19/09/2012
Closer.
J’éprouve jour après jour un peu plus de sympathie pour ces personnages qui ont fait parler d’eux-mêmes sans qu’on sache rien d’eux, au fond. C’est vrai, quoi, Alceste, ce grand timide, Dom Juan, qui n’a jamais osé aborder une fille en soirée et Casanova, qui ne couchait jamais deux fois dans le même lit par crainte des acariens!
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18/09/2012
De ma fenêtre.
Cette femme présente bien, sous tous rapports : imperméable beige Burlington, jupe plissée, les cheveux blonds savamment ramassés en chignon. La cinquantaine impeccable. Et pourtant, au coin de la rue, elle ne peut se contenir : elle hurle au téléphone, interloque les passants. On n’échappe à rien de sa conversation et, de facto, de la vie qu’elle a vécue jusque-là : elle intime (sic) l’ordre à son interlocuteur de lui verser la pension alimentaire dont visiblement il ne veut pas entendre parler. Elle lui dit qu’il paiera, qu’elle le harcèlera jusqu’à sa mort s’il le faut. Qu’elle a dû, cet été – la séparation est donc récente – tout avancer pour que ses enfants mangent à leur faim. Qu’elle a besoin de bouffer elle aussi, qu’elle n’a plus aucun revenu. Les insultes fusent, « connard », « gros lard », « pervers » et je pense aux mots doux qu’ils ont dû un jour s’échanger sur l’oreiller. L’homme doit lui dire qu’il prendra un avocat, elle éructe : « garde ta salive pour quand tu devras répondre de viol sur mineur ! ». On rentre dans le sordide, non, on ne l’a jamais quitté. Je voudrais qu’elle se taise, qu’elle cesse de prendre tout le monde à partie, mais je la comprends aussi. C’est sur elle qu’elle pleure, maintenant, certainement. La séparation est le seul révélateur des amours qu’on a perdues.
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17/09/2012
Travail, famille, Julie Piétri.
La notion de travail semble échapper à mes contemporains. Qu’on évoque avec eux l’étymologie du terme, peu flatteuse, ou sa perception à travers les âges (antique, chrétienne, marxiste et libérale), il y a toujours un peu de morale et de crainte qui guette quelque part. Et moi d’y itérer l’acception sociologique liée au travail qu’on fait mais qui n’est pas reconnu et qui – Lahire inside – s’efface devant un deuxième qui devient premier puisque le deuxième ne paie pas. Vous avez suivi ? J’attends qu’on me paie à rester chez moi pas par paresse, par conviction : qu’on me demande des comptes et des productions. En attendant, je produis, différemment, pour la Matrice. Je sais – puisque j’ai lu – que la productivité même d’un pays comme la France ne demanderait que deux heures de travail par jour et par personne, je sais qu’une répartition pareille résoudrait la question du chômage, mais je ne dis rien, puisqu’on ne veut pas entendre. On ne sait jamais. Le chômage, c’est comme la Mort à la campagne au XIX° siècle : si on ne calfeutre pas toutes les fenêtres là où il a frappé, il pourrait s’en prendre à nous. Oui, il y a du boulot : pas forcément là où on l’attend.
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16/09/2012
Te Deum.
Si les artistes vivent deux fois plus en deux fois moins de temps, c'est pour être sûr de ne rien rater de la grande Générale. Là où les rôles ultimes sont distribués. Les autres, ceux qui spéculent ou tergiversent, devront faire la queue en coulisses pour décrocher, au mieux, le rôle du page dans le Cid.
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15/09/2012
Troisième couleur.
Aujourd’hui, c’est rouge, à la Galerie Le Réalgar, à St Etienne. J’y rencontrerai Dominique Albertelli et Daniel Damart, le maître des lieux, avec plaisir. Avec en plus, dans l’après-midi, la perspective de travailler, chez le régional de l’étape, les morceaux qui seront joués à Orthez, le mois prochain. Un vrai bonheur quand les actualités se ravivent.
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14/09/2012
Syndrome de Diogène.
Je reste fasciné par ces personnes qui ont le talent d’effacer de leur vie et de leur mémoire ce qu’elles ont parfois vécu de plus beau avec quelqu’un dont elles ne veulent plus entendre parler. Je me dis systématiquement que ce refoulement-là finira par leur exploser à la figure, mais, en avançant dans l’âge, j’ai bien peur qu’elles aient eu raison et que ce soit moi qui regrette un jour d’avoir mené tout ça au bout.
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13/09/2012
R.C.C.(C)*
C’est tout de même beau d’avoir de la culture : royalement assis sur le trône, il m’a fallu attraper, avec la paresse de me lever, un rouleau de papier hygiénique, encore dans l’emballage avec onze de ses congénères. Sur l’ensemble duquel reposaient les pastilles de Javel utilisées pour rendre l’endroit plus propice encore à la lecture de la presse nationale. Dilemme : me lever pour ne pas faire tomber le produit toxique, ou soulever délicatement le tout, le tenir droit et l’abaisser doucement ? La deuxième solution s’est imposée à moi, qui tenais encore le « Canard Enchaîné » dans la main gauche. Et tout à coup le souvenir m’est apparu : je n’étais plus seul, ni même moi, j’étais - l’espace de cet instant dans les gogues - Charles Vanel dans « le Salaire de la peur ».
* Référence Culturelle Collective (Cachée)
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12/09/2012
Le doute m'habite©
Mes amis du Collectif d’artistes "Tous à l’Ouest" présentent dès demain une exposition à St Polycarpe sur le doute. Il était convenu que j’y participe : j’avais même proposé une conférence sur le sujet dont on se serait demandé, jusqu’au bout, si elle était sérieuse ou farfelue. Introduire le doute, en quelque sorte, plutôt que de l’exposer. Je pensais à Lorca, à sa Conférence de Suède sur le « Duende », concept auquel personne n’a rien compris, sans oser le dire, ce qui l'a beaucoup fait rire. L’idée était bonne, il m’a manqué, cet été, l’énergie pour le faire. J’ai aussi craint la dispersion. J’ai renoncé, c’est dommage, mais j’écrirai cette conférence un jour : je dirai à quel point, philosophiquement , le doute accompagne la pensée comme une altérité d’elle-même. Qu’il détruit l’opinion, ennemie du savoir, sur le mode cartésien. Qu’il permet, de Montaigne à Nietzsche, de lutter contre toute forme de dogmatisme, en même temps qu’il autorise la juste conduite. Je serais allé jusqu’au pyrrhonisme, sans doute, mêlé à l’affreux dilemme de ne jamais savoir que choisir comme dessert à la cantine. Pour autant, je n’aurais pas repris mon titre, pour l’éternité lié à Desproges. C'est demain, j'y serai.
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