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19/12/2025

Cultures lives, 18.12.2025

IMG_6057.jpegC’est un très bel écrin, le théâtre de la petite rue dans la petite rue de la Viabert, à Villeurbanne, qui vous accueille sous l’égide du buste de Monsieur de Molière et réservé à Cultures lives, le podcast créé par Gaële Baussier-Lombard, qui nous invitait, Stéphane Pétrier et moi, pour évoquer Jean-Louis Murat et le Voyage de Noz, ci-devants mes deux derniers sujets d’écriture. La petite scène pour l’enregistrement est dressée dans la première salle, il y a un bar, des fauteuils Empire et une ambiance ouatée, c’est accueillant en soi et ça l’est encore plus quand Guillaume Lebourgeois mène l’entretien avec la maestria de ceux qui ont lu les livres. Il parle d’entrée d’un exercice très littéraire, de l’apport d’un artisan à un autre, voit des analogies flatteuses (pour moi) dans nos parcours conjoints, à Jean-Louis et moi. Il a repéré des récurrences du mot atrabilaire, dans les notes - forcément répétitives - puisqu’on est chez Molière, je ravive le sous-titre du Misanthrope, le titre de mon premier recueil de notes de blog, aussi - l’hippocampe atrabilaire - quand je pensais dur comme fer que l’écriture d’un diariste n’était pas faite pour être éditée. Ce que je pense toujours, sauf si, dans le même livre, on propose également autre chose, comme c’est le cas pour Un monde sans Murat. Guillaume souligne l’audace de l’entretien post-mortem mais préfère s’attarder sur le pan strictement littéraire des nouvelles, parle des Endimanchées comme d’un exercice proustien, ça tombe bien, Murat s’est revendiqué proustien à vie, c’est l’objet de la dernière note de la somme. Je fais le lien avec les récents 40 ans des Noz, quand on était en droit d’observer ce beau monde en se demandant s’il avait vieilli ou s’il jouait à avoir vieilli. Stéphane, lui, annonce avoir détesté Murat à l’origine - trop beau, trop ténébreux - puis être petit à petit entré dans son univers jusqu’à être happé. C’est le premier moment-privilège de l’émission, quand, accompagné de Jérôme à la guitare et de Nathalie aux chœurs, il chante Petite Luge, qu’il a enregistré pour le projet Aura aime Murat, avec un immense talent. Placer le moine babillard, le théologicien de nos culs ignorants, ça n’est pas si aisé mais le silence qui saisit la dizaine de personnes présentes est éloquent. Wah! Il s’est vraiment passé quelque chose et j’ai eu 2´30 d’une absolue conscience de la chance qui était la mienne, hier. On s’y remet, il est question de la construction de ces deux ouvrages, du rapport à l’écriture, aux thèmes des nouvelles, qui allient connaissance du sujet muratien et distanciation. Je rappelle qu’en dehors des deux-trois moments fugaces que j’ai vécus avec lui, je n’ai jamais cherché à en savoir plus que ce qu’il donnait sur scène; que j’ai (déjà) mis vingt ans avant d’aborder Stéphane Pétrier. Guillaume rappelle que UMSM est tout sauf un livre de fan, c’est bien. On a déplacé un piano pour que Steph joue près du vide, ce qu’il fait en deux temps, sans doute insatisfait mais là encore, pour moi, l’instant est magique, avec ce vers qu’il me faut souligner juste après : et se dire, sans frémir, que si tu me blesses, c’est peut-être de l’amour à l’envers. Molière regimbe un peu, parce que l’alexandrin est bancal mais Pétrier jubile parce qu’il ne le cherchait pas. Une interview, c’est court, et j’aurais pu rester des heures, et serais bien intervenu sur les séquences d’après, quand il y a eu lecture d’Henri Barbusse, qui mit sans un mot les impétrants entendus juste avant à leur place, sous les applaudissements. Il fut question, après l’entretien, d’amis d’enfance - et d’un étrange auto-suicide - d’autres de très longue date, d’un couscous délicieux et même d’un verre de Suze. D’un parcours de curiosité et de vie qui nous lie, Gaële et moi, depuis 15 ans. Ce sont des personnes comme ça qui font vraiment vivre la culture, qui prennent des risques parce que c’est tellement plus beau lorsque c’est inutile. Comme Anthony et son équipe, que je retrouve ce soir, avant de redescendre sur mes terres. Fatigué mais ravi.

(Photos et podcast à suivre)

08:56 | Lien permanent

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