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14/02/2011

Rouletabille

leroux.gifJ'ai reçu un renfort précieux dans le cadre de mon projet "Aurélia Kreit". Mon amie Véronique, historienne de l'Art et érudite, s'est engagée à travailler avec moi pour que le cadre historique - à travers l'Europe, de l'Ukraine en 1905 jusqu'à Marseille en 1917 - du roman soit incontestable. Je l'ai même chargée de transformer tout document visuel trouvé en texte descriptif, que j'intégrerai dans le récit. Je me charge du monologue intérieur de la jeune fille, dont le lecteur suivra les douze années d'exil et d'aventures. Nous avons décidé de réunions de travail et d'un cadre pré-déterminé à l'été, avant que l'écriture commence. Je prendrai d'ici là les risques que ma vie me commande de prendre pour que je puisse mener cette fresque à bien. C'est enthousiasmant. Vertigineux, mais enthousiasmant. Evidemment, le roman, terminé, sera signé de nos deux noms : j'ai plus d'aspiration à devenir nègre moi même - et à travailler comme tel sur mon projet, n'en déplaise au pestilentiel M.Guerlain - qu'à en embaucher un. 

Pour commencer, et contre toute attente, je me détache des travaux d'historiens, fastidieux, pour retrouver toute la période qui m'intéresse dans "l'Agonie de la Russie Blanche', de Gaston Leroux. Quand la littérature autrefois dite "populaire" (si la littérature populaire d'aujourd'hui pouvait avoir cette qualité d'écriture!) sert les plus grands desseins... Chronique à suivre très bientôt.

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10/02/2011

Auto-destruction d'un auteur prometteur

1164712300Ymz0yu.jpgJe retrouve et relis quelques pages du tout premier roman que j'ai commis, il y a désormais un certain nombre d'années (de mémoire, commencé en 1993, achevé en 97). J'ai appelé ça, au final, "l'amphithéâtre": le personnage central meurt en page 2, se retrouve dans un amphithéâtre de l'ENESAD de Dijon(!) et voit se matérialiser, l'une après l'autre, les femmes qu'il a aimées ou du moins avec qui il a correspondu (oui, le XX°s. battait son plein...). Certaines d'entre elles ont de l'empathie, d'autres moins. Le roman inclut les passages sauvés d'une poubelle de Neuilly-Plaisance d'une pièce de théâtre ("Correspondance(s)", ouais, je sais, c'est moche!) dans laquelle deux personnages, subissent un enfermement: les huis-clos, même à ciel ouvert d'Algérie ou du Berry, m'inspiraient déjà, il faut croire. Je relis, je ne peux pas ne pas éprouver d'affection pour cette horreur dont je ne peux même pas isoler un morceau à vous faire lire... Il y a pourtant tous les éléments de ce que quelques personnes, désormais, trouvent bien. Comme quoi tout est à relativiser, à commencer par les petites victoires. D'ailleurs, je suis de ceux qui pensent qu'il faut écrire des livres-monstres avant d'en écrire des biens. L'important étant qu'il n'y ait personne pour les éditer, évidemment.

