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17/07/2017

Hautes-Côtes de Permanence.

petit bonehur.jpgLa qualité humaine de Fergessen fait qu’on peut, à n’importe quel moment de leur vie d’artiste, prendre un train, une voiture puis une autre voiture pour aller les rejoindre là où ils sont. À Epinal, en janvier dernier, Olivier Lebail, qu’on découvrait dans la troupe, nous invitait dans son « Petit bonheur », l’auberge bourguignonne qu’il tient à Curtil-Vergy, au-dessus de Beaune, là où le moindre panneau d’indication routière fait saliver les palais. Une auberge dont la devise est à l’image de son patron et de sa compagne, Pauline : chaleureux, accueillant, bon vivant. « Notre métier n'est pas de bien vous servir mais de vous donner l'envie de revenir... ». Avant d’y revenir (c’est d’ores et déjà programmé), il fallait donc y aller, ce que nous fîmes hier, pour la deuxième soirée du duo. Qui avait mis le feu la veille, jusqu’à des heures indues. Nous nous attendions donc à un concert plus calme, en famille ; les vacances, le dimanche soir, le peu de réservations, tout cela n’incitait pas à la débauche d’énergie, mais le duo ne sait pas faire sans, et pas autrement. Un duo devenu ménage à trois, depuis que Paul – le petit Paul – est venu poser ses batteries chaloupées sur la musique des deux chevelus. Un Paul (Gremillet) qui avait fait très forte impression à la Souris Verte, et dont l’apport est inestimable, désormais : outre sa façon de danser la batterie – druming barefoot, qui plus est – il libère David des soucis de programmation, libère le fauve plus encore qu’à l’habitude. Mais pour apprécier le concert, il faut passer par les mythiques œufs pochés à l’Epoisses (ou en Meurette, le choix est cornélien) et le Suprême de poulet fermier Gaston Gérard - une recette de son épouse Reine Geneviève Bourgogne, créée en 1930 pour Curnonsky : un poulet d’abord doré à l'huile, ou au beurre , puis laissé à cuire, une sauce issue du jus de cuisson, du Comté  râpé, du vin blanc de Bourgogne, de la moutarde de Dijon, du paprika  et de la crème fraîche, servi légèrement gratiné… Les sens sont en éveil, et la comparaison est fatale pour le repas de midi. Olivier propose des vins de son choix, un Hautes-Côtes de Beaune de chez Rouget pour ouvrir l’appétit, un Chorey-les-Beaune de chez Guyon, un Nuits St-Georges qu’on laisse décanter pour la suite, on bénit la rencontre d’il y a six mois, cette forme de permanence qui dément toutes les trahisons et les abandons qu’on a vécus entre. Le lieu se remplit, entre habitués et curieux, la formule est simple : de la bonne chère et de la musique, les deux concordant dans l’esprit. Il faut élever la partition au rang de ce qu’on a mangé, sortir le corps de la divine apathie digestive. Quoi de mieux, pour ça, qu’un set réorchestré, un premier titre des « Accords tacites », le premier album toujours pas réapproprié, « In Excelsis » et le miracle se réitère. Avec les mêmes recettes, là aussi, celles qui donnent envie d’y revenir : énergie, transe, catharsis, tout a été dit sur ce groupe-là, post-punk-soul à textes, qui fait chanter le public sur la mélancolie ou la dépression, pousse Sir McCartney à la retraite sur « Eleonor Rigby », passe par « Tangerine » et pense même à dédier un Grant Lee Buffalo à un membre du public juste parti pisser, à l’instant. Michaela parle sérieusement entre les morceaux, David la coupe et dit à peu près n’importe quoi pour dédramatiser : post-punk, on a dit, entre cri primal et défoulement sur les cymbales de Paul. Les personnes qui les découvrent, comme à chaque fois, sont subjuguées, les autres luttent contre l’air entendu d’être ceux qui les connaissent le mieux. Personne ne sait vraiment ce qu’ils nous réservent, ces deux-là, capables de sortir « l’Eté » - leur prochain album – en octobre. Partout où ils seront, ceux qui les suivent se trouveront, quelle que soit la saison. Pour les Lyonnais (et alentours), la date à réserver, déjà, c’est le 2 décembre, à la Casa Musicale. La veille, ils seront, encore, au Petit Bonheur, celui qui en annonce d’autres, démultipliés. J’y serai aussi, on verra comment : peu importe.

PS : s’il fallait encore démontrer qu’entre l’expressivité topinambouresque d’une actrice à succès, le sous-pérecquisme delermien d’un auteur superfétatoire, la voix suave d’un GPS indiquant une position libidineuse, la drôle histoire d’une chemise rose dans les back-rooms des Village People d’un côté et, de l’autre, toute la douceur de vivre qu’une telle alliance des Arts nous a apportée hier, le choix était vite fait, alors. J’espère que cette note aura éclairé les quelques palpitants récalcitrants qui restent.

10:32 Publié dans Blog | Lien permanent

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