13/03/2017
Tébessa, 1956-2017
Puisque tout arrive toujours en même temps, l’histoire de ce livre-là parlera à ceux qui l’ont lu, aimé, qui m’ont invité à en parler, dans plus d’une contrée lointaine, m’ont offert l’illusion d’être choisi parmi nombre de candidats – dans les cinq romans Rhône-Alpes, disaient-ils – d’être pour la première fois rémunéré pour aller parler de mon travail. Un livre dont j'ai parlé à la Croix-Rousse, puisqu’il s'y inscrit (aussi), dans le cinéma de l’école de mon enfance, un livre qui est allé jusqu’à présenter une de ses pages dans un manuel scolaire de 3ème. Je m’y trouvais dans l’index, en bonne compagnie : Camus, Shakespeare, on fait pire, sans rime. Ce petit roman sec et économe a fait un tel chemin, dans ceux de traverse, que tous les ans, depuis bientôt dix, on m’en parlait. J’ai reçu des tonnes de témoignage, de ceux qui y étaient, ceux qui l’avaient fait, j’ai croisé des imbéciles qui m’ont dit que là-bas, ils les tiraient comme des lapins, des personnes marquées qui m’ont dit que ce livre-là les avaient convaincues de parler, enfin parler. Je me souviens de toutes les étapes, des années dans le tiroir avant que cet homme, si important dans ma vie que je ne peux raconter pourquoi, l’en extraie. Le publie avec un titre que je n’ai pas choisi mais qui s’est avéré le meilleur possible. Avec une couverture que j’ai d’abord trouvée horrible avant de me ranger à l’avis unanime et enthousiaste : je ne voulais pas de marques de temporalité, j’ai été servi. Une chanson, « l’Embuscade », est venue s’ajouter à la réception enthousiaste du roman, elle en a fait pleurer plus d’un, toutes ces années. Je l’ai aussi rejeté, ce roman, puisqu’on me renvoyait toujours à lui, que les autres ne comptaient pas, ou si peu. Je l’ai rangé, puis aimé de nouveau, par pour moi, mais pour la parole qu’il rendait à ceux qui l’ont perdue. Je l’ai posé sur l’étagère de la mémoire familiale en disant à ceux qui ne me connaissaient pas encore totalement : « voilà comment je parle ». « Tébessa, 1956 », ça fait dix ans que tous ceux qui l’ont lu me disent regretter qu’il n’ait pas connu une meilleure diffusion, une sortie nationale, qui l’aurait, c’est certain, vu cartonner. Dix ans que je leur réponds que j’ai aimé son parcours, qu’il m’a offert des joies, des rencontres incroyables. L’idée qu’on pouvait s’en sortir autrement que par la voie officielle… Et puis le grand carton est arrivé chez moi, les derniers exemplaires de tous mes ouvrages, que l’éditeur me revend, comme l’indique le contrat, à bas prix, que j’en tire quelque chose qui me permette de lui rembourser la somme modique et – qui sait – m’offrir un kebab derrière. Un gros carton dans mon entrée, dix ans d’espérance et de combats, de choix douloureux et de petites victoires. Le succès d’estime, je l’ai connu. Un deuxième tirage. L’association d’un nom et d’un thème aussi, ce n’est pas rien. Mais c’est fini. Vanneyre écrivait « ce fut et ce fut bien ; c’est fini, c’est très bien ». Ironie de l’histoire, on m’invite à en parler à la médiathèque de Sète le 24 de ce mois. J’avais fixé cette date avec l’idée d’un renouveau, puisque mon « Aurélia Kreit » est prêt, enfin terminé (sept ans d’âge, chute et convalescence comprises), ce sera une fin, un deuil. Vingt exemplaires qui restent trouveront preneurs, c’est sûr, dès que j’en lirai une ligne. Personne n’est censé savoir qu’il s’agit des vingt derniers. Plus les quelques-uns que l’éditeur aura gardés pour lui, tellement il l’a aimé, ce roman. Qu’il quitte, pourtant. Il en va des histoires de livres comme des histoires d’amour, alors. Remarque, comme on évite une agonie, ça m’évitera les bacs de Gibert, à 0,40€ l’exemplaire, ou les ouvrages de mes confrères bien mieux distribués que moi que la même médiathèque a vendus l’année dernière à 1€ l’unité. Siglés « Pilon », dès la deuxième page.
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05/03/2017
Les rapaces.