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09/02/2011

Odisseo dello spazio

fusaro.jpgQuand Fusaro va voir en Italie s’il y est, il a le bon goût de ne pas emmener le lecteur dans un road-movie aux allures trop ritalo-convenues. Les pistes sont soigneusement faussées dès le départ puisqu’il faut avancer dans le récit pour en situer, à quelques éléments près, l’époque. Les ruptures, spectaculaires ou non, ont ceci de plus que ceux qui les vivent qu’elles sont a-temporelles et soumises à la même récurrence que les feuilles des marronniers qui tombent Place Sathonay, au-dessus du Café de la mairie, où commence l’action, sous une pluie drue de vinyles, de livres et de vêtements, de « l’Italie si j’y suis ». Ce sera donc le journal d’un échec amoureux, un de plus dira-t-on, mais celui-ci est signifiant justement parce qu’au fur et à mesure que Sandro avance sur les routes italiennes, il reconnaît que « jouer les hommes blessés, ça ne (lui) va pas ». Voire, à la fin du parcours, qu’il lui aura fallu celui-ci pour s’avérer. Pas de rédemption dans cette initiation-là, qui se double de la paternité en train de se jouer puisque Sandro a emmené son fils Marino avec lui pour les semaines d’été qui désormais lui sont dues. Ils partent tous les deux, entre hommes, en Alfa Romeo Giulietta Spider. Marino ne se dépare jamais de la tenue que son grand-père lui a offerte, une réplique de la combinaison de Gagarine, floquée d’un CCCP convaincu. C’est ainsi, discrètement, que Fusaro situe l’époque, les convictions, les drames (l’exil du grand-père Nonno, communiste, qui a fui le fascisme) et les reproductions. Sandro s’abandonne dans la chute, ponctue ses étapes de Campari ou de Negroni bus par trois, toujours, surveille du coin d’un œil son fils qui joue et de l’autre l’opportunité qui s’offrirait à lui de La supplanter. Elle dont il énonce, par anaphore, comment elle lui a dit qu’elle croyait ne plus l’aimer alors même que lui n’avait jamais trouvé le courage de le lui dire. Elle m’a dit… Les deux hommes aux chaussures symboliques – lui porte celles de Brian Ferry, récupérées dans un hôtel, son fils les bottes de sa mère qu’il croit à Gagarine – posent leur pas dans le pas de chacun, ils se soutiennent et se portent jusqu’à ce qu’apparaisse, sur le bord de la route, la belle Dolores, qui les mènera jusqu’à Stromboli, via Palerme, ville fétiche de l’écrivain Fusaro puisqu’il lui a consacré un roman, déjà (« Palermo solo »).

n Deux sur une banquette et toi dans le hall de l’hôtel

Les trompe-l’œil de Fusaro sont nombreux : l’époque, qui pourrait être celle de ses parents, les lieux, qu’on visite parfois sans s’y arrêter, comme les protagonistes, les choix aussi, entre les regrets et les avancées. On suit la libération de Sandro, pas à pas, qui ne substitue pas Dolores à la femme dont il dit pour aller vite qu’elle est morte. Il ne s’abandonne pas autrement que dans l’alcool, le tabac et la vitesse, comme pour bien stipuler au lecteur que si les ruptures sévissent toujours, les moyens de les oublier ne sont plus tout à fait les mêmes… L’enfant qu’est Marino joue aussi des références qui sont celles de l’auteur, entre ritournelles italiennes de son enfance (de Adriano Celentano à Patty Pravo) aux références rock d’une époque pour qui tout est en train de bouger, du « Berlin » de Lou Reed au « Ziggy Stardust » d’un Bowie récurrent, en passant par Jagger et les New-York Dolls. A la différence près que c’est Marino qui porte les T-shirts quand Sandro préfère porter beau. Il n’y a pas que ces croisements-là, d’ailleurs : on note plusieurs parallélismes qui, sans dévoiler, donnent à la deuxième partie du récit, narrée par Dolores (fille d’Isabel, d’Espagne), une force que la première ne laisse pas croire. Dolores, née de la côte d’un pêcheur sicilien quand Sandro, lui, est né de celle d’un poète. Marino, qui s’est fait de Gagarine l’ami imaginaire que se font les enfants de son âge, ne se dévoilera qu’à la fin, occupé qu’il est, tout au long du récit, à soutenir son père dans son périple. Sans vraiment qu’on sache qui est l’enfant des deux, puis des trois, puisque ce qu’ils y trouveront par définition, les révèlera à eux-mêmes.

Les scènes de cinéma sont omniprésentes, également, les monstres sacrés italiens sollicités, mais sans enflure, sans procédés convenus : le public de Rossellini est sensible et cultivé, nous dit Dolores, il n’envahit pas. Quand elle choisit une cassette dans la voiture (on retrouve tout, dans « l’Italie si j’y suis », les K7, la touche << dont on a tous rêvé qu’elle pût corriger nos vies, les milliers de lires et les cabines de téléphone à pièces, la même Dolores prend « Marie & les garçons », clin d’œil passager, dont il est dit que le fait d’armes est de s’être fait arroser de cannettes lors d’un concert à Fourvière. A Lyon, la ville natale de Marino, pas celle de Sandro. Téléphone et Starshooter leur étaient venus en aide sur scène, mais on n’aura gardé que l’échec d’un groupe en avance sur son temps. C’était entre 77 et 82, entre le punk et Mats Wilander : une ère sur des airs italiens, entre deux aires d’autostrada. Entre Belletto pour la topographie lyonnaise et Quignard pour son final entre terre et mer, Fusaro regarde les hommes faire semblant d’avoir une histoire, mais sans pathos. Entre deux Campari, en attendant le troisième. 

