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25/03/2016

PAL.

"On m’a demandé de me décrire à la moitié de l’âge que j’ai maintenant : j’ai détourné le sujet et me suis imaginé à deux fois mon âge. C’est maintenant l’avenir qui m’intéresse, un peu plus que les autres. Je me suis construit à mon insu, les accidents qui m’ont mené là où je suis et dans votre cabinet m’ont blessé, au sens où l’on blesse le marbre, Docteur. Si je vous ai tant parlé de ce Larrouquis, c’est parce qu’à son âge, à sa place, je n’aurais pas manqué ce panier. Je ne l’ai jamais formulé, on m’aurait trouvé prétentieux, vous le premier. Un tir de basket-ball est un temps suspendu, l’inverse de l’arbitraire. Si j’en ai voulu à Larrouquis, c’est parce qu’il savait qu’il ne le réussirait pas. Je l’ai excusé, mais ça n’a pas pas changé le destin de son tir, et le mien, par extension. En l’excusant, je me défaussais de mes responsabilités. Quand il a dit qu’il était un raté du basket, j’ai pensé qu’il voulait qu’on le plaigne, j’ai tout refoulé. J’en ai voulu à mes entraîneurs de ne pas me laisser montrer que je ne raterais pas ce type de tir, et qu’un tir tenté dans ces conditions est le même à St-Jean de Touslas ou au Palais des Sports.

J’ai quitté la France au moment où j’y trouvais l’amour, vous n’en serez pas étonné. Pas plus que l’Espagne m’ait choisi. J’ai gardé en tête les premiers mots de Machado que j’ai entendus, à vingt ans : "Et quand il ne vous restera plus que quelques heures à vivre, souvenez-vous du dicton espagnol : "on n'a rien écrit sur les lâches". Vivez ces heures en vous souvenant qu'il faut que l'on écrive quelque chose sur vous". Je les ai emmenés avec moi, ces mots, à Madrid : ils seront la permanence dans l’évolution que je vous demanderai de constater."

 

17:57 Publié dans Blog | Lien permanent

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