Ça n’est jamais flagrant, de prime abord, tout juste une succession de petites touches et d’approches, des cartes qu’on voudrait rebattre sans en avoir la main. C’est une connivence, une empathie, l’assurance qu’on comprend et que, si jamais on pouvait faire quelque chose... C’est proposer le plein quand le vide se profile, en accélérer la perception pour que la machine arrière soit impossible. Qu’est-ce que c’est qu’une machine arrière quand le chemin est évident, sinon la reconnaissance de ses erreurs et la leçon qu’on en tire ? Mais le doute est là, c’est l’objectif, et pas à la bonne place. L’autre devient la solution, d’un coup ça devient plus facile, et si ce n’est pas vrai, il y a toujours moyen de se convaincre en sollicitant tout ce qui n’allait pas, tout ce dont on s’est aveuglé. Le sentiment devient l’emprise, les débuts une illusion, la fin une vérité. Peu importe que le temps du deuil soit déterminé par autre chose que le recueillement et la solitude. C’est là que les rapaces sont doués, pour distiller des possibles tant qu’il est temps, en s’empressant, néanmoins, pour ne pas considérer l’autre part de soi, celle qui résiste, à un millième près, à l’auto-persuasion, qui se dit que c’est encore possible, que ça l’est plus encore depuis que le vide s’est incarné, justement. La perte, les repères, les abandons, la voix qui fait battre le cœur. Les promesses tardives, jugées trop tardives parce que le jugement est altéré. On en trouve tellement, autour de nous, dans toutes les strates, à se nourrir des restes qu'on a laissés. Sans figure, comme on dit ici, se délectant d’un festin inattendu, pour leurs petits moyens. Se substituant, en ersatz, prétendant comprendre quand ils ne font que brouiller plus encore. À leur profit, en prétextant une règle du jeu dont ils ont toujours – et seront, quand même – les éternels deuxièmes. Qui devront supporter la part tue de leur conquête, en métaphores de l’animal de compagnie. Qui aimeront mieux mais certainement pas plus, seront aimés en retour de leurs prodigieux efforts, pas aimés tout court. Il doit y avoir une fatalité qui fasse interroger l’amour sous ses angles les plus opposés alors même qu’il n’est que continuum et champ infini de nuances. C’est cet intervalle spolié dont les rapaces auront à répondre, même s’ils n’y répondront pas : il faut une morale et une introspection suffisante pour le faire. Pas sûr que ça les dérange non plus, puisque c’est ainsi qu’ils existent, et prospectent. On peut s’en plaindre, c’est inutile, autant que de s’accrocher quand le choix est déjà fait, avant son terme. La vie est dure pour ceux qui en perçoivent les moindres : on se méprise souvent de s’être tout à fait trompé, d’être seul à savoir le peu de poids de la justice face à l’oubli. Mais on se console en se disant qu’on ne peut jamais s’en prendre qu’à soi-même. Pas à ce qu’on a usurpé.
« On ne commence jamais suffisamment tôt les bassesses de la vie d’adulte, c’est ce que je vois de Grégoire Perrot, dans mes derniers moments. Au moment où Emilie reprend son souffle, le mien me manque. Je ne pourrai pas me battre plus longtemps. Au moins, j’aurai marqué mes terres, j’aurai toujours été d’ici, plus rien de secret ne sortira de ma vie, sauf les objets de survie que j’aurai accumulés dans la remise. Papa, qui sait, en profitera pour faire le ménage, jusque dans le grenier. Il se convaincra qu’il est temps pour lui de tout faire disparaître de ce qui restait de sa vie d’avant. Lucas et moi serons plus frères que nous l’aurons jamais été, alors. Et lui aura fait ce qu’il aura pu, je ne lui en veux pas. Il a porté seul les drames de sa vie, sans rien renier. Les imposteurs, c’est seulement à la fin de la leur que tout leur revient. C’est à ce moment-là que Grégoire Perrot se souviendra vraiment de moi. »
La partie de cache-cache, 2010, éditions Raison & Passions.
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18/02/2017
Marin, pas à pas.
Marin a l’âge de mon fils, à peu de choses près. C’est ce jeune homme qui s’est interposé, il y a quelques mois – pour nous, une éternité suspendue pour sa famille et ses proches – à la gare de la Part-Dieu, à Lyon, pour défendre un couple de quadragénaires à qui une bande de jeunes moralistes, dans un curieux désir de ténèbres, reprochait de s’embrasser en public. La suite, tout le monde la connaît : après une rixe, un de ses agresseurs l’a frappé dans un bus, à l’aide d’une béquille, et l’a laissé pour mort. Depuis, c’est tout un pays qui accompagne la moindre de ses incroyables progressions, toute une Nation qui, l’autre jour, l’a poussé dans ses premiers pas de miraculé. En restant conscient que les proches, remarquables de dignité, ne nous distillent que ce qui encourage l’espoir, pas le reste. Quelques images travaillés, un message, des post-it ça et là pour travailler la mémoire, le numéro 1 de Anthony Maisonnal, 3ème gardien de l’A.S St Etienne, son club de cœur, sur le dos pour quelques