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21/11/2011

Ecrire.

Du plaisir, aujourd'hui, d'entendre un écrivain dire non pas ce que j'ai envie d'entendre, mais ce en quoi je crois, depuis toujours: qu'un écrivain ne sert qu'à interroger au quotidien l'intelligence du monde qui est la sienne, avec laquelle il doit composer. Une question de discipline, puisqu'on s'astreint, au final, fût-ce pour nourrir un blog, jour après jour. Tenter d'expliquer, avec les mots, ce que l'on voit et ce que l'on ressent, c'est avec des mots simples que les vérités les plus absolues sont dites. Sauf que ces vérités n'en sont pas puisqu'elles ne sont pas reconnues comme telles, et heureusement: la question de l'exigence est permanente chez celui qui a soumis son écriture non seulement au regard de celui qui l'a reconnu (l'éditeur), mais aussi de ceux qui ne lui auraient accordé aucun rang s'il n'avait pas fait la preuve, année après année, de la permanence de son état. Réfléchir, dit l'écrivain, c'est revenir sur la première réflexion qu'on a eue, sur sa première pensée. C'est remettre, cent fois, l'ouvrage sur le métier. Qui n'en est pas un et qui oblige donc à en avoir un deuxième, vous connaissez le syllogisme, ici. Bref, une belle intervention d'un écrivain, un vrai, pour un bel échange, sans violence, en milieu un peu trop tempéré, à mon goût. Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font (et moi aussi je suis athée, ah, non, en fait déiste, ou plus exactement polythéiste grec: en ce moment, c'est pas cher et ça m'arrange).

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20/11/2011

Alive Poets Society

1180815503.jpgUne première pour moi, la dixième pour eux : je suis allé assister au 10ème cabaret poétique, sous l’égide de Frédérick Houdaer, mon tout premier chroniqueur (de Tébessa, pour « Livre & Lire »), mais sans doute ne s’en souvient-il pas. Une entreprise délicieusement surannée qui consiste  à réunir, dans la salle du Périscope, à Perrache, des poètes qui viennent lire des extraits de leurs œuvres en dix minutes maximum, le temps de la réelle attention portée. L’occasion pour moi d’interroger ce rapport complexe que j’entretiens avec le genre : je ne m’auto-proclamerai jamais poète et pourtant, j’ai pratiqué, un peu, quand même. En m’orientant très vite vers la forme et les vers fixes, qui me permettent de cacher derrière la forme ce que je peux parfois trouver indécent sur le fond. Tout en ayant conscience que cette dichotomie n'est pas valable. Le problème des poètes, outre qu’on ne leur accorde aucune autorité dans notre société - encore moins qu’aux autres écrivains - c’est que leur diction s’accorde très rarement avec leur propos, et qu’on peut trouver dans l’énoncé saccadé et souvent précieux ce contre quoi les mots qu’ils mettent en jeu doivent lutter, précisément. J’ai un souvenir cuisant de Yves Bonnefoi lisant ses vers au TNP pour les Langagières, je m’étais profondément endormi dans les doux fauteuils rouges… J’ai vécu, également, la douleur de ne pas être compris dans ma poésie en la lisant, jusqu’à ce que Jean Frémiot, un soir de Bleu du Ciel*, renverse le tout en disant magistralement « Ouessant » à ma place. Ou plutôt à la sienne, que je n’aurais pas dû emprunter. Mon rapport à la poésie est resté dans le cadre des vers réguliers, même pour la chanson, je ne m’en extrais jamais, dussé-je composer des pentasyllabes bilingues pour une comédie musicale lycéenne… J’allai donc à ce cabaret avec beaucoup de précaution, sans réserves, néanmoins : j’y ai entr'aperçu des personnes engagées, curieuses des autres, des éditeurs rares, des amoureux du livre. Coincé entre une salle de répétition de rock et des prisons désertées, le Périscope est un bel endroit pour des rencontres. Se sont succédé sur la scène Katherine L. Battaiellie pour une poésie toute en finesse et un bel exercice de style sur les temps de l’indicatif - suivi de quelques vers de colère, qui sont souvent mes préférés, puisque ne laissant aucun doute sur l’authenticité de leur auteur - Pauline Catherinot, qui ne m’aura pas fait vibrer, indépendamment de son élocution pour le coup parfaitement maîtrisée et Emmanuel Merle, qui aura lu en force un chant des morts poignant, prenant les spectateurs à l’estomac sur la question de la culpabilité collective entourant la Shoah. Entre les poètes et avant le concert final, l’animateur du cabaret lit des extraits d’entretiens entre auteurs : Cendrars/Apollinaire, Blondin/Assouline et, clou du spectacle, une vacherie de Calaferte sur Aragon : un homme exquis, selon lui, mais débordant de manières pour le séduire, ce qu’il a immédiatement détesté. Et plus encore sur Elsa Triolet, dont la froideur et la distance l’ont fait s’interroger, a-t-il dit, sur l’authenticité, disions-nous plus haut, des si fameux « Yeux d’Elsa ». Un cabaret où on moque Aragon, quel beau crépuscule de dimanche pour un nizanien pur souche !

