27/06/2015
Final Fantasy.
Laisse-moi mes 48h réglementaires d'absence d'oubli.
19:35 Publié dans Blog | Lien permanent
26/06/2015
Adrénaline.
Je l’ai donc fait. Je suis allé chercher, dans un local qui m’était totalement inconnu, le vélo d’appartement que j’ai fait installer sur la grande scène de l’amphithéâtre (300 places), j’ai fait régler les lumières (la première rampe, la poursuite au milieu) et le son du micro, j’ai posé le repère sur les planches pour que le vélo soit pile au centre, caché derrière le grand écran qui diffusait, juste avant, des jeux destinés à coller les trois célébrés de la soirée. Une fois les saynètes terminées, j’y suis allé. Décidé de donner de ma personne pour quitter avec élégance cet endroit où j’ai – tout de même – passé dix-sept années de ma vie. Les plus fondatrices, les plus dures aussi. Je suis passé discrètement par les marches côté jardin, j’ai laissé les spectateurs, persuadés que la fête était finie, sans que sa fin ait été signifiée, dans l’expectative, puis la surprise quand le noir s’est fait dans la salle, quand l’écran, tout doucement, est remonté, me laissant seul sur scène, enfin, sur mon vélo. A pédaler, tout de suite, une bonne vingtaine de secondes sans rien dire, le temps qu’ils se demandent ce que je faisais là, comme ça. Ils étaient bien deux ou trois, dans la salle, à savoir que Sami Frey l’avait fait avant moi, que le texte allait suivre de lui-même. Et j’ai égrené : cent « Je me souviens », de mes débuts dans la place en 1993 jusqu’aux derniers jours dans cet endroit. Des anecdotes, des collègues dont le nom ou l’histoire ressurgit du néant mémoriel. Quelques vacheries, de la tendresse, de l’humour, toujours. Je pédalais, mes fiches posées sur le guidon, bien droites, pour me permettre de lever la tête, de vivre l’instant en plein, de ressentir l’ivresse du comédien, deviner les formes dans l’obscurité, entendre les rires en cascade, se dire que ça fonctionne, que je ne me suis pas trompé. Reconnaître telle ou telle réaction, me satisfaire de n’avoir oublié personne. Passer de la crainte que ça dure trop longtemps au bonheur, sur scène, en tournant mes pages, de savoir qu’il en reste un peu, encore. Arrêter de pédaler et finir, voix forte, haut perchée, par de la rhétorique, puisque j’en suis, d’après eux, le dépositaire. Récolter des applaudissements nourris, rester sur scène un moment encore, avant de redescendre, au sens propre. Parce qu’au figuré, j’y suis encore, perché, là-haut, sur mon petit vélo (à guidon chromé au fond de la cour ?). Je pense à Claude Burgelin, qui nous a fait découvrir Pérec. A Harry Matthews, qui a lancé l’exercice de cette mémoire poupée russe, par touches anecdotiques qui construisent un essentiel. Cette adrénaline, je l’ai connue dans mes lectures, avec mes musiciens, mais nous sommes quatre, dans « Littérature & Musique ». Hier, j’étais seul en scène, et (que les oreilles chastes s’éloignent) putain de bordel de merde, j’ai kiffé. De quoi donner au projet « le tabouret noir » un très sérieux élan.
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25/06/2015
Le distributeur de Camille.
En rangeant pour la énième fois ma bibliothèque, dans mon nouveau lieu, j’ai ménagé une place à part pour Camille, les livres qui lui sont consacrés, ceux sur Rodin, ceux sur les deux, également. J’ai ai posé ma réplique de la Valse et, modestement, le « Valse Claudel » que le Réalgar a édité. Et puis j’ai eu cette idée : des 500 exemplaires de « Camille », le poème que j’ai écrit, dit par Stéphane Pétrier et mis en musique par Jean-Jacques Coulon, j’ai dû peut-être, depuis deux ans, en vendre dix. C’est dire s’il m’en reste. C’est un travail que tout le monde a loué, mais que personne n’a acheté. Alors, j’en ai sorti une dizaine d’exemplaire, que j’ai posés dans le rayon. Tous ceux qui passeront par chez moi et montreront de la curiosité se serviront, dès qu’il sera vide, ou un peu avant, je le remplirai de nouveau. Quarante-neuf fois, qui sait. Après, il se pourrait que je n’en aie plus pour moi-même, mais ça ne sera pas grave.
13:43 Publié dans Blog | Lien permanent
23/06/2015
Chroniques d'une arrivée (3).
Les notes du Cheval sont tardives, comme à chaque fois que je suis entre deux eaux, deux événements, ici deux endroits pour vivre. Ma vie d'homme vient pourtant de connaître un tourment, puisque c'est mon fils qui m'a monté mes deux dernières bibliothèques, aujourd'hui. Comme un passage de témoin. Reste que pour dédramatiser, il a préempté une étagère pour y mettre sa collection entière de mangas. Je n'avais qu'à pas lui demander d'apporter d'objet transitionnel, hein!
21:59 Publié dans Blog | Lien permanent
22/06/2015
Chroniques d'une arrivée (2).
Étendre les serviettes de bain sur le balcon, j'en rêvais depuis Nino Ferrer.
21:05 Publié dans Blog | Lien permanent
21/06/2015
Hit the road, Jacques!
