20/03/2012
Note at all.
Il faudrait pouvoir séparer la vie entre ceux qui n’éprouvent pas la nécessité de la vivre pleinement et ceux qui en espèrent le maximum, jusqu’au bout. Rien n’est plus désarmant qu’un acte de violence gratuit – ou presque, puisque aucune cause ne saurait justifier une telle sauvagerie. Ce n’est pas de faire taire les enfants une minute qui les amènera à comprendre, au contraire. C’est d’en parler et d’asséner, infatigablement, qu’il n’y a que la civilisation à opposer à la barbarie.
16:09 Publié dans Blog | Lien permanent
19/03/2012
Une autre histoire vraie.
Quand David Lynch filmait, dans « Une histoire vraie », un homme allant de l’Iowa au Wisconsin en tondeuse à gazon, c’était pour adapter à notre époque les mérites, contemplatifs, du voyage initiatique. De ceux dont, de Homère à Kundera en passant par Hugo, on a vanté les bienfaits : métaphysique accrue par la lenteur, temps donné à la rencontre, importance donnée à la quête elle-même, pas forcément à sa fin. Dans « Une étoile aux cheveux noirs », d’Ahmed Kalouaz, l’auteur-narrateur prend une drôle de décision initiale : c’est en 103SP, une Mobylette bleue du modèle de celle qu’avait son père, qu’il va traverser la France en diagonale, de la Bretagne qui l’a accueilli jusqu’à Grenoble, où il va retrouver sa mère, dépitée par l’âge, la mémoire qui flanche et surtout par un déménagement à prévoir, puisque la barre HLM dans laquelle elle vivait encore après que les douze autres sont partis, va être démolie. Une démolition n’est jamais anodine, un reclassement non plus. La mère, cette étoile algérienne qui a connu l’exil et les regards haineux, n’accepte pas la décision, fait comme si rien n’allait se passer. A cette mère qui va « entrer dans la nuit en vieillissant », Kalouaz écrit une ode, qui s’adresse directement à elle : c’est par le tutoiement qu’il lui parle, même par le biais du livre. C’est par ses yeux qu’il traduit son évolution, son rapport à la Foi et au voile, qu’il lui reproche avec indulgence ce changement tardif et sectaire. Qu’il ne voit pas pourquoi elle tient à retourner à la Mecque, elle qui y est déjà allée. A travers lui, Kalouaz parle aussi des écrivains et des années noires qu’a connues l’Algérie. Il revendique la laïcité, la France de Ferrat, qu’il fredonne au guidon de son destrier bleu. Il raconte l’enfance heureuse, le pain perdu et rattrapé, retrouve « les mots pudiques des gens simples » pour parler de cette femme restée « à la porte de l’Ecole ». Il raconte les fins de mois difficiles, la solidarité d’une époque et, en filigrane, dessine la vie brisée des exilés, ces étranges étrangers arrivés nulle part et rejetés partout. Kalouaz parle d’une mère qu’il lui semble n’avoir connue qu’adulte : aucune photo d’elle, dit-il, jeune. Sans doute parce que sa jeunesse lui a été prise, qu’elle a été de tous les combats pour exister dans ce pays qui l’a accueillie par défauts : combats contre les administrations, les idées reçues, le racisme et les révisions de l’Histoire. Le narrateur de « Une étoile aux cheveux noirs » ponctue son épopée d’étapes, pas d’épreuves : dans des ports, dans des bars, où, buvant son chocolat chaud, il croise des Bretons un peu plus aguerris à l’alcool, sans les juger. Qui le voient repartir avec envie, comme si eux-mêmes reconnaissaient, à cet instant, que ce voyage-là, ils ne l’ont jamais entrepris. Qui ponctuent leurs remarques d’épisodes récents, signes que le temps que Kalouaz va retrouver est, et il le sait, bel et bien perdu : la pêche n’est plus aussi fructueuse depuis la marée noire de 2008 et oui, la belle époque où ils rentraient au bled en « exilés parvenus » est derrière lui. Najma bi Chaârin assouad*, comme un juif rapatrié d’Algérie l’a nommée un jour, c’est par petites touches que l’auteur nous en dresse le portait : dans l’amour et la protection qu’elle a portés à ses enfants, main de Fatma opposée au el hein, le Mal et aux djouns, les