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07/09/2015

Clichés et dent dure.

Qu’est-ce qu’on doit garder des quais de gare ? La tristesse d’une séparation ou la joie des instants qu’on a vécus ?

20:16 Publié dans Blog | Lien permanent

06/09/2015

Lolo la daurade.

Cette irrépressible envie de monter un système mafieux, genre de bonnes notes contre des daurades fraiches, livrées tous les matins devant ma porte, et d'attendre que la justice s'empare de mon cas, une fois qu'elle en aura terminé avec ceux de Levallois-Perret.

19:33 Publié dans Blog | Lien permanent

05/09/2015

Analepse analeptique.

Comment est-ce qu'on rend compte de la vie d'un homme sans avoir peur de se tromper? Sans se poser la question morale du droit de le faire? Bientôt dix ans que je me pose la question sans y avoir (jamais) répondu, et sans résister, pour autant, à la nécessité de le faire.

21:14 Publié dans Blog | Lien permanent

04/09/2015

Aylan & Omayra.

"Elle n’est pas là, Maman, Papa non plus : c’est seule que je vais finir, dans ce marécage, à deux mètres du rivage. Quand j’y suis tombée, j’aurais dû accrocher la branche et attendre qu’on vienne m’aider. Je m’y suis mise toute seule, dans la vase, mes mouvements m’ont éloignée de la berge, je ne peux pas revenir et mes gestes, même faibles, m’enfoncent un peu plus encore. Il faudrait que je prenne une grande inspiration, que je laisse entrer l’air, l’eau, la terre dans mes poumons, que j’en finisse vite. Que j’accepte de ne pas savoir qui me trouverait le premier. Ouvrir mes poumons, comme quand le souffle me manque.  Quand j’ai des crises, la nuit, j’ai l’impression que c’est de l’intérieur que je vais disparaître ; c’est étrange de s’enfoncer aussi doucement. A la télévision, la petite colombienne s’est noyée centimètre par centimètre, le regard fixé sur le monde. J’aimerais qu’ils arrivent, Jean, Grégoire ou les deux, qu’ils se demandent ce que je fais là.

Les noyés, dans l’océan, c’est de solitude et d’épuisement qu’ils meurent : parce qu’ils sont loin du rivage, que rien ne peut les rassurer. Moi, c’est à deux mètres que j’échoue. Comme j’ai toujours échoué : à la marelle parce que je ne pouvais pas atteindre le ciel sans reprendre mon souffle. A l’élastique parce que je ne pouvais pas prendre le risque d’être à court de respiration. Il n’y a que les jeux calmes qui me vont, à condition qu’on joue dans un endroit propre. Mais ces jeux-là lassent mes copines, qui ont l’impression d’être là seulement pour moi. C’est dur de les entendre souffler au bout du premier temps du Monopoly et de se mettre d’accord, quand je suis à la cuisine, pour dire qu’elles rentrent et, en fait, se retrouver sur le terrain de foot. Là où les garçons les regardent et qu’elles font semblant de ne pas s’y intéresser. Ce terrain, il est en terre battue : la poussière y est telle que regarder, simplement, me tue. Papa aimait bien les voir jouer, les jeunes du village ; ils les a tous connus, les a vus grandir, progresser. Mais depuis que Maman m’a interdit d’aller au terrain, il n’y va plus non plus. Encore une fois, je crois qu’il se sent responsable. C’est lui qui retient sa respiration quand c’est moi qui m’essouffle.

Je garde ma bouche fermée. Bientôt, comme pour Omayra, la petite colombienne, on ne verra plus que mes yeux. Sauf que personne ne sera là pour les voir. On ne me pleurera pas longtemps, j’imagine. Les filles, à l’école, diront pour la forme que je vais leur manquer mais elles se rendront compte rapidement qu’elles n’ont plus de prétexte à trouver pour me laisser seule et aller s’amuser. Je garde la bouche fermée mais je ne vais pas pouvoir tenir longtemps ; mon pull fait dix tonnes, mes poches sont pleines. Si j’avais un peu de forces dans les jambes, je pourrais tenter de remonter au moins un peu, mais je suis une gazelle, dit Papa, ce n’est pas de la force que j’ai, mais de l’agilité."

extrait de "la partie de cache-cache", R&P, 2010

19:27 Publié dans Blog | Lien permanent

03/09/2015

Chroniques d'une arrivée (5).

