21/03/2011
Monter à Paris
Le Salon du Livre de Paris, ce doit être comme ce qu’il reste de la Samaritaine : on y trouve de tout, mais pas forcément à bon escient. Trois jours passés là-bas, c’est la perspective des mêmes fatigues que celles éprouvées lors des Salons de Régions, sans l’aspect sympathique qui les a générées : les rencontres, l’argument que l’on fait pour donner au chaland l’envie de lire le livre et, donc, de l’acheter. Parce qu’au « grand » Salon, pour peu que vous ne fassiez pas partie des « grands » auteurs des « grandes » maisons d’édition, ou si vous n’êtes pas, dans l’ordre de ce que j’ai vu, Michel Rocard, Patricia Kaas ou Justine Lévy, entre autres, vous passerez à peu près inaperçu. Aigreur, jalousie d’auteur ? Du tout. Ma perception de la chaine du livre n’a pas changé : s’il n’y a pas de libraire pour le soutenir, le livre n’existe que dans les plans des attachés de communication, qui sont à la littérature ce que le bouclier fiscal est à la répartition sociale. Or, de libraire, au Salon du Livre, on ne trouve pas. Seules les maisons d’édition s’auto-célèbrent ou, quand elles n’en ont pas les moyens, s’organisent (par région, ou dans des tout petits box) pour se faire une petite place. Il n’est même pas rare, hélas, qu’elles adoptent, quand on les aborde, les mêmes discours lénifiants qu’elles iront reprocher aux grandes, d’ailleurs. Qu’elles envisagent de multiplier leur métrage dans le stand, quitte à ce que l’offre éditoriale soit moins grande. Dans le même temps, apprend-on, des courants de pensée verraient d’un œil favorable un Salon laissé aux grands, dans un entre-soi de survie, sans doute, du type absurde de survie qui passe par la disparition de leurs semblables. Bref, j’ai observé, croisé des auteurs, des éditeurs, des gens sympathiques, mais je ne sais toujours pas ce que je suis allé y faire. A part y être. Ce qui me semble être le moteur premier de la présence des gens là-bas. Il n’en faut pas plus pour construire un malentendu…
Preuve ultime de mon absence d’aigreur, j’ai, à l’instar des 2% d’auteurs célèbres présents au Salon, croisé mes fans. A la différence près, d’accord, que je n’en ai croisé qu’une (bon prince, je ne compte pas les personnes venues me voir que je connaissais !). dont j’ai déjà parlé ici, mais venue avec une autre lectrice, une parmi tous ceux qu’elle rassemble pour des clubs de lecture dans lesquels je me suis invité, amicalement, pour la sortie du Poignet d’Alain Larrouquis. Une belle rencontre en perspective, une belle façon, aussi, d’aller chercher les circuits de lecture qu’on ne nous autorise pas forcément ailleurs.
Et puis tout n’est pas qu’artifice, dans le milieu littéraire : Jacques-André_Bertrand, des "Papous dans dans la tête", qu’on m’a présenté, est d’une compagnie exquise, d’une culture acérée et, en plus d’avoir écrit, « J’aime pas les autres », confirme que la seule règle à suivre dans l’écriture est la sienne et la sienne propre. Le reste viendra, ou pas. J'ai croisé et salué (Pace e salute!) Vannina Bernard Leoni, de la revue "Fora", Ravolstein en mode d'édition parallèle. Et Vald, qu'on laissait à peu près aussi tranquille que moi, a pu faire cette belle dédicace à mon fils :
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17/03/2011
Négatif.
"Quartiers livres", une émission de Lyon 1ère. Didier Rougeyron et Romain Vachoux, du "Tramway". C'est enregistré dans la librairie On parle de "la partie de cache-cache", en deuxième partie d'émission (à 3'24). Romain en dit du bien, ce n'est pas la première fois; le journaliste a l'air dubitatif mais ce n'est pas grave : "négatif et acéré", je prends.
