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18/02/2012

Rouge baiser.

IMG_0615.jpgJe suis allé cet après-midi devant le Consulat de Grèce, me faire traduire un badge récupéré à Athènes lors des manifestations contre une autre guerre en Irak, en 2005, et accessoirement apporter mon soutien au peuple grec victime d’un démantèlement sans précédent. Nous étions au plus fort une petite centaine en cette journée ensoleillée et la police nationale n’a pas eu beaucoup de mal à cadrer l’absence de débordements. L’essentiel était ailleurs, évidemment : retrouver un peu d’un printemps qui s’annonce, des lendemains dont on sait qu’ils ne chanteront pas mais qu’on aimerait pourtant voir plus aériens. Sentir, des années après, les formes de solidarité et de fraternité perdues dans la masse et la consommation. Je me suis vu remonter dans le car qui m’amenait à Paris en 1986 pour une manifestation monstre qui coûta la vie à Malik Oussekine. Et je l’ai vue arriver, cette jeune manifestante au profil si typique. Puisqu’on n’est pas à un cliché près véhiculé dans la presse, il faut dire qu’on les reconnaît, les Grecs, hein ! Et là, c’est marrant, parce que quand il y en avait un, y’avait pas de problème et quand il y en a eu plusieurs, ben non plus. Alors cette jeune fille-là, j’aurais pu l’aborder, lui parler de la Révolution, tout.  Lui raconter qu’à l’Université, une de ses compatriotes m’avait sans coup férir demandé ce que signifiait l’expression « prendre son pied ».Mais j’ai sagement fait machine arrière et suis rentré chez moi : en 86, ses parents devaient encore fêter le titre de champion d’Europe de basket obtenu une année avant.

NB: "On ne versera pas notre sang pour du pétrole". Je sais maintenant ce que j'arbore au revers de mon manteau.

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17/02/2012

Tous à l'Ouest, moi encore plus (et c'est pas rassurant!)

Image 7.pngDans le cadre du "Printemps des poètes", le collectif "Tous à l'Ouest" organise une exposition intitulée "Enfance(s)", associant 8 peintres et plasticiens à 8 auteurs, par binômes. Un lai de 2,50m X 70 cm, imprimé sur papier calque épais, reprendra un ou plusieurs extraits de "la partie de cache-cache", qui répondra à une toile de François Catrin, dont le travail, c'est fait pour, correspond pleinement à ce qu'il fallait à mes petits monstres, avant qu'ils aillent vivre leur seconde vie à Grignan. C'est à la mairie du V° arrondissement de Lyon, du 3 au 10 mars. Finissage le 10 avec lecture, vidéo-projections et présence remarquée des auteurs et des artistes.

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16/02/2012

Quelque chose noir*

upf-03-grand-amphitheatre.jpgMon tout premier roman s’appelait « l’Amphithéâtre », il s’agissait du jugement d’un homme qui avait trop aimé les femmes et qui le payait d’une damnation : dans un amphithéâtre d’examen, chacune des femmes qu’il avait aimées apparaissait, comme dans un rêve, et lui demandait des explications, comme dans un cauchemar. Principalement, elles voulaient toutes savoir, sans exception, s’il avait pensé ce qu’il leur avait écrit ou s’il avait dissimulé derrière la séduction quelque intérêt ou manipulation. Je me souviens que certaines d’entre elles ne pouvaient pas lui en vouloir ; d’abord, il venait de mourir et puis, au bout du compte, il leur avait donné ce qu’elles avaient un temps attendu de lui : de l’intérêt, de l’empathie quand il le fallait, un peu de la chaleur humaine que tous nous recherchons. Seize ans après, un « Dom Juan » édité et une variation de « l’esquisse d’une théorie des sentiments » plus tard, j’essaie toujours de comprendre les moteurs qui poussent à ce que des histoires s’arrêtent - dans le silence, l’incompréhension, l’acrimonie ou le regret - et d’autres reprennent. Sincèrement. Cela fait de moi un inadapté de plus, certainement – en soi, ce n’est pas grave – mais plus encore, si l’on me posait maintenant la question de la part de soi dans le personnage que l’on invente, je dirais que j’aimerais bien la vivre dans ma mort, cette scène-là. Qu’on en finisse et que ça recommence.

* du Roubaud ou du Marc Seberg, selon la virgule.

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15/02/2012

Doubrovsky est un con et ce n'est pas le seul.

716604-L.jpgBon, j'avais promis une note rigolote : ça, c'est fait (hier) et c'est passé inaperçu. J'en reviens donc à l'interrogation inhérente à l'objet de ce blog: faut-il parler de soi quand on n'a rien à dire et persister tant qu'on parle de soi? J'ai terminé, en une douzaine d'heures, les 450 pages du faux-roman de Delphine de Vigan, "rien ne s'oppose à la nuit" et dans le marasme qui m'entoure, j'en ai tiré une force, que je ne peux exploiter encore. Emilie, de "la partie de cache-cache", me revient particulièrement ces derniers temps: je voudrais vivre, mais je le fais mal, et dès que je compte sur quelqu'un pour m'extirper de la nasse, le voilà qui m'y laisse, pire, qui m'y enfonce. Faut-il pour autant que je revienne, culturellement, à l'autofiction? Sans doute pas: j'ai mis du temps à me détacher de l'idée que "Fils" a révolutionné la littérature. Ce n'est pas de ma faute, on me l'a fait croire à un âge où j'étais absolument crédule. Crédule, je le suis resté, sur bien des points. Mais la façon dont De Vigan s'inflige la réalité et son écriture force le respect. Moi qui déjà évoquais il y a peu la possibilité de faire paraître sous forme de recueil l'ensemble des portraits que j'ai rédigés des personnes que j'ai connues - nonobstant leur accord, évidemment -  je me demande s'il ne faudrait pas que je saborde ce blog en disant tout sur tout le monde, en m'interdisant - Liar, liar - la moindre retenue: on m'y verrait idiot d'avoir cru être aimé, imbécile d'avoir attendu, ridicule d'avoir espéré. Je pourrais raconter, comme dans "le livre brisé", des scènes d'alcoolémie ou d'avortements. Massacrer à coups de pelle une libraire hystérique et destructrice, empêcher une jeune enseignante d'être mutée dans le Nord, remonter - Si j'étais Marty McFly - deux heures plus tôt que l'instant T. et ses incidences. Mais déjà cette note est inutile, je le sais. Puisse-t-elle me permettre, néanmoins, de récupérer une partie de mon orgueil et la possibilité de revenir à ce que je fais de mieux, dit mon éditeur: inventer des histoires.