Et quel bonheur de s'immiscer entre les tablées de retraités ou d'actifs décalés, seul, à la sortie du bain de fin de journée, pour s'entendre dire, forcément, "vous êtes là pour les vacances?" et répondre, avec un fatalisme qui progresse, "non, je travaille, ça ne se voit pas?".

20:35 Publié dans Blog | Lien permanent

02/09/2015

Au mot près.

Histoire de leur rappeler que l'histoire, comme le lexique, sont lexicaux, également, apprendre à des futurs marins que héler, malgré l'usage courant qui lui est réservé (courant pour nous égalant soutenu pour eux, voire médiéval), vient de la façon dont on s'adressait, à l'aide d'un porte-voix, à l'équipage d'un navire a quelque chose d'absolument jubilatoire.

20:13 Publié dans Blog | Lien permanent

01/09/2015

Adresse.

Tu es la seule incursion métaphysique que ma rationalité m'autorise. Une sorte de souverain d'un royaume surréel, dans lequel je suis parfois invitée.   

18:51 Publié dans Blog | Lien permanent

31/08/2015

Water everywhere.

Emmanuelle Pagano dénoue l’écheveau des histoires personnelles et familiales dans le premier volume d’une trilogie à venir sur l’eau, celle qui coule de source ou celle qui tourmente et, quoi qu’il arrive, donne la matière du moulinier dont sont extraits les tissus, les fils qui cousent, décousent, filent et renouent : on le voit, la matière lexicale est riche dans cette première histoire, Ligne & Fils, Ligne étant, à la fois, le nom de famille (vite ramené, localement, à Chante-Merle), celui de l’usine que l’arrière grand-père de la narratrice a fondée, parti de rien (fils abandonné à la naissance, aux dates aléatoires, au parcours social remarquable mais douloureux) et le nom de la rivière, aussi, qui donnent aux ouvrières du moulinier du travail et de la peine. On est dans une reconstitution pointilliste de la fin du XIX°s, mais les touches sont liquides, comme le livre, dans son acception réelle et poétique. Emmanuelle, dont les l semblent s’étirer, Pagano donne au lecteur un récit court et croisé entre deux histoires, la grande (la fresque) et la petite, celle de la narratrice qui a laissé son fils mourir de soif à la naissance, acte inconscient mais fondateur d’une fuite au fil de l’eau et des éléments. L’enfant a été sauvé, mais l’histoire se reproduit quand, à seize ans, il est hospitalisé, de nouveau, pour un coma éthylique. Dans « Ligne & Fils », doux patronyme du patronage, Emmanuelle Pagano dépeint les impossibilités des êtres de se défaire vraiment des liens qu’ils ont tissés, touche au cœur quand la narratrice se voit elle-même dans l’incapacité d’être mère, et offre une promenade sur les rivages des rivières d’Ardèche, les secrets de famille épousant ceux des lieux, l’enquête devient topologique. le lecteur jubile de mots retrouvés, de métiers disparus, de filatures et des histoires des lavandières autant que  de la thérapie du Béal. L’analogie fils/fils, psychanalytique, date de 1977, elle est de Doubrovsky et ouvrait le champ de l’autofiction. Emmanuelle Pagano était trop petite et bien lui en a pris : cette mélancolie d’un temps révolu, cette belle façon de jouer entre les époques, leurs analogies (le fils musicien reproduit les sons de la nature, l’arrière grand-mère tenait elle-même un journal de l’eau, la narratrice cherche dans la photographie le moyen de fixer ses émotions) et leurs différences, est une petite merveille. Qui en annonce deux autres.

"Ligne & Fils", POL, 15€

19:15 Publié dans Blog | Lien permanent