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27/01/2011

Burn out

J'entends Edgar Morin, ce matin, sur Inter, parler de l'inculture des politiques, de l'absence de pensée dans le monde occidental et, dans le même temps, de la vitesse que l'on s'impose sans aucune raison ni direction précise. J'acquiesce, moi qui produis beaucoup, dans tous les sens, et qui n'aspire, en fait, qu'à une plus grande tranquillité dans ma vie. Alors, j'ai une idée, puisqu'il semblerait que "cache-cache" s'installe petit à petit et me promette au moins un avenir de six mois dans l'imaginaire des "gens", ces autres moi-mêmes qui achètent encore des livres : parlez-en à plusieurs millions de personnes, convainquez-les d'en acheter quatre ou cinq chacun. Faites en sorte qu'on ne puisse pas faire autre chose que de me proposer le Goncourt, le Nobel et la Légion d'honneur dans la même année. Quand je les aurai refusés tous les trois, je rentrerai dans l'Histoire, les manuels, toussa (mode Internet) et j'aurai la liberté de l'écrire, mon roman russe de 2000 pages avec plein de descriptions dedans, qui me fera perdre tous les lecteurs que j'aurai patiemment gagnés. Là, je ne pourrai pas dire qu'on ne m'avait pas prévenu, ouais, d'accord.

PS: demain ou dimanche matin, je passe moi aussi à la radio! Je ne manquerai pas de poster mes propos essentiels très bientôt. Le site de l'émission, sur: 

A vous de lire, sur France Bleu Isère

19:39 Publié dans Blog | Lien permanent

20/01/2011

Frémiot du lac (noir)

IMG_9080 copie.jpgQuand Frémiot regarde Noirlac par le prisme d’une fourmi, ce n’est pas l’œuvre monumentale qu’il contemple, mais la façon qu’ont eue les hommes d’y allier des efforts menés vers une fin qui n’est pas celle qu’ils souhaitaient. Dans la distance et le ralliement, au ras de la pelouse et dans l’ascension, il porte un regard pointilleux là où le sens fait foi, ou l’inverse : le fait religieux est cistercien, le photographe se l’approprie. Voûtes, courbes et cloîtres deviennent plus qu’ils ne sont, garants d’un secret que la  visite autorisée ne livrera pas. Pas plus que la rectitude des lignes et des perspectives ne promet au visiteur l’accès à ce qu’il a lui-même de plus enfoui...

Les lieux de recueillement sont des paradoxes à part : on leur soumet une âme dont on n’a aucune garantie qu’elle perdure et, dans le même temps, on se nourrit du fait que d’autres viennent s’y livrer. Au XII°s, quand on l’a construite, les légendes bruissaient de faits héroïques, profanes dans le sacré : des chevaliers ne conquéraient que parce qu’ils étaient preux et courtois. On passait d’un monde à un autre par le seul vœu divin. Avec Frémiot, on redécouvre un abord sceptique d’un lieu dont il sait qu’il peut enfermer, si la foi qu’on lui confère précède le regard qu’on lui porte. Pas de don contraignant, aucune nécessité de donner son aval avant de savoir ce qu’on attend de nous. Au ras des pâquerettes, c’est l’entomologiste qui donne à regarder et la fourmi qui témoigne de l’extraordinaire vanité de l’entreprise humaine. Le noir lac n’est plus qu’un souvenir qui se rappelle parfois, au coin d’une meurtrière à vitrail ou d’un chêne dont l’ombre porte sur le mur. On y perçoit, en tendant l’oreille, une fois la cohorte passée, le murmure des esprits à qui elle n’a rien proposé. Des psychopompes* restés à l’état d’insectes, que les moineaux menacent, par ironie du sort, ou châtiment. La visite de Noirlac par Jean Frémiot demande plus de spiritualité qu’il en faut au pèlerin : une fois le regard attiré, il le laissera seul avec sa perception. Avec les doutes qu’il a cachés de l’existence qu’il a menée. Les fourmis, elles, n’ont rien créé qui les amène à se croire plus que ce qu’elles sont. Dans l’écho des arcades géminées sur bahut et des chapiteaux à feuilles d’eau, des hommes avancent sans dire un mot, d’autres les regardent et savent pourquoi.IMG_9343 copie.jpg

* merci à Christian Chavassieux, habitué des lieux.

