24/10/2012
Faire court.
Un mot, ce matin, sur ce qu’étaient, en somme, les quatre vérités d’une vie, ou les quatre vérités de la vérité elle-même, puisqu’on perd de sa singularité en se multipliant, c’est bien connu. La vérité, d’abord, comme l’énoncé tenu pour telle, coopté : le sens commun, en somme. Et puis, l’escalade, la révélation : l’expérience de la pensée, d’abord, la vérité qui s’éprouve, qui s’apprend (par l’échec, souvent, paradoxe à part), l’acte éthique, ensuite, la vie tendue vers sa recherche, son cheminement : un mode de vie. Et enfin, le télos absolu, l’essence même de la vie, l’aletheia grecque. La révélation, l’envolée : la découverte de la vérité, par parallélisme, se fait la vérité de la découverte, dit-on. Le malvoyant et malentendant ne s’attendait pas à ce que l’agence de voyages lui vende au prix d’un cours de Philosophie dans l’île d’Ulysse une simple boîte d’éthique et Ithaque.
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23/10/2012
Ancrages.
Ma mécanique des places m’a mené aujourd’hui, à l’heure du déjeuner, vers cette adresse dont j’ai mesuré toute la symbolique et l’ancrage dans le temps : c’était en 1982 que l’histoire ici, s’est terminée. A l’époque, la Croix-Rousse des Pentes, on voulait davantage la fuir qu’y habiter, mais la personne qui a vécu là a passé l’essentiel de sa vie à aider tous ceux qui y passaient et qui manquaient de quelque chose. Je pense souvent à elle parce qu’elle a 100 ans de plus que les plus jeunes de mes nièces. Qui n’auront connu d’elle, par procuration, que la rudesse et l’exigence, de celles qui vous font aller plus loin. En 1982, pour reprendre un exercice fait hier en d’autres lieux, je n’avais pas conscience qu’un jour du siècle d’après, un téléphone devenu portable et appareil photo me permettrait d’arrêter le temps une seconde, avant qu’un jour l’immeuble soit ravalé, ou détruit.
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22/10/2012
Par le vide.
Ce qu’il y a de terrifiant dans le rangement par le vide, ce sont les mots d’amour que l’on retrouve. Pas ceux qui ont duré longtemps ou ceux qui tiendront leurs promesses, ceux qui disaient trop, tout de suite, envers lesquels on éprouvait, sur le moment, une imperceptible impression de gêne qu’il eût fallu que nous écoutassions. De cheval.
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21/10/2012
I'm not a man.
Il y avait moins d’enjeu, forcément, dans la rencontre, hier, avec Eric Cantona, que dans celle avec Alain Larrouquis. Dont les caractères, je l’ai suffisamment souligné, sont proches, dans l’anticonformisme et le refus de l’autorité. Cantona, je l’ai vu hier en même temps que 2500 autres, ça casse un peu l’intimité, mais ça ajoute, d’un autre côté, à la satisfaction collective 1) d’avoir vécu une belle époque avec des débordements qu’on n’est pas près de revoir dans le domaine sportif 2) d’avoir en commun avec 2499 inconnus - plus ceux qui n’ont pas pu rentrer -des répliques qui pourraient (devraient ?) être enseignées dans toutes les écoles d’art dramatique voire de philosophie. En plus, quand ce moment se fait sous l’égide de Ken Loach, dont le cinéma raccommode avec l’idée qu’on se fait de l’humanité, c’est un pur moment de bonheur (encore !) que j’ai vécu hier. Avec un public qui applaudit chacune des maximes historiques de ‘LooKING for ERIC » , un de mes KL préférés, avec « Land & Freedom ». Ken Loach, qu'on a récompensé hier du Prix Lumière, a dit qu’il avait reçu un soir un coup de téléphone d’Eric Cantona et qu’il n’y a pas cru, de prime abord : « Eric, c’est le King. Or le King ne passe pas de coups de téléphone », a-t-il plaisanté. Mais l’histoire s’est faite parce que les deux hommes avaient la même aspiration : Cantona voulait d’un film qui essaie de retranscrire non pas la trace qu’il a laissée dans le football, mais la relation exclusive qu’il a eue avec les spectateurs, à qui il donnait tout, quitte à devoir, chaque soir, se réinventer et prendre les risques que les autres ne prenaient pas. Ken Loach avait l’habitude, déjà, de prendre comme héros de cinéma des personnages de la réalité, souvent sordide mais toujours portée par des élans, de fraternité, de solidarité, ces vieilles antiennes d’un monde ouvrier qu’on a cru trop vite oublié. Les deux se sont trouvés et Ken Loach – et Paul Laverty, le scénariste génial – a imaginé deux Eric se croisant, un qui aurait tout raté, un à qui tout aurait réussi. Aborder celui qui a tout gagné par le prisme de l’échec, voilà qui me rappelle quelque chose et qui me gonfle d’orgueil quand mon travail se rapproche de celui de ce cinéaste si humain et si proche des gens qu’il a eu toutes les peines du monde à surmonter l’aspect grand-guignol d’une cérémonie comme celle d’hier. Le résultat, si vous ne le connaissez pas, il faut vous ruer dessus ou plutôt, comme je l’ai fait, attendre (trois ans dans mon cas) qu’il repasse dans une salle de cinéma. Quel les émotions soient partagées, que le happy-ending vous prenne aux tripes et vous redonne la foi. Seuls ceux d’hier auront eu le privilège d’applaudir pendant le film aux aphorismes cantonesques, en présence – sans doute émue – de celui-ci. Rodin, désormais, dans sa stature. Mais petit enfant devant celui qui lui a permis de faire passer ce qu’il avait envie de dire sans pouvoir le faire. La plus belle des scènes de « Lokking for Eric », c’est quand Eric le postier – qui se souvient de tous les faits et gestes de son héros » - lui demande quel a été son plus beau geste, pensant que c’était forcément un but. Et que Eric le King lui répond que son plus beau souvenir, c’est une passe, pour le geste accompli et sa beauté, pour le don de soi que ça représente. Un monde oublié, disais-je. Quand le postier lui dit que c’est dur pour un homme de choisir ce qu’il a fait de mieux, le Roi répond : « I’m not a man. I’m Cantona ». Avant de sourire malicieusement et de rire de lui-même. Ken Loach est important à la santé mentale. J’en ai fait une cure cette semaine, je vais mieux.
