29/11/2010
De la critique.
C'est une correspondance privée que je traduis ici, mais je ne peux garder pour moi ce que mon "vieux" (il me pardonnera l'usage) professeur d'université m'a envoyé après qu'il a lu "la partie de cache-cache". Tout y est, nonobstant le plaisir qu'il me fait à soigner mon égo : les réserves qu'on m'a déjà formulées sur le décalage supposé entre l'enfance et le discours qu'elle tient dans le roman; l'abord plus intelligible que sensible, même s'il ne m'avait pas sauté aux yeux, à moi. Je les traduis ici, ces beaux mots là, qui rappellent qu'autrefois on s'écrivait.
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28/11/2010
Quantifier l'amour à Cluses.
Petit comité vendredi chez « Jules & Jim », au bout du compte : la neige qui tombe, le froid qui gagne jusqu’à la librairie, mais a contrario de tout cela, une chaleur humaine jamais démentie tout au long de l’heure et demie passée à discuter de la « partie de cache-cache ». Avec un public restreint certes, mais déjà lecteur du roman, donc disposé à en débattre, et pas toujours sous le même angle. On s’est donc interrogé sur la nature profonde des personnages, sur la jouissance que Jean prenait à mener le bal, sur l’absence de réaction d’Emilie quand Grégoire semble prendre le dessus. Chacun y est allé de sa réaction, également, sur la lecture au sens propre : il y a ceux qui l’ont lu sans pouvoir le lâcher, les autres qui ont eu – on les comprend – d’espace de respiration. Une grande qualité d’écoute et d’analyse, donc, et les questions de Christelle, qu’elle n’aura pu poser qu’au tiers de ce qu’elle voulait faire et avait préparé, sans doute. La faute de l’intarissable bavard que je suis ? Fabienne et Cécile Massarotti, les fidèles de Vougy et Marignier sont venues, il y a même dans l'assemblée quelqu'un qui peut prétendre m'avoir vu jouer à cache-cache il y a plus de trente-cinq ans sans m'avoir revu depuis! L’impression est agréable de savoir que des lecteurs nous suivront quoiqu’il arrive, si les petits cochons ne nous mangent pas, dit l’adage. On réagit, la parole est libre, j’essaie de ne pas l’accaparer. Même s’il m’est curieux de chercher en même temps qu’eux les interprétations possibles qu’on peut donner à cette absence d’innocence, que je continue de revendiquer : il me semble qu’on donne à l’enfance la pureté qu’on a conscience d’avoir perdue en tant qu’adulte sans qu’on puisse vraiment se rappeler si la pureté des enfants est réelle, ou purement fantasmée.
Le travail d’écriture et d’édition est évoqué, je répète la filiation qui me lie à Claude Raisky, l’important travail de refonte et de relecture que « cache-cache » a subi depuis 2004. Son abandon à cette date pour cause d’écriture trop douloureuse, le roman de substitution que j’ai écrit alors. Et que la maîtresse de maison - après que sa collègue Hélène a magnifiquement lu le début du premier chapitre de cache-cache, rendant à Jeannot et au récit une anxiété que je n’avais plus perçue depuis longtemps – m’a demandé de présenter, reproduisant ainsi, en conscience, le serment de Vougy puisque lire des extraits d’un roman dit en préparation (ici en retravail puisqu’il est terminé) engage ceux qui assistent à ça à attendre naturellement que le roman sorte… Je lis le début du « poignet d’Alain Larrouquis », donc, puisque mes priorités, celles des trois vies dont j’ai besoin pour tout faire, ont changé. Je lis, retrouve la distance (6,25m) que revendique cet ouvrage-là, en reconnais la musicalité ; mais rien n’a changé depuis la fin d’ «Un monde sans pitié» : «P…, va falloir trimer !»
Eric enchaîne, mais le froid nous gagne un peu et la neige qui s’amoncelle au dehors nous rappelle qu’il ne faudra pas arriver trop en retard au restaurant. On introduit notre comédie musicale, Eric présente la petite dernière, « quantifier l'amour» , ci-jointe. Le petit impromptu surprise du « tourbillon de la vie » aurait mérité un avant-propos plus conséquent : je n’ai nullement l’ambition de me substituer à mon chanteur magnifique, c’était juste une tentative de reproduction de la scène du film, à usage interne. Au restaurant, la discussion reprend, autour d’Emilie, principalement. La nuit sera longue et agitée, mais on itère (avec un peu de retard dans le compte-rendu, allez, quoi, 24h ?) d’une unité la pile déjà conséquente des souvenirs essentiels. Et fondateurs.
