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05/07/2015

Coué.

Il m’arrive de refuser des réalités à un tel point qu’elles finissent par douter d’elles-mêmes.

17:51 Publié dans Blog | Lien permanent

04/07/2015

Qu'est-ce que t'y comprends?

bucolo_chateau-de-cartes.jpgMes pérégrinations perecquiennes du moment font que, de temps à autre, un air totalement oublié ressurgisse du néant mémoriel, que l’on remette la main sur un disque qui n’a pas dû se vendre à beaucoup d’exemplaires en dehors de la famille du chanteur, qui restera pour l’éternité l’accompagnateur de Renaud*, de Johnny, de Cabrel et d’autres, mais pas le compositeur interprète, qui co-écrivit avec Kent Cokenstock en 1991, dans l'album « Château de cartes », la première chanson, « Qu’est-ce que t’attends », délicieusement surannée, ressortie telle quelle de ma boîte aux souvenirs. Et puisqu’il se trouve qu’on me prête une voiture ces jours-ci, avant mon grand départ, je suis donc le seul Lyonnais qui brave les nouvelles réglementations routières en écoutant à tue-tête une voix aux accents de Toulouse chanter :

C'est ta vie, je t'en veux et je t'envie.
Tu te brûles avec des faux paradis
Mais attention, les vrais rêves n'ont pas de prix !
Qu'est-ce que t'attends ? 

* le Titi de « la mère à Titi », c’est lui

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03/07/2015

Chroniques d'un départ (12).

Tu la voulais, ta permanence ? La voici, et pas qu’un peu : ce sont toutes les marques d’un dépassement du temps qui valident un départ et une absence à venir. Tu fermes une porte et, dans le même temps, te rends compte que c’est la dernière fois que tu la fermes, celle-ci, que même s’il t’arrive un jour de la fermer de nouveau, ce sera comme invité. Avec ce petit moment de gêne qui te ramène à tout ce qu’elle contenait, littéralement.

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02/07/2015

Fiat (Guy) Lux!

IMG_4125.jpgJ’étais parti rencontrer Isabelle Rabineau dans les locaux de l’organisation de la fête du Livre de Saint-Etienne (16,17 &18 octobre) avec en tête l’idée de mener les rencontres « les mots en scène » de cinq écrivains, puisque tel était, pensais-je, le nombre qu’elle m’avait annoncé… Mais malentendu, il y eut, visiblement, puisque c’est (richement) doté des œuvres d’une quinzaine d’auteurs que je suis reparti, un programme de lecture chargé pour l’été, entre des œuvres de littérature jeunesse, la réédition sous blister d’une BD culte (« Rose profond », de Piris & Dionnet), des romans graphiques (le "Rembrandt" de Typex me semblant de haute facture), d’autres noirs (le « Pukhtu » de Doa, le « Maman a tort » de Dussi), les derniers ouvrages de Sylvie Le Bihan, d’Emmanuelle Pagano, de Jeanne Benameur, de Gaëlle Nohant ou de Maryline Desbiolles, des livres que je n’aurais pas lus (PPDA – que je vais donc interviewer moi-même, puisqu’il ne l’a pas fait de son côté, ou Madeleine Chapsal, une des auteurs favorites du Réalgar, selon mes informations). Des essais, ceux de Pascal Picq (« le retour de Mme Neandertal ») ou d’Edgar Morin (« l’aventure de la méthode »). Egar Morin, Messieurs Dames! Un programme de lecture chargé, avec travail sur les auteurs, sur le style, les thèmes, les procédés etc.  Le tout devant tenir en 10mn d’intervention et de captation du public, avant de laisser la place à des comédiens pour un travail sur les textes, puis la reprendre pour animer  la rencontre, avec interaction auteur-public: 45mn, chrono en main, multiplié par dix le samedi et le soir je suis mort, avant de reprendre le dimanche. Une belle marque de confiance que m’a faite, sur recommandation, l’équipe de la Fête du Livre. Je ne la décevrai pas. D’ailleurs, je me suis mis au travail. En mettant mon statut d’auteur de côté, pour ces deux jours, mais pas dans ma tête : on écrit mieux quand on lit les autres, ça a toujours été une évidence.