mètres parcourus dans un couloir. Rien, par pudeur et par superstition, sur tout ce qui se cache derrière, la fatalité, l’injustice qui grandit à l’idée qu’il ne récupère que ce qu’il pourra récupérer, que sa vie sera déterminée, quand même, par l’assassinat, lâche et imbécile, auquel il aura survécu. Il y aura un procès, qu’on redoute autant qu’on l’espère. La famille, déjà, a tout fait pour que le fait-divers ne soit pas récupéré politiquement, elle prône, par des rassemblements (de prières, de pensées) tous les vendredis soirs, les ondes positives, tout ce qui pourra le servir et le pousser, ce jeune homme sans doute trop parfait pour ceux qui l’ont abattu. D’un coup dans le dos, dans la nuque, le mode absolu de l’inverse du courage et de l’humanité. Il sera temps, un jour, de considérer la sincérité des regrets de son agresseur, mais dans les mois et les années à venir, il est essentiel, pour chacun d’entre nous, de se dire que Marin est un peu plus qu’un homme : il est l’incarnation d’une dérive sociétale et, à la fois, sa possibilité de rédemption. L’aspect symbolique de son intervention – à ce jour, je crois, le couple qui s’embrassait ne s’est pas présenté pour témoigner – n’a échappé à personne, et s’il y a bien des jeunes hommes (et femmes) qui luttent pour revenir à la vie, dans les hôpitaux de France, lui-même les représente tous, à son corps défendant. On a tous besoin que Marin aille mieux, pour respirer nous-même. On a tous besoin de ne pas céder à notre tour à ces ténèbres-là qui ont armé le bras de son agresseur. Pas d’esprit grégaire, mais un vrai rassemblement, autour de lui, de ce qu’il est, de ce qu’il comptait être et qu’il sera quand même, à force de caractère, de volonté et de petits pas qui font un grand tout. Il y a des gens, dans le pays, qui souffrent de ce que leur fils (ou fille) de vingt ans, s’engagent dans des combats qui ne sont pas les leurs, d’autres qui souffrent également de ce que leurs enfants s’engagent de l’autre côté, par idéal. S’il faut passer par la souffrance pour que l’initiation soit pleine, alors que celle, immense, qui a frappé Marin conduise à une réalisation encore plus grande ! Désolé de lui coller des responsabilités autres que de se reconstruire, il faut que ce jeune homme sache, de tous ses pores qui respirent un peu plus chaque jour, qu’il est l’idée qu’on se fait d’un union nationale, d’un sauvetage de la jeunesse, d’un retour, aussi, sur nos propres et petites lâchetés quotidiennes. Que sa famille nous pardonne, également : Marin, c’est notre fils à tous, maintenant, ou le frère, le neveu, le petit-fils, peu importe. Ça n’est pas un personnage de roman, c’est un jeune si ordinaire – quoique brillant et suprêmement enthousiaste, dans la vie – qu’il est devenu un héros sans le chercher. Sans le connaître réellement, j’ai la certitude que sachant par où il allait devoir passer après, il recommencerait, s’interposerait de nouveau entre la vie et l’obscurantisme. Il y aura d’autres étapes, c’est un travail de très longue haleine qui commence, maintenant qu’il est debout : c’est à notre tour de ne rien lâcher, de tenir le soutien, d’intégrer l’association à venir, de chercher, quand il sera temps, à comprendre, voire à pardonner : à Lyon, on sait mieux qu’ailleurs – depuis le procès Barbie en 1987 – qu’on ne peut répondre à la barbarie que par la civilisation. Un jour, bientôt ou pas, Marin se trouvera un peu interdit devant l’élan qu’il a généré. Mais il n’aura pas à nous remercier : c’est lui qui a sauvé nos vies.
Ici, la page FB de soutien à Marin
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08/02/2017
C&H.
J’aurai, ces dix dernières années, entendu tout et son contraire sur mon confrère Eric Hostettler : pas assez ci, trop ça. Souvent, d’ailleurs, c’est ironique, de la part de personnes dont on guette encore le chef d’oeuvre promis depuis si longtemps. Peu importe: sa musique lui ressemble et, après tout, c’est comme ça qu’on fait oeuvre. Lui et moi avons tant partagé depuis nos premières échappées lors des rencontres « Lettres-Frontière » puis de nos prestations communes - avec Gérard & Clara Védèche - pour notre projet « Littérature & Musique ». Dont l’enregistrement tarde, n’existera peut-être jamais. Eric, du coup, après bien des épreuves, s’est enfermé de nouveau dans son studio d’Eloise, et s’est remis à son travail. En ce moment, il n’a pas très envie de parler, ça arrive à d’autres. Mais il fallait un signe, quelque chose, pour faire patienter, que le ce temps-là fût adouci. C’est arrivé l’autre jour et je me suis dit qu’après tout, puisque personne ne nous attend plus sur ce terrain, c’était bien de partager une chanson, même à l’état de maquette. Qu'on écoute, qu'on apprécie, ou pas. Le disque qu’il prépare s’appellera « Quantifier l’amour », ça fait sept ans pile qu’on en parle. Comme de « Aurélia Kreit », tiens.
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29/01/2017
NIE FERGESSEN (4/4).