"Quantifier l'amour" (Cachard/Hostettler)
envoyé par cachardl. - Regardez plus de clips, en HD !
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25/11/2010
Jules, Jim, cache-cache & "Indignez-vous!", de Stéphane Hessel
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24/11/2010
Phénoménologies
Il s'en passe de drôles, sur Haut & Fort. Je mets en ligne, un peu par paresse, il y a quelques mois, les premières lignes retravaillées de mon "poignet d'Alain Larrouquis" et voilà que, depuis peu, des lecteurs réclament la suite, des libraires me demandent d'en lire certains extraits et, potentiellement, des éditeurs s'intéresseraient à ce roman iconoclaste, dont, finalement, je reprends les épreuves. En trouvant ça solide. Pas dans la lignée de Tébessa ni de cache-cache, mais dans un autre genre, indéfinissable puisque se mêlent, dans l'histoire, je l'ai dit, la mythologie, l'histoire, le polar et autres occupations humaines. Ce qui est fascinant, c'est de penser qu'on puisse en fait être ramené malgré nous à quelque chose qu'on a écrit. Je n'avais pas, il y a peu, la même nécessité de voir ce livre édité que je l'avais pour les autres, mais maintenant que les autres sont là, le voilà qui a sa place, naturellement. C'est d'autant plus aisé dans le retravail du texte: je me restreins, me resserre, m'amaigrit sans même m'en vouloir. Confortable. Je souris beaucoup, m'amuse de cette histoire qui vous en dira autant sur la vie à mi-distance que sur le Col de Somosierra.
Hélène, de chez "Jules & Jim", en lira publiquement quelques extraits vendredi soir à Cluses. De quoi rendre naturel, pour ceux qui rentreront chez eux après la rencontre, le fait que cette histoire s'incarne entre leurs mains dans quelques mois. Et vous savez quoi? Eh bien maintenant, moi aussi, j'ai hâte.
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21/11/2010
The never ending cache-cache Tour, part I.
Je ne sais pas pourquoi je souris béatement de l’intérieur. Peut-être parce que la librairie du Tramway était pleine de monde hier soir pour la présentation de « la partie de cache-cache ». rien de narcissique là-dedans, juste la satisfaction de rendre aux libraires le risque qu’ils courent à inviter des auteurs émergents. Je me suis donc retrouvé une nouvelle fois, comme lors de cette magnifique année dernière, face à des lecteurs qui m’envisagent désormais comme j’ai toujours souhaité qu’on m’envisageât, pas parce que ça fait bien, mais parce que c’est ma réalité. Romain, à qui je dois cette invitation, m’a questionné, sans complaisance et avec un petit peu de malice. Je regardais dans le public les visages connus qui ont peuplé mon existence et ceux qui en écriront peut-être la suite. Plus à l’aise qu’aux 3Gaules - où, nonobstant l'accueil chaleureux, je me sentais davantage hôte qu’invité - je suis allé un peu plus en avant dans la présentation, livrant quelques clés de ce « petit roman » si « difficile ». En présence de Stéphane Pétrier, auteur d’un « Bonne Espérance » dont j’attends impatiemment la sortie pour y déceler les analogies, j’ai parlé de cette enfance que les adultes mythifiaient jusqu’à n’en garder que l’illusion de l’innocence, écrasant les lourdeurs, les secrets, les terrains déjà minés sur lesquels ils jouent sans ignorer que chaque jeu se double d’un enjeu. J’ai dégagé quelques interprétations du livre sans en déflorer l’issue, évidemment, rendu visage humain à ces figures monstrueuses que sont Jean, Emilie et Grégoire. Défendu la métaphysique que je leur prête, réfuté l’argument selon lequel on ne pourrait pas, à onze ans, être mu par de telles pensées. Je me suis aussi dédouané de tout exercice autobiographique, une nouvelle fois : ni les lieux, ni les actions ne sont les miens, et si j’ai quelque point commun avec le regard distancié qu’ils portent sur le monde, c’est parce que je m’y suis habitué très tôt, à la distanciation. On me demande en quoi mes deux romans se rejoignent, j’associe les deux lâcher-prise de Gérard devant la violence de l’embuscade et le final de « cache-cache ». Dont je ne dirai rien ici.
