Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/08/2015

Ecrits de Lyon (2).

web_Source0.jpgQuand tout a été prêt, il me restait à moi une chose à faire : la veille du départ, j’ai faussé compagnie à tout le monde et je me suis promené dans mes rues, dans mon quartier, je me suis imprégné des endroits, des places, comme j’aimais déjà le faire quand j’en avais la liberté. Je suis monté jusqu’au plateau par la Saint-Sé, le plateau, c’est déjà un autre monde, et là j’ai marché, sans savoir que ce serait la dernière fois, bien sûr. Quoi que... J’ai dit au revoir au gros caillou, c’était la fin d’après-midi déjà, le soleil lui avait réservé ses derniers rayons, c’est incroyable comme un lieu qui nous est familier peut être beau quand on s’en sépare ; je me suis aperçu que je parlais à voix haute, mais je m’en fichais, et puis personne n’y faisait attention. C’était le début de ma procession. Comment ils auraient pu savoir, les fells, que si la Croix-Rousse s’appelle comme ça, c’est parce que quand les catholiques et les protestants se sont disputés la ville, l’archevêque a défié les calvinistes et fait construire, sur la colline, en 1560, une croix rouge, de la couleur de la pierre de Couzon ? Et puis qu’est-ce qu’ils en ont à faire ? Elle a été abattue en 1562, on a appris ça à la communale. Quand tu vois comme tout ça se termine… Des croix, de toute façon, la Croix-Rousse en a été remplie, durant toute son histoire : il y avait la croix noire, sur le chemin de Caluire, la croix blanche, sur le chemin de Cuire, et la croix des bois, vers la rue Denfert-Rochereau… La dernière a disparu en 1881, il me semble, sur ordre du Conseil municipal : ça la foutait mal, ces marques de croyance, alors qu’on sait tous, à Lyon, que la Croix-Rousse, c’est la colline qui travaille, par opposition à Fourvière, la colline qui prie. Avec les copains, on n’est jamais rassasié de les chanter, « Les Canuts », on a l’impression que c’est un peu notre histoire ! « Mais notre règne arrivera quand votre règne finira », tu parles, ici, je lutte pour quoi ?

Extrait de "Tébessa, 1956", Raison & Passions, 2008

10:26 Publié dans Blog | Lien permanent

Les commentaires sont fermés.