09/01/2012
Le bruit des glaçons.
Chez le médecin, pour des douleurs récurrentes, qui n'ont rien arrangé. Au téléphone, quand je lui ai décrit les symptômes, il m'a sommé de venir sur-le-champ. Rien n'est arrangé, à cette heure, mais rien de particulièrement alarmant, selon lui, dans l'immédiat. A surveiller, donc, me dit-il, histoire que mon hypocondrie se nourrisse. Que je repasse les phases de l'annonce d'Eric, l'année dernière, de ce qui s'est passé après, cette rémission inespérée, cette victoire éclatante. J'annonce d'ores et déjà à mon cancer, s'il devait me rendre visite plus vite que prévu: je suis très mauvais perdant.
20:36 Publié dans Blog | Lien permanent
08/01/2012
Expérience anthropoétique.
Du coup, ça y est, c’est fait. Je disais dans ces colonnes que l’avantage du Cabaret Poétique, c’est qu’il proposait du sens à un moment de la semaine où on est tous en train de le chercher (le dimanche, à 17h). Le corollaire, c’est qu’il laisse, juste après, dans un état d’abandon difficile à surmonter pour qui s’y est confronté. Comme promis et annoncé, j’ai donc franchi les deux trois marches qui vous propulsent en pleine lumière (quel projecteur !) pour faire un pas chez les poètes, moi qui ai spécifiquement demandé à Frédérick Houdaer qu’on ne me présente pas comme tel. C’était la 11ème édition, la 2ème pour moi, qui avais aimé le principe : temps de parole restreint à dix minutes, alternance des genres sur laquelle veille le Mr Loyal de l’affaire. Aujourd’hui non plus, je n’ai pas été déçu : est monté sur scène, en premier, Jean-Baptiste Cabaud, auteur protéiforme (jeunesse, Bd, scénarii etc.) venu lire un essai, un long poème héroïco-ethno-maritime plein de force, aux intonations peut-être un peu trop accentuées, à mon goût. Les feuillets se succèdent, il ne mâche pas ses mots ni ne les annone. Il a la présence scénique des poètes qui savent où ils vont. Hervé Bougel lui succède, pour un changement radical : il est présenté comme un poète-éditeur, des Editions Pré carré, dont j’entendis parler pour la première fois par Christian Chavassieux. Hervé Bougel, tremblant de trac, vient présenter une poésie sociale, issue de ses années, dit-il, de prolétariat, si tant est qu’il s’en soit sorti ou même qu’il l’ait voulu. La maladresse dans la diction, le perdre pied, c’est sans doute ce que je préfère dans l’exercice de lecture poétique : un poète trop sûr de lui est un mec louche. Vos papiers ! Bougel n’épargne rien à l’auditeur, la misère, la crasse, la drogue, mais aussi la camaraderie, la solidarité. Rien d’étonnant qu’il termine par un Mr William, l’employé modèle de Ferré, aménagé. Peu de certitudes, mais du ventre dans l’écrit. Après, c’était à nous. Nous, Pedro et moi-même. Pedro, avec qui j’ai répété deux heures dans l’après-midi pour proposer une lecture d’un poète "à l’occasion". Je ressors, accompagné par le son clair de sa guitara, « Sevilla », écrite au siècle dernier, sur laquelle on devait travailler. On ne l’a pas fait depuis dix ans, je lui ai donné deux heures pour aboutir. Et, malgré quelques approximations, le son acoustique de la guitare souligne harmonieusement les mots rares du poème. On enchaîne avec un « Indifférentiste » parlé (c'est mieux), dont il connaissait les accords. Je me surprends, malgré les projecteurs, à ne pas trembler, ne pas heurter les mots, moi qui ai toujours dit être un piètre lecteur de moi-même. Ça passe, et plutôt bien, il me semble : la focalisation féminine (du texte!) doit faire son effet. Bon je ne tarde pas, pour le dernier morceau, à cabotiner un peu, me présenter comme le romancier accidenté ici. Auteur d’une comédie musicale lycéenne entre « la Boum » et « Hamlet », qui plus est, moi dont Frédérick Houdaer a vanté le premier roman d’une telle façon qu’il a dit avoir oublié, à sa lecture, qu’il avait un article à rendre dessus… C’est une partie du 3ème, « le Poignet d’Alain Larrouquis » que j’ai choisi de lire pour finir, celle de la ballade des républicains à Somosierra. L’occasion de placer Nizan, dans mon travail de sape… Je lis, il me semble être intelligible et la force d’écoute est impressionnante. Le temps, une fois la lecture achevée, de me retirer sur une des Confidences Indistinctes et j’en ai terminé avec ma prestation. Sûr, au moins, de ne pas être passé à côté. On me sollicite à la table des livres à vendre, c’est un bon signe. Derrière, Thierry Renard termine le travail, accompagné du groupe à qui revenait aujourd’hui la partie cabaret (et dont le nom m'a échappé) : un long morceau dit avec brio par ce comédien-poète sur le silence et la parole des arbres. De la conviction, du polylinguisme, des mots justes et l’impression qu’ils ont toujours joué ensemble alors que, de son propre aveu, ils n’ont répété que deux jours avant. Peu importe, ça passe, et bien, même si, au regard de ce qu’a fait Bougel, on peut poser la question de la poésie trop bien dite, justement. Le final est festif, le groupe invite les « poètes » à dire quelque chose de plus pendant qu’il couvre ça d’un groove rodé et passe-partout. Puisqu’il s’agit de dédramatiser et de boucler la soirée, je vais lire, en alternance avec les vers graves de mes compères, deux extraits de « Trop Pas ! » (sans aller jusqu’au PTDR !) qui montrent que l’on peut composer sérieusement sans se prendre soi trop au sérieux. Ça a toujours été mon credo, ça le restera. Un bon moment – de plus – vous aurez compris. De quoi oublier, juste un instant, que tout un pan de bleu s’en est allé ces jours-ci. Et qu'il faut faire face au réel, quand même.
