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08/12/2011

Décrocher les étoiles.

C’est Kierkegaard, si j’ai bonne mémoire, qui disait que le difficile était le seul chemin. On peut éprouver ça dans toutes les strates de son existence, en face de ses difficultés, de celles des autres, en face de la complexité générale qui détermine les choses de la vie et son cortège de malentendus ou d’actes manqués. Je travaille à un passage complexe de l’histoire de la Russie qui a fait basculer la grande Histoire. Quand il a fallu choisir entre la révolte pacifiste et le terrorisme. Je me dis que le choix est toujours là, politiquement sans doute, mais aussi intimement : on ne fait pas de révolution sans casser des œufs, on ne valide pas ses propres choix, les mutations de son existence, sans passer par des phases de doute, de renoncement, mais aussi d’aspiration. Toucher les étoiles, les décrocher, voilà les mots que j’ai en tête dans les moments de très bas. Parce qu’il faut s’accrocher à ce qu’on a fait de mieux pour trouver le sens de tout ça. En fait, j’écris Aurelia pour me prouver que c’est que j’ai à faire de mieux, oui, même si l’expression de Ferré, « je ferai de mon pire », je l’ai éprouvée jusque dans la moindre de mes failles.

« Marius Beyle » est parti, « Camille » est programmée pour janvier, je vais faire en sorte que la latence entre ma première trilogie d’édition et la prochaine tétralogie (avec « le dîner », dont j’ai enfin trouvé le titre parfait !) me détermine plus clairement. Que je redevienne accueillant, puisque c’est ainsi que tout se joue. Il n’y a pas plus de Caterpillar dans l’existence que d’éléphants dans un magasin de porcelaine : ce sont des images, auxquelles on se rattache tous, par précaution. Jusqu’à ce qu’on fasse la paix avec soi-même, ou pas.


Decrocher les étoiles - Keren Ann par Morbidmistress

15:00 Publié dans Blog | Lien permanent

06/12/2011

My celebration

J'ai recommencé à travailler, aujourd'hui. A créer, pas à réécrire. Je sais où je vais, même si le chantier est immense. La bonne nouvelle, c'est que pour avancer, je vais devoir me nourrir, de nouveau, des travaux et des écrits des autres. Je vais mener ces fronts-là simultanément à ceux que je dois tenir pour Eloïse Prod. (si vous n'avez pas encore commandé votre "Trop Pas!" pour Noël, c'est ici!) et pour mon statut social. D'ici peu, ce blog reprendra sa vocation première, qui n'est pas forcément de parler de moi, paradoxe à part. Dans l'attente, puisque tout arrive un peu en même temps, je joins ici, pour ceux qui résistent à FB, l'article paru dans le "Livre & Lire", le magazine de l'ARALD à destination des libraires de Rhône-Alpes, hier. Il est signé Nicolas Blondeau, qui avait déjà chroniqué "la partie de cache-cache".

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NB : c'est en compagnie de Carole Martinez, Prix Goncourt des Lycéens, et de Ahmed Kalouaz que je participerai au TREQ (Trois romans en questions), à Annecy, le 15 juin. Chouette.

16:57 Publié dans Blog | Lien permanent

05/12/2011

Albert Camus & moi.

J'apprends aujourd'hui que Bordas va éditer un manuel de 3ème, au printemps prochain, qui contiendra un extrait de "Tébessa, 1956". Je suis extrêmement flatté et un peu angoissé par cette perspective: je connais suffisamment les manuels scolaires pour savoir qu'une fois qu'on en a respiré l'odeur de l'encre fraiche, c'est davantage la poussière des étagères et des académies qu'ils inspirent aux élèves. Mais j'y serai, et peut-être un jour me condondra-t-on avec l'auteur de la page d'à côté, qui parle aussi de l'Algérie. Déférence gardée, bien sûr.

Un article sur "Trop Pas" est lisible sur De Lyon & d'ailleurs, le blog très fréquentable de Jean-Yves Sécheresse.

18:40 Publié dans Blog | Lien permanent

04/12/2011

Mémoire vive.