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01/07/2015

Chroniques d'un départ (11).

Je sais que ce départ-là prend des allures d’adieux des Compagnons de la Chanson, mais toutes ces énergies qui convergent, ces témoignages d’amour et d’intérêt, quels sont-ils, sinon l’ancrage dans un lieu, une ville, un espace-temps ? Une place que je renverse de mon propre fait.

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30/06/2015

M.Forges.

Et puis, qui sait, dans une de mes dernières descentes des Pentes de la Croix-Rousse, je croise un visage connu, figé dans ma mémoire, tout juste vieilli de moins des outrages du temps que le mien a subis, depuis trente ans. Depuis le décompte qu’on enclenche sans s’en rendre compte alors que tout, après, va nous rappeler à ça. Pour la deuxième fois de mon existence, des années après Andrzej Zulawski, dans la Rue de la République, j’interpelle quelqu’un, dans la rue, dans la tranquillité de sa soirée, je me rappelle à lui sans qu’il puisse s’en souvenir, j’inverse les codes de ces situations, qu’il m’arrive de rencontrer, n’insiste pas sur moi, mais sur lui, son impact, sa biographie (ex-directeur du cinéma «Opéra », il nous emmena voir « le voleur de bicyclette », « E le Nave Va » ou « Potemkine », quand les parents d’élèves pétitionnaient pour qu’on apprenne les département; rédacteur du livret pédagogique de « Shoah », de Lanzmann  ou de « Eduquer Auschwitz »...) et, devant sa réaction, surprise et émue, embraye sur moi, pas par narcissisme, mais parce que trente ans après, je voudrais au moins qu’un homme sache que son enseignement a porté, que j’ai inscrit mon parcours littéraire dans une démarche qu’il m’a apprise, que j’aime la littérature à travers l’histoire davantage qu’à travers les soucis stomatologiques de l’auteur/narrateur. Je passe du statut de l’homme qui importune à celui de l’homme qui interpelle. Dans le regard, toujours distancié, de ce vieil homme, je retrouve tout ce qui a fait que je me suis convaincu que je pourrais, un jour, faire pareil, éveiller des esprits, les laisser vagabonder, errer, s’égarer, puis revenir, pour que, trente ans après, je puisse me dire que je n’ai pas fait fausse route. Il attend mes livres avec curiosité, je les lui envoie dès que possible, dès que je suis dans la ville où jamais, nous ne nous serions revus : je ne boucle pas la boucle, à ce niveau-là, je la justifie.

01:15 Publié dans Blog | Lien permanent

29/06/2015

Todo sobre su madre.

IMG_4105.jpgIl est entré sur scène d’un pas lent, un sourire immense sur son visage devant cet Odéon complet, aux couleurs bigarrées (un bouquet de fleurs, selon lui), dans sa traditionnelle tenue noire, des pieds à la tête, la chevelure toujours ébouriffée, comme le caractère. Il s’est installé dans le carré rouge (le rouge pour naître à Barcelone, le noir pour mourir à Paris, normal !) au centre de la scène, devant le parterre de ses premiers admirateurs, assis devant lui comme de vieux écoliers revenus voir leur vieil instit. Parce que si l’animal a toujours la verve, il a passé les quatre-vingts ans et il fallait s’y attendre : on n’a pas fréquenté Dali, Neruda, enregistré un album avec Brassens sans casser quelques dizaines d’œufs de temps. C’est aussi pour ça qu’on vient le voir, Paco Ibañez : parce qu’il est la marque encore vivante d’un temps qu’on n’a pas connu, mais dont on a su, par ceux qui l’ont vécu, qu’il maria le pire et le meilleur de l’homme. Deux entités souvent concomitantes, même si, en ce moment, on cherche un peu de respiration en attendant que le meilleur se (re)montre, un peu. Alors on va vers l’anachronisme, volontiers, on converge vers ce si beau théâtre, tellement mieux que son aîné, à côté. On sourit des têtes chenues, des vieux combattants venus reprendre une dose de révolte, on écoute les mots de lutte, de José Agustín Goytisolo, dont la mère est morte sous les bombardements franquistes alors qu’il n’avait que dix ans. La mère, la madre, de Paco, elle, était basque, et lui, son frère et sa sœur, ont trouvé refuge au pays quand son père subissait les camps de concentration français, dans les Pyrénées Orientales : de quoi consacrer toute sa vie aux mots de combats, ceux des autres qu’il a choisi de faire siens. Chanter l’amérité des choses. Paco, partout dans le monde, chante Brassens, Neruda, Alberti, Goytisolo, Guillen et d’autres, le pied sur une chaise, le micro ouvert et la guitare en bandoulière. Si la voix fatigue un peu, s’il doit lutter contre un souffle un peu court, la magie opère : il y a peu d’artistes qui peuvent tenir un auditoire seul (ou presque), avec des mots de langues étrangères (les quatre qu’il a maniées hier soir), le récompensant d’un « Parapluie » repris à tue-tête, ailleurs qu’au théâtre de la mer de Sète. Invitant un guitariste flamenco pour chanter Garcia-Lorca, un saxophoniste, un accordéoniste et un percussionniste pour d’autres chansons, puis tous pour un final qui nous aura privés des deux chansons les plus connues, que j’attendais : un « A Galopar » de combat, qui s’imposait, un « Andaluces de Jaen » qu’il a dû trouver inapproprié, ici. Un peu par la faute de l’organisation, devenue militaire, des Nuits de Fourvière, un peu pour les raisons que j’énonçais à mon fils, qui les attendait aussi : parce que, depuis toujours, Paco fait ce qu’il veut, comme tous les libertaires, et il a bien raison. L’important était ailleurs, justement parce que mon fils était là, et qu’il l’aura vu pour la deuxième fois, en treize ans : la première, il ne s’en souvient pas, mais il s’en rappellera quand il en lira la recension que j’en fait dans « le poignet d’Alain Larrouquis ». C’était à Sète, au théâtre au fonds de scène le plus beau du monde. Juste avant Moustaki. Un autre temps, je vous disais. Néanmoins, si Paco a ponctué son discours, hier, de références à sa maman, qui disait fièrement aux gens qui se précipitaient à l’Olympia, en 69*, qu’ils ne seraient pas là si elle ne l’avait pas été, ce sont les plus jeunes qui ont chanté le plus fort « Me Lo Decía Mi Abuelito », la chanson la plus subversive qu’il ait connue, que des parents – dont moi – ont eu l’irresponsabilité de chanter à leurs enfants. Venus hier, du coup, voir une dernière fois l’aieul à la chemise noire. Celle des anarchistes. Hier, Paco a déclaré la guerre aux Yankees, une guerre culturelle sans pitié. Vous êtes d’accord ? Alors ne lui dites jamais Okay, vous en prendriez une. Et je suis sûr que le Papy a encore une sacrée droite. C’est bien tout ce qu’il a gardé de ce côté.

*devant un public d’Espagnols réfugiés en France, en attendant que le Caudillo crève.

14:40 Publié dans Blog | Lien permanent

28/06/2015

Apprendre à finir.

Ne pas accepter qu’une photo ou une vidéo marque de son empreinte un moment déjà passé, mais tellement vivace. Laisser les murs parler, pour une fois, les toucher une dernière fois et se souvenir de son classeur de 4ème, avec un John Lennon dessiné dessus qui disait « There are places I’ll remember ». Se rappeler des corps, des baisers, des caresses, redevenir, justement, celui que j’étais en 4ème, qui n’aurait jamais osé rêver d’une vie telle que je l’ai eue. Avec ses traces, ses places, ses menaces, ses dédicaces… J’écrivis un jour, ici, que j’organisais mon suicide par longue succession d’émotions intensives, c’est plus que jamais le cas. Je n’aurai eu qu’une vie, mais ça aura été la mienne.

12:22 Publié dans Blog | Lien permanent