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28/03/2012

Ou bien Ou bien.

On peut parler de phénoménologie toute la journée et ne pas être averti de ses effets. Par définition. Personne ne peut dire – attention, cliché – là où il se trouvera et s’il s’y trouvera dix années après. Dix ans, c’est le temps que j’ai choisi, avec « Ouessant », de mesurer pleinement, jusqu’à l’impossibilité. Dix ans, c’est ce qui me sépare d’une cinquantaine que j’espère flamboyante sans savoir si elle le sera. Le défi au temps est un exercice romantique, le même que s’imposer les falaises d’Etretat ou de croire à une histoire d’amour qui n’a pas d’issue. « J’ai besoin de vivre mal pour écrire bien », cette phrase de Musset m’a trop marqué pour que je continue de la faire mienne. Vivre mieux et écrire bien, alors : considérons que je suis entré dans le XXI° siècle. Et que personne ne me traite d’attardé : face à l’immédiateté imbécile, c’est un compliment qui pourrait me faire perdre la raison.

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27/03/2012

Valse Pujol.

Mon ami Jean-Louis Pujol, qui a déjà peint « Ouessant » pour moi et dont je suis l’auteur du « Bras armé », m’a fait l’honneur d’une Valse rien que pour moi, en couverture d’un livre dont je ne sais pas encore qui l’éditera mais dont je ne doute pas qu’il le sera. Excès de confiance ? Non, mais quand une telle agrégation de talents se fait – et je ne compte ici que les compositeur, interprète et peut-être après, allez, l’auteur -  quand un travail a autant mûri que celui-ci l’a fait, quand, pour finir, tout concorde pour qu’on s’intéresse un peu à moi ces temps prochains, on peut se dire que oui, les choses que l’on voulait finissent par arriver. Et puis j’effeuille, petit à petit. Je prends rendez-vous: comme dans un carnet de bal. 

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26/03/2012

Ouf.

Mes notes sont extrêmes, ces jours-ci, vous l’aurez remarqué. Aux deux bouts non des semaines comme l’écrivait Vanneyre, mais aux deux extrémités des mes journées qui s’allongent, pour mon plus grand bien. J’en aurais des choses à vous dire, mais je vous le donne Emile, le rousseauiste, on me demande de ne pas vous le dire. Alors, comme vous, je patiente, mais je n’attends plus : le bleu du ciel n’est jamais que là où l’on décide de le voir. Pour autant, très vite, je compte nourrir cet espace des dernières informations concernant Aurelia, et puis aussi des livres de mes compagnons, de fortune, cette fois. Lost in transition, en somme.

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25/03/2012

Un temps pour tout.

Avec tout ça, qui s’est demandé ce qu’étaient devenues toutes ces heures d’été perdues, hein ? Je propose aux candidats à la Présidentielle d’instaurer un moratoire sur le temps perdu, plus généralement. Avec un Ministère du temps libre, un du temps suspendu et un autre du temps détruit (avec le portrait de Nizan au fronton), ça aurait fière allure. Déjà, Grégoire XIII, en supprimant dix jours sur un coup de tête- le 15 octobre faisant suite au 4 octobre 1582 – avait plus ou moins foutu le bordel dans le calendrier, pourquoi ne pas intégrer une bonne fois pour toutes que ceux qui ont envie de dormir comme ils veulent puissent le faire ?

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24/03/2012

Compagnon d'infortune.

 A l'angle de l’Avenue Berthelot et de la rue Claude Bernard, juste avant de prendre le pont Gallieni puis le tunnel de Fourvière, il y a, depuis plus de deux ans, maintenant, un homme qui fait la manche. Est-il roumain, est-il algérien, je ne sais pas. Mais il a une particularité, outre son pied-bot : il ne se concentre que sur une voiture et, que l’issue soit positive ou non, il sourit, magnifiquement, implore le ciel, se frotte le visage avec des gestes amples et démonstratifs. Quand vous lui donnez une pièce, les manifestations de joie sont décuplées, il faut vraiment que le feu passe au vert pour qu’il vous laisse partir. L’autre jour, je ne l’ai pas vu. Je me suis dit qu’il manquait quelqu’un à ma journée et me suis maudit, juste après, d’avoir pensé ça.

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23/03/2012

Les vieux basketteurs.