Cette histoire a inversé tous les codes : les spectateurs, pour la première fois de leur histoire, se retrouvent à partager l’espace de l’arrière-cour de la Souris Verte, au pied des escaliers en colimaçon qui mènent au catering. Elle hésite, il est temps encore de faire demi-tour, voire de quitter l’endroit. N’y a-t-il de meilleure revanche sur le sort et le temps que de tout faire pour les défier et se retirer au dernier moment ? N’est-ce pas davantage la démarche qui compte que le résultat ? On se presse autour du duo, manière de rattraper une entrée distanciée, en pleine contradiction avec leur proximité sur scène. Il y a des attroupements, elle sait qu’il n’en sera pas, que ce n’est pas là qu’elle le verra si elle doit le voir. Faut-il qu’elle aille plus loin ? « Des amours » n’est-elle pas une chanson que le duo a laissée derrière eux, changeant d’image, de références, de répertoire ? Elle fait volte-face, retourne sur la scène, vide, joue des repères laissés au sol, se met à la place de Michaëla, se penche sur le pied de micro sculpté, que chanterait-elle si on le lui laissait faire ? Il fallait sans doute qu’elle revienne sur les lieux pour se rendre compte qu’elle n’était plus celle qu’elle était quand elle les avait quittés, deux ans avant. Deux années pour une projection, une cristallisation, l’idée que tout pourrait recommencer, autrement. Parce qu’un manque est pallié, qu’une écoute s’est faite, telle qu’on ne l’espérait plus. Elle pourrait s’attarder, mais le plateau se remplit, de nouveau. Pour une séance spéciale : les cadreurs collent aux visages de David et Michaëla, pour les gros plans à venir, et le moment des ears monitors est arrivé : du coup, l’espace est un peu préempté, et il n’y a pas de retour voix. David amuse la galerie, dans les moments d’attente, avec une version reggae de « Tu veux la guerre ? » - aux intonations de Charlélie dans l’accent – fait participer le public, moi non rime vite avec « Tu veux Fillon ? » (ou Hamon, c’est pratique). Le set reprend, dans l’ordre, « Tangerine » sans retour ressemble à une confidence susurrée. Sans retour, comme le val, comme la rivière, comme elle, finalement. Elle a une vue d’ensemble sur le public, maintenant elle le voit, accepte de le regarder. Celui qu’elle attendait n’y est pas. N’a peut-être jamais considéré l’idée d’y être, même. Au moment où tout s’éclaircit, Fabien remet le son, fait péter les Watts, pour le troisième et même set, à l’envers : Tangerine, « je reste là, les yeux fermés, je vous imagine », rien de tout ça, David lâche les chevaux – et les dauphins avec – lance un « Heroes » inattendu et très suivi. « C’est bon, on peut bosser maintenant ? » lâche Fabien, hilare. On en est à la troisième heure d’enregistrement, la huitième de présence et de travail, le matériel est dans les consoles, le troisième passage, c’est celui qui donne la note artistique. Et elle est salée : ça marche, dans les rangs, sur la scène, on commence à se dire que cet instant ne va pas durer, que d’ici peu, il deviendra souvenir. Mémoire, enjolivée ou pas. Michaëla raconte qu’un jour, un ami leur a demandé pourquoi ils ne faisaient que des trucs en mineur qui sont tristes, ils lui ont répondu parce que. Et parce que cette réponse n’était sans doute pas complète, ils ont composé « la mélancolie ». Comme on écoute des airs tristes pour se dire au final que ce ne sont que des airs. I want love, more than anything ? Elle se rappelle une autre chanson du duo, une vieille, comme on le dit dans un répertoire d’une chanson qui a correspondu à une époque et qui est passée avec elle. Comment était-ce, déjà ? « En attendant le bonheur ». Qui résonne avec les étapes de leur transformation, les siennes, aussi. « Paul, il en veut encore ? » C’est parti pour une fête. Epinal n’aura signé la fin de rien, sinon celle du regret. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, elle a déjà lu ça quelque part, mais où ? Elle partira sans les saluer, avant que la fin s’éternise, se souviendra des choses les plus simples, jamais oubliées. Nie vergessen.
NB : pour mémoire, cette nouvelle a été écrite (pour les épisodes 2,3&4 in situ, à la Souris Verte, à Epinal, en direct de la captation vidéo de cinq nouveaux titres). Un beau moment partagé avec Anne, Vincent & Jo, des visages retrouvés sur la route, d’autres dont on fait la connaissance, Michel, Olivier, Pauline… À chaque fois le plaisir est décuplé par le fait d’en être, d’y revenir, comme une marque de permanence renouvelée. Merci à Michaëla & David, évidemment, à Fabien Cruzille, Thomas Jedwab-Wroclawski, Cyril Magi et tous les autres. Être de l’autre côté de la barrière est une expérience toujours fascinante pour ceux qui aiment la musique et les arts vivants. Les projets ne manquent pas, les rendez-vous non plus. Cooool…
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28/01/2017
NIE FERGESSEN (2/4).