19:45 Publié dans Blog | Lien permanent

07/02/2011

Se mettre à écrire

cuirass__potemkine.jpgVous savez que "le poignet d'Alain Larrouquis" suit son processus de publication, que "cache-cache", croisons les doigts, n'a pas encore fini de faire parler de lui (ici encore, dans la blogosphère), entraînant même, dans sa suite, une résurgence de "Tébessa". Je pourrais être, même si je ne suis dupe de rien, un auteur comblé, donc détestable. Fort heureusement, par conséquent, je ne le suis pas. Parce que j'aimerais que les choses aillent encore plus vite, parce que j'aimerais assez qu'elles m'entraînent dans un champs de décisions autre que conflictuelles, parce qu'on n'a jamais assez envie que ses livres soient lus quand on sait qu'ils sont prêts pour l'être. Mais plus encore, je tenais récemment le propos de ces livres que l'on a en nous et que tous ceux qu'on a écrits, pour merveilleux qu'ils soient, ne sont que les annonciateurs. J'ai un "Dîner" en cours, j'espère qu'il vous plaira, mais maintenant, c'est à mon "Aurélia Kreit" que je dois m'atteler, et à rien d'autre. Pour cela, il me faut en faire, des choix. Parce qu'on n'écrit jamais moyennement, je le sais. Et ce que j'ai réussi à faire jusque là, je ne pourrai pas le reproduire, ou alors inutilement. Je travaille, comme d'autres auteurs de mes amis, à accorder ma vie au cycle d'écriture d'un roman absolu, mais sans la prétention de l'être. Il le sera pour moi, déjà, qui contemplerai bientôt les trois romans édités en trois années (mais écrits, évidemment, sur une séquence plus longue!) comme un lointain et émouvant souvenir au regard de ce que je m'engage à faire, tout en procrastinant.

 

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03/02/2011

Une soirée à Somosierra

Image 6.pngSomosierra n’existe pas. C’est un col de montagne, à 1 438 m d’altitude, qui relie Madrid à Burgos. Un défilé long de deux kilomètres, large de trente à certains endroits, serpen­tant, sinueux, enserré de rochers et d’éboulis. Plusieurs chaînes de montagnes abruptes - les sierras - parallèles, une enceinte entre le nord et le sud de la péninsule, séparant la Vieille Castille de la Nouvelle. Quand j’y suis arrivé, il faisait quatre degrés, en mai. La rudesse de l’endroit, son histoire, ses secrets correspondaient à la rupture que j’étais venu chercher. Le journal m’avait détaché à Riaza, en charge de rédiger un article pour un supplément histoire prévu l’année d’après ; un article que j’aurais à rendre avant de rentrer en France : j’ai accepté.