Beau ciel bleu_m.jpgPuisqu’il s’avère que c’est mon mode d’expression et le pacte que j’ai passé avec moi-même très tôt dans ma vie, j’essaie ici de restituer quelle a été la soirée d’hier, pour la sortie officielle de « Trop Pas ! ». Passons sur la question du nombre, souvent évoquée dans ces colonnes, à chaque rencontre de librairie ou d’ailleurs : sans atteindre, puisqu’il y tient, les quatre-vingt dix personnes accumulées dans les lieux par les Deuce de l’Inoxydable, il y avait bien entre soixante et soixante-dix personnes hier au soir. Des gens qui sont venus de loin, géographiquement ou temporellement : j’ai retrouvé des personnes que je ne voyais plus depuis trop longtemps, les visages connus et fidèles à chaque rendez-vous, des musiciens de grand talent, des chanteurs itou; des amis d’Eric ont fait le voyage en nombre, nous qui nous inquiétions du vide avons dû gérer le plein et c’est déjà formidable. Tout le monde s’est entassé dans la petite salle de l’étage, là où, jour après jour, Xav’ Lord Desprat a sonorisé chacun des instruments qui ont participé de la petite musique d’Eric. Arrivés en fin de matinée, nous avons poussé les sièges, installé le vidéoprojecteur et l’écran de projection, réglé les micros, choisi notre place. Et répété : Fred n’ayant pas participé à la séance du 11.11.11, il a fallu trouver les intentions justes, reprendre chacun des morceaux jusqu’à ce qu’ils « racontent » quelque chose, de recréé par rapport à la version disque, plus instrumentalisée. Le combo dobro-lap steel, guitare acoustique, basse/guitare électrique ne fonctionne que dans ce sens-là : la séance s’allonge, entrecoupée du repas, c’est un travail à temps plein, parfois tendu quand on n’y arrive pas. Gérard et Fred se positionnent, Eric doit rentrer dans les morceaux, jouer droit pour qu’ils jouent mieux. Et ça joue, comme on le dit dans les milieux autorisés : en répétition ou en concert, Gérard est dans sa musique, il a un son à lui et des mimiques qui lui sont propres. A table, quand Lyne lui fait remarquer qu’il ressemble à Romain Duris, je lui réponds qu’il a la chance d’être un prognathe séduisant, et ça se voit : c’est toujours sourire en avant qu’il vit ses morceaux. Pour tout dire, même ses ratés sont magnifiques : qu’il oublie de tourner un page de son pense-bête et qu’il attaque un autre morceau que les deux autres ne suffira même pas, dans la soirée, à entamer son crédit. D’une part parce qu’il est bon, d’autre part parce que ce qu’il émane sur scène lui autorise tout. Et pas seulement auprès des filles. De l’autre côté, Fred D., Herr Direktor, tient son rôle : yeux perçants, mâchoire serrée, c’est le pendant noir du trublion d’en face. Mais ça roule, ça descend, ça crée un cercle dans lequel les autres s’expriment.  Au milieu, il y a les Hostett’, pour la première fois en vrai. Pauline qui m’a bluffé l’après-midi, quand j’ai compris qu’elle avait appris les paroles et qu’elle n’aurait pas besoin de pupitre. Qui répète assise, en chaussettes, et qui profite dès qu’elle le peut du portable de son père puisqu’il l’a privée du sien. Pour une sombre histoire de moyenne en français : j’établirais bien un droit d’immunité pour cette jeune fille capable de dire mes textes à la perfection, mais j’en connais qui chevaucheraient l’haridelle… Pauline et Eric réunis, le père protecteur, juste derrière. On a échappé à la catastrophe en privilégiant l’acoustique plutôt que le play-back initialement prévu sur « l’Echelle de Richter ». Je ne la quitte pas des yeux du concert, sur ce morceau, elle a les intonations de Françoise Hardy dans « Message personnel ». Pauline qui alterne les genres dans le show-case, sans doute trop court aux yeux du public, mais juste à sa dimension, encore. Elle bouge (un peu) plus sur le ukulélé de Gérard, cherche son père sur les morceaux plus complexes, le vanne en beauté sur le beau duo final… Et convainc, deux fois, avec le morceau qui, le premier, semble sortir du lot : « l’inverse du choix ». Eric est tendu, il a le double souci de sa musique et de sa fille, c’est beau à voir et je tuerais si on me disait que ce que nous avons fait ensemble, je l’ai rêvé. C’est l’état dans lequel je suis aujourd’hui, après une courte nuit. J’ai fait  laborieusement le narrateur, je sais que je peux affronter un public sur mes écrits, mais pas les spot lights, pour lesquels je ne suis pas fait. Ça m’a permis, au moins, d’être aux côtés de Gérard et de le regarder faire. J’aurai vécu ça, aussi.  Dans la salle du bas, après le concert, c’est la détente, je vois des gens heureux de ce qu’ils ont vu et entendu, des enfants, aussi, avec des étoiles dans les yeux. Je croise des regards qui en disent long, des mains qui se frôlent pour dire merci et plus encore. Evidemment, tout le monde attend la suite, la mise en scène, les Bercy que j’ai promis avant de revenir à la Casa, ou à Mégevette. On l’espère autant qu’eux, qu’ils le sachent, et qu’ils fassent leur part du travail : diffuser, oser, offrir, en parler, renvoyer au site, aux films, à des connaissances… On m’a souhaité aujourd’hui, que ce projet ne soit pas un suicide économique : j’ai répondu que le suicide, là-dedans, était émotionnel, et de mort lente. Que l’aventure ne fait que commencer. Et que la devise d’Eloïse Prod., désormais, était celle d’Astor Piazzolla, trouvée dans une papillote, dans une librairie, à Cluses.: « N’attendez pas que les choses arrivent, faites les arriver ». 

NB: j'attends les photos et vidéos (celles qui ne sont pas prises de trop près...) avec impatience, maintenant que j'ai fait fonctionner la mémoire.

