02/02/2012
Palabras de Nada
C’est Leprest qui écrit « tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom. ». J’y pensais en furetant, oxymore oblige, du côté du Desdichado de Nerval, avec son pendant féminin que Caetano Veloso susurre avec mélancolie dans un « Cucurrucucu » qui, à tous, nous a paru ridicule jusqu’à ce que Almodovar le filme. C’est beau, comme mot, Desdichado, c’est entre déchu, dépité et abandonné, ça tient à rien, à un silence, seulement. Dans la course effrénée des mots dans ma tête, ça vient jusqu’au « Maladjusted » de Morrissey, bouscule le « déambuler » du « Quand reviendras-tu ? », dépasse, presque, « l’Irrégulière » de Murat. Dans mon cerveau dérangé, finalement, il y a plus de mots dans leur musicalité que d’images : ce n’est rien, l’image, c’est fugace et puis on voit trop que certains ferment les yeux de peur qu’on attrape leur âme.
Ce soir, je rencontre des artistes et des écrivains qui participent à un projet pour le "Printemps des poètes". Je sais d'ores et déjà qu'ils tiennent à ce que soit diffusée, dans le cadre d'une exposition sur le thème "Enfances au carré", la petite vidéo de bric et de broc que j'avais fabriquée pour la sortie de "la partie de cache-cache". Bon, ça reste de l'image mais j'en reparlerai.
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01/02/2012
Choisir, c'est renoncer.
Je n'irai pas au Salon du Livre de Paris cette année. L'année dernière, j'y avais pourtant fait de belles rencontres, notamment celle qui m'a mené au Club de lecture de Bois-Colombes. Mon éditeur m'a pourtant demandé ce matin de venir, sans insistance parce que, cette année, son budget total ne lui permet pas de me défrayer. Or, désormais, ma (petite) victoire, c'est de faire en sorte qu'au moins écrire ne me coûte rien d'autre que du sang et de la sueur. Ma situation professionnelle l'impose, elle qui découle des choix que j'ai faits. Et puis au Salon, l'année dernière, il ne s'est pas passé que des bonnes choses pour moi: superposer des lieux et des histoires, c'est que l'être humain sait faire de pire. Je passe, donc. Mais irai à Autun, bientôt, et plutôt deux fois qu'une: voilà un Salon qui a fait le choix d'inviter des auteurs après sélection, ce qui évite le grand n'importe quoi, et qui sait recevoir. Ce n'est pas rien.
NB: en photo, la version papier du "Lyon Capitale", sortie aujourd'hui. Ce n'est même pas qu'on dise du bien de mon PAL qui me sied, c'est qu'il soit parvenu jusqu'à eux. Un coin de ciel bleu?
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31/01/2012
Mozart, c'est nul!
"A part la musique du film", disait la Agrippine de Brétécher. Je suis soumis aux mêmes interrogations, dans les différentes sphères de mon existence : comment convaincre de la nécessité d’un texte ou d’une musique ? N’y a-t-il pas quelque chose de dépassé dans ce rapport à l’œuvre, au travail réalisé, dans cette société de l’immédiateté ? Que valent les chefs-d’œuvre, d’ailleurs, quand si peu de personnes en connaissent et l’existence et les codes suivant lesquels ils ont accédé à ce titre et par là-même, à la postérité ? Que vaut le roman que j’essaie d’écrire face à la vague des Intouchables (sale période, on commence Indigné, on finit Intouchable !) ? Que restera-t-il de tout ça, en somme...