La ville en elle-même n’a pas bougé d’un iota. En garant sa voiture le long de l’avenue, devant l’hôtel, elle savait que ses repères, simples, s’imposeraient d’eux-mêmes, qu’à l’angle, la rue descendrait vers la Souris Verte, lieu de leurs exploits précédents. Deux ans, qu’est-ce que c’est, dans une vie ? Un interlude, une parenthèse ou, a contrario, une accélération du temps, des décisions, des cadres de vie qui changent. Elle pourrait les yeux fermés retrouver la chambre des techos, celle de l’after, une de ces pièces que les hôtels condamnent - bandes jaunes des scènes de crime comprises - une fois qu’elle leur a louée : parce que le règlement n’y est pas toujours respecté, que les odeurs (de pieds, de rhum, de tabac, de chouquettes, voire de daurades agressives) sont tenaces, vingt-cinq mois après. L’âge d’un enfant qui gambade, sans rien savoir de la rencontre qui l’a engendré. Elle chasse cette idée, d’un geste devant son visage : son enfant à elle grandit, le sien est déjà grand, ils ne se connaîtront jamais et ne se posent sans doute pas les questions d’une vie au conditionnel passé.
Ses pas l’ont menée machinalement devant la salle de concert. Elle n’y entrera que tout à l’heure, mais elle sait qu’à l’intérieur, l’armée travaille. Cyril est arrivé ce matin, avec Christian, Jean-François et des étudiants de BTS du lycée de la Communication, à Metz, ils ont installé un dispositif impressionnant : grues, travelling sur rails, une SonyF55, un GH4 Lumix, un Canon EOSC… Aux consoles de son et d’éclairage, ayant survécu à la mise en examen sollicitée par le directeur de l’hôtel précité, Fabien et Thomas créent l’ambiance, check le Recc – faut faire gaffe, c’est généreux dans le bas, les casques ! - Thomas commençant, c’est son concept, par envoyer de la fumée. On installe une scène à l’envers, Paul Gremillet, le très jeune batteur sosie de Barton Fink, est devant, tout au bord, tournant le dos à la fosse, ce qui n’inquiète personne, puisque le concept du tournage, c’est d’installer les spectateurs sur les planches, autour du duo. En mode Presley 68 come back special, comme elle, pile. Qui se demande s’il est venu, s’il est déjà là, en train d’écrire. Si tous ceux qui fourmillent, chacun à leur tâche, savent qui il est et pourquoi il se cache, dans un coin, pour écrire ces instants qui se passent. Paul est un musicien que le duo a repéré, qu’ils ont voulu pour eux : pendant l’installation, il danse ses morceaux, bat dans le vide, s’imprègne. Il les libère des programmations, les rend à leur liberté de guitaristes. Michaëla fait des mouvements de yoga, va chercher l’énergie qu’elle restituera tout à l’heure ; David distribue des cooool, signe que tout se passe bien. Dans l’envers du décor, il y a un grand écart avec le jour du concert d’il y a deux ans : moins de frénésie et de dispersion, l’affaire est réglée comme du papier musique, ça tombe bien. Mais elle ne sait rien de tout ça : elle fait partie de ceux qui arrivent quand tout est prêt. En avance, pour le coup, cette fois-ci : retrouvant dans les rues, les enseignes, une partie du froid aussi, la mélancolie suffisante pour se dire que rien n’a changé et que tout, pourtant, est différent.
Devant la Souris Verte, il y a déjà du monde : la production a demandé aux heureux élus – le nombre de spectateurs est évidemment restreint par la configuration, au grand dam du groupe qui supporte mal l’idée de faire des déçus – de venir à midi, pour une entrée à 13heures, qui attendra un peu, quand même. Elle hésite à s’approcher : retrouver tel ou tel visage connu l’amènerait déjà à considérer le présent comme tel, à sortir d’un entre-deux temporel qu’elle fait durer. Revenir, c’est ancrer une réalité qui n’est plus, souvent. Elle se réfugie dans un bar, commande un Saint-Véran. Ironie, elle reconnaît au millième de seconde l’intro piano de « l’Aigle Noir », ferme les yeux, s’imprègne de ce morceau qu’elle a tant écouté, les arrangements de Michel Colombier, la guitare rock, la partition de basse surréelle, la levée de batterie… Qu’est-ce qu’elle raconte, cette chanson, qu’elle n’ait pas connu aussi ? À la fin du verre et du morceau, hagarde, elle paie et se dirige vers l’entrée de la salle. Il s’est passé une demi-heure, mais elle est plus importante que les deux années écoulées. On a déjà fait entrer le public, on lui reproche son retard, elle s’excuse, sourit tristement. Anne, à la porte, ne sait pas pourquoi elle le fait, mais elle le fait, la laisse entrer, l’accompagne, pousse pour elle la lourde porte : elles traversent la fosse qu’elle avait quittée bondée, deux ans avant, n’a pas le temps de s’attarder sur le matériel en place, les projecteurs, les deux consoles en contrebas de la scène. Il reste une place côté jardin, elle a juste le temps de s’installer dans l’obscurité et l’épais brouillard de Thomas, pas celui de regarder s’il est là, parmi les spectateurs, ou quelque part ailleurs, à s’émouvoir de sa venue.