Ils étaient là, donc, ce matin, à l’heure où blanchit la Cathédrale St Jean. En un éclair, j’ai tout retrouvé. Hélas, dit Barbara. Les cheveux blanchis ou raréfiés, les silhouettes alourdies, ils étaient tous là, ces êtres dont, à l’époque, on connaissait davantage le premier pas, l’adresse à mi-distance, la main gauche ou le caractère atrabilaire. Ils étaient là, de toutes les équipes de la région, de toutes les couleurs. De tous les horizons dispersés depuis. On a échangé des mots, des sourires, des accolades, on s’est promis qu’on se reverrait, qu'on retournerait, vingt-cinq ans après, faire le tournoi d'Echirolles, celui où les jeunes femmes ravies qu'on leur ait offert des fleurs à la présentation des équipes ne savaient pas qu'on les avait dérobées une heure avant dans leur jardin. Tous mus par la même crainte d’être un jour celui vers qui on revient pour un dernier adieu. J’ai observé longuement le portait du désormais absent, tenté de retrouver une attitude, un trait vivant, mais non, je le disais hier, je ne l’ai pas reconnu parce que je ne le connaissais pas. Ce sont les autres que je suis allé voir, que j’ai voulus me voyant, aussi. Et puis le fils de l’absent est arrivé, spontanément, il a demandé au petit groupe que j’avais intégré qui ils étaient, pour son père. Et c’est là, dans les traits de ce jeune homme de vingt ans, aussi beau que son père l’était à son âge. A l’âge où je l’ai connu. Bref, comme il est convenu de dire de nos jours, j’ai enterré quelqu’un aujourd’hui, mais c’est un peu de notre jeunesse qui a ressurgi.

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22/03/2012

L'adversaire.

Je n’ai de lui qu’une vieille image, pourtant obsédante : il est face à moi, il sait que mon seul point fort est de tirer à longue distance : rien de plus simple, dès lors, pour lui, mon adversaire direct, de m’en empêcher. On joue une partie amicale contre le club voisin, donc rival, il est une des figures dont me parlait ma sœur, qui jouait sous les couleurs de ce club-là, puisque le club de mon père, de mon frère et le mien n’avait pas d’équipes féminines. Ce n’est pas un additum au Poignet d’Alain Larrouquis que je vous livre là, c’est la réalité qui rattrape : au moment même où le PAL sortait, mon club disparaissait, faute d’une flamme entretenue et transmise. Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends la disparition non d’un ami, mais d’un visage, d’un nom qui a traîné sur toutes les lèvres des basketteurs de la Région. Il a disparu en quinze jours d’une maladie fulgurante qui habituellement prend son temps. Il a mon âge, on n’en parlera plus qu’au passé et quelque chose me choque, même si, évidemment, on peut parler, ces jours-ci, de morts plus injustes encore. La mort n’est ni juste ni injuste, elle est arbitraire. L’ironie, c’est qu’après avoir porté les couleurs du club adverse, cet homme-là a porté celles d’un club que j’ai fait mien mais que j’ai quitté quand même. Demain matin, il y aura des retrouvailles devant le cercueil. Je ne dis même pas qu’il aurait aimé ça mais c’est bien tout ce que la vie peut faire pour lui.

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21/03/2012

L'Oxford bleu.

Cette femme a tout consigné dans son petit cahier bleu d’écolier : son histoire, sa vie, les sentiments les plus profonds. Depuis une semaine qu’elle me l’a confié, elle ne respire plus : et si, comme tous ceux qu’elle a croisés depuis qu’elle a cru s’émanciper, je n’étais pas celui que je prétends être. Et si, redoublant de malveillance par rapport à ceux qui l’ont déjà flouée, je n’étais qu’un imposteur qui le lui déroberait pour s’en moquer ? La méfiance est aussi destructrice qu’elle est salvatrice : on ne peut en vivre seulement, mais c’est une arme dont il vaut mieux être doté. Qu’elle se rassure : le petit carnet bleu, je l’ai ouvert, lu, rangé précieusement et le lui restituerai comme prévu. Elle pourra se dire que l’Humanité n’est pas seulement pervertie. Que, comme Doubrovsky nous le disait déjà il y a longtemps, c’est souvent au moment du pire de l’homme qu’on a la chance d’en rencontrer le meilleur.

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