L’autre jour, une polémique est née sur FB, à propos du livre numérique. Une jeune femme dont le premier roman va être publié via ce mode s’inquiétait de savoir si elle serait lue ou pas. Ont suivi bon nombre d’arguments, valables quand ils n’étaient pas véhéments, ou énoncés pour de mauvaises raisons : l’édité qui conteste à autrui le droit de l’être différemment qu'il le fut. Dans le même temps, mon (petit) éditeur me dit lui qu’il ne survivrait pas à la copie librement distribuée (ce qu’on appelle faussement le piratage) et que déjà, des intermédiaires s’imposent pour assurer la distribution numérique. Et moi, qui vais consulter les sites d’édition de ce genre, je n’y trouve jusque là – mais sans doute ai-je été mal orienté… - que des extraits dont je ne peux que dire qu’ils ont été mal relus… Qui croire, dans ces cas-là, sinon ceux qui savent déjà que l’abandon du papier, c’est, paradoxe, l’abandon de la diversité pour le très grand nombre, incontrôlable. Bref, j’ai l’impression d’écoper dans tous les sens et de retenir le XX° siècle avec l’énergie du désespoir, moi qui l'ai si peu connu, en tant qu'auteur.
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30/01/2012
L'Aguila Negra.
Je n’ai jamais dit à quel point j’étais redevable à « l’Aigle noir ». Qui n’est pas la chanson que je préfère de Barbara, mais qui est un texte tellement énigmatique qu’on est obligé d’être saisi, ou pas. Adolescent, quand j’ai découvert cette chanson là, les arrangements rock de Michel Colombier et la descente de contrebasse de Pierre Nicolas, j’ai cru qu’un abîme s’ouvrait devant moi, tant elle portait ce que je n’arrivais pas à dire. Pas pour les raisons qui sont parues après dans « Il était une fois un piano noir ». Je me souviens même de la retransmission du concert de Pantin, sur un TF1 public, la réalisation de Guy Job, le scandale, disait-on, d’une scène qu’elle avait fait refaire parce qu’il manquait un mètre. Je me souviens de chacun de mes concerts (neuf, au total) de Barbara : j’avais déjà conscience d’être en décalage et d’assister à un événement. Une messe, même, avec ses rituels et ses échanges chamaniques. Je n’ai jamais dit à quel point j’étais redevable à Barbara : il faudra que je lui consacre plus qu'une note. Une nouvelle, sans doute, un jour, histoire de la faire entrer, elle aussi, dans mon petit Panthéon personnel, dans une odieuse démarche d'appropriation. Ehé.
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29/01/2012
Lyon CapiPAL
J'avais été prévenu un peu à l'avance, mais je trouve l'article en ligne avant la parution papier. Mon coeur s'est arrêté à la lecture du titre (j'ai cru que le mot faiblesse était lié à l'écriture), mais je revis depuis, et arbore un sourire idiot. Quel article, pardon! Un parallèle avec Nick Hornby, je veux, je prends! Et l'argument d'autorité philosophique, c'est bien aussi, non? C'est ici, en version complète. En plus - retour au cynisme - ça me fait une note à peu de frais, aujourd'hui, chouette (de Dijon).
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28/01/2012
Polémique Victor.
Hier soir, je suis allé assister à la Carte blanche donnée à Samantha Barendson, à la Bibliothèque du 2ème arrondissement. Une soirée qui regroupait trois poètes autour d'un photographe, adepte de l'auto-dérision puisque se nommant lui même the fake Artist. Il ne devrait pas d'ailleurs, parce que ses photographies ont quelque chose de singulier même si, comme l'un des invités l'a fait, je n'aurais pas choisi moi les trois sur lesquelles Samentha Barendson a demandé à Frédérick Houdaer et à Robert Notenboom, poète de l'île de Groix (!) d'écrire des textes. Robert Notenboom, dont l'hôte dit qu'il l'a impressionnée par le biais d'une maxime, à savoir qu'un mot de trop, en poésie, était un mot insultant, ou quelque chose comme ça. Ce qui m'a plu dans l'idée, pas dans la pratique de son premier texte, que j'ai trouvé trop autocentré et trop classique, dans la langue. Je sais que je ne devrais pas et que je prête le