20:58 Publié dans Blog | Lien permanent
07/01/2012
Réversibilité.
Le moniteur de canyoning, facétieux, aimait dire à celui ou celle qui sautait du pont "Attends!", une fois l'impulsion prise. J'y repense souvent, aujourd'hui, quand il m'arrive d'avoir à (re)considérer l'inverse du choix.
17:42 Publié dans Blog | Lien permanent
05/01/2012
Flowerbomb
Mon oncle un fameux bricoleur faisait en amateur des bombes botaniques. Il mourut par asphyxie noyé sous les pétales de ses rêves impériaux.
18:43 Publié dans Blog | Lien permanent
04/01/2012
Jamais deux sans deux.
Dimanche, au crépuscule de la journée, l'heure à laquelle Dominique Wolton dit que l'homme occidental a besoin de son portable comme substitut d'affection, j'irai me produire chez les poètes dont j'ai déjà parlé ici. J'ai accepté l'invitation de Frédérick Houdaer comme Bardamu suit le défilé pour défier Arthur Ganatte. Je ne sais pas encore ce que je vais y lire, si je vais risquer ma poésie métrée à l'inspiration des gens du lieu. Si je vais y glisser quelques Confidences, les poèmes en prose que j'ai écrits pour Jean Frémiot ou des extraits de mes romans dont la fonction l'est suffisamment, poétique. Si Pedro m'accompagnera à la guitare flamenca pour que j'y lise mes poèmes d'Espagne. L'indécision, c'est comme la confiance, sauf qu'on attend toujours que l'autre fasse le premier pas. Bon, la semaine d'après, je serai plus à l'aise, à Rillieux, avec mes deux gardes du coeur.
12:38 Publié dans Blog | Lien permanent
03/01/2012
Petits soucis du quotidien.
J'ai cassé la théière que l'on m'avait offerte. Ce n'était pas une théière dernier cri, pas celle en porcelaine de Chine du mariage de mes parents, que j'ai laissée dans des mains moins tremblantes. Je l'ai cassée en la faisant tomber dans l'évier, simplement. Ce n'est pas tant qu'il faille que j'en rachète une autre qui m'embête, c'est la marque de temporalité d'une part, les paquets de thé qu'elle laisse orphelins, également. Déjà qu'à chaque fois qu'un sachet se termine, j'ai l'impression qu'une histoire s'achève, voilà qui ne va pas calmer mon animisme, tiens.
19:03 Publié dans Blog | Lien permanent
02/01/2012
Il a ri, Jung?
Je sais qu’il n’est pas pire méthode que l’auto-analyse, mais depuis que j’ai une banquette rouge(avec coussins) sur laquelle je peux m’allonger de tout mon mètre quatre-vingt cinq, je n’ai pas pu résister. En ce début d’année 2012, le diagnostic est tombé, implacable : schizophrène latent, maniaco-dépressif polymorphe, narcissique souffrant du syndrome d’abandon, auto-destructeur noté AAA. Je me demande à moi-même si je ne suis pas trop sévère avec moi, m’entends dire, d’un ton paternel « prends soin de toi » et décide de me quitter. Il n’est pas recommandé de coucher, fût-ce platoniquement, avec son auto-analyste. Lequel m’a recommandé d’anticiper mon départ à Ouessant, sans que j’aie pu déchiffrer ce qu’il a écrit sur l’ordonnance : quelque chose entre sauter de la falaise et soigner les maux qui pèsent.
19:46 Publié dans Blog | Lien permanent
01/01/2012
Bonne année mon c..?
L'avantage des voeux de Nouvel An, c'est qu'ils n'engagent finalement que ceux qui les formulent. J'ai toujours beaucoup de réticence à l'idée de me réjouir sur le cadavre encore chaud d'une année qui m'aura autant apporté que coûté, encore plus quand il s'agit de m'enthousiasmer sur une douzaine de mois dont personne ne sait où ils nous mèneront. Alors, j'accepte vos voeux, d'accord, mais permettez-moi d'attendre l'hiver prochain pour vous présenter les miens pour 2012.
20:13 Publié dans Blog | Lien permanent