Eric est venu en configuration électro-acoustique avec Vincent, son guitariste. Le set resserré est une merveille, je reçois aujourd’hui des félicitations et des enthousiasmes dont je me réjouis d’autant plus que je n’y suis pour rien, même si mes mots frappent plus encore quand ils sont dits par lui. « L’Embuscade », ne cesse-t-il de me répéter, c’est un grand saut dans le vide à chaque fois ; « L’Eclaircie », c’est la marque de nos dix années passées de Ouessant jusqu’à l’embarcadère du départ ; « l’Ecole buissonnière », titre-phare de la comédie musicale qu’on sortira, de quelque façon que ce soit, en 2011, reste en tête longtemps ; « Quantifier l’amour », jouée pour la première fois hier, est superbe. « Au-dessus des eaux et des plaines », je l’ai écrit mille fois ici, c’est MA chanson. La voix, le rythme, l’équilibre entre les pistes, tout progresse à chaque fois que je l’écoute : c’est un don rare et je suis heureux d’en bénéficier.
Vendredi, nous serons chez « Jules & Jim », à Cluses. J’invite ici, une fois encore, tous mes ami(e)s de Haute-Savoie et alentours à venir et à nous amener des amis. Je voudrais que la très belle librairie de Christelle soit trop petite pour qu’on y tienne tous. Ça ne fait rien, on se serrera.
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18/11/2010
L'Ethique it be!
Je reviens à l'instant des états de la bioéthique, organisés à Paris V sous la présidence d'Axel Kahn. Deux jours, dix-huit heures de colloque, des intervenants d'une intelligence inouïe - reconnaissables à leur simplicité et à l'absence de powerpoint - et d'autres. Trop fatigué et pas assez futé pour un compte-rendu immédiat, mais une bonne formation personnelle, celle qu'on s'obstine à ne jamais reconnaître aux gens de ma profession.
Sinon, le Tramway, c'est dans deux jours, hein!
21:33 Publié dans Blog | Lien permanent
15/11/2010
Djeurf, 1956
Un homme m'a contacté par mail hier, pour me raconter une histoire poignante, dont je regrette qu'elle n'ait pu, de fait, figurer dans "Tébessa, 1956". Sous l'intitulé "Djeurf, 1956", il me raconte comment, jeune instituteur rappelé comme officier, il s'est retrouvé affecté en mai 1956 dans les Aurès, "le pays d'origine" de la plupart de ses élèves. Après un passage par Tébessa, le voilà à Djeurf, " dans un paysage lunaire", avec le fort, "orgueilleusement perché sur la crête des falaises qui dominent l'Oued Hallail". Mais surtout, rajoute-t-il, le regard du jeune soldat qu'il était s'est immédiatement fixé sur "une série de tombes toutes fraiches, proprement alignées dans leur enclos tout aussi blanc". Sa compagnie relevait la compagnie tombée dans l'embuscade du 5 avril. Celle de Gérard. Celle aussi d'un jeune sous-officier qui resta un mois avec les nouveaux arrivés pour assurer la transition. Et qui leur parla de ceux qui étaient tombés. De Gérard, sans doute, de sa passion pour les fleurs et les dominos, peut-être... Mais l'anecdote que ce monsieur m'a racontée n'est même pas là, encore: dans l'embuscade, un adjudant-chef qui n'était sans doute pas aussi fou-de-guerre que celui que j'ai décrit dans le roman est tombé "à la tête de ses hommes". Il avait une chienne qu'il amenait partout avec lui, mais qui là, ne l'a pas accompagné dans la mort. "Ensauvagée et traumatisée", la pauvre bête ne rentra dès lors plus au fort que le soir, à la nuit tombée, pour manger près des barbelés la nourriture que les soldats déposaient pour elle...
Cette chienne-là, j'en aurais volontiers, je le répète, fait un personnage central de Tébessa, le roman. Mais cette histoire montre que la parole et l'émotion sont liées, et qu'un livre peut faire, à sa façon, qu'une histoire continue de circuler. Je remercie chaleureusement, ici aussi, ce monsieur dont la dignité, la mémoire et l'écriture sont autant de leçons de vie. Et je joins à ce message la photo du cimetière qu'il m'a envoyée.
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14/11/2010
At the end of the day, it's only hide-and-go-seek!
A noter que je ne sais pas très bien ce que signifie "l'inspiration rock", mais je m'en accommoderai, Eric Hostettler aussi.
08:28 Publié dans Blog | Lien permanent