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20/10/2012
La leçon de philo.
Et là, d’un coup, au réveil, la question qui lui est posée, abruptement, « suis-je le même sujet à travers le temps ? ». Qui lui rappelle l’autre contrainte, celle de se décrire à la moitié de l’âge qu’il a aujourd’hui.
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19/10/2012
Les jardins d'Ellington.
Dans les jardins d’Ellington, il y a tout ce que je dois aller chercher avant de tirer ma révérence : les livres qu’il me reste à écrire, les intensités dont je me nourris, la permanence dont je ne veux pas sortir. Il y a quelques spectres qui cohabitent avec des promesses, de vieilles chansons comme celle-ci, un peu datées mais restées inédites (merci à JJ !). J’y croise souvent, dans les allées, celui que j’étais à l’époque, qui écoutait ça en boucle. Qui rêvait, dans le même temps, de rencontrer Alain Larrouquis. Et puisqu’on devient qui on est autant qu’on est ce qu’on sera… Il y aura des anthologies d’écrites sur ceux qui ont fait la renommée musicale de Lyon, à cette époque. J’en fréquente quelques-uns, maintenant, à qui je n’aurais jamais osé parler, avant. Il y aura tout ça un jour, mais moi c’est l’intention, seulement, qui me fait avancer. J’écoute, je replonge, j’écris : ces jardins d’Ellington sont désormais les miens.
(A.K© Tous droits réservés)
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18/10/2012
Effet-catalogue.
En 2013, si tout se passe bien et si je survis à la fin du monde programmée pour mes 44 ans, je devrais exposer aux yeux d'un monde ébaubi plusieurs oeuvres de ma composition: les Editions du Réalgar vont sortir mon "Valse, Claudel" accompagné de dessins de Jean-Louis Pujol et, en série limitée, du "Camille" enregistré par Stéphane Pétrier et composé par Jean-Jacques Coulon. Raison & Passions va suivre son auteur historique dans l'édition d'un recueil de nouvelles, exercice périlleux pour un écrivain, qui me permettra de compter mes lecteurs - et d'aller les voir, puisque c'est ainsi que ça fonctionne. J'ai aussi proposé à Samantha Barendson un texte sur le pouvoir féminin - clin d'oeil à l'autre femme publique, pas celle de Zulawski - dans une (petite) anthologie poétique de la (petite) culotte. Enfin, je remuerai ciel et terre de l'édition pour que le "Ouessant 2013" que je prépare avec le peintre Franck Gervaise voit le jour. Si je rajoute à ça que mon « Dom Juan » a des chances d’être joué – en tout cas, qu’une metteur en scène s’y attèle avec conviction, qu’un comédien de toute beauté me propose de travailler à une lecture publique qu’il ferait de « Tébessa, 1956 », qu’il est possible qu’on rejoue « Trop Pas ! » d’ici quelques temps et que notre combo « Littérature & musique » devrait s’itérer d’une violoncelliste pour des dates à venir, j’ai quelques raisons de ne pas trop avoir peur qu’on m’oublie. Ce qui me permettra de me remettre sereinement au travail, dès demain, sur « Aurélia Kreit ». Aucune autosatisfaction là-dedans : juste un petit supplément dans la validation des choix.
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17/10/2012
187/184
Un article et une photo de Jean Sarsiat, sur la rencontre au sommet. J'attends qu'il m'envoie l'originale, celle de la première poignée de mains. Là où dans le regard et l'attitude, tout se joue. Hier, au moment où j'envoyais la note sur lui, Alain Larrouquis m'a appelé, s'est enquis de mon retour. J'ai apprécié. Je l'écrivais, ce qui se passera entre nous maintenant, dans l'amitié, ne regardera personne.
Demain, j'annoncerai sur ce blog les bonnes nouvelles à venir sur le front de l'édition. Pas au niveau de celles qu'annoncera Chavassieux, bientôt, mais quand même.
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