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02/10/2012

L'embarcadère.

Quand on pose le pied sur une embarcadère quittée dix ans auparavant, on s’ancre de nouveau dans une vie qui nous a attendu et que l’on a enfouie, partiellement, par petites touches successives d’oubli. On la retrouve sèche et précise, dans la même atmosphère qui nous ramène à notre état : on ne sera jamais plus que les places qu’on a connues. Les embruns, même, sont davantage que ce que nous sommes, dans l’instant : dans un silence encombré, ils ramènent à la surface les myriades de petits éléments pas assez signifiants pour que l’on s’en soit rappelé. C’est par strates que le souvenir se construit, pas par à-coups : le premier pas d’un homme sur une terre qu’il retrouve n’est que le second qu’il y pose. Chaque sensation est dédoublée de la mémoire de la première, qui se libère aussi bien qu’elle s’est rétractée. Il fallait revenir, se dit-on, pour se persuader qu’on est ce qu’on sera. Revenir, c’est accepter de lire à travers soi ce qu’on a fait du temps d’avant. Revivre très nettement les moments où l’on s’est trompé, sans plus pouvoir se trouver d’excuses. C’est aspirer à une vie décuplée mais être conscient, dans le même temps, qu’elle ne le sera pas. Mais qu’il nous reste – et c’est déjà beaucoup – à fermer les yeux un instant, ressentir à pleins poumons l’air iodé du lieu de notre renaissance et se dire qu’on ne s’est pas tout à fait perdu.

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01/10/2012

Nocturne.

Les gens, il conviendrait de les connaître aux heures pâles de la nuit, disait Ferré dans "Richard". Ça n'a pas changé: la nuit nous paraît juste un peu plus longue et il est juste un peu plus difficile réellement d'en connaître les lueurs. Mais c'est ainsi.

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30/09/2012

Ouessant, toujours.

78234197_o.jpgOn ne se libère jamais de tout ce qui nous a fait. On peut solder des comptes, prendre des décisions et s’y tenir, il y a toujours un moment qui nous rappelle qu’on ne fait jamais que continuer, seulement. En espérant pouvoir se retourner sur sa vie sans rougir, avec davantage de remords que de regrets, et davantage de joies que de remords. La vie d’un homme, quoi. Celle qu’il ne peut parfois pas voir en peinture, mais que certaines peintures lui rendent meilleure. Je croise aujourd’hui le travail de Franck Gervaise et sa série « Ouessant », évidemment, ravive des souvenirs qui n’ont jamais eu besoin de l’être. 

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29/09/2012

Conseil d'indiscipline.

Je fais de drôles de rêves en ce moment. De ceux dont on garde des bribes au réveil sans les reformuler clairement, puisque ce sont des rêves. Cette nuit, je m’élevais, dans un amphithéâtre, contre un intervenant qui comparait l’assemblée aux soldats allemands de la seconde guerre mondiale : pour le respect de la discipline, sans doute, puisque la formation que nous suivions était militaire (c’est pour ça aussi que c’était un rêve, hein !). J’étais dans les rangées du dessus, j’ai pris la parole à voix haute et forte, comme je sais le faire en public. Je sais juste que ça n’a pas plu aux autorités, ni à l’intervenant, lequel a quitté l’amphithéâtre, suivi de mes supérieurs, désolés d’un tel esclandre. Quand je me suis réveillé, j’étais assez content d’avoir résisté, mais pour autant, sauf à les voir revenir dans un prochain cauchemar, je ne sais toujours pas quel sort va m’être réservé par ces gens-là. Et ça m’inquiète.

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28/09/2012

VDM.

Il avait demandé au Génie une vie qui lui permettrait de sillonner un monde cerclé de bleu et de nouer un contact particulier avec chacune des personnes qu'il rencontrerait. Il ne se doutait pas que ce dernier, facétieux, lui ferait faire le tour du paté de maisons, dans la brigade de la Police Municipale en charge du stationnement.

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27/09/2012

2043.

Comme le chantait Bashung.. Où en sera-t-on, exactement ? A l’Iphone 52 60GS, à la fibre optique-solaire-tournesol, à l’essence de salive de propos inutiles ? Par réaction et parce que je ne me reconnaîtrai, dans cette période-là, encore moins que maintenant, je me déclare en rétropédalage actif, paresseux et voluptueux de sa paresse. Conscient qu'un paresseux peut abattre des sommes de travail inatteignables au commun des agités. L'ère de la lenteur, sous mon absence de règne, est d'ores et déjà, partout, proclamée.

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26/09/2012

Fils de si peu.

Dans le sublime « Escalier C » de Jean-Charles Tachella, en 1984, Robin Renucci campait un homme remontant l’existence d’une vieille voisine qui l’agaçait et qu’on a retrouvée pendue dans son appartement, victime de sa solitude et d’un passé qui ne passait décidément pas.  Il y avait de l’Alceste déchu dans ce personnage (Förster Lafond, critique d’art) qui cherchait son salut dans la rédemption. On peut passer à côté des êtres de son vivant et s’y intéresser après, donc : c’est déjà mieux que rien. Quoique, répondra-t-on. C’est drôle, ce matin, je repensais à cet épisode de vingt ans d’âge, anecdotique mais dont la portée m’a marqué : ne me demandez pas ce que je faisais sur un pont dans les Hautes-Pyrénées, à suivre un cours de canyoning dont la clé consistait à en sauter, justement. Ça, c’est l’anecdote. Mais quand le moniteur, taquin, criait « Attends ! » à la personne qui venait juste de prendre son impulsion, les autres trouvaient ça drôle mais ne se doutaient pas que, bien plus tard, c’est ce qui resterait du moment, telle une parabole.

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25/09/2012

Bilan de compétences.

J’espère au moins que la règle d’un roman sur deux sera respectée : j’ai écrit « Tébessa, 1956 » et « le Poignet d’Alain Larrouquis » comme deux évidences, alors que j’ai reporté maintes fois et même abandonné – je l’ai déjà dit ici -  « la partie de cache-cache ». Tout ça pour glisser que mon « Aurélia Kreit » est au point mort, mais vraiment, que je n’arrive même plus à retrouver une impulsion. Trop de contraintes ou pas assez, il y a toujours un prétexte. La lassitude, aussi, de devoir prouver, tout le temps. D'attendre les invitations que j'espérais et qui ne sont pas venues, qui ne viendront pas. Je me demande si je ne suis pas, définitivement, un écrivain du siècle dernier, arrivé là par hasard. Mais ce message n’est pas innocent, n’en doutez pas : on le sait tous, que reconnaître son échec est le meilleur moyen de dépasser l’obstacle, ou d'aller chercher une autre façade.

17:37 Publié dans Blog | Lien permanent