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27/01/2017
NIE FERGESSEN (1/4).
Elle s’est dit qu’elle allait monter. Qu’il était temps, deux ans après, d’aller vérifier la théorie selon laquelle les lieux s’imprègnent de ce qu’on y a laissés et qu’il est possible, parfois, qu’on retrouve tout tel quel, les endroits comme les énergies. Deux ans auparavant, elle était rentrée le cœur et l’esprit chamboulés, sans savoir dans quel ordre, ni pourquoi. Sans savoir si les mots de ceux qu’elle était venue écouter avaient généré la rencontre ou s’ils l’avaient accompagnée, seulement. Si de tous ceux qui avaient convergé vers cette scène improbable - gageure et apogée de trois années de concerts incessants - l’homme dont elle avait saisi le regard était celui qu’elle était destinée à rencontrer. Qui allait combler ses désirs d’intensité, inscrire ses pas sur les siens et ceux des deux qu’elle suivait partout où elle pouvait aller. Cet homme, dans le hall d’entrée de l’hôtel, pas tout à fait à l’aise dans le barnum artistique, le bal des suiveurs, elle avait lu ses chroniques de résidence, s’était délectée des épisodes qu’il livrait quotidiennement, pour installer l’ambiance et faire monter l’envie. Il lui avait semblé, pendant quatre jours, qu’elle était parmi l’équipe, les techniciens dont il dressait le portrait, les artistes eux-mêmes dont il parlait en focalisation interne, en se mettant dans la tête de chaque élément du duo, dans ce qu’il recevait et donnait à l’autre dans le même temps… Elle avait lu ces longues chroniques, médium d’un autre temps, celui de la lenteur, de l’installation dans un lieu, dans les coulisses d’un spectacle à venir. Etait-ce l’écriture elle-même, ou sa régularité, était-ce parce qu’il disait ce qu’elle voulait entendre d’eux, mais elle s’était piquée au jeu, avait voulu voir à quoi ressemblait cet homme qui repoussait des limites physiques dans l’exercice, était tombée sur son visage. De belles photos, professionnelles, d’un être ordinaire. Pas du genre à provoquer des émois, des histoires projetées. Une force de la nature, imposant, inquiétant, peut-être. En tout cas, dans le hall de l’hôtel, dans la frénésie des départs, le lendemain du concert - ces moments qu’on prolonge pour éviter la retombée trop brutale - elle les avait reconnus, lui et son air d’être là sans y être. Il est possible que pour raconter aussi justement un instant, on doive s’en extraire au moment où on le vit. N’était-ce pas ce dont elle souffrait elle aussi, finalement ? N’était-ce pas cette mélancolie que sollicitaient chez elle les chansons du duo, dût-elle, à tel acmé du concert, fondre en larmes sur des vers tristes, ceux des amours délitées. Elle était venue lui parler, comme on aborde quelqu’un qu’on connaît, sauf qu’ils ne se connaissaient pas. En inspirant un bon coup, elle avait donné un immense élan naturel à quelque chose qui ne l’était pas : ils auraient à évoquer, tout de suite, des choses qui les reliaient, ce n’est pas ainsi, socialement, qu’on fait connaissance. Ils seraient dans la connivence, tout de suite, ne pourraient rien cacher de leurs failles, puisque les chansons qu’ils allaient évoquer les palliaient toutes, à leur façon. Il fallait qu’elle maquille cet abandon par un sourire, un charme. Qu’ils soient à égalité, puisqu’elle l’avait lu. Une rencontre, théoriquement, c’est une jonction, là, elle faisait se relier les quatre jours qu’ils avaient vécus ensemble mais séparément. En avait-il seulement conscience, lui, des histoires qui se jouaient quand il les racontait chez lui, seul – peut-être – pris au piège d’une fiction plus complète que pourrait l’être la réalité ? Dans tout ce qu’elle avait lu de ce qu’il avait écrit du duo, elle n’avait rien trouvé sur « Des amours », sa chanson, ça lui donnait un temps d’avance dans l’abord : quand on provoque une rencontre, on n’en devine jamais les incidences. Elle avait vérifié ça tant de fois dans sa vie récente, celle d’après la fin de l’histoire, celle à laquelle on croit jusqu’à ce qu’on en fasse le deuil. Avant qu’on en termine, souvent, dans une agonie qui pousse les romantiques à jurer qu’ils lui substitueront l’intensité, jusqu’au bout. S’ils étaient là, c’est qu’ils étaient pareils. Qu’ils correspondaient. Que le duo qu’ils étaient venus voir présiderait la naissance du leur. D’un coup de palpitant.
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11/01/2017
PITIÉ POUR LES LOUPS!
