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08/09/2012

One day good-bye will be farewell.

Cet acteur comique qui vient de s’éteindre, de sa belle mort, dans un dernier sourire, personne, sinon sa famille, ne retiendra d’autre de lui que le visage lumineux de ses jeunes années, quand tout le monde, à travers la lucarne, « l’aimait bien », sans pouvoir donner un nom au comédien. Les seconds rôles, tout le monde les connaît, personne ne s’en rappelle, sauf quand l’actualité les rattrape. Quand une simple information nous ramène à des temps qu’on ne veut jamais voir révolus. Je n’aime ni les commémorations, ni les hommages rétrospectifs : ce n’est pas Laverdure que je trouve beau - ce qu'il n'était pas - c’est Christian Marin tel qu’on a plus ou moins refusé de le voir, dans sa vieillesse flamboyante.

NB: rien à voir avec le sujet, mais merci à tous ceux qui sont revenus, en nombre. A croire que je vous ai manqué, tiens!

19:50 Publié dans Blog | Lien permanent

07/09/2012

Les vieux copains.

J’ai rencontré S. à l’Université, il y a plus de vingt ans, maintenant. J’y revenais, après des choix discutables, lui semblait s’y être installé à demeure : il avait trente ans, n’était soumis à aucun impératif, vivotait dans un studio entouré de livres. Sa compagne nous parlait de lui comme du Proust du XXI° siècle, rien que ça. En cours, il épatait autant par sa culture que par sa propension, qui aurait dû nous alerter, à éluder les consignes, à ne pas faire le travail comme on le lui demandait. A force, il s’est taillé une place à part, ne revenait, quand un exposé lui était demandé, que deux ou trois semaines après, hirsute, ivre de vin et de références entassées sur le sujet. La société, déjà, ne semblait pas taillée pour lui, qui cherchait à enfouir des racines bien terrestres sous des représentations mythiques : quand il parlait d’agrégation, c’était sans doute pour ressentir ce que Sartre et Beauvoir avaient éprouvé en en parlant, longtemps avant. S. a péniblement – et sans grande égalité – obtenu une licence, a échoué à s’attaquer à un travail cohérent de recherches sur un auteur. En étudiant Baudelaire, il le plagiait. En travaillant sur Proust, il n’en disait rien qui ne fût compréhensible. Est arrivé le temps de la marginalisation, des articles critiques sur le cinéma que lui seul pouvait décoder, les premières velléités de tromper l’ordre social. En simulant la folie, l’irresponsabilité, jusqu’à parfaitement réussir, sur ce plan. Si l’on ne tient pas compte des premiers séjours en maison de repos, des camisoles chimiques, des vols au-dessus des nids de coucous. Vingt ans après, puisque S. a eu 50 ans, après quelques recueils de poèmes tous plus opaques les uns que les autres et surtout jamais soumis à la lecture et à l’édition, S. est revenu. De tout. Il est sous tutelle, habite un appartement charmant et vivote, sans plus rien attendre de la vie qu’elle se passe. Sa lucidité, récente, est effrayante : dans dix ans, me disait-il hier, il touchera une allocation vieillesse qui ne lui permettra plus de rester là où il vit. Il a dix ans pour voir venir, mais vingt ans se sont déjà écoulés sans rien lui apporter de bénéfique, pas même l’espoir de lendemains meilleurs. Il y a quelque temps, il me disait ne plus rien attendre de la vie, pensait se la reprendre. Je l’ai supplié de ne pas précéder sa mère dans le Voyage. J’aimerais pouvoir faire plus que de l’assurer ponctuellement de mon amitié, aller boire des pots comme on le faisait au Café des Facultés. Devant lequel je passe tous les matins pour aller travailler. Ce qu’il n’aura jamais fait. Je voudrais pouvoir faire plus et pourtant, quand je l’ai quitté hier, j’ai pensé immédiatement à l’inavouable soulagement que Jules éprouve quand il quitte le funérarium, les corps de Kathe et Jim à peine réduits en cendres… 

17:11 Publié dans Blog | Lien permanent

06/09/2012

Conseil aux jeunes littérateurs.

Il ne faudrait jamais écrire sur la mémoire, elle est comme la morale, souvent celle des autres. En attendant, ramener quelques souvenirs à la surface n’est jamais aisé : qu’ils soient communs à ceux qui les écoutent, et c’est rébarbatif. Qu’ils ne leur évoquent rien, et c’est le bide. Il n’y a jamais que des petits airs communs qui traversent les époques sans douleur. Mais là aussi, il faut savoir choisir : parce que si vous susurrez « J’en ai marre, marre à bout, bout de ficelle, selle de cheval, cheval de course, course à pied, pied de cochon, cochon de ferme, ferme ta gueule » à quelqu’un, il trouvera ça mignon, nonobstant l’injonction finale. Alors que si vous lui chantez « Scoubidoubidou, j’ai du poil à la quiquette, scoubidoubidou, j’ai du poil partout ; j’en ai devant comme Sylvie Vartan, j’en ai derrière comme Alain Barrière », il risque de trouver ça cavalier. Et tourner les talons si vous dites justement vous appeler Idéal du Gazeau.

16:29 Publié dans Blog | Lien permanent

05/09/2012

Drastik.

