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20/10/2014

Six mois ferme.

J'ai six manuscrits de "Aurélia Kreit" dans la nature, à l'heure actuelle. J'en ferai partir quelques autres, encore, avant de me fier au jugement d'un lecteur, ou à l'arbitraire d'un stagiaire. Pour l'instant, je teste mon impatience à l'aune des points de suspension ou de la polysémie de tel ou tel adjectif utilisé, de telle expression passe-partout qui, d'un coup, prend des proportions démesurées... Je sais qu'il faut que j'abandonne le jugement aux autres autant que j'ai abandonné l'histoire. Je sais aussi que la première réponse que je recevrai, ce sera la mienne, l'envoi recommandé que je me suis fait, par précaution. Je compte sur l'Ukraine pour me détacher de Aurélia, on n'est pas à un paradoxe près! Je compte sur les mots qui me viennent actuellement, qui comblent le manque, créent une nouvelle dépendance, m'emmènent du côté d'Algeciras, pour un nouveau dépaysement. J'en ai pris pour six ans quand je me suis lancé dans Aurélia. J'en prends pour six mois depuis qu'elle m'a quitté.

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19/10/2014

Recordaras.

En trois jours, j'ai fait plus que revoir des films déjà vus mille fois: j'ai réentendu, en public, dans des salles allant d'une petite centaine à près d'une dizaine de milliers (la plus grande salle - éphémère - du monde) la petite musique particulière de ce cinéaste qui aura marqué ma génération et celles qui suivront. Ce fils de la liberté recouvrée, des excès en tout genre post-franquistes, a la crinière blanchie, mais plus que l'amour que toute une foule lui a rendu, ce sont les étapes-clés de nos vies qui ont défilé sur l'écran géant, la mélancolie en bandoulière: et ces trois notes d'Ismael Lo, la sortie du tunnel, à Barcelone, ces plans sur la Sagrada Familia - après, hier, la terrasse déjantée des Mujeres al borde de un ataque de niervos et, ce matin, le combo inoubliable Un año de amor et Piensa en mi - c'est tout cela qui donne l'impression d'en être encore un peu plus qu'on le fut tout au long de notre vie. On applaudit à tout rompre l'homme qui sort, mais c'est du folklore: ses films lui survivront très largement.

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18/10/2014

Des mots en retour.

"Ce qui me fascine c'est que l'écriture vous déborde, vous dépasse, au point d'entamer des recherches contraignantes mais indispensables, pour coller au récit et (oui/non) à l'Histoire. Vous m'apprenez à lire, et à mon âge..."

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17/10/2014

En écho.

Il y eut du monde, autant qu’on peut en espérer dans une librairie un jeudi à 19h, une première satisfaction pour les hôtes et pour l’auteur: on ne parlerait pas dans le vide. Il y eut un petit problème au démarrage, l’absence d’un synopsis qui aurait permis à tous de savoir, avant de le comprendre, quel était le sujet de ce livre dont la presse de ceux qui lisent parle. Rien de grave, juste le temps de sentir le rouge aux joues, et puis après, le grand boulevard: la position dans l’écriture, les choix de vie pour commencer, le genre littéraire auquel accoler ce livre-là, à la couverture étonnante, frappée d’un bandeau que l’auteur, gentiment, contestera: non, ce personnage-là, aussi puissant qu’il soit, ne peut restreindre l’histoire racontée à sa propre existence. Et s’il faut pour cela que l’auteur le fasse disparaître, lui qui n’était même pas prévu, à l’origine, eh bien soit, dût-il risquer le déséquilibre dans le roman, par contraste. Les personnages échappent à celui qui les crée, dit-il, fonctionnent par sédimentation: chacun d’entre eux est la somme et le rejet de tous les autres, dans une saga familiale, il fallait bien que la notion de l’héritage arrive. Il a parlé de « son » XIX°, aussi, de celui qu’il a vérifié et imaginé, s’interdisant de se l’approprier, par souci moral, et réaliste: comment pourrait-il savoir ce qu’avait en tête, à tel instant de 1850, un paysan de la région de Mérives, cette ville inventée dans laquelle tous ceux nés d’un même milieu se reconnaîtront. Liront leur propre histoire familiale dans les succès, les excès, la déchéance aussi d’une lignée, qui vit et meurt avec le siècle, avec l’entrée, avec dix-huit ans de retard, dans celui d’après. L’entrée était libre, la sortie aussi, avait-il prévenu: je n’ai vu sortir personne, hier, et au vu des exemplaires écoulés, il faut croire que l’envie a été suscitée. Tant mieux si j’y ai contribué, a minima. C’était bel et bien une affaire des vivants, hier, au Tramway.

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16/10/2014

Camelote.

L'air altier d'Alexandre le Grand a grandement contribué à ce qu'Alexandre Astier surmonte ses problèmes de taille.

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15/10/2014

Six Feet Under.

