07/04/2016
Tébessa, 2016.
C’était il y a huit ans, bientôt, déjà, et c’était le début d’une si belle aventure qu’elle a décidé d’elle-même de ne jamais s’arrêter. Après de longues années dans un tiroir, le manuscrit de ce qui ne s’appelait pas encore « Tébessa, 1956 », mais, dans l’ordre, « Mémoire vive » ou « Poisson-chat », voyait enfin le jour sous la direction, exigeante, de Claude Raisky et de sa femme, Evelyne : exigeante dans sa façon d’expurger du manuscrit tout ce qui relevait de ma voix à moi pour être au plus près de celle que je redonnais à Gérard, ce jeune soldat de vingt ans quittant sa Croix-Rousse et son magasin de fleurs pour se faire tuer dans le canton de Djeurf. Soixante ans après ce 5 avril funeste, mon frère s’est arrêté dans la ville, a été reçu par ses édiles, leur a offert ce livre intemporel, par sa couverture, par l’absence – une règle chez moi - de toute marque qui pourrait souffrir de l’usure du temps. Il le leur a donné en mains propres, eux-mêmes, après lui avoir ouvert les portes de la ville et du cimetière français, se sont engagés, sur l’honneur, de le traduire, d’en offrir une version arabe qui répondra à la volonté de ce roman : dire l’absurdité de la mort d’un jeune homme, où que ce soit, quel qu’il soit. J’ai suffisamment appris de mes différentes expériences qu’une promesse n’est valable que quand elle est tenue, mais je crois en ce signe venu de l’autre côté de la Méditerranée. La mienne, désormais. Après sa sélection dans les cinq romans français par Lettres-Frontière en 2009, après la parution, en 2012, d’un extrait de ce livre à étudier dans un manuel de 3ème, qui m’a permis de côtoyer Shakespeare dans l’index final, après la lecture d’extraits du roman par un magnifique comédien, projet hélas inachevé, ce serait une nouvelle vie donnée à « Tébessa », dont j’ai toujours su qu’il me survivrait. Il restera à finaliser « l’Embuscade », sublime chanson adaptée du roman, dont j’attends toujours la version définitive. Et je le laisserai vivre sa vie, tout seul.
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29/03/2016
Un dernier mot.
Je ne vais pas revenir par la fenêtre après être sorti par la porte, mais Guillo, cet artiste que j'aime et que j'ai beaucoup défendu sur ce blog, m'a envoyé un beau cadeau, que je diffuse ici en guise d'au-revoir. Les mots sont les miens, ils sont lus par un comédien, le chélonien Stanislas de la Tousche, et ils servent d'introduction au spectacle de Guillo. Tous les soirs, me dit-il, il entre sur scène sur ces mots-là et, selon lui, ça n'est que du bonheur. Et pour moi donc! Vous trouverez entre les lignes les raisons pour lesquelles j'ai besoin de cette pause. Je remercie ici tous ceux qui m'ont manifesté de l'amitié et de la sympathie. Ça n'est pas triste, ça ne doit pas l'être. La porte reste ouverte: ponctuellement, je remonterai à Cheval. De Troie ou de mer.
la vidéo, c'est ici.
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28/03/2016
Voilà, c'est fini.
Le Cheval fait une pause, peut-être définitive: plus d’envie, plus l’autorité nécessaire, l’impression de se répéter autant que de se défiler. Je me servirai de ce support occasionnellement, quand j’aurai vraiment quelque chose à dire, ou à défendre. Un livre reliant une partie de mes articles de l’année écoulée devrait sortir prochainement, si l’éditeur concerné est toujours motivé et boucle le travail. Il sera soumis à souscription. Cela fait huit ans, maintenant, que ce blog existe, plus de cinq ans qu’il est quotidien. Les changements de vie, les échecs, la lassitude me poussent à précipiter sa fin plutôt qu’à vivre son agonie. Pour autant, je n’efface pas les presque deux mille notes qu’il contient : je suis même surpris moi-même quand on me propose d’en relire certaines. Ou quand j’apprends que telle autre circule encore et sert de support. L’écriture quotidienne est une sacrée thérapie, mais elle ne me sert plus autant qu’avant : je reprendrai ce mode, peut-être, quand j’aurai repris l’écriture, la vraie, la grande. Merci à tous ceux qui passent ici tous les jours, j’en connais. Continuez d’aller chez Chavassieux dans le même temps, ne m’oubliez pas en tant qu’auteur. Ce ne sont pas mes premiers adieux, j’espère que ce ne seront pas les derniers, mais pour l’instant, je ferme. Prenez soin de vous.