mauvais esprits. Il dit en retenant, avouant qu’en dehors de la cuisine – dignité absolue des pauvres – et des tâches ménagères, il ne sait pas grand chose d’elle, au bout du compte. Sinon que le Mektoub, le destin, l’a menée là où elle terminera et qu’il se doit d’aller la retrouver, une dernière fois. Kalouaz égrène ses étapes, de tables d’hôte en camping municipal, on apprécie l’humanisme de celui qui sait où il va – la scène du palefrenier qui répare la mobylette est superbe - on appréhende avec lui, tout au long de cette lettre ouverte, l’état dans lequel il va retrouver sa mère. Sa mort à venir, inéluctable. Les souvenirs qui affluent, ceux qu’il lui imagine, les rêves de retour, de propriété, les villages-dortoirs des immigrés et des ouvriers, souvent les mêmes. La prose change un moment, c’est la mère qui écrit, qui reproche à ses enfants de ne pas l’avoir aidée à comprendre plus vite : des griefs qu’elle n’aura jamais formulés mais dont on saisit qu’ils sont ce que l’auteur se reproche lui-même. Puis c’est l’arrivée - dans ce qui fut une Cité-jardin et qui n’est plus, pour l’auteur, quarante ans après, qu’un constat d’échec sociétal - au bout de la toute petite centaine de pages que fait ce livre-là (une page pour dix kilomètres), un autre « livre de ma mère » avec la même force, sinon la même origine, puisqu’il faut bien se jouer du mot avant qu’il ne le fasse.
* le titre du roman en arabe.
19:21 Publié dans Blog | Lien permanent
18/03/2012
Les choses se font.
La pugnacité a ses avantages. Je rentre d’une session d’enregistrement de « Camille » avec le chanteur que, dans ces colonnes, je recrutai sauvagement, sans le connaître, il y a quelques années, déjà. Depuis, nous nous sommes rencontrés, appréciés, je l’ai entendu chanter, déjà, quelques-uns de mes mots en back vocals sur le Deus Sex Machina des Deuce dont il va diriger l’enregistrement du prochain album, sur lequel j’interviens en tiré à part. Camille est dans la boîte donc, j’enverrai les fichiers dès que possible à son compositeur, qui lui donnera sa forme définitive. Une fois le dossier déposé à la SACEM, j’enverrai aux éditeurs ciblés ce travail d’une autre vie, bouclée aujourd’hui par l’action d’une voix merveilleuse. Celle que je voulais, le temps d’une infidélité à Eric. Le temps d’un moment suspendu, aussi, un de plus.
19:25 Publié dans Blog | Lien permanent
17/03/2012
Etat de Muratologie avancé.
Il fallait mériter Jean-Louis Murat, hier. Passer l’obstacle d’une sortie de Lyon compliquée et d’une attente au péage en compagnie de skieurs en nombre. Se perdre, également, sur des chemins de terre et tomber sur des pompiers nous indiquant que non, ma p’tite dame, ça fait bien longtemps qu’il n’y a plus d’abattoirs à Bourgoin-Jailleu. Les Abattoirs, justement, une fois retrouvés, m’ont permis, dans leur configuration de salle de spectacle, de revivre ce que l’on ne peut faire qu’en mode fan au Ninkazi ou ailleurs, un concert de Jean-Louis Murat à trois mètres de lui, avec toute la palette des expressions de son visage, ses agacements quand le retour n’est pas suffisant, ses regards attendris, toujours, vers son historique, maintenant, de batteur, quand une de ses caisses, descellée, ira brinqueballant tout le long du concert. Il fallait mériter Jean-Louis et pour cela attendre 22h, le temps, une fois de plus, qu’une première partie perde conscience et se sente habité par une mission que ni son jeu de guitare ni la variété de ses compositions ne justifiait. Jean-Louis Murat aux Abattoirs pour la tournée de son superbe « Grand Lièvre », que cela pouvait-il donner après le très bon concert du Ninkazi, il y a quelques mois ? Guère plus, c’était certain. Mais différent, ça l’était aussi, puisque Murat a cette qualité immense d’être toujours surprenant. Je l’ai donc retrouvé avec un bassiste différent, puisque Fred Jimenez, que je croyais pourtant indissociable de Stéphane Reynaud, a paraît-il été appelé