Laurent Cachard, extrait de « L’Insecte & le Sacré », à paraître.

 

20:25 Publié dans Blog | Lien permanent

16/01/2011

Oldies

Image 12.pngSur la deuxième, un joueur espagnol de basket-ball est en position de défense, jambes fléchies, bras écartés, son envergure est immense ; comme il est pris de dos, son nom est floqué sur le maillot blaugrana, un nom qui frappe, en trois lettres : Epi. Le seul joueur dont le diminutif suffit : sur la photo que regardait Solène, Juan Antonio San Epifanio barre la route d’un joueur qui n’a pas encore décidé comment il allait le déborder ; il paraît anxieux, Epi, il regarde par dessus son épaule si un autre adversaire ne va pas venir le bloquer, comme s’il demandait de l’aide par avance. Il faut dire qu’en face de lui, le joueur qui tient le ballon sans laisser deviner s’il va le passer ou partir au panier, c’est un joueur qui a de l’allure, qui porte fièrement et sans maillot de corps dessous la tunique verte du meilleur club français de l’époque. Les cheveux mi-longs, les muscles des bras saillants, c’est un face-à-face que l’arbitre, juste derrière, surveille particulièrement comme s’il le savait décisif. La tête d’Epi en premier plan cache juste une toute petite partie de l’avant-bras gauche du joueur d’attaque, sinon on verrait qu’il porte, ce joueur-là, un seul poignet au poignet gauche. 

Extrait de "Le Poignet d'Alain Larrouquis", Raison & Passions, sortie printemps 2011;

12:37 Publié dans Blog | Lien permanent

08/01/2011

Revue de presse

Le quotidien m'a évidemment rattrapé, en ces premiers jours de janvier, mais je ne lâcherai pas l'affaire pour autant. Les nouvelles sont bonnes, d'ailleurs, pour moi, en ce début 2011: les Editions Raison & Passions ont accepté d'éditer ce qui devrait porter le nom elliptique de "6,25m, de 3/4 dos", sous-titré, s'il m'en donne l'autorisation, "le poignet d'Alain Larrouquis". Je n'ai jamais retravaillé un texte comme j'ai travaillé celui-ci, j'en ai déjà parlé quelques notes plus bas et l'éditeur a été conquis par la structure narrative. Peut-être n'est-ce pas une bonne nouvelle, finalement, pour moi qui attends (et ai toujours obtenu!) de lui un garde-fou à mon impétuosité? En tout cas, c'est pour le printemps, après derniers aménagements. Ce qui me laisse la liberté, maintenant, de m'attaquer à mon travail avec Jean Frémiot sur "l'Insecte et le Sacré".

Trois articles de natures différentes. Nicolas Blondeau est une vraie plume de "Livres & Lire", le magazine de l"ARALD à destination des bibliothèques et des librairies. La lecture qu'il a faite de "cache-cache" me remplit d'aise:

Image 4.png

Deux autres liens de lecteurs-bloggers, que Cécile Masarotti me fait l'amitié de m'envoyer ce matin:

ici et  

Intéressant de constater que des gens curieux existent un peu partout et ne se limitent pas aux livres qu'on leur propose en masse. Et puisqu'ils sont passés par ici (et repasseront sans doute), qu'ils se voient remerciés de leurs encouragements.

09:30 Publié dans Blog | Lien permanent

02/01/2011

On ne fait pas d'homeless sans casser des voeux.