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15/03/2011
La cohorte
On ne se souvient jamais de ses rêves au matin. Quand on le fait, c'est souvent parce que ce sont les dernières images qu'on a gardées qui ont surpassé celles dont on ne se souvient plus. Je ne saurai jamais quel mécanisme a entraîné mon rêve de cette nuit, mais l'état dans lequel il m'a laissé toute la journée est éloquent. Je n'avais pourtant rien fait de particulier, "c'est Arthur Ganate qui a commencé", j'allais dire, mais dans ses tout derniers moments, j'ai compris que j'allais devoir assumer des conséquences que je ne saurais jamais expliquer. Que les pas que j'entendais dans l'allée étaient ceux des policiers qui allaient me reprocher quelque chose qui n'avait pas l'importance qu'on pouvait bien lui donner. Sur le lit, en face de moi, une personne accablée parce que la blague qu'elle m'a faite a mal tourné et qu'on ne comprendrait pas plus qu'elle se dédise. C'est saisi de cet effroi, lié à la conscience que rien ne serait jamais comme avant alors que rien n'aurait dû changer que je me suis réveillé, une minute avant que le réveil frappe à la porte et décide de m'emmener...
Autrement, je suis au Salon du Livre de Paris, ce week-end. J'y ferai un reportage pour Jules & Jim. Je joins ici, en médaillon, les couvertures auxquelles vous avez échappé.
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10/03/2011
Je ne sais rien.
Dans ce village reculé du Berry, accoudé au zinc de l'épicerie-bar du coin, un homme jeune, beau quoique marqué par la fatigue et les nuits chargées, pose le bleu de ses yeux sur sa bière. Il ne sait même pas encore s'il va manger là ou s'il va sauter un repas et retourner à l'atelier. On ne saura rien de ce qu'il a fait avant, ni même s'il y eut un avant. Un avant quoi, au fait? Ce qu'on apprend de la bouche d'un autre, parce que lui n'aurait rien dit s'il ne lui avait pas fallu reprendre celui qui a parlé, c'est qu'il est merrandier, qu'il fabrique les pièces qui constituent les tonneaux et les barriques, qu'il fend les merrains (qui ne se coupent pas), appelés aussi douelles. On lit ici et là, à l'ombre des dictionnaires, qu'un tel artisan doit savoir lire le bois, qu'il évitera tout ce qui pourrait altérer le vin (les noeuds, les picots, les queues de vache) et qu'une fois le merrain fendu, il le délignera, le rabotera selon sa courbe pour que la douelle ait la même épaisseur sur toute sa longueur. Le merrain séchera dehors pendant trois ans: ce sont les intempéries qu'il aura subies qui détermineront les arômes du bois, puis ceux du vin qu'il abritera. On prend quelques notes absconses et hésitantes, orthographiquement, puis on rentre hébété de savoir, pour finir, que cet homme crée un tonneau par journée de travail qu'il s'impose. Ce qui est énorme pour un homme, mais risible au regard des trente tonneaux par jour qui peuvent être fabriqués industriellement. Pourtant, pourtant, quand on poursuit la visite par une dégustation, chez Teillier, de ce Mlle T. qui devra figurer, d'une façon ou d'une autre, dans un roman qu'on écrira, et qu'on apprend là-bas que ceux qui aiment le vin lui commandent des tonneaux, qu'il y aura peut-être un jour (vu qu'ils dureront beaucoup plus longtemps) davantage de ses pièces dans la cave que d'autres d'inconnus, alors on se dit qu'on a encore un peu de temps devant soi. Et qu'il faudra, la fois prochaine, faire un signe au serveur, qu'il lui remette une bière avant qu'il reparte travailler.
19:04 Publié dans Blog | Lien permanent
Pas d'abandon
Je ne vous abandonne pas. Je crois aux forces de l'esprit, moi aussi, mais là, plus prosaïquement, je suis en train de me débattre avec les contingences habituelles, doublées du travail que j'ai accepté de faire pour le premier de mes futurs employeurs. Voici donc, puisque Christian l'a lancé déjà, sur Kronix, le blog de la librairie "Jules & Jim", dont je m'occuperai en bonne intelligence avec celui-ci, et d'autres qui valent qu'on les visite régulièrement. Je vais animer, très prochainement, la rencontre en librairie avec René Frégni, dont "Elle danse dans le noir" m'a bouleversé et dont "la fiancée des corbeaux" figure, parce qu'il vient le présenter, au sommet de la pile des livres que j'aurai lus pour en parler. C'est un blog, plus qu'un site, à la demande des libraires, c'est encore en construction et c'est à cette adresse:
http://cenetaitpaspermis.hautetfort.com/
Pour des raisons techniques, vous y trouverez des têtes et des articles connus, mais il connaîtra très vite sa belle et longue indépendance.