202527_fr_courbet.jpgOn a beau croire, chez les autres, à une part de coquetterie quand, tout à coup, ils ne s'avouent plus si confiants dans le travail effectué, voire carrément en panique, hurlant à la nullité et à l'imposture, quoi qu'il arrive jamais bien loin. On a beau solliciter le chleuasme, fier de l'avoir appris en rhétorique (dire quelque chose à son interlocuteur dans l'espoir qu'il le contredise: si vous lui dites je suis nul et qu'il ne vous répond pas mais non, c'est soit qu'il n'a pas compris le principe, soit que c'est grave!) chez les autres, quand vient notre tour, rien à faire, c'est la catastrophe: on peine déjà à sortir un extrait de l'ensemble pour qui nous le demande, on est à deux doigts de brûler l'ensemble plutôt que d'en donner un demain à quelqu'un qui sera dans les deux à l'avoir lu, on se dit que les noms, là, sur les enveloppes à soufflet, ne méritent pas qu'on le leur impose. Et puis on se souvient qu'on a dit à l'un d'entre ceux qui sont passés par là qu'il ferait mieux de se taire au vu du travail qu'il avait proposé. Et on espère silencieusement la même issue pour celui-ci.

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14/10/2014

Aimons-nous vivants.

Capture d’écran 2014-09-30 à 22.21.33.pngAlors, promis, après, je n'en parle plus, mais c'est l'occasion de tester autre chose que l'auto-promotion: la défense d'un livre qui nous a plu, qui nous a marqué et dont on a la chance de connaître l'auteur. Qu'on peut de surcroît inviter dans la librairie du quartier, parce qu'ils nous font confiance et parce qu'ils savent qu'on va remuer ciel et terre pour rameuter un peu de monde. Un peu plus qu'à la dernière rencontre leur suffirait, ça ne devrait pas être trop difficile. J'ai eu la chance de blinder plusieurs fois la "librairie du Tramway", parce que mes livres ne sortent qu'une fois, et que ça se passe là-bas. Si je pouvais susciter l'intérêt des passants de ce blog pour "l'Affaire des vivants", de Christian Chavassieux, en visite jeudi à 19h, ce serait formidable. Et après, promis, je n'en parlerai plus.

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13/10/2014

Les Choeurs de l'Armée bougnate.

jlm.jpgUn nouveau Jean-Louis Murat, c’est un non-événement, puisque le bonhomme a une production de stakhanoviste, chaque année apportant son album, voire deux. Mais là, la parution de « Babel », double album – et triple vinyl de toute beauté – marque une étape importante dans la carrière du Bougnat, puisque après Lilith en 2003, et avec l’aide du Delano Orchestra, un groupe de la région, Murat s’engage sur vingt titres marqués par la topologie (Chamablanc, le Col de Diane, le Chambon et la direction du Crest sont convoqués, le Vendeix et le Sancy aussi ) à mener l’auditoire dans un road-trip américano-auvergnat avec la distance poétique et la dérision dont lui seul est capable, puisque rien ne l’oblige, ni la quête du succès, ni l’idolâtrie dont il est parfois victime. Alors, Murat mêle, dans ses textes, le lien viscéral de sa vie paysanne et ses voyages intérieurs, amoureux ou exotiques. L’homme avait déjà chanté la « Taïga » à Nashville, il la ramène ici dans son « Chant Soviet » ou dans « la Chèvre Alpestre », crée des ponts entre des titres anciens  - via la rhubarbe ou la violette -  et les nouvelles chansons, que le Delano souligne par des cuivres omniprésents, la trompette de Julien Quinet en fil conducteur, par une section cordes – et le violoncelle sublime de Guillaume Bongiraud – raffinée pour les titres plus doux. La voix oscille également, suivant la mélodie, entre les aigus de ses débuts, le codage de « la neige et pluie au Sancy »  et la douceur suave du crooner qu’il n’a jamais cessé d’être.  Une voix doublée, par moments, de ses propres chœurs et de celle, inhumaine de beauté, de Morgane Imbeaud : à ce titre, la fin des Frelons frise l’apoplexie de l’auditeur. Le choix de chansons longues, non formatées, permet à l’album de créer une ambiance unique, entre un pays perdu et les racines d’un Blues retenu, passé par la mélancolie du classique. On écoute « Babel » comme on attaque un roman épais, sans se soucier du temps que ça prendra, en prenant patience quand le propos est abscons ou quand la musique ne nous convient pas – il en faut pour tout le monde et ça tombe bien, il y en a pour tous ! – parce qu’il y a toujours un moment magique pour nous ramener vers le Murat qu’on aime : le mien, à la première écoute, porte plus sur les « Frelons d’Asie » ou la « Vallée des merveilles », mais ça pourra changer bientôt. Ce qui m’inspire dans l’œuvre muratienne, c’est qu’elle est porteuse de mémoire : celle d’un homme entre deux âges qui constate que le monde a filé sans lui. Jeté aux ronces. Sans nostalgie pour autant, juste un peu de mélancolie. A Saint-Babel, le temps s’écoule moins vite qu’ailleurs. Parce qu’en bon paysan, on sait distinguer le travail de l’agitation. « Babel » est de la bel ouvrage.

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