Il faut d’abord encaisser - une deuxième fois – le sublimissime finale de « la vie volée de Martin Sourire », le nouveau roman de Christian Chavassieux, pour répondre à une question qu’il s’est récemment posée[1] : que dire de ce roman maintenant qu’il l’a écrit, et qu’il lui faut en parler ? Comme si le mutisme de son personnage – que compense le stigmate d’un sourire perpétuel, « particularité de sa physionomie » - devait s’emparer de lui, s’il ne pouvait plus opposer aux lecteurs qui se succèderont qu’un « je ne sais pas » lapidaire, comme les rares mots que Martin rend à ceux qui l’interrogent. Fussent-ils Royaux puisqu’il en est ainsi : la force perturbatrice du roman se fonde sur l’offrande qu’une vieille indigente tend à bout de bras, les mêmes que ceux que tend l’enfant, sur le passage du cortège. En une seconde, ravie par son sourire, déjà, un destin se noue : le petit rien du tout sera adopté par Marie-Antoinette. L’Autrichienne, Reine du Royaume de France. Passera d’une vie de gueux à celle, dorée, du Palais de Versailles, dans l’ombre de ceux que la Reine, en mal de maternité, a déjà accueillis, de ceux – dont un petit Noir, charmant – qu’on lui a offerts. Jusqu’à ce qu’elle se lasse, et les confie à d’autres : Martin, sans s’émouvoir, passera de mains en mains, de moins en moins nobles, jusqu’à grandir dans l’univers factice du Petit Trianon – initialement construit pour désennuyer le Roi – ramené à sa condition tout en en étant extrait : Martin, coqueluche permanente – « Tous sont sous le charme » - grandit à l’abri du besoin mais occupe le poste de vacher, à la « constance placide » : il observe le monde, la Nature, devine qu’elle n’est pas si originelle que ça mais ne se pose aucune espèce de question. Il vit au rythme, nous dit-on, du Ranz des vaches, qui n’a pas chez lui l’acception que lui donne Rousseau dans le Dictionnaire de la Musique[2] mais en suggère l’interprétation, puisque le roman ramène le philosophe de façon récurrente (huit fois, contre sept à Voltaire, belle revanche rétrospective !) : extirpé de son milieu, l’enfant se développe mieux qu’il l’aurait fait ailleurs, mais sa nature est profonde. Et se rappellera à lui. Il aurait, pu, Martin, rester au Petit Trianon, voir le théâtre des événements se dérouler hors de ses lieux et hors d’un temps que le destin royal a suspendu. Voir ses figures y évoluer, également : Richard Mique, intendant et contrôleur général des bâtiments et jardins de la Reine, Claude Richard, le jardinier-fleuriste du Roi, Valy et Marie Bussard, qui ont (peut-être) amené à Versailles le chant des bergers Suisses. Et, de temps à autre, comme une apparition, la Reine, qui tarde à reconnaître Martin, lequel lui rend – somptueux dialogue – un Oui Madame forcé à la question qu’elle lui pose. Le Roi, de loin, dans un douloureux contraste physique : « un homme simplement là, hésitant, gauche et emprunté, gras de figure, épais de lèvres et de bassin. »
La vie volée de Martin Sourire aurait pu être celle-ci, mais comme dans toute initiation, il faut un point de rupture, l’envie de dépasser les bordures. « Franchir le mur », aller là où s’exprime une opinion publique – « une nouveauté » - qui n’est pas favorable au Régime, c’est un euphémisme. Jusque là, apprend-on, Martin contemplait « un monde dont il n’est pas », tout en en étant. Même « remis à sa juste place », en vacher, comme persifle Armand, autre éphémère protégé de la Reine. En partant, puisque « Jésus a arrangé (s)on cas », il entre de plain-pied dans un pays qui a faim – les guerres d’Amérique ont ruiné le Royaume – et qui gronde (« le peuple, c’est le nombre et le nombre avait faim »). Martin devient témoin d’un Paris qui bruisse de colère et de mouvements, mais décide d’en être acteur, cette fois-ci : puisqu’ « il faut être à Paris pour prendre la mesure de la République », puisque les temps sont politiques, on suit les soubresauts de l’An 1789, la naissance des Etats généraux, les premières émeutes, la création d’une Assemblée Nationale, la fuite des nobles… Chavassieux romancier devient historien à part entière – l’idée qu’il se fait de la littérature dans son exigence et sa finalité –, raconte l’Histoire à travers celle qu’il écrit. Les références sont évidemment exactes, teintées, ici et là, d’un distant et sarrautien « c’est bien ça », ou d’une ironique rectification, sur le « ça ira ». Il y a une fonction référentielle dans le roman, sauf à être agrégé d’histoire – et encore, de la période – mais rien de pesant : on suit Martin dans ce qu’on nomme « l’opposé de Versailles », le style se modifie dans la deuxième partie, qui multiplie les descriptions et, par-delà, les énumérations, de l’immense