flanc à un retour critique en conséquence, mais là est justement l'objet. Je prends de plus en plus de plaisir à aller à la rencontre des poètes, toujours sans en revendiquer l'appellation, même si je songe de plus en plus à regrouper des textes poétiques en recueil. Mais j'ai aimé reprendre hier la discussion avec Jean-Baptiste Cabaud laissée ici. Sur la façon de dire la poésie, et parfois de se satisfaire de la sienne, ou d'en donner l'impression. Et j'ai envie, de plus en plus aussi, de dire que telle poésie me parle, ou pas. Voire pourrait me parler, sans pouvoir l'entendre. Mais tout va pour le mieux: j'y suis allé pour entendre et Samantha Barendson, et Frédérick Houdaer, dont le recueil "Engelures" m'a impressionné: une poésie sèche, épurée, s'accrochant au quotidien et en dépassant la vulgarité. La récurrence des rendez-vous avec sa banquière - un des 69 portraits de femmes du recueil - m'a rappelé le meilleur Bukowski, celui de "l'amour est un chien de l'enfer". J'en reparlerai prochainement. Samantha Barendson a servi une poésie qui me semble à l'inverse de l'image rigolote qu'elle s'échine à donner d'elle-même: des textes qui commencent légérement et qui, par effet de gradation et d'énumération, comme pour ses déménagements, dessinent une existence maintes fois bouleversée. Non linéaire. Son bilinguisme - et celui de son recueil "Los delitos del cuerpo" - lui permet de fausser elle-même la traduction, d'aller au coeur du mot. Elle lit bien, sans effets, et le texte fait mouche: des instantanés, des moments que l'on a vécus, des images de cinéma qu'on connaît, bien qu'elle n'en sache rien. Ce jeudi de la poésie programmé, exceptionnellement, un vendredi, a visiblement fait taire les habitués, qui prennent habituellement la parole quand les poètes ne sont pas invités. D'où la question, toujours: est-ce à l'auteur de venir lire son texte, à d'autres de s'en emparer? Mais qui, alors? Des comédiens, au risque qu'ils en rajoutent, jusqu'à l'effet contraire? La question est réelle, puisque samedi prochain, devant, vraisemblablement, une bonne cinquantaine de personnes, je reprends le rôle du narrateur de "Trop pas!", avec, je l'ai décidé, moins de réserve qu'à la Casa, pour la sortie. Houdaer, Cabaud et moi avons promis d'en reparler. Les autres sont évidemment les bienvenus. Si vous les connaissez, faites-leur mes amitiés (référence cinématographique aussi, SB!)
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27/01/2012
En attendant.
Ne plus rien dire, se taire et travailler. Dans l'idéal, ce serait ça. Mais l'homme contemporain se disperse, furète virtuellement de ci de là et s'éloigne inéxorablement de ce pour quoi il est fait. Je pourrais, si je le voulais, raconter n'importe quelle rencontre à la sortie du métro, dix minutes d'une discussion surréaliste de par sa portée, mais je ne le fais pas, parce que l'intérêt collectif est ailleurs. Collectif... Mon éditeur me charge d'ailleurs d'un message: puisque ce blog attire désormais plus de 5000 visiteurs chaque mois, si, selon lui, à peine 8% des visiteurs achetait ou offrait un livre de sa collection, ça lui ferait suffisamment de ventes pour continuer à éditer. Mon recueil de nouvelles à venir, par exemple. Sur d'autres espaces plus fréquentés, chacun fait son offre sans se soucier de celle de l'autre, avec cette idée sous-jaçante, toujours fascinante, d'une hiérarchisation de celles-ci. Moi, évidemment, je gagnerais à ce que ce mouvement se mette en branle, mais je regarde ça d'un oeil très détaché. Dès demain, je lance les projets 2012_2013, et je sais que ça n'arrêtera pas. Il est où le problème?
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26/01/2012
A peine.
dix-sept minutes pour vous dire que j'ai failli ne pas mettre de note ce soir. Alors, je persiste dans la facilité superbe, avec le deuxième "Quantifier l'amour" du mois. Deux fois par mois, c'est déjà mieux que rien.
"Quantifier l'amour" à la librairie du Tramway. par cachardl
23:47 Publié dans Blog | Lien permanent