par Johnny. Tant que ce n’est pas Clo-Clo, l’honneur est sauf. Et le « petit nouveau », à la coupe afro-cubaine qui rendrait jaloux Raoul Paz et Robert Herbin réunis, s’en est bien tiré, avec un jeu de main droite curieux, alternant sur deux micros de sa Fender. Mais le Murat classique est là : une section rytmique lourde et ronde, la mélodie rappelée constamment par le clavier de Slim "Sioux" Batteux et la guitare du maître. Cette configuration, je l’ai dit, déjà, est la meilleure pour lui. C’en est touchant, même, de voir à quel point, sur le plan de scène, les trois musiciens forment un arc de cercle tout entier tourné vers Jean-Louis qui n’aime rien de mieux, une fois le chant passé, que de s’approcher d’eux et de jouer avec, plus Neil Young que jamais. Le son est spectral, les morceaux sont posés et c’est à l’intérieur qu’ils les rejouent chaque fois différemment. Avec une intention plus rock, plus rapide, hier, dès les premiers morceaux, « La lettre de la Pampa », « les rouges souliers », « le champion espagnol », « Haut-Arverne »… Vous trouverez des compte-rendus circonstanciés ailleurs, mais par rapport au Ninkazi, première surprise, la disparition, en entrée, du fabuleux « Qu’est-ce que ça veut dire ? » . Qu’on retrouvera évidemment plus tard, soigné, allongé, comme un morceau après lequel on peut sortir de scène en remerciant le public. Murat, sous mes yeux, pose son visage fermé, tendu, il entre dans son concert, sa voix est sublime, toujours, tout est là. Il offre rapidement une nouvelle chanson, « je ne cesse de penser à toi », sans doute, sur des amours mortes, promises sur un tombeau. Promet de la musique de chambre pour jouer « Alexandrie ». Lance une deuxième nouveauté avant le premier break, une de ces petites merveilles ciselées qu’il lançait sur le Net il y a longtemps et qu’on a déjà envie de retrouver : le refrain rime sur Belle, la mélodie est prégnante, il est question du corps de Jeanne… Une chanson qui n’a pas encore de titre, répond-il à l’homme qui l’interpelle dans le public. Un public qu’il n’aura pas eu à conquérir par autre chose que ses chansons : à 60 ans, le bonhomme n’a jamais été aussi pudique sur scène, autant qu’il pratique l’enflure en promo. C’est une donnée connue et secondaire : quand Murat envoie la batterie lourde pour la deuxième heure du concert, quand s’enchaînent, justement « Vendre les prés »,« Qu’est-ce que ça veut dire » sans les chœurs mais avec des mimiques qui frisent le prix d’interprétation et un « 16h qu’est-ce que tu fais ? » dont le seul défaut est d’avoir le même premier riff de guitare que « Jim », qui ne sera pas joué. Mais sur 16h, Murat expérimente de nouveaux effets voix, mécaniques, répète à l’infini et en accélérant, dans un exercice de diction surréaliste, «Tes yeux m’auront blessé, je redeviens puceau », on se dit que rien que pour ça, ça valait la peine d’aller jusqu’à Bourgoin. « Alcaline », la Christopho-Bashungerie en deuxième rappel puis, pile à l’heure de l’attendu – et espéré – « examen de minuit », la seule vieillerie de la soirée, le truc qui reste en tête toute la nuit, un « Si je devais manquer de toi » à rallonge, passé à la moulinette du quatuor, avec reprise instrumentale. Je m’en vais vite, je sais qu’il vient dédicacer après le concert, mais c’est justement là où je n’ai pas envie d’être. « Vous voulez chacun un morceau, mais qu’est-ce que ça veut dire ? » a-t-il bougonné à l’hystérique abreuvé de bière qui hurlait qu’il voulait « la jalousie » comme pour montrer qu’il connaissait bien son Murat et qui, défait, a hurlé « Clermont » pour bien justifier que oui, les imbéciles heureux sont nés quelque part. On a chacun son Murat. Ça fera vingt ans l’an prochain que je vais voir cet homme jouer son art sur scène et je suis toujours surpris, jamais déçu. Même si hier, j’ai repensé à Sylvain Vanot : une première partie qui a du talent mais en doute en permanence. C’est mieux dans ce sens.