Moqu ur, l'huissi r  n charg d la saisi d l' crivain lui lança   n partant, faisant saut r la touch du clavi r dans sa main :" Bon r tour à l'OULIPO, h in!"

15:02 Publié dans Blog | Lien permanent

04/09/2012

Prévoyance.

Je fais des listes le matin de tâches à faire dans la journée et  je m'aperçois systématiquement, le soir, qu'elles n'ont pas toutes été réglées. On peut m'accuser de procrastination, certes, mais on peut être sûr, d'un autre côté, que je ne m'ennuierai pas le lendemain: qui peut en dire autant, hein?

17:59 Publié dans Blog | Lien permanent

03/09/2012

Hiérarchie.

J’aimerais comprendre un jour le mécanisme de ceux qui s’agacent qu’on fasse référence à une époque, des personnes, des habitudes qui étaient autres et qu’ils n’ont pas connues. Il doit y avoir dans l’âme humaine un désir d’appropriation qui, cumulé au déni dans lequel nous plongeons tous nos existences, s’exprime par cette rage à peine contenue de l’adjoint au chef quand il éructe et nous dit qu’il va falloir qu’on s’y fasse.

16:44 Publié dans Blog | Lien permanent

02/09/2012

Jouissance, lisières & débandade.

654-mais-qui-compte-les-livres-de-la-rentree-litteraire_w670_h372.jpgOn se demande bien de quoi elle est faite, la notoriété. Un passage chez mes libraires chéris, hier, pour m’assurer de ce qu’était la rentrée littéraire dans ses frémissements, encore. Quelques questions sur leurs lectures, sur ces têtes d’affiche dont on nous dit qu’elles sont incontournables, ce qui m’inciterait d’office à les contourner. Ca fait déjà quelques temps que je ne cherche plus, dans ma librairie, que les livres et les auteurs que souvent je ne trouve pas. Des auteurs dont le mal-être ne fait pas objet littéraire, qui ne cherchent pas le scandale antisémite, qui se sont ré-orientés sur le principe classique de raconter une histoire. S’oublier pour mieux se donner. Dans mon petit parcours parallèle, je suis paradoxalement heureux de ne pas avoir à défendre mes livres, que ceux qui les ont lus ont validés. Ils sont peu, mais ils existent. Et d’avoir feuilleté quelques pages de « la jouissance », par exemple, m’incite à remercier n’importe quelle force immanente de la rechercher au quotidien mais de ne pas l’avoir écrit (le roman).  On pourra prendre ça pour de la condescendance, ça n’en est pas, la preuve, nous sommes à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires d’écart. J’ai acheté un Choplin, hier, la dernière fois, c’était Bertina, N’Sondé... Je m’intéresserai dans quelques temps à ces livres dont on parle tant, à condition que ceux à qui je fais confiance en parlent encore. Il n’y a rien de pire pour un auteur que de penser qu’il est attendu. Ça ne reste pas, un auteur, ça revient.

15:43 Publié dans Blog | Lien permanent

01/09/2012

Saison 5.

albertelli.jpgJ’ai beaucoup réfléchi à l’idée d’abandonner ce blog. Après tout, cet été, j’ai expérimenté la paresse, l’absence de contrainte. J’ai bien eu, au début, quelques sueurs froides à l’idée de ne pas « fournir » et puis ça m’est passé. Aujourd’hui, j’interroge ces nécessités dans leur nature et choisis de reprendre, de continuer d’écrire l’histoire (la petite, je rassure les quelques rageux qui viennent ici se persuader de ma mégalomanie pour ne pas se confronter à leur misère) en train de se faire. Je donnerai quelques nouvelles d’Aurélia, pas rassurantes pour les rares qui attendent : je crois que j’ai besoin d’être en activité pour créer, qui plus est quand un travail comme celui-ci demande tant d’investissement. La parabole de cet été est toute faite : nous étions partis pour enregistrer un album, il n’est sorti, au final, qu’une chanson. Mais cette chanson est superbe. En cette période de rentrée, pour la première fois depuis 2008, je n’ai rien d’autre à annoncer que la parution éventuelle, d’ici un semestre ou plus, d’un recueil de mes nouvelles. Ce qui est déjà beaucoup, il faut que j’apprenne à apprécier ça. Pour le reste, je vais veiller à ne pas me laisser déborder par les esprits animaux, les relations faussées entre écrivants (je sais, et tant mieux, qu’il en existe de solides et d’incontestables), la hiérarchisation, la diffusion, les privilèges, tout ça. Je vais travailler, tiens, et puis quand ce sera prêt, si un jour je termine, j’en parlerai et là, de nouveau, j’existerai comme auteur. D’ici là, je vais reprendre le journal du quotidien, des impressions, dans ses pleins, dans ses creux, dans ses vides. C’est ainsi.

PS : Comme indiqué, le livret de l’exposition de Dominique Albertelli à la Galerie Le Réalgar, à St Etienne, a été édité. Le vernissage se fait le 15 septembre à 18h. J’y serai. Je remercie Daniel de sa confiance et suis ravi de passer, dans le catalogue, après Pierre Jourde, dont la réaction à "l'affaire Millet" ramène l'intelligence à ce qu'elle n'aurait jamais dû quitter.

 

10:18 Publié dans Blog | Lien permanent