C’était bien de mettre un visage sur un auteur, et d’entendre la voix de Jacques Josse, hier, railler doucement la mort en lisant des extraits de « Au bord de la route », le livre que le Réalgar a édité en janvier 2015. Railler la mort en parlant d’elle, sous toutes les formes qu’il lui a imaginées, la décrivant extraire des listes, interminables, de gens célèbres et d’autres anonymes, tous fauchés, puisque tel est le cliché, dans des situations différentes, des accidents, des manques de chance, the wrong place at the wrong moment, puisque, sans y être jamais allé, Josse se revendique de la culture Beat américaine, des grands espaces et des débuts, dans la première version d’ « Actuel », des traductions de Bukowski, Corso ou Snyder. D’une voix neutre, il énonce des situations, cherche l’équilibre, dans la phrase, entre la gravité du sujet et sa dimension quasi-pérecquienne, dans l’importance qu’il donne au détail : quand Isadora Duncan s’étrangle avec son foulard, enroulé autour du moyeu d’une décapotable, c’est « une Amilcar GS 1924, du mécanicien flambeur Benoît Falchetto ». Et ainsi de suite. Ses situations sont autant de tableaux humanistes, qui restituent la mort en la banalisant, en en décrivant l’action sous sa forme la plus plate (et c’est un compliment). Pas de pathos, pas d’effet, ce p… de grand écrivain, comme l’a nommé son ami Lionel Bourg, qui l’interrogeait, s’est nourri de l’âme des péris en mer de sa Bretagne natale pour ramener à la surface les destins brisés de personnages qui nous ressemblent, et nous préviennent que quand elle viendra nous chercher, la grande Faucheuse n’aura pas forcément les traits qu’une culture millénaire nous a amenés à lui prêter. J’attends avec curiosité son prochain livre, sur Marco Pantani ("Et Pantani a débranché la prise"?), en écho, dans un style différent, au « Tombeau de Luis Ocaña », de Hervé Bougel. Bel endroit, le Réalgar, pour une rencontre, sous les peintures de Scanreigh.
05:22 Publié dans Blog | Lien permanent
20/06/2015
La petite Casa dans la prairie.
Une fois qu’on aura dit que 1966, c’est aussi l’année de naissance de mon frère, de Dieudonné, de Samantha Fox et celle du dernier concert des Beatles, il sera temps de constater que ça n’a rien à voir avec ces quatre autres garçons, plus trop dans le vent, mais dans l’ambiance musicale qui leur convient le mieux dans l’instant, si j’ai bien tout compris. L’ambition de se faire plaisir et de s’amuser avec talent, puisque l’agrégation de tous ces parcours le permet. Alors, évidemment, dans le public, ça n’empêche pas les spéculations, sur l’avenir de tel groupe, les envies de tel autre, ça suppute sur la possibilité d’être ici et ailleurs, dans une langue ou dans une autre, mais ça ne sait rien, au final, et c’est aussi bien comme ça. Dans une Casa musicale toujours aussi bienveillante dans ses soirées d’été, entouré des fantômes des concerts bondés de Deuce, du dévoilement de Bonne Espérance et des dix-huit séances (et chroniques) d’enregistrement de « Trop Pas ! », j’ai repris une dose de ce groupe anachronique de quadras bien tassés qui font du rock pour s’amuser. Quelques semaines après le concert fondateur de la Marquise, et la sortie de leur album bruyant ainsi auto-proclamé, les quatre ont remis le couvert et installé un peu plus encore l’idée que le chemin sera peut-être plus long qu’on l’imaginait, et que le plaisir peut aussi dépasser, en substance, une certaine forme de nécessité, dans l’écriture, dans la réalisation. La culture rock’n’roll m’ayant globalement toujours échappé, j’assiste un peu du dehors aux concerts de ces types-là, mais avec une délectation suprême : j’ai déjà écrit tout le bien que je pense de cet autre iguane qui s’entortille dans son micro et se masse le cuir chevelu en chantant des choses comme, approximativement, nous sommes ridicules, nous sommes bourrés, sauf qu’ils ne le sont pas et qu’il le chante en anglais et que ça passe mieux. Même devant la Britannique famille de l’ingé-son, un autre chevelu que tout le monde connaît, et dont j’ai déjà beaucoup parlé, aussi. Les autres sont à la fois ma madeleine Proust et la marque de la permanence qui ne me quitte jamais, il me suffit de fermer les yeux quand j’entends la deuxième voix pour me dire que le passage, dans ma ville, aura été beau, au final, et que je l’emporte avec moi. L’énergie est folle, mais c’est l’aspect suranné de la démarche qui me touche, l’idée que plus rien n’est à démontrer et qu’il reste l’esthétique, la touche finale. Et le plaisir, sans cesse répété, recommencé. A des ados, on conseillerait de mettre ça de côté pour réviser le rattrapage – on ne sait jamais – mais eux, on les aime comme ça parce qu’ils jouent. Parce qu’ils ramènent nos années passées sur le devant de la scène, et que s’ils en ont fréquenté de plus grandes, leur conquête du public est toujours la même et qu’on en est toujours surpris. Le reste, c’est de l’instant vécu, et c’est peut-être le plus beau : d’être encore là, encore en vie, et de pouvoir en profiter. Bobby Charlton approved.
12:15 Publié dans Blog | Lien permanent
19/06/2015
Chroniques d'un départ (10).
Et puis il y a les messages qui tombent, affolés, de celles et ceux que je n’ai pas vus depuis un moment et qui veulent me voir, avant que je m’en aille et avec moult points d’exclamation. Une nécessité qui ne s’imposait pas à eux et qui les a rattrapés. Et l’obligation, pour moi, de rendre extensible un temps qui ne l’est pas, de cocher des dates en pensant, immédiatement après, que ce sont autant de chances qui disparaissent pour les autres. Que le temps d’après sera différent et variera entre les moments où je reviendrai et la démarche de ceux qui feront le voyage. Sans que mon temps ne devienne plus extensible, là-bas.
17:22 Publié dans Blog | Lien permanent