Je déteste les voeux, à peu près autant que Noël, c'est dit. Un habitué des lieux s'en est dispensé à mon égard, arguant du fait que chaque année qui passe nous rapproche de la mort. C'est peut-être un peu direct, mais ça a le mérite de le rappeler. Je n'ai donc rien de spécial à formuler pour cette année qui vient, sinon qu'elle nous permette à tous d'aller au bout de nos envies et de nous délester de tout ce qui n'est pas nous, réellement. J'ambitionne pour ma part d'aller, dans ma vie comme dans l'écriture, à l'essentiel, en ne laissant aucun de ceux que j'aime sur le bord du chemin. C'est ambitieux, c'est le programme d'une vie et ça tombe bien, justement. Je me souhaite l'édition de "mon" Larrouquis, sur lequel j'attends l'avis de mon éditeur; mais 2011, c'est l'année programmée de la sortie de la comédie musicale lycéenne, "Trop pas!", qu'Eric Hostettler et moi avons écrite. Je sais qu'il faudra convaincre des sceptiques, mais n'est-ce pas là la finalité absolue de toute production artistique? On ambitionne de frapper fort, et professionnellement: enregistrement en studio pro, musiciens pro, conseiller artistique identifié, coach vocal pour Pauline, ingénieurs du son en collaboration et édition en grand format. Une association, Eloïse Prod. a été créée à cet effet. Il restera, une fois ce projet réalisé, à convaincre des distributeurs et des producteurs. Mais la force publique de l'oeuvre les convaincra, j'en suis sûr. Evidemment, comme le veut la formule, je vous tiens au courant...

11:54 Publié dans Blog | Lien permanent

28/12/2010

Court métrage

J'ai abordé Tristan Grujard, jeune diplômé des Beaux-Arts de Bourges et pas du genre les-deux-pieds-dans-le-même-sabot, avec la même réserve que celle que j'ai toujours développée vis-à-vis d'activités artistiques récentes ou branchées, ce qui souvent revient au même. La vidéo présentée ici m'oblige à dire, avec beaucoup d'affection pour ce talentueux jeune homme, que j'avais tort et que ce qu'il est capable de faire et de faire bien augure de beaucoup de belles choses pour lui. Voici donc un aperçu de la tristesse des écrivains lâchés en librairie...

Laurent Cachard et Jean Frémiot - La Boucherie from spoutnik on Vimeo.

14:55 Publié dans Blog | Lien permanent

27/12/2010

Rewriting

Il y a quelque chose de masochiste que de donner de soi à lire. Il y a quelques jours, dans ces colonnes, je dévoilais les premières lignes d'un roman en relecture, dont je viens de terminer les épreuves. Pourtant, à la relecture, je me rends compte que le travail n'était absolument pas terminé et que ce qui convenait à telle date ne convient pas du tout maintenant. Et ne conviendra pas plus à l'éditeur, gageons-en. Je veux montrer ici quelles sont les évolutions d'un texte en devenir.

Version O.9

"J’ai toujours aimé le basket. J’ai aimé jouer au basket, j’aime aussi entendre William Sheller chanter qu’il était alors un type qui jouait pas mal au basket-ball. J’ai aimé le basket  parce qu’il m’a d’abord permis d’échapper à la religion : dans ma famille, le choix se faisait tôt, à six-sept ans, on allait à l’Eglise avec ma mère ou au basket avec mon père. Il ne s’est pas fait de lui-même : au début, j’avais du mal à me dire que j’allais devoir jouer avec les autres, qui savaient faire des choses que je ne saurais jamais faire. A l’époque, il n’y avait pas de baby-basket, on accrochait des petits panneaux sur les grands, ce qui mettait le cercle à 2,60m plutôt qu’à 3,05m et on n’avait pas d’autre issue que de marquer, ou de ne pas marquer. Mon premier match officiel, je l’ai perdu 34-0. On n’a pas pu mettre un panier ou plutôt si, le meilleur joueur de notre équipe, celui dont le père avait joué dans un grand club français, en avait mis un sublime, tout en délié, double-pas bien appliqué, mais c’était sur l’entre-deux de la deuxième mi-temps : il avait oublié qu’on devait changer de côté ! Il a fait rire tous les spectateurs, les plus anciens ont obligés de commenté : quand un joueur marque contre son camp, le panier est attribué au capitaine de l’équipe adverse, ce qui fait qu’un joueur peut très bien comptabiliser deux points sans même être rentré sur le terrain de toute la partie. Moi, je ne m’étais même pas rendu compte qu’il s’était trompé de côté : ça aurait pu m’arriver, c’est sûr, mais avec moi, les risques étaient moins grands parce que ce panier-là, je l’aurais raté.