00:19 Publié dans Blog | Lien permanent
27/02/2011
la disparition du point-virgule.
J'ai du mal, comme d'autres bloggers, à nourrir l'animal quotidiennement, comme pourtant, paradoxe à part, je vais très bientôt m'engager à le faire pour d'autres. Ceci explique peut-être cela.
Grosse séance de travail sur le "Larrouquis", et quelques dizaines d'heures qui m'attendent encore d'ici début mai, date à laquelle je remettrai ma copie définitive. Le travail avec un éditeur est passionnant, mais j'écrivais ailleurs qu'au risque improbable d'arriver avec la grosse tête, l'impression en retour était celle d'être passé chez les jivaros. Difficiles mais nécessaires moments, quand l'homme en face souligne toutes vos approximations. Et elles sont nombreuses, encore... A commencer, m'a-t-il dit, par la disparition pure et simple du point-virgule de la syntaxe littéraire.
La bonne nouvelle, puisqu'il en faut, c'est que l'opération "Trop pas!" est définitivement lancée: deux temps de travail, vacances scolaires de notre interprète principale oblige. A Pâques, début mai, les quatorze morceaux seront "squelettés" avec les musiciens principaux, à la Casa Musicale d'Eric Martin, sous la direction artistique de Fred Dubois, l'homme qu'il nous fallait. A la batterie, Denis Simon, "lochnessissime" puisque monstrueux ne suffit plus pour parler de ses talents; à la guitare, Gérard Védeche, qu'Eric Hostettler connaît sur le bout des arpèges; aux claviers, Olivier Castan, un oeil sur les keyboards et l'autre sur le portable puisque sa femme devrait accoucher dans ces eaux-là (facile...). Ensuite, en juillet, nous investirons le lieu que je connais bien pour y avoir vu travailler les Deuce, les Noz et Valeria Pacella et finaliserons chacune des prises, avec des guest stars ciblées pour interpréter la mère de Marjo', l'héroïne, et son proviseur de lycée. Des musiciens, aussi, qui viendront poser du violoncelle, du trombone, de l'accordéon, ce qu'il faudra. L'ensemble devrait être finalisé à l'automne sous forme de livre-disque, avant, espérons-le, une adaptation télé, ciné, vivante, qui sait?
Des projets, j'en ai, oui. Il faut juste espérer que la roue tourne dans le bon sens. Mais on me souffle dans l'oreillette qu'Astor Piazzola aurait dit hier: "n'attendez pas que les choses arrivent; faites-les arriver".
10:33 Publié dans Blog | Lien permanent
21/02/2011
Ghost-writer
J'envisage très fortement de changer partiellement d'activité l'année prochaine. Le métier dont je ne dis rien sur ce blog prenant un tour dangereusement malhonnête - au sens littéral, je vais faire une partie du grand saut et chercher le demi-salaire que je ne gagnerai plus en menant une activité comme celle que vous venez chercher ici, mais pour d'autres. Je ne deviens pas ghost-writer pour autant (quoique postulant pour n'importe quelle autobiographie romancée de n'importe quelle star de la téléréalité, à la condition que même mon nom de nègre échappe à tout le monde!), mais je me construis un autre statut, compatible avec l'activité que je garde et avec mon émergence sisyphienne d'auteur. Je les rédige, ces statuts, ils semblent pertinents et originaux dans ce qu'ils proposent. Pour la première fois, cependant, j'en arrive à estimer la valeur marchande du temps passé sur un texte, à le lire ou à l'écrire. En deux jours et demi, j'ai rédigé deux prévisionnels d'activité et rien que le nom m'amuse. Ils sont quantifiés, attendent validation: demain à la Casa Musicale, avec Eric Martin, pour voir ce qui sera faisable sur le projet de la comédie musicale, jeudi avec mon supérieur hiérarchique pour le convaincre de me laisser partir à moitié.
