphonique, pour un héros adulé des enfants.
17:32 Publié dans Blog | Lien permanent
15/09/2014
Des deux côtés de la frontière.
Samedi soir, dans la belle salle de la bibliothèque de Divonne-les-Bains, je parlerai de la frontière, à l’invitation des Lettres du même nom. Mon statut d’auteur Lyonnais à double virgule, qui n’a aucun sens quand on sait ce que j’écris, ne m’empêchera pas de poser un regard philosophico-poétique sur la notion, ses acceptions administrative, politique, morale et identitaire. Je serai accompagné de gens érudits et passionnants, et vais confronter aux frontaliers la vision qu’en a Aurélia quand, en 1914, elle essaie, avec d’autres, de pénétrer en Suisse malgré l’interdiction. J’ai trois quarts d’heure pour intéresser et faire participer. Un défi? Je le relève. Si vous êtes dans le coin, ou de passage, je vous y (re)verrai avec plaisir.
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14/09/2014
The Meaning of life.
J'aimerais mourir un dimanche, que l'angoisse du lendemain soit pour une fois justifiée.
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13/09/2014
Verbatim.
Les romans qu'on termine ne sont que très rarement ceux qu'on visualisait avant de les commencer: des personnages prennent plus d'envergure qu'on leur avait envisagée, d'autres moins. Des actions, des descriptions sautent à la relecture, ou n'ont même pas été écrites, parce qu'elles ne servaient pas le récit. Au fur et à mesure qu'il avance, l'écrivain revient à ce qu'il écrit, un seul et même roman, ce qui caractérise son écriture: même dans l'ancrage historique, mon étude est psychologique, laisse la place au lecteur de s'identifier à tel ou tel personnage, ne hiérarchise jamais, ne juge ni les uns, ni les autres. Mieux, à force de me (re)lire, j'ai conscience que chacun de mes livres vise une transposition dans n'importe quel endroit, à n'importe quelle époque, y compris ceux - le premier et le prochain - qui s'inscrivent directement dans une époque révolue. Un phénomène qui peut paraître banal, mais qui me surprend sans cesse: c'est ainsi qu'il n'y a pas de frontières entre Emilie, de "la partie de cache-cache", Marjo' de "Trop Pas!*" ou Aurélia, qu'elles sont un et un seul personnage féminin dont l'enfance nous prend à partie, le lecteur et moi. Peut-être autant que l'enfant que je fus surveille l'adulte que je suis devenu, qu'il ne le trahisse pas tout à fait.
* Capucine, 13 ans à peine, m'a dit hier qu'elle avait adoré le livre avec les chansons, mais qu'elle était encore trop petite, dixit son père, pour "la partie de cache-cache". Son compliment m'a rempli de joie.
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12/09/2014
Laënnec.
Je ne passe que très rarement par le quartier « Laënnec », à Lyon, trop loin de là où je vis et, pour tout dire, peu attrayant, mais je suis sidéré par sa force symbolique à chaque fois que le nom est prononcé, ou s’affiche dans une rame de métro : il n’y a pas si longtemps, j’y ai eu un rendez-vous amical avec une jeune femme qui avait bravé l’usage pour me demander de l’accompagner voir une pièce de théâtre, qui s’y jouait. Cette femme, je ne l’avais jamais rencontrée personnellement, mais je la connaissais comme tout le monde, en tant que (forte) personnalité publique. Nous avions échangé quelques messages, publics, puis privés, et la curiosité, peut-être, l’avait poussée à en savoir un peu plus de moi. A Laënnec, donc. Je me souviendrai d’un parfum, délicieux, d’une pièce vécue côte-à-côte puis, l’ironie s’en mêlant, de l’impossibilité de l’avoir pour moi un seul instant après le spectacle et, conséquence logique, d’un nombre important de restaurants déjà fermés quand nous pûmes enfin les atteindre. Une espèce de soirée avortée, un rendez-vous qui le fit, à la « Jules & Jim », pour une minute de trop, ou une autre, manquante. De ces « Ou bien ou bien » que j’affectionne, puisqu’à chaque fois que je passe par Laënnec, je me demande si l’histoire que nous n’avons pas vécue n’est pas, au final, plus signifiante que celle que nous aurions pu avoir.
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