Quand je regarde les photos de cette époque, je me dis d’abord que j’ai les genoux cagneux. Ensuite que les shorts étaient vraiment courts, comparés au dernier que j’ai acheté et qui ne me sert plus à rien depuis que je ne joue plus : on ne met pas tous les jours un short vert avec un 11 énorme sur la cuisse gauche, surtout quand il vous arrive en dessous du genou et taille très large. Enfin que le 11, j’aurais dû le porter tout de suite plutôt que de vouloir absolument arborer le même numéro que mon père. Un 11 à la place du 9, à 8 ans et tout aurait été différent : parce que si le basket-ball m’a délivré de la religion, il m’a enfermé, moi, Paul Herfray, journaliste, écrivain et un peu moins que tout cela, dans une analyse que je pensais ne jamais pouvoir terminer. En tout cas pas tant qu’on ne m’aurait pas donné le poignet d’Alain Larrouquis."

Version 1.0

Je détruis tous les adverbes, les préciosités, je chasse les tournures négatives et passives, rajoute des points, évite les énumérations (pas plus de deux adjectifs maximum!). Je réécris et trouve ça beaucoup mieux. Jusqu'à la prochaine fois?

J’ai toujours aimé le basket. Jouer au basket, entendre William Sheller chanter qu’il était un type qui jouait pas mal au basket-ball. J’ai aimé le basket parce qu’il m’a  permis d’échapper à la religion : le choix se faisait tôt, l’Eglise avec ma mère, le basket avec mon père. Au début, j’avais du mal à me dire que j’allais devoir jouer avec les autres, qui faisaient des choses que je ne saurais jamais faire. On accrochait des petits panneaux sur les grands, le cercle à 2,60m plutôt qu’à 3,05m, pas d’autre issue que de marquer, ou de ne pas marquer. Mon premier match, je l’ai perdu 34-0. Pas un panier ou plutôt si, le meilleur joueur de l’équipe en a mis un sublime, double-pas appliqué, mais  sur l’entre-deux de la deuxième mi-temps : il avait oublié qu’on devait changer de côté. Il a fait rire les spectateurs, les plus anciens ont commenté : quand un joueur marque contre son camp, le panier est attribué au capitaine de l’équipe adverse, ce qui fait qu’un joueur peut très bien comptabiliser deux points sans même être rentré sur le terrain de toute la partie. Moi, je ne m’étais pas rendu compte qu’il s’était trompé de côté. Ça aurait pu m’arriver, mais avec moi, les risques étaient moins grands : parce que ce panier-là, je l’aurais raté.

Quand je regarde les photos de cette époque, je me dis que j’ai les genoux cagneux. Que les shorts étaient courts, comparés au dernier acheté qui ne sert plus à rien depuis que je ne joue plus. Que le numéro 11, j’aurais dû le porter tout de suite plutôt que de vouloir arborer le même numéro que mon père. Un 11 à la place du 9, à 8 ans et tout aurait été différent : parce que si le basket-ball m’a délivré de la religion, il m’a enfermé, moi, Paul Herfray, journaliste, écrivain, dans une analyse que je pensais ne jamais pouvoir terminer. En tout cas pas tant qu’on ne m’aurait pas donné le poignet d’Alain Larrouquis.

14:53 Publié dans Blog | Lien permanent

24/12/2010

Le père Noël supplicié.

dijon.jpgC'est le titre superbe d'un article de Claude Lévi-Strauss publié dans "les Temps modernes", en 1952, qui racontait comment le clergé de Bourgogne avait voulu marquer les esprits en brûlant l'effigie du Père Noël sur le parvis de la Cathédrale de Dijon, le 23 décembre 1951, devant les enfants du patronage réunis pour l'occasion. Histoire de dissocier les rites païens des religieux, j'imagine. N'empêche, même si ça n'a rien à voir, je déteste Noël et je ne sais pas pourquoi. Peut-être pour tout ce qui ne se dit pas plutôt que pour ce qui se dit. Que ça ne vous empêche pas de réveillonner et de fêter ça dignement : ça ne sera pas la première fois que je vivrai quelque chose en décalé.

 

11:28 Publié dans Blog | Lien permanent