28/11/2010
Quantifier l'amour à Cluses.
Petit comité vendredi chez « Jules & Jim », au bout du compte : la neige qui tombe, le froid qui gagne jusqu’à la librairie, mais a contrario de tout cela, une chaleur humaine jamais démentie tout au long de l’heure et demie passée à discuter de la « partie de cache-cache ». Avec un public restreint certes, mais déjà lecteur du roman, donc disposé à en débattre, et pas toujours sous le même angle. On s’est donc interrogé sur la nature profonde des personnages, sur la jouissance que Jean prenait à mener le bal, sur l’absence de réaction d’Emilie quand Grégoire semble prendre le dessus. Chacun y est allé de sa réaction, également, sur la lecture au sens propre : il y a ceux qui l’ont lu sans pouvoir le lâcher, les autres qui ont eu – on les comprend – d’espace de respiration. Une grande qualité d’écoute et d’analyse, donc, et les questions de Christelle, qu’elle n’aura pu poser qu’au tiers de ce qu’elle voulait faire et avait préparé, sans doute. La faute de l’intarissable bavard que je suis ? Fabienne et Cécile Massarotti, les fidèles de Vougy et Marignier sont venues, il y a même dans l'assemblée quelqu'un qui peut prétendre m'avoir vu jouer à cache-cache il y a plus de trente-cinq ans sans m'avoir revu depuis! L’impression est agréable de savoir que des lecteurs nous suivront quoiqu’il arrive, si les petits cochons ne nous mangent pas, dit l’adage. On réagit, la parole est libre, j’essaie de ne pas l’accaparer. Même s’il m’est curieux de chercher en même temps qu’eux les interprétations possibles qu’on peut donner à cette absence d’innocence, que je continue de revendiquer : il me semble qu’on donne à l’enfance la pureté qu’on a conscience d’avoir perdue en tant qu’adulte sans qu’on puisse vraiment se rappeler si la pureté des enfants est réelle, ou purement fantasmée.
Le travail d’écriture et d’édition est évoqué, je répète la filiation qui me lie à Claude Raisky, l’important travail de refonte et de relecture que « cache-cache » a subi depuis 2004. Son abandon à cette date pour cause d’écriture trop douloureuse, le roman de substitution que j’ai écrit alors. Et que la maîtresse de maison - après que sa collègue Hélène a magnifiquement lu le début du premier chapitre de cache-cache, rendant à Jeannot et au récit une anxiété que je n’avais plus perçue depuis longtemps – m’a demandé de présenter, reproduisant ainsi, en conscience, le serment de Vougy puisque lire des extraits d’un roman dit en préparation (ici en retravail puisqu’il est terminé) engage ceux qui assistent à ça à attendre naturellement que le roman sorte… Je lis le début du « poignet d’Alain Larrouquis », donc, puisque mes priorités, celles des trois vies dont j’ai besoin pour tout faire, ont changé. Je lis, retrouve la distance (6,25m) que revendique cet ouvrage-là, en reconnais la musicalité ; mais rien n’a changé depuis la fin d’ «Un monde sans pitié» : «P…, va falloir trimer !»
Eric enchaîne, mais le froid nous gagne un peu et la neige qui s’amoncelle au dehors nous rappelle qu’il ne faudra pas arriver trop en retard au restaurant. On introduit notre comédie musicale, Eric présente la petite dernière, « quantifier l'amour» , ci-jointe. Le petit impromptu surprise du « tourbillon de la vie » aurait mérité un avant-propos plus conséquent : je n’ai nullement l’ambition de me substituer à mon chanteur magnifique, c’était juste une tentative de reproduction de la scène du film, à usage interne. Au restaurant, la discussion reprend, autour d’Emilie, principalement. La nuit sera longue et agitée, mais on itère (avec un peu de retard dans le compte-rendu, allez, quoi, 24h ?) d’une unité la pile déjà conséquente des souvenirs essentiels. Et fondateurs.
"Quantifier l'amour" (Cachard/Hostettler)
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07:18 Publié dans Blog | Lien permanent
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