14:42 Publié dans Blog | Lien permanent

03/12/2011

En vivo.

Je regarde les musiciens préparer le set de ce soir, je suis aux anges. A force de se dire avec Eric qu'on en est là, on a fini par y être vraiment et si je me demande toujours quelle est ma place dans la version vivante, je sais qu'en terme d'écrits, l'histoire se tient, qu'elle est touchante et que j'espère que les auditeurs s'y intéresseront aussi. La pression monte, Pauline y est décidément insensible, tant mieux.

12:51 Publié dans Blog | Lien permanent

02/12/2011

Veillée d'armes.

IMG_0528.JPGC'est demain soir à la Casa Musicale que "Trop pas!" sera présenté au grand public. Viendront ensuite les retours critiques, les éloges et les réserves, le ballet habituel. J'éprouve une grande fierté d'être allé au bout de ce projet insensé et lui souhaite une autre vie que les livres que j'ai écrits, qui restent confidentiels. Il faut à chaque fois surmonter une déception, avaler quelques couleuvres (retour à la case plein temps l'année prochaine?) et se projeter sur autre chose. Dès lundi, je prends ma plume et sollicite des éditeurs pour mon projet Camille. Quand on est à fond et qu'on se demande si on ne va pas dans le mur, l'important, c'est d'accélérer, encore.

J'attends le plus grand nombre d'entre vous demain. Si les 5146 personnes qui sont passées par ce site le mois dernier font chacun l'effort de commander le livre-disque (avec le Larrouquis en prime?) pour Noël, eh bien, nous serons dans la mouise parce qu'il faudrait retirer, mais on le fera avec plaisir! Et on pourra en commander d'autres, des badges comme celui-ci, que Bruno & Sophie, mes bienveillants des 3Gaules, m'ont offert hier. Avec une carte de "la Valse", histoire que la boucle soit bouclée.

Ci-joint l'article du "Pays", qui flatte l'auteur "local". Ce que j'adore qu'on dise de moi à la Croix-Rousse, dans le Berry, en Béarn bientôt?

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18:20 Publié dans Blog | Lien permanent

01/12/2011

L'offre et la demande artistique.

IMG_0523.JPGJe m'interroge. Sur les réseaux sociaux, je vois fleurir les demandes de souscription, voire les sites consacrés au pré-financement de projets artistiques. Du genre "si vous donnez de l'argent et si on arrive à la somme requise, le projet verra le jour". Outre la culpabilité que cela fait peser sur la personne qui reçoit ce message et se sent presque obligée de participer au mouvement, cela interroge les comportements et la position de ceux qui proposent l'oeuvre. Sans aller jusqu'à la fatalité de misère pesant sur l'artiste, je préfèrerais toujours celui ou celle qui montre ce qu'il a fait et qui en réclame le juste prix plutôt que cette recherche de fonds. Une question de choix et de priorités, sans doute, dont j'imagine qu'elle nourrira quelque malentendu: je ne suis pas fortuné, loin de là, et les enjeux de "Trop Pas!", pécuniairement, sont énormes. Quoiqu'à relativiser. Si l'on ne trouve pas de distributeur ni de producteur, il nous restera le goût d'un travail bien fait et quelques micro-dettes (exclusivement entre nous) dont le total n'égalera jamais, de toute manière, la valeur du temps que nous avons passé à le réaliser.

Myspace, déjà, est mort de cet aveuglement consistant à solliciter les artistes pour d'autres projets artistiques que le leur. A grand renfort d'auto-satisfaction et d'auto-promotion sur la page des autres. Je l'écris ici, je ne débourserai plus 15€ pour un CD seul, sans autre support. Le prix de notre "objet" a été calculé à perte, pour rester abordable: on accepte, en les touchant, les limites de l'auto-édition. J'en rapprocherai les conséquences de celles de la petite édition, dont Christian Chavassieux (encore) parle bien ici. C'est en amont qu'il faut y penser. Il n'empêche, sur ma cheminée, notre coffret "à la française" a belle allure. Il supporte même le voisinage de "la Valse" et, pas loin, de "Bonne-Espérance", c'est dire. 

16:19 Publié dans Blog | Lien permanent

30/11/2011

Mon premier, c'est désir.

Je le dirai moins bien que Proust, évidemment, mais j'éprouve, en ce moment, le sentiment étrange qui veut qu'on puisse retenir un projet jusqu'au tout dernier moment, avant l'irréversible, avant qu'il ne nous appartienne plus. Cette volupté de se dire qu'il reste encore des étapes, qu'on peut encore, à chaque instant, se rémémorer les instants d'avant, ceux de la découverte, des esquisses, des avants-projets. Je sais, ce n'est pas très cohérent quand, dans le même temps, on sollicite des autres qu'ils vous donnent un blanc-seing sur ce que vous avez créé. Un livre, un disque, une situation d'être aimé ou pas. C'est mon humeur du jour. 

20:55 Publié dans Blog | Lien permanent