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26/03/2016
I'm not a number.
En bas de chez moi, la musique de la fanfare me ramène à l'ambiance du "Prisonnier", à l'heure où le N°2 dont on parle est beaucoup moins affable que tous ceux qui l'ont précédé. Il n'empêche, dans ce village planétaire, c'est toujours la liberté qu'on malmène le plus. Comme si on avait peur de l'essayer vraiment.
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25/03/2016
PAL.
"On m’a demandé de me décrire à la moitié de l’âge que j’ai maintenant : j’ai détourné le sujet et me suis imaginé à deux fois mon âge. C’est maintenant l’avenir qui m’intéresse, un peu plus que les autres. Je me suis construit à mon insu, les accidents qui m’ont mené là où je suis et dans votre cabinet m’ont blessé, au sens où l’on blesse le marbre, Docteur. Si je vous ai tant parlé de ce Larrouquis, c’est parce qu’à son âge, à sa place, je n’aurais pas manqué ce panier. Je ne l’ai jamais formulé, on m’aurait trouvé prétentieux, vous le premier. Un tir de basket-ball est un temps suspendu, l’inverse de l’arbitraire. Si j’en ai voulu à Larrouquis, c’est parce qu’il savait qu’il ne le réussirait pas. Je l’ai excusé, mais ça n’a pas pas changé le destin de son tir, et le mien, par extension. En l’excusant, je me défaussais de mes responsabilités. Quand il a dit qu’il était un raté du basket, j’ai pensé qu’il voulait qu’on le plaigne, j’ai tout refoulé. J’en ai voulu à mes entraîneurs de ne pas me laisser montrer que je ne raterais pas ce type de tir, et qu’un tir tenté dans ces conditions est le même à St-Jean de Touslas ou au Palais des Sports.
J’ai quitté la France au moment où j’y trouvais l’amour, vous n’en serez pas étonné. Pas plus que l’Espagne m’ait choisi. J’ai gardé en tête les premiers mots de Machado que j’ai entendus, à vingt ans : "Et quand il ne vous restera plus que quelques heures à vivre, souvenez-vous du dicton espagnol : "on n'a rien écrit sur les lâches". Vivez ces heures en vous souvenant qu'il faut que l'on écrive quelque chose sur vous". Je les ai emmenés avec moi, ces mots, à Madrid : ils seront la permanence dans l’évolution que je vous demanderai de constater."
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24/03/2016
Syndrome.
Mon ex-ex-ex-ex-ex-ex-ex-copine se marie et je me sens abandonné.
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22/03/2016
Quelque chose noir.
Le pire de cette époque-là, c’est qu’il n’offre pas l'avers qu'évoquent ceux qui ont connu, en d'autres temps, ce qui leur semblait déjà le pire de l'homme. Comme s'il avait annihilé le meilleur possible.
20:13 Publié dans Blog | Lien permanent
21/03/2016
Kyrie le clown.
Le Cheval s'épuise de lui-même: plus beaucoup de forces, et la question lancinante de l'autorité qui revient avec les 95% des ressources épuisées, me dit-on, une nouvelle fois. Cette tentation de Venise (du Languedoc) se nourrit du vide dans lequel je me situe, d'un point de vue romanesque, de ces projets reportés, avortés, refoulés. Faut-il que je me taise ici pour mieux parler ailleurs, que l'on m'oublie pour me retrouver, les thématiques sont toujours les mêmes, et rien que la répétition épuise. Il y a cinq ans, une semi-éternité, j'allais confiant au Salon du Livre, bien accompagné: on allait me présenter à untel - qui n'est jamais venu, refusant de penser qu'un auteur si médiocre pût à la fois faire parler par ses livres et par celle qui en parlait aussi bien. C'était le temps de "Bichette & Loustic", complètement révolu: sauf que cet auteur, excellent par ailleurs, continue son one-man-show dans tous les endroits où, il y a cinq ans, je lui succédais, bien agacé par ailleurs qu'on ne jure que par lui, déjà. Et cet être cher qui, récemment, me le montre en bandeau en me disant: "regarde, il t'a piqué ta pose, et tes vêtements!". Ah, cette note, bien triste au départ, aura au moins la qualité de vous faire chercher de qui il s'agit.
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