11/11/2015
Le fichier.
C’est la cinquième version finale, c’est dire s’il faut encore y faire attention, parce qu’après ce sera trop tard. Pour le texte, ça l’est déjà : ce n’est pas maintenant qu’on va le changer, c’est l’heure, davantage, de l’assumer, de s’attendre à tout, également, au meilleur comme au pire. Les deux extrêmes liés à toute réalisation, soumise à la critique comme à la rage envieuse. Pour l’instant, ce sont les espaces entre les mots qu’on traque, les points oubliés dans les notes en bas de page, l’italique bien placé, son emphase pas trop importante… C’est aussi l’attention qui dérive vers la mise en exergue, ce codicille mystérieux collé au titre, les remerciements en fin d’ouvrage, la bibliographie qui dit toutes ces années passées à se mettre en danger. C’est, comme pour le poignet d’Alain Larrouquis, le vertige de voir son nom accolé à celui d’un monstre sacré, dirait Perec. C’est, enfin, un peu quand même, la satisfaction d’un devoir terminé, et l’ombre de celui qui attend son heure.
Parution début janvier.
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09/11/2015
Mystic River.
Jusqu'à sa mort, il resta persuadé que Dieu avait inventé la mer pour lui épargner d'aller courir.
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08/11/2015
UFOロボ グレンダイザー.
Ainsi, on daterait roboratif du XV°s alors même que les premiers Golgoths n'apparurent qu'en 1978?
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07/11/2015
Cinq minutes de la voix d'Emilie.
Elisabeth Sapin, en plus d’être une grande lectrice pour elle-même, a la passion de faire entendre les livres à ceux qui ne peuvent pas les lire. Pour m’y être essayé il y a bien longtemps, je sais que l’exercice n’est pas facile du tout. Surtout quand, comme dans « la partie de cache-cache », il n’y a pas qu’un narrateur, mais trois. Pour moi, c’est une belle réussite que cette lecture sans effets, juste avec ce que les mots ont à dire. Qu’elle soit remerciée pour avoir défendu cet ouvrage auprès de la Bibliothèque sonore de Lyon, qui m'autorise à en diffuser cet extrait.
"la partie de cache-cache", Emilie, extrait lu... par cachardl
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06/11/2015
Fugit irreparabile tempus.
On me demande d’expliquer un prétendu passéisme : pourquoi mes écrits sont-ils, tous, ancrés dans le passé, pourquoi cette nostalgie qui affleure etc. Je ne suis nostalgique de rien, et considère avec acuité tous les âges de la vie, le mien et ceux de mes proches. Je suis fasciné par le fait que mon fils aille sur ses vingt ans uniquement parce que le nizanien que je suis resté garde un souvenir douloureux des siens. Mais je suis admiratif de l’être qu’il est devenu et me réjouis d’une indépendance qu’il a très vite acquise, de l'avenir et des choix qui s'offrent à lui. Si j’écris sur des temps passés, c’est sans doute parce que le présent s’en affranchit plus vite qu’il le faudrait et que des leçons ne peuvent être ainsi retenues : en jetant un œil sur la Russie – au sens large - du début du XX°s. ou sur la fin des années 80 comme je le fais en ce moment, il est fascinant de constater que des évidences ont été éludées et que la marche absurde du monde s’est confirmée d’elle-même. A chaque phénomène correspond la façon dont on l’intègre et c’est souvent celle-ci qui cloche, allez comprendre. En retrouvant, par l’écrit, des voix qui se sont tues depuis longtemps, ça n’est pas une réaction – sens littéral - que j’entraine, mais un retour sur la perception d’une action. Mes personnages sont bien souvent supérieurs aux êtres qui les ont précédés dans la réalité : sans doute est-ce aussi une façon de m’améliorer moi-même.
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05/11/2015
Flash.
Plus de deux mille photos cumulées en plusieurs années, disparues d'un seul coup, retrouvées miraculeusement, qui défilent sous mes yeux en moins de deux minutes: l'impression étrange de vivre le cliché de l'ultime anamnèse.
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04/11/2015
Rapport de stage.
Il faudrait juste demander
Pardon pour le chagrin vécu
Et reconnaître in fine
Que ce qui était là n’est plus ;
Qu’il n’y aura de résurgences
Qu’à la fortune du hasard,
D’une impression ou d’une essence
Que le destin ramène, hilare.
Le séneçon laineux ainsi
Que la fétuque rouge, conjoints,
Colorent les champs définis
D’une esquisse des jours anciens ;
Les cris des fulmars boréaux
Riant de la tristesse humaine
Ne laisseront à ce héros
Que l’issue héraclitéenne :
Le fleuve jamais ne repasse
Le cours des amours effacées ;
On peut en espérer la trace
Sans plus jamais la retrouver.
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03/11/2015
Généalogies.
C’est l’histoire de quelqu’un qui s’est demandé pourquoi on avait dit de Marie-Pauline P., née en 1863 de parents inconnus, qu’elle était sans doute péripathéticienne quand on l’a pourtant déclarée domestique, en même temps qu’indigente, le jour où l’on a déposé le fils qu’elle venait d’avoir à l’Assistance Publique. C’est l’accoucheuse - Hélène N., qui a mis au monde le jeune Louis-Marius P - qui fait cette déclaration, alors même que Marie-Pauline est employée chez elle, rue Duquesne, dans le 6ème arrondissement de Lyon. Drame bourgeois - bien qu’anticonformiste, puisque Hélène N. et Louis L. n’étaient pas mariés - amours ancillaires? Monsieur L., restaurateur, aurait-il fauté avec la servante, laquelle s’est quand même acquittée de sa tâche en mettant l’enfant au monde, puis en prenant en charge les procédures d’abandon ? Ou Madame N. tenait-elle elle-même une de ces maisons closes dans lesquelles on suivait les filles à qui la contraception avait échappé ? Toujours est-il que le jeune Louis-Marius, après avoir connu trois familles d’accueil, rencontrera un jour Marthe P., qui mettra au monde Edouard, lequel donnera naissance à celui qui cherchera à en savoir plus sur Marie-Pauline. Qui découvrira des choses curieuses, comme le fait qu’elle était l’enfant naturelle de Adèle P., lingère de son état. Que le père, déjà, était inconnