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28/06/2012

De la Beyle ouvrage.

33place Bellecour.jpgJ’ai suffisamment d’intérêt pour l’exercice biographique pour ne pas avoir attendu impatiemment - jusqu'à hier -  le dernier opus de mon ami l’Inoxydable et ses Deuce.  « 33, place bellecour », puisque c’est ainsi qu’il s’intitule, reconstitue musicalement les aventures d’un illustre inconnu dont Christophe Simplex a exhumé le parcours en fouillant, enfant, dans le grenier du lieu sus-dit. Douze chansons en reprennent les thèmes : les colonies, la guerre, les femmes, le frère ennemi… Déjà – puisque je sais qu’il me guette – il y a trois chefs-d’œuvre dans cet album, c’est énorme : « Un air de fandango » est ce qu’il a écrit et chanté de mieux, à mon sens. Peut-être parce que le texte est moins dense et plus perceptible que dans d’autres chansons, parce qu’on est dans le périple initiatique (ah, ces mesures asiatiques !) en même temps que le personnage. « La débandade » est une sublime chanson, que Stéphane Pétrier a offerte au groupe et que le groupe n’a pas galvaudée, loin de là: Simplex pousse la voix jusqu'à la rupture. Pétrier a dirigé l’enregistrement et c’est un gage de qualité, dans les choeurs, le duo, jusque dans les derniers mixages. La troisième, dans l’ordre de mes préférences, c’est « Fort-Crampel», qui reprend la démarche biographique, renvoie à Bangui où, comme à Blida et Miliana, Marius fit le joli-cœur dans les tours de chant. De quoi donner du grain à moudre à Christophe, qui a amené son groupe dans un exercice d’identification, costumes d’époque et barbichette à l’appui. Les morceaux s’enchaînent, on retrouve des samples de marches militaires, des canonnades, une rengaine populaire de l’époque (« la sérénade du pavé ») chantée comme au bistrot, accordéon et commentaires absinthinés à l’appui. L’exercice gainsbourien – ton et débit, entre Melody Nelson et homme à la tête de chou  - assumé dès le premier morceau, « Beylissime », on suit les mémoires beyliennes du début à la fin sans se lasser, les morceaux étant différents, chacun, avec plus ou moins de réussite – ou de dérision, pour « Sirocco » ? – de place accordée aux guitares saturées ou d’entrées de basse, puisqu’on reste dans le rock. C’est difficile de faire du rock en français, de dire quelque chose en même temps qu’en faisant du bruit, parfois beaucoup. En insérant des instruments inhabituels (sanzas, violon, accordéon, contrebasse) dans un combo wreukenroll, Deuce a passé un cap et s’offre même, après le rap de Marius et Gaston, un joyeux bordel final, avec « 1892 ».

Deuce est un groupe à découvrir sur scène : ils ont encore impressionné hier, sous une chaleur étouffante, pour la présentation de « 33, place Bellecour ». Le 19 octobre, ils se produiront au Blogg avec le Voyage de Noz du Sieur Pétrier qui, deux ans avant eux, avait aussi ravivé la vie de Bonne Espérance, chroniquée ici. Dans l’attente, le disque se commande : avec un peu de chance (ou pas), il restera quelques-unes de la nouvelle écrite pour l’occasion (très bel objet de collection). En attendant que la ville de Chanas leur remette les clés, pour avoir fait rechanter Marius. L’historien de l’inutile a encore frappé.

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27/06/2012

Obsession.

Dans « Un homme à la mer » de Jacques Doillon, un homme ne se résout ni à concéder ni à choisir et laisse la vie décider pour lui. Plus de représentation, de reproduction, pas d’exclusivité, de promesses ni de serments. Au risque, à courir, d’être seul ou confronté aux regards qu’on a laissé passer. Une vie d’absolu, un petit rocher. Qui croire, de ceux qui vous disent que ce n’est pas possible – tout en en rêvant fortement – et ceux qui vous assurent que la vie est là, mais renoncent, au premier obstacle ? Et doit-on croire, obligatoirement ?

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26/06/2012

A demain, Marius Beyle!

 

Image 4.pngJamais compris les embusqués qui bandaient une demi-patate sur leur cheville pour qu’elle soit gonflée le lendemain. Ou ceux qui se logeaient eux-mêmes une abeille dans la main. Pas dupes, qu’ils étaient, les infirmiers, mais s’ils en avaient balancé un au caporal, ils y seraient pas revenus, ces lâches. Je ne sais pas ce qui leur prend, de se défiler, alors que les copains ont besoin de nous et qu’après tout, quand on y est, c’est un truc qui vous prend aux tripes. Au sens large comme au figuré. Pas de bol pour ceux qui y restent, mais je suis sûr qu’en y survivant, on gagne plus qu’en y échappant. C’est pour ça que je supporte pas d’être ici à attendre alors qu’on sait que là-bas, ça canarde à tour de bras, que quand les canons de l’arrière se seront tus, on attendra tous le bruit du sifflet du capitaine pour y aller. J’ai toujours cherché ça, l’adrénaline, quand j’y repense : jamais pu rester en place, ni à la Communale, où j'ai fait que passer, ni dans mes premiers boulots. Un patron, ça vous colle au cul toute la sainte journée alors qu'un cabot, quand il sait que vous êtes bon, il aurait plutôt tendance à vous laisser passer devant. Quand ça chauffe, Mazard, il a beau donner les ordres, on sait bien qu'il fait dans son falzar et qu'il se planque derrière les gros du mortier. Mais on ne lui a jamais rien dit parce qu’on se serait mangé du Conseil de Guerre et qu’on aurait fini alignés contre le mur du cimetière. Pluvinage, le gars des Vosges, il a rien compris le mois dernier quand on l'a mené au peloton juste parce qu'il a voulu ramasser son cothurne tombé devant lui. Retrait volontaire devant l'ennemi, qu'on lui a dit et boum, six balles dans le buffet, et tirées par des potes, je veux!

 

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25/06/2012

Lexicologie.

IMG_0931.JPGJ’ai travaillé un court texte, aujourd’hui, pour Dominique Albertelli et les éditions du Réalgar. J’attends sa réaction, je sais, pour l’avoir déjà fait dans mon Berry d’adoption, que l’exercice est difficile et que la déception peut affleurer. Mais enfin, c’est (presque) fait, et je me suis offert de vrais plaisirs lexicaux, avec mon Bescherelle en quatre volumes de 1899 et mon Grand Robert, de quatre-vingt dix ans son benjamin. L’occasion d’annoncer ici la parution, donc, de deux (petits) opus, mon « Marius Beyle » en édition très très limitée et gratuite, en accompagnement du « 33, place Bellecour », l’album des Deuce de mes amis, et ce « Quelque chose, rouge », alors, qui sera disponible à la Galerie du Réalgar (et sur commande), à St Etienne. Deux petits plaisirs avant, je l’espère, le recueil de nouvelles, puis, dans fort fort longtemps, le roman sur lequel je vais m’escrimer cet été.

 

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24/06/2012

Billet de fatigue.

On me fait la remarque, aujourd’hui, que j’ai vécu la quasi-moitié de ma vie à proximité d’une gare. Sans jamais – réellement – partir. Je non-pars, souvent, mais ne m’attarde pas. Il n’empêche, même à 8h à St Romain de Popey, la gare a quelque chose de déchirant.  On est là et l’instant d’après, on n’y est plus. Drôle d’allégorie.

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22/06/2012

Une petite Cantat.

noir-désir-le-vent-nous-portera-1024x395.jpgTorturé, vraiment, le destin de Bertrand C. Pas plus que celui de Marie T., me direz-vous, et ça nous ferait repartir sur des polémiques stériles. Mais hier, alors que le « Non Solvable Tour » de Guillo, Vitas & Fergessen m’a amené à sortir de la tannière dans laquelle je me terre tous les 21 juin, ré-entendre « Lazy » et l’inouïe – si on veut bien la réécouter – « le vent nous portera » m’a replongé dans ces moments où, comme le monde autour de nous, on pensait qu’on irait vers le mieux, et tous ensemble. Et puis. Je sais qu’il travaille, qu’il a composé pour le théâtre, avec Wadji Mouawad, mais le lien avec Althusser, fait le jour du drame, est toujours prégnant. Sans savoir que chez lui, les tragédies se succéderaient. On peut être vivant et laisser l’œuvre faire croire que vous êtes mort. En 2001, en été, à Fourvière, C. et son N.D avaient chanté trois fois (dont une a capella, une fois les techniciens partis) cette fausse bluette qui annonçait tant et que personne, encore, ne connaissait. Ça reste un de mes plus beaux souvenirs de concert. Un de mes plus beaux souvenirs tout court.

* à noter qu'habituellement, je guette sur Internet les pires reprises de Noir Désir, le groupe le plus massacré du 21 juin, maintenant que les amateurs de Téléphone ne sortent plus. Mais Fergessen, un groupe qui m'a impressionné hier, pour "Lazy" et Guillo - dont j'ai déjà dit tout le bien que je pensais de lui ici - pour "le vent" ont remis les choses à leur place.

19:07 Publié dans Blog | Lien permanent

21/06/2012

Evoluer en D3.

Image 1.pngJe reçois ce message d’un de mes amis, écrivain reconnu, pour ne pas dire renommé. Il est édité dans une prestigieuse maison du Sud de la France, récemment, il était interviewé dans « les mots de minuit »,  a le soutien des Inrockuptibles. Il est – nous avons le même âge – l’auteur de trois romans – comme moi. J’appréhendais un peu son « retour », après qu’il est parti, le mois dernier, avec mes deux premiers ouvrages. Il m’a fait la sympathie d’une lecture et dans son courriel, il y a quelques réserves : la première, concernant Tébessa, sur un manque de matière, une trop grande retenue dans le développement de la situation, qu’il juge excellente, mais insuffisamment exploitée. Je me souviens que Brigitte Giraud m’avait dit qu’elle aurait approfondi le personnage de Richard, déjà. Pour « la partie de cache-cache », le reproche d’une trop grande maturité des enfants de 11 ans revient une nouvelle fois ; une nouvelle fois, j’assume le parti-pris, la quasi-certitude que l’âge adulte a oublié le sérieux – pour paraphraser Nietzsche, en exergue – dont on faisait preuve dans les jeux d’enfants… Mais l’essentiel n’est pas là. Je ne devrais pas m’auto-flageller, après tout, ces deux ouvrages ont été élus par des jurys de lecteurs et c’est bien là l’essentiel. Mais la remarque selon laquelle ces deux romans, en l’état, ne trouveraient sans doute pas preneur chez de plus grands éditeurs – en tout cas le sien, m’interpelle : est-ce un niveau dans l’écriture qu’il faut franchir, est-ce une limite que j’ai touchée ? Je ne me sers de son avis ni contre lui, ni contre moi. Mais la question se pose, en permanence, surtout dans le choix que j’ai fait d’écrire un roman vaste, fleuve et sans doute démesuré, au regard de mes moyens. Et si, au même titre du basketteur que j’ai été, je n’étais, au bout du compte, qu’un écrivain de seconde ou de troisième zone, primé et sélectionné sur un malentendu ? Je sais que le doute est moteur, mais il est parfois cruel.

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20/06/2012

La Ficelle.

Les petites vieilles du marché de la Croix-Rousse, indignées qu'on leur supprime le relais TCL, s'étaient organisées en cellule révolutionnaire. On retrouva le plénipotentiaire en loques, déchiqueté par la furie des canes. Le maire lui-même n'y put rien,  les émeutières réclamant la présence de Louis Pradel, ou rien. Finalement, il fut décidé de réinstaurer la ficelle, le transport gratuit pour les plus de 65 ans et l'autorisation pour les chiens de déféquer à l'intérieur des wagons. Rien de tout cela ne se sut, le féminin de Canut étant, selon l'Académie, difficile à déterminer.

18:05 Publié dans Blog | Lien permanent