11/02/2012
Valse-moi encore, Camille
"On n’apprend pas à commencer, on sait ce que la pièce nous apporte, la part de soi qu’on n’a pas réussi à exprimer. C’est pour ça que les mains de ta Cathédrale se rejoignent, que ses doigts se touchent comme ceux d’un anxieux, qui continue de tailler le bloc de ses impuissances. Devant chez toi, je suis à l’attente ce que tu es au bloc de marbre vierge : un scrutateur et un innocent. Conscient de ce qui se trame, de ce que vais engager, acceptant qu’elle m’échappe. J’accepte d’être façonné autant que de façonner, parce que je n’y échapperai pas. Mieux, je le sollicite : c’est ton paradoxe, jusqu’à la folie, qui t’a épargné en te frappant au plus intime. On te sollicitait pour faire école de ton art, Rodin, tu déclinais des méthodes sans pouvoir dire que tout était dans la façon dont tu regardais les gens et les choses. Pour faire un bon Hugo, il faut aimer Hugo. Un écrivain qui ne s’en défait pas fera au mieux du Hugo : dans ce que tu ériges, tu as un pouvoir qu’Hugo lui-même n’a pas eu, celui de faire Hugo. Va expliquer la genèse à celui qui veut savoir quel est le ciseau le plus efficace, Rodin."
Extrait de "Valse Claudel", à paraître prochainement (si tout se passe bien).
16:45 Publié dans Blog | Lien permanent
Les commentaires sont fermés.