Je n’arrivais pas dans l’inconnu : Somosierra, c’est le lieu de trois batailles au moins. C’est Napoléon qui, le 30 novembre 1808, fit charger le 1er régiment de chevau-légers polonais pour écraser la résistance e et faire chuter Benito San Juan ; c’est Franco qui en fit une voie royale vers Madrid, dès juillet 1936 ; c’est Nizan, l’écrivain, qui fit enterrer le manuscrit du roman qu’il venait d’achever, la Soirée à Somosierra, avant d’aller se faire tuer au front, en juin 1940. J’étais venu chercher la tranquillité, j’allais trouver le silence des morts dans ce dédale de roches métamorphiques. Moi qui n’avais jamais supporté ni la campagne ni la masse oppressante de la montagne, je m’échouais en exil. Je logeais dans le village de la Pinilla et venais tous les jours passer des heures sur les lieux, avant de me plonger dans les livres d’histoire et les sites spécialisés : il me fallait ressentir, m’imprégner de la saturation de présence. Alors qu’il m’arrivait de ne croiser personne. Pas une seule fois je ne tins compte du temps qu’il faisait, m’imposant l’épreuve comme les combattants du 9ème d'infanterie légère, du 96ème et du 24ème  de ligne, les fusiliers et la cavalerie de la Garde et, cent-vingt neuf ans plus tard, des 6ème et 7ème divisions d’infanterie de l'Union Militaire Espagnole du général Mola. Qu’on pût à peine y accéder ne m’arrêtait pas non plus : tous les jours, pendant trois mois, j’arpentai les lieux avec mes cartes, tachant de retrouver là où la division Ruffin établit le campement, où furent piégés les républicains et les anarchistes de la CNT. J’étais dans l’obsession, voulais tout rattraper : les vies qui avaient cessé d’être, le silence qui les a supplantées, l’esprit d’un manuscrit qui devait terminer son pourrissement à Recques-sur-Hem. Je marchais parmi les cadavres mais n’en percevais aucun de détestable compagnie : c’était ici que j’allais asseoir le deuil de mes années, de mes amours passées, passer mon histoire au révélateur de la Grande et accepter que tout fût relatif. Je savais que des corps vivants pouvaient être plus morts que ceux que je foulais aux pieds, Solène me l’avait prouvé à Madrid. Je marchais dans les vallons, scrutais les brèches, les défilés ; en quelques semaines, je devins un spécialiste de l’endroit : j’aurais pu y guider des touristes, leur indiquer qu’entre El Collado de la Quesera, El Pico del Lobo et El Cardoso de la Sierra, il y a la route de Navacerrada, celle qui mène à Burgos ou à Madrid, selon la direction que l’on prend ; j’aurais pu le faire si je n’avais pas ardemment désiré de m’y trouver seul, face à moi-même et au nouveau défi que m’avait posé Margot.

Extrait du "Poignet d'Alain Larrouquis", à paraître, printemps 2011

 

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30/01/2011

One trip, one voice.

J'ai déjà largement débordé sur le quart d'heure de gloire réglementaire, mais j'en rajoute une petite couche, avec l'interview que j'ai accordée à Michelle Caron, en ligne depuis ce matin. Bon, s'il fallait relativiser le succès plus que je le fais encore, le lien, chez moi, ne marche pas. Mais vous pouvez essayer. Au début des années 80, à son fils John McEnroe qui déclara, suite à une victoire importante, "Je suis Dieu", le père a rétorqué : "Dieu, chez moi, il descend les poubelles." Quel rapport, vraiment?

Merci à Eric pour ce lien direct : 
podcast

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29/01/2011

Au-dessus des eaux & des plaines

Au-dessus des eaux & des plaines from cachard.l on Vimeo.

 

11:21 Publié dans Blog | Lien permanent

27/01/2011

Burn out

J'entends Edgar Morin, ce matin, sur Inter, parler de l'inculture des politiques, de l'absence de pensée dans le monde occidental et, dans le même temps, de la vitesse que l'on s'impose sans aucune raison ni direction précise. J'acquiesce, moi qui produis beaucoup, dans tous les sens, et qui n'aspire, en fait, qu'à une plus grande tranquillité dans ma vie. Alors, j'ai une idée, puisqu'il semblerait que "cache-cache" s'installe petit à petit et me promette au moins un avenir de six mois dans l'imaginaire des "gens", ces autres moi-mêmes qui achètent encore des livres : parlez-en à plusieurs millions de personnes, convainquez-les d'en acheter quatre ou cinq chacun. Faites en sorte qu'on ne puisse pas faire autre chose que de me proposer le Goncourt, le Nobel et la Légion d'honneur dans la même année. Quand je les aurai refusés tous les trois, je rentrerai dans l'Histoire, les manuels, toussa (mode Internet) et j'aurai la liberté de l'écrire, mon roman russe de 2000 pages avec plein de descriptions dedans, qui me fera perdre tous les lecteurs que j'aurai patiemment gagnés. Là, je ne pourrai pas dire qu'on ne m'avait pas prévenu, ouais, d'accord.

PS: demain ou dimanche matin, je passe moi aussi à la radio! Je ne manquerai pas de poster mes propos essentiels très bientôt. Le site de l'émission, sur: 

A vous de lire, sur France Bleu Isère

19:39 Publié dans Blog | Lien permanent