09:01 Publié dans Blog | Lien permanent
16/03/2012
L'Enfance (toujours) éternelle.
Denis Lecarme est un vieux gaulois dégingandé. A l’envers, dégingandé de par sa taille et par le corps qu’il anime comme un automate sur la scène d’Agend’Arts. Gaulois, inévitablement, par la moustache et par l’œil pétillant de celui qui sait qu’il va pouvoir raconter ses petites histoires de résistance à la médiocrité envahissante. Vieux, et ce n’est en rien péjoratif, parce qu’il est sorti de l’Enfance Eternelle, ce groupe mythique dont les pochoirs sur les murs de Lyon, dans les 80’s, ont contribué à la fantasmagorie qui l’a entouré. On parlait de messe noire et de sacrifices d’animaux là où il n’y a toujours eu que mise en scène, costumes excentriques, crêtes et guitares saturées. L’imagerie post-punk de l’Enfance Eternelle, la pochette du « Jour des fous », la fidélité de leur public, les émissions sur FR3 Régions de l’époque, tout cela a fait qu’on n’a jamais autorisé à ces Peter Pan de l’époque de vieillir sous peine de prendre nous les trente ans qu’on n’a pas voulu voir passer. Sur ce blog, pour le coup, on n’est pas loin du morpion : je compte parmi les gens que j’admire et avec qui j’ai la chance de travailler le chanteur du Voyage de Noz, arrivé quelques années plus tard mais seul survivant de cette scène lyonnaise de l’époque, j’écris l’histoire d’Aurelia Kreit qui m’a été soufflée un jour de 1986. Et j’ai donc vu, hier, Denis Lecarme reprendre, au milieu de ses nouvelles compositions, un morceau de l’époque réaménagé mais reconnaissable par ses programmations de guitares new-wave. Denis joue sur scène avec Fred Dubois, qui a orchestré l’enregistrement de « Trop Pas ! », qui lance les pistes midi et couvre le morceau de sa basse ronde et sourde. Apporte au chant les chœurs qui soulignent. Denis, c’est Modiano sur scène : à peu près aussi fulgurant dans ce qu’il chante qu’éthéré dans ce qu’il veut en dire entre deux morceaux. On en sourit dans le public, ce n’est pas grave, on a compris : voilà un homme qui veut nous parler de ce qui est absolument essentiel, une vue par la fenêtre, un être de moins d’un mètre chez lui, la part de fatalitas propre à l’existence (« qui c’est c’ui qu’y’a dit : les chiens font pas des chats ? ») mais aussi le métissage des couleurs et des cultures qui l’a rendu heureux. Un homme qui parle couramment et ponctue ses chansons de l’Italien et du Douala de Lyon. Un homme qui trouve le sens dans les choses les plus simples et qui, par pointillisme, se créé un univers, refait le lien. On est pas si loin de l’enfance éternelle, à la différence près que, l’espace d’une heure, comme avec un autre poète, on l’a retrouvée, l’éternité.
Photo Tom Phototom
17:43 Publié dans Blog | Lien permanent
15/03/2012
Croisement.
Il est temps de réécrire correctement « le discours de la méthode » et de revenir sur cette fameuse façon, cartésienne, d’être contraint à un choix et à l’assumer, quoi qu’il arrive. De se méfier de la ligne droite, qui détermine. Bifurquons, prenons la tangente, puisque rien n’est linéaire : I did it My Way, puisque c’est l’époque.
18:53 Publié dans Blog | Lien permanent
14/03/2012
Alcibiade mineur.
