29/10/2014
Ré Mi.
C’est un beau jeune homme, aux idéaux ancrés dans la crinière échevelée : un des ces post-adolescents qui se donnent des airs plus vieux parce qu’ils se laissent pousser la barbe, mais dont les beaux yeux clairs témoignent d’une absolue nécessité de vie. Une vie qu’il ne se laissera pas dicter : il a fait des études un peu décalées, dans un lycée agricole, une formation après le Bac en Gestion et protection de la Nature, il sait que les débouchés sont rares, mais peu importe : ce qui lui plaît, c’est d’être en harmonie, à contre-courant de tout ce qui motive la jeunesse de son époque et ceux qui les ont élevés. On dira qu’il se cherche, mais si on le dit, c’est parce qu’on n’a plus l’âge de le faire, et que les concessions qu’on a faites, nous, aux idéaux de notre jeunesse, sont légion. On peut regimber, arguer de quelque permanence, mais il n’empêche : notre temps a passé, est devenu, sans prévenir, celui de ceux qui nous ont suivis, à qui on a donné vie, qu’on regarde s’engager avec fierté, et crainte. On parle beaucoup trop de lui, ces jours-ci, en oubliant l’essentiel, pourtant : un jour viendra où tout se fera silence et peine, et c’est là qu’on saura vraiment qu’il manque au monde qui l’aura sacrifié.
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28/10/2014
Dawn's early light.
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27/10/2014
On choisit pas sa mémoire.
Caillau, Caillau, Caillau! Luminaires, répondit l'écho.
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26/10/2014
Zeugma.
Il souffrait d'apopathodiaphulatophobie mais il est mort de honte et d'un manque de papier toilette.
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25/10/2014
Retranscrire des émotions.
L’abscisse Charlotte-Julie ne tenait pas compte de ses ordonnées : Julie renvoyait son amie aux pires moments qu’elle lui avait confiés pour éviter qu’elle en provoque d’autres. A cet instant, je me sentis plus proche d’elle que de n’importe qui à cette table, Charlotte incluse : une telle marque d’amitié, quitte à passer pour la plus revêche de tous demandait une abnégation telle que je pensais à la scène sublime des « Poupées russes » de Klapisch, quand Kathy Reilly énonce à un Romain Duris interdit les raisons pour lesquelles elle l’aime lui dans toutes ses imperfections. Une scène de gare comme nous en avions connu quelques-unes, Charlotte et moi. Mais dans la vie réelle, il n’y a pas d’autre bande-son, pour ces cérémonies des adieux, que le haut-parleur hésitant des sociétés de chemin de fer. Là, alors même que l’action se passe à Moscou, c’est la voix de Beth Gibbons et son « Mysteries » qui m’a plus d’une fois renvoyé dans la ville où je n’avais jamais voulu revenir depuis que Charlotte y habitait. Jusque à aujourd’hui. « I’ll be there anytime ». Les dix années pendant lesquelles, immanquablement, la moindre bluette m’avait renvoyé à elle s’effondraient dans une discussion de salon que personne, encore, n’avait décodée. Julie mettait son amitié en opposition entre le passé de Charlotte et une permanence qu’elle m’avait reconnue en un regard.
- Ah, la nature humaine ! enchaîna Adrian, enchanté de pouvoir reprendre un peu le cours de la conversation. C’est quand même étonnant que nous soyons sur ce point plus optimistes que vous, les Latins !
- Moi, je crois aux gens, protesta Ana. Si je n’y avais pas cru, je ne me serais jamais trouvée ! Je n’ose pas penser que des gens ne croient pas en eux-mêmes !
- Paul y parvenait très bien, dans mes souvenirs.
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24/10/2014
Bredouille.
J'ai pensé générer un texte automatiquement, voire en écrire un à partir de n'importe quelle touche du clavier, histoire de m'acquitter de ma tache et de ne pas rester bredouille. Une sensation qui s'annonce de plus en plus palpable, dans les démarches que j'ai engagées. L'impression que les choses vont se faire sans moi, et l'incapacité de réagir, par ailleurs. Je vais terminer 2014 sur les rotules, mais avec un nouveau roman, dont les recherches sont plus simples, mais plus complexes à retranscrire. Une gageure supplémentaire, mais un peu de réconfort aussi : l'oralité est celle de Tébessa, et la danse est proche de la Valse. Une histoire de famille.
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23/10/2014
Bon ben voilà.
Je travaille d'arrache-pied, sans bien savoir pourquoi. L'envie de tout envoyer paître, à commencer par ce blog, est prégnante, on verra où elle me mène. En Ukraine dans quatorze jours, c'est sûr, mais après, rien ne l'est moins.
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22/10/2014
Retrouver l'oralité.
Après, c’est la vie, ça, Diegito, tu comprendras : elle procède par vagues, elle n’est jamais linéaire. Un jour tu joues avec les meilleurs, tu te sens invulnérable, et le lendemain, tu n’as et tu n’es plus rien. Juste confronté au choix entre la nostalgie de ce que tu as été et la projection dans ce que tu pourrais être de nouveau. Un choix que tu fais ou qui s’impose à toi, c’est selon. J’ai eu de la chance, je ne me suis rien laissé dicter, jamais. Mais j’ai payé pour ça aussi : j’en ai vu s’éloigner, d’autres me reprocher des choses dont ils ne m’ont jamais parlé, d’autres mourir, aussi, comme José. J’ai lutté un temps contre l’image qu’on renvoyait de moi, puis j’ai compris que ce n’était pas la peine : ceux qui veulent te voir différemment de ce que tu es trouveront toujours une raison de le faire. Tu n’as que ta conscience à opposer à ça, ton reflet dans la glace tous les matins. La façon dont tu t’es accommodé, tout au long de ta vie, des accidents successifs qu’elle t’a fait subir. Des ruptures, des deuils – les vrais et les autres – les lendemains silencieux des agitations et des promesses de la veille. Tu ne contrôleras jamais ce que tu provoques chez les autres, la part qu’ils t’envient et celle qu’ils te reprochent d’avoir explorée quand eux ne l’ont pas fait. Les représentations qu’ils se font de ton existence, à l’opposé de ce qu’elle est, les manques que ça soulève chez eux, toute cette petite somme de misères humaines, tu y seras confronté et il faudra y faire face.
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