Des informations moins elliptiques bientôt, d'une part, et des liens à venir dès le mois prochain: si vous me suivez là où j'irai travailler, de chez vous, ça me fera une valeur ajoutée!
Ah, j'oubliais : je travaille vendredi à la version finale du PAL (appelons ainsi, alors, "le Poignet d'Alain Larrouquis") avec Claude Raisky, mon éditeur. L'accord signé du dénommé devrait arriver mi-mars, via son avocat, qui m'a courtoisement reçu la semaine dernière. Il y aura donc un Cachard de l'été, qui vous surprendra certainement.
17:47 Publié dans Blog | Lien permanent
16/02/2011
Je pars pour de longs mois en laissant Margot (1/2)
J'ai participé, il y a quelques années, maintenant, en filigrane et toujours en décalage avec l'actualité, à la merveilleuse revue de cinéma "La Berlue", que Luc Hernandez menait avec maestria. J'y ai rédigé quelques articles oubliables, et un qui l'est moins, puisqu'il rendait compte à la fois de l'admiration que j'avais (et ai toujours) pour Eric Rohmer et de l'affection que j'ai gardée pour "une" de ses actrices, Amanda Langlet. Je reproduis (et retape en l'état) ici l'article extrait du n°27, d'oct. nov.99 : 60 pages, 20 francs...
Quand Amanda Langlet se livre sur son métier d'actrice, sur un passé rohmérien et un avenir qui s'inscrit en pointillé, on n'est plus vraiment dans "Pauline à la plage", mais on n'est pas très loin, par contre, de Margot, la confidente de "Conte d'été": quelque part entre la vérité qui fuse et la confiance qui s'instaure. Ne serait-ce que pour cet art du dialogue, jamais actrice n'aura sans doute autant mérité l'appellation aussi galvaudée qu'elle peut être réductrice, d'actrice rohmérienne.
Je dois dire que ça a commencé comme ça. Nous étions en septembre 1998 et toute une presse s'extasiait devant des actrices censées représenter la nouvelle Nouvelle Vague du cinéma français; que du beau monde, à vrai dire, mais qu'il était surprenant de voir élevé au rang de stars. Des stars très simples, nous disait-on, mais très porteuses aussi. Sandrine Kiberlain, Virginie Ledoyen, Elodie Bouchez posaient toutes les trois à la Une de Première et quelque chose me gênait là-dedans. Pour qui a vu la petite Elodie se hisser sur les planches du Transbordeur, il y a quatre ans maintenant, et chanter avec Jean-Louis Murat un morceau de la Bande Originale de "Mademoiselle Personne", pour qui se souvient de Sandrine Kiberlain se retournant rue de la République pour le dernier plan de "En avoir ou pas", il y avait comme une intrusion, pire, une défloraison.
Et puis, tout simplement, j'ai rencontré Amanda Langlet. Parce qu'on rencontre simplement Amanda Langlet. On ne l'attend pas des heures dans les salons aseptisés d'un grand hôtel lyonnais ou parisien, on la croise au détour d'un petit festival de cinéma qui programme "Conte d'été" juste avant "Conte d'automne", en toute logique, et puis on l'écoute parler du cinéma de Rohmer, de Rohmer lui-même et de son métier d'actrice. Et puis, puisqu'elle est "bavarde" et l'avoue volontiers, on la laisse faire parce qu'elle s'avère passionnante, et très solidement ancrée dans une réalité qui ne désavoue pas ce personnage de Margot auquel, quand les lumières se rallument, elle finit par ressembler autant qu'elle s'en distingue. On aimerait être Gaspard à la place de Melvil Poulpaud pour que la conversation devienne excusive et se poursuive sur les rivages de Saint-Enogat. Et puis on se console, parce que la parole d'Amanda survit à la mise en scène de celui qui a su la filmer. D'ailleurs, pour elle, "ce sont les gens qui enferment les acteurs dans Rohmer", et si elle témoigne volontiers que l'auteur sait se servir de ceux que peuvent lui apporter ses comédiens, elle sait que la distance inhérente au métier d'acteur est respectée comme partout ailleurs: "c'est ma façon de parler mais ce ne sont pas mes mots". Simple tautologie, ou manière élégante d'évacuer les questions qui ne manquent jamais d'arriver quand un Rohmer est au programme: est-ce que vous improvisez quand vous parlez? Vous croyez qu'on parle comme ça dans la vie? etc. Amanda y répond simplement, encore, répète que la part de spontanéité apparente est "une impression fausse", que les acteurs "doivent faire preuve d'une grande connaissance du texte parce que celui-ci est écrit à la virgule par Rohmer", ce dont témoigne la parution récente des scénarii des Contes des quatre saisons dans la Bibliothèque des Cahiers du cinéma.