pauvreté parisienne, d’une « Aria de la foule » qui se dessine, de cette exaltation, cette fraternité qu’il y trouve. Le récit se fait épique ou élégiaque : on sait l’écrivain capable d’envolées hugoliennes (dans « les Nefs de Pangée »[3]), poétiques et véristes à la fois (dans « l’Affaire des Vivants »[4]). Pour autant, la réussite de « Martin Sourire », c’est de poursuivre, sans coup férir, la vie de son personnage éponyme. Qu’on retrouve, dans une farandole de mets, dans les cuisines de Beauvilliers – premier homme de son siècle dans l’Art culinaire – au service d’Etienne-Louis Boullée, architecte utopiste qui permet à Chavassieux d’écrire, une fois encore, sur les bibliothèques (celle des Rois d’Ugarite, d’Assurbanipal, des Ptolémée, celles d’Hadrien… Relire « Mausolées », pour l’occasion) et les livres qui comptent[5], dans une vie. Et de vibrer avec Martin sur le projet de son protecteur. Qui les héberge, sa Marianne - Dieu qu’elle était jolie ! - et lui, contre menus services. Qui désespère, lui, de Rousseau, mais tient à ce que Martin - « qui n’est pas frustre » - se serve en livres et étudie ses plans de Bibliothèque Royale, un projet démesuré qui se heurtera hélas au « manque d’audace, (à) la médiocrité des esprits »… À peine le temps de suivre Martin dans des aventures égrenées par les saisons, les années et les ellipses qu’elles induisent et c’est la troisième et dernière partie du roman, « la grande sauvage », titre initial du manuscrit. Un choc littéraire, logorrhée consciente et maîtrisée que Martin destine, dans l’énonciation, à la femme qu’il aime et qui le voit revenir de quatre années passées en sans-culotte au service de la Nation. Par « élan révolutionnaire » et ce jusqu’en Vendée : jusqu’à ce que la question du Citoyen Lequinio – Elu de l’Assemblée Législative et Envoyé de la Convention – « sur ce qui se passait ici » déclenche un chapitre 8 torrentiel[6], « précipice devant ses pensées », salvateur dans ce qu’il détruit des illusions qui l’ont porté jusque là. Nonobstant, à chaque étape de son parcours, des rappels à sa condition fielleux : de Beauvilliers, qui lui glisse qu’il aurait fait, « au mieux, un excellent second » ; de Louis-Ange Pitou, qui lui assène un « vous n’êtes pas libre » quand Martin s’émancipe trop, à son goût, de ce qu’il doit à Marie-Antoinette… Ce qu’il lui doit, d’ailleurs, sans rien déflorer, c’est le sujet du roman lui-même : de la vie d’homme qu’elle a déterminée à celle qu’elle l’a laissé mener, seul, jusqu’à sa vérité singulière. Dans un pays que la raison a déserté (ce que se dit Richard Mique devant le Tribunal Révolutionnaire, aux six heures quotidiennes de Louison, la machine à raccourcir), « tout se peut », même être « avec les pires » et « charrier l’enfer jusqu’à la stupeur du Ciel ». Heureusement, in fine, les six jours fériés des sans-culottides…
Je dis depuis 2014 maintenant que « l’Affaire des Vivants » est un VRAI chef-d’œuvre de la littérature. Un de ces romans qui sortent une fois tous les trente ans. « La vie volée de Martin Sourire » est de cette lignée d’écriture : on est pris, captivé, entre densité du contexte et structure narrative impeccable, comme toujours. On peut faiblir, revenir, annoter, mais pas lâcher. S’il doute toujours de ce qu’il va bien pouvoir en dire aux lecteurs qui ne manqueront pas de le rencontrer, qu’il les laisse le remercier de ce qu’il est et de ce qu’il fait. On dira que c’est l’ami qui parle, mais ce sera idiot : l’ami que je suis en a perdu d’autres en disant – toujours – ce qu’il pense. Que l’imbécile qui m’a piqué dans ma boîte mon exemplaire de presse dédicacé se méfie, par contre : j’ai appris suffisamment de rituels sataniques dans cet ouvrage pour qu’il passe un mauvais moment, chat noir (salut, Gaïa ![7]) ou non.
[1] Kronix, le blog journalier de l’auteur, 9.01.2017
[2] « Ces effets, qui n’ont aucun lieu sur les étrangers, ne viennent que de l’habitude, des souvenirs, de mille circonstances qui, retracées par cet Air à ceux qui l’entendent, & leur rappelant leur pays, leurs anciens plaisirs, leur jeunesse & toutes leurs façons de vivre, excitent en eux un doute amer d’avoir perdu tout cela », Dictionnaire de la musique, 1768.
[3] Mnémos, 2015
[4] Phébus, 2014
[5] De la Bibliothèque Bleue, “littérature de colportage” aux oeuvres ésotériques, en passant par les récits antiques de Pausanias, les aventures de Télémaque de Fénelon : du fatum librorum à son pendant inverse.
[6] Aux intonations du « Baiser de la nourrice » (JP Huguet Editions, 2009) ?
[7] Le chat (noir) de mon fils, déesse grecque et féline, disparue le 28 août 2016, le même jour que mon père.
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