Il se trouve que j’ai un adolescent qui, quand il veut parler, m’aborde directement sur des notions de philosophie politique. Il ne se contente pas de dire « C’est nul, l’école ! », non, il plante ses yeux dans les miens, me demande de le laisser parler et de lui démontrer en quoi l’école n’est pas nulle, ce qui est différent. Et vlà t’y pas que l’insolent m’assène « le supplément au Voyage de Bougainville » et dénonce, comme dans le conte philosophique de Diderot, la civilisation qui assujettit les hommes à des lois artificielles et arbitraires (dialogue entre A et B). M’explique qu’il faudrait revenir à un état naturel avec la conscience du culturel, dans lequel les adolescents choisiraient ce qu’ils veulent recevoir ou pas de l’enseignement qu’on leur donne. Péniblement, je rétorque avec mon Rousseau, lui explique que sans l’apport théorique, Emile n’aurait jamais compris comment se repérer dans la forêt de Montmorency. Mais les adolescents n’en font qu’à leur tête, c’est bien connu : il poursuit, développe sa théorie d’une école libre, sans contrainte. Je ne peux que le reprendre sur des mots mal utilisés, qui lui vaudraient un avertissement s’il les plaçait in situ : endoctrinement , oppression… Je lui dis qu’en Terminale, on lui expliquera en philosophie que ce qu’il croit savoir n’est rien au regard de ce qu’il ne sait pas, il en accepte l’augure, ce qui est bon signe, mais persiste. Jusqu’à ce que je lâche mon projet politique, mon programme de candidat : une refonte complète du projet occidental, un état des lieux de l’échec de l’ethnocentrisme (issu, paradoxe à part, des Lumières), une réinvention des idées, des utopies. La redéfinition du travail, aussi : qu’on propose à un salarié qu’il dissocie son temps de travail en deux activités, celle pour laquelle il s’est formé et une autre, plus civique. Ainsi, on ne perdrait plus notre vie à la gagner (l’adolescent est réceptif au slogan soixante-huitard) et la notion de sens prendrait ainsi toute son acception. C’est au bout de cette tirade enflammée et pathétique qu’il a planté une deuxième fois ses yeux dans les miens en me disant : « Ben, qu’est-ce que t’attends ? ».
17:35 Publié dans Blog | Lien permanent
13/03/2012
Cri-Cri & Clo-Clo
J’ai la solution au drame personnel qui touche Christian Chavassieux. Qu’il prenne une feuille de papier A4, qu’il en extraie un carré, aux quatre parties égales, donc, merci pour la tautologie. Qu’il le plie en deux en racontant l’histoire suivante : C’est Claude François qui veut acheter une maison et son architecte lui dit que la mode est aux toits en forme de triangle rectangle. Mais Claude François, entêté comme on l’a toujours connu, hein, lui répond qu’il préfère les toits aux formes classiques, en triangle isocèle. A cet instant, Christian Chavassieux plie donc son carré de papier en deux et obtient la forme désirée par Clo-Clo. Mais l’histoire n’est pas finie : parce que Claude François, dont on sait moins qu’il était aussi indécis qu’entêté, rappelle le lendemain l’architecte pour lui dire qu’il veut finalement bien une maison avec un toit en triangle rectangle, mais avec une cheminée qui dépasse. A cet instant, Christian Chavassieux devra donc une fois de plus plier le papier et plier par-dessus, sur un centimètre à droite, un rebord, qui dépassera comme une cheminée, puisque c’était le vœu de Claude François, aussi passionné par les peaux de bêtes devant l’âtre qu’il était indécis et entêté. Ce rebord, qui compte donc maintenant huit épaisseurs si vous avez suivi, Christian Chavassieux (et vous avec, vous en mourez d’envie) devra le déchirer précautionneusement : si la consigne a été claire et si tout le monde l’a respectée, vous comprendrez pourquoi Claude François a tiqué quand l’architecte lui a montré les plans en dépliant d’abord les quatre carrés pliés en deux (pour autant de pièces, de taille égale) que seraient la cuisine, le salon, la chambre et la salle à manger, puis, en dépliant le fameux rebord papier à huit épaisseurs, que serait sa salle de bains, au format ma foi original et plutôt prémonitoire.
18:41 Publié dans Blog | Lien permanent