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14/02/2012

Les 2mn nécessaires du M.Cyclopède de la chanson (Episode 1)


Les 2mn du Dr Cyclopède de la chanson (épisode 1) par cachardl

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13/02/2012

Interchangeables.

Image 4.pngOn peut toujours s’interroger sur le sens des histoires, des relations, des existences, même, au sens large. Je peux reprocher à ma culture de m’avoir enfermé dans l’idée d’un jugement dernier, un moment où tout le monde se retrouve comme s’il ne s’était rien passé. Comme si les silences, les liens défaits, les mots vidés de leur sens n’avaient pas existé. Je lis – enfin – le superbe « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan, un livre que j’ai brocardé par jalousie parce qu’on ne parlait que de lui. Avec quelle raison, ma foi ! Je partage avec son auteure l’appréhension de sa fin, ce dénouement qui fait qu’au bout du compte, une vie reste une vie, avec ses imperfections et ses zones d’ombre. Ses drames, aussi, même ceux qu’on n’a pas dits. Que reste-t-il de nos amours, dit l’autre, la question se pose et, ironie, j’ai déjà trouvé de mon côté les mots pour y répondre sans rien en savoir de plus. Sophisme, alors ? Je ne sais pas. Mais il règne dans ce froid sibérien comme un parfum de pourriture de mon propre royaume. Avec peu de perspectives, sinon celle de la fuite en avant si bien décrite par Delphine de Vigan. Allez, pour peu que je trouve un capillicuteur d'ouvert demain, je vous ferai une petite note rigolote. Puisqu'il le faut.

NB: ci-joint mon cadeau de St Valentin, pour toutes les lectrices de ce blog. Du romantisme échevelé brut, dirait mon éditeur. Vous retrouverez la version chantée dans le prochain disque d'Eric Hostettler, bientôt.

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12/02/2012

Backstage.

Ce ne sont pas encore des loges, mais un local qui sent la poussière et où sont enfermés des tapis de sol, des chaises supplémentaires et de vieilles paires de ski dont on se demande si elles resserviront un jour. Fred D. nous a menés là pour qu'on fasse quelques exercices respiratoires et élocutoires; de la sophrologie pour artistes, efficace, même si voir Gérard V. dégingandé comme ça n'incite pas au plus grand sérieux. Il y a de la tension, de l'adrénaline dans ces moments-là, l'analogie avec le ring ou l'arène n'est pas anodine. Les exercices s'enchaînent, on sait qu'on a au moins un bon quart d'heure devant nous, le temps, nous a-t-on dit, que le responsable de la sono revienne. C'est un moment inédit pour moi, dans son partage: habituellement, quand je m'adresse à un auditoire, je respire profondément, je dis "Bien!" et je commence. Là, je suis avec les autres gladiateurs, dans le local à balais sans balais qui nous abrite avant le grand cirque. Et c'est à cet instant précis, alors que nous commençons à relâcher la tension accumulée, qu'on entend le public applaudir d'impatience. C'est une impression inouïe, toxique: à peine ressentie, on ne vit que pour la retrouver.

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11/02/2012

Valse-moi encore, Camille

Image 10.png"On n’apprend pas à commencer, on sait ce que la pièce nous apporte, la part de soi qu’on n’a pas réussi à exprimer. C’est pour ça que les mains de ta Cathédrale se rejoignent, que ses doigts se touchent comme ceux d’un anxieux, qui continue de tailler le bloc de ses impuissances. Devant chez toi, je suis à l’attente ce que tu es au bloc de marbre vierge : un scrutateur et un innocent. Conscient de ce qui se trame, de ce que vais engager, acceptant qu’elle m’échappe. J’accepte d’être façonné autant que de façonner, parce que je n’y échapperai pas. Mieux, je le sollicite : c’est ton paradoxe, jusqu’à la folie, qui t’a épargné en te frappant au plus intime. On te sollicitait pour faire école de ton art, Rodin, tu déclinais des méthodes sans pouvoir dire que tout était dans la façon dont tu regardais les gens et les choses. Pour faire un bon Hugo, il faut aimer Hugo. Un écrivain qui ne s’en défait pas fera au mieux du Hugo : dans ce que tu ériges, tu as un pouvoir qu’Hugo lui-même n’a pas eu, celui de faire Hugo. Va expliquer la genèse à celui qui veut savoir quel est le ciseau le plus efficace, Rodin."

Extrait de "Valse Claudel", à paraître prochainement (si tout se passe bien).

16:45 Publié dans Blog | Lien permanent