* tiens, un autre bleu que je supporte!

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19/11/2011

Un monde sans pitié

444-501-large.jpgD'impérieuses nécessités m'ont mené cet après-midi dans un centre commercial, très fréquenté comme n'importe qui sauf moi pouvait s'y attendre. Des gens précautionnaux et affairés portaient un nombre impressionnant de sacs plastiques aux couleurs bigarrées, marcher au milieu d'eux relevait même de l'exploit. Il a fallu qu'un adolescent de 15 ans me rappelle que c'était bientôt Noël et que je me souvienne moi que c'est de très loin la période que je déteste le plus. Celles des obligations et des joies programmées. Rien à faire, plus j'avance dans l'âge et plus cette trève des confiseurs (il a bien fallu trouver un nom excluant ceux qui n'ont ni les moyens de la trève ni même ceux du chocolat) m'écoeure plus encore que le saladier de mousse de même source avalé en une seule fois dans mon enfance. J'émets l'idée de m'enfuir de là mais l'ado me rattrape et m'assène une de ses vérités: "tu n'es pas différent d'eux", me dit-il, l'ingrat. Les châtiments corporels ayant été (rapidement?) abolis et la DDASS étant fermée le samedi après-midi, je ne réponds rien. Après tout, j'étais là pour acheter des coussins pour mon canapé rouge indifferentisto-beynelien*. J'ai fait chou-blanc, cependant: impossible d'en trouver un sans petit coeur brodé. Et pourquoi pas des Bisounours, tant qu'on y est? Je rentre bredouille, contemple ma banquette marrackchie absolument silencieuse et seule. On se mangera un homard tous les deux, par vengeance.

* "C'est ce soir que, assise, les jambes repliées, dans mon canapé rouge, je revois défiler, les heures folles, les nuits, passées à espérer qu'il m'appelle et me dise de cesser de l'aimer" (Cachard/Vanneyre/Hostettler, 2002)

"Dans mon canapé rouge dernier cri, les voisins défilent, pas de vis-à-vis" (Beynel/Hostettler, 2010)

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18/11/2011

Ton égide.

IMG_0495.jpg

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17/11/2011

Au sommet d'une pile.

Celle des livres dont je laisse la lecture en souffrance. Presqu'aussi immense que celle de ceux que j'ai du mal à écrire mais beaucoup moins que celle des contingences qui m'obligent à n'écrire, ici, que ces quelques lignes misérables.

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16/11/2011

Etonnant, non?

Quand un philosophe me répond, je ne comprends plus ma question, disait Desproges. Quand un philosophe ne comprend plus les questions qu'il se pose, il est vital de lui apporter des réponses.

19:15 Publié dans Blog | Lien permanent

15/11/2011

Confidence pour confidence.

Il est temps qu'on s'interroge sur ce que deviennent les personnages de romans pour leurs auteurs: j'ai l'impression en ce moment que Solène et Margot se sont éloignées de moi, que Gabrielle est partie depuis bien longtemps et que Paul Herfray et moi sommes un peu en froid. Sans compter que le Berry m'a pris les trois petits monstres de la partie de cache-cache. Alors, oui, j'appelle Aurélia, et Charlotte à la rescousse, mais jusque quand? Sans rire, à quel moment ce qu'on a écrit ne nous appartient plus, tend vers une forme, même minime, d'universalité? Je veux dire, si on écrit sur l'amour, ce n'est pas à la personne que l'on destine ces écrits de les assumer comme tels: ça la dépasse forcément. Pour un auteur, forcé par ce qu'on ne lui reconnaît pas, d'entremêler les champs, déjà, de son activité, ce ne sont pas ses interlocuteurs qui font le sens de ce qu'il écrit ou peint. C'est quelque part dans une des Confidences, ça: ce ne sont pas les mots qui comptent, c'est ce qu'ils ne disent pas. Ouais...

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14/11/2011

La vie d'artiste.

Belle conversation à trois ce week-end, à Eloise, sur les différentes représentations qu’on avait, Eric, Gérard (Védèche) et moi. Je n’exclus pas Christine par sexisme, juste parce qu’on peut aussi, le plus naturellement du monde, se placer hors de la nécessité de créer. Gérard est un guitariste très talentueux qui a travaillé avec des professionnels tout au long de son parcours et qui s’est consacré à ma musique, en travaillant à temps partiel, en accommodant son existence, également. Les sphères des artistes se confondent souvent : s’il doit partir en résidence ou en tournée, on ne lui demandera pas d’être ailleurs à composer avec une vie sociale, voire personnelle. C’est un sacrifice que l’on fait à son art et c’est en cela que la conversation a convergé, entre la littérature et la musique. Savoir quels étaient les temps, les places, les moments. La musculation de son art, également : j’écris tous les jours, je m’y oblige. Ce n’est pas toujours conséquent ni efficace mais ça me permet de ne pas chercher les mots quand j’ai besoin d’eux et de jouer avec la contrainte plutôt qu’elle ne s’impose à moi. Gérard joue beaucoup, se lève plus tôt que les autres et fait quelques accords mais réussit, dit-il, à oublier la guitare quelques jours consécutivement. Jusqu’à ce que le manque le rattrape. Que le corps, le sommeil, le bien-être le nécessitent. J’ai vu Eric jouer de mieux en mieux depuis que leur amitié de vingt ans s’est transformée en collaboration. Avec laquelle Gérard ne transige jamais : le 3 décembre, jour de présentation de « Trop Pas ! » à la Casa Musicale, il s’agit d’apporter quelque chose au public, pas de lui imposer un bœuf sympathique. Gérard transpose les morceaux, les réinvente pour trio, cherche jusqu’à ce qu’il trouve la bonne option. Jusqu’à ce que ça sonne et que ça monte, puisque la configuration ne permettra pas de reproduire ce qui se passe sur disque. Eric suit, ce n’est pas lui faire injure, au contraire. Il est souvent question, entre eux, de ce qu’ils étaient il y a vingt ans, justement, à la Fac de musique de St Etienne. J’ai compris que rien, individuellement, ne les prédestinait à être qui un compositeur de talent, l’autre un soliste qui a son propre son, son univers. Mais que tout les appelait, un jour, à se retrouver, à condition qu’ils aient un projet à servir. Que j’en ai été, partiellement, l’instigateur me comble de joie. Je parlais d’embellie dans la note d’hier, effacée, mais c’est le cas. Et des instants de bonheur intense comme ceux que j’ai vécus ce week-end, ma vie en redemande, parce que ce sont des renaissances, des fulgurances qui vous convainquent, malgré les doutes et les découragements, que c’est la seule démarche possible pour être dans le vrai. Dussions-nous avancer par tout petits pas. Dans la vie comme dans les jardins de « l’Ecole Buissonnière ».

20:02 Publié dans Blog | Lien permanent