On rompt ainsi avec un syllogisme qui veut que parce que Rohmer, en une scène, celle du repas dans "le Rayon vert", a joué sur la spontanéité et le dialogue direct, et qu'il a reproduit ponctuellement l'entreprise, notamment dans certaines scènes de "Conte d'été", Rohmer est un metteur en scène qui improvise. "Bien sûr", les mouvements de caméra sont préparés, même si leur application ensuite est toute rohmérienne, avec "un plateau en bois, et cette caméra fixée sur une charrette, poussée par Eric lui-même", ou encore "ce travelling, dans "les rendez-vous de Paris", fait sur un fauteuil d'handicapé". Et notre phrasé rohmérien, alors? "La seule conséquence d'une prise de son directe, sans post synchronisation, et l'obligation de couvrir le bruit des mouettes, et de la marée qui monte"... Quand les mouettes ruinent la critique, c'est toute une légende qui se trouve mangée au mythe!
"Eric", Amanda l'a croisé tout aussi simplement que nous l'avons rencontrée elle. Par une espèce de "chassé-croisé" qui l'a vue envoyer une photographie au réalisateur, lequel l'a ressortie par hasard quelques mois plus tard et a décidé que Pauline, ce serait elle. Alors, il l'a appelée. Un jour, sur son répondeur, elle a entendu "Allo, bonjour, c'est Eric Rohmer". Une belle histoire. Parce que les castings, chez Rohmer, "ce sont souvent les actrices qui les font: elles lui écrivent, et lui demandent de tourner pour lui". Elle, elle a eu une place un peu privilégiée, parce qu'il l'a prise sous son aile paternelle, du fait de son jeune âge; elle a un peu grandi avec lui, parce que leur relation a dépassé les "cinq semaines de tournage consacrées à Pauline". Quand elle va voir Rohmer, Amanda ne lui parle pas spécialement cinéma: ils conversent, il lui parle d'un livre qu'il a lu, elle lui parle de l'actualité. Ils parlent de tout, "rien de spécialement intéressant", selon elle. On aimerait voir... Avant "Conte d'été", quand elle lui demande à quoi "va ressembler le film", il lui répond: "au scénario", par coquetterie et goût du mystère. Rohmer, nous dit-elle encore, "c'est quelqu'un de fondamentalement drôle, dans sa vie et dans ses films", un "homme de culture", de plus de quatre-vingts ans, "qui se fiche de sa position dans le cinéma français", déteste qu'on lui libère une place dans le métro et "affole les vendeuses" d'un grand magasin en choisissant des maillots de bain pour ses personnages féminins, qu'il voulait filmer "avec une unité de couleur". Léna, l'absente, sera en bleu, Margot, la confidente, en rouge, principalement. S'il le faut, sur l'instant, il lui prêtera même sa casquette chinoise, un peu grande pour elle, mais qui accentue ce côté mutin qui pousse Margot à regarder Gaspard et à lui dire: "Eh bien, réalise-toi à moitié si tu ne le peux pas pleinement. Tu arriveras peut-être aux trois quarts d'existence, avec un petit effort!".
(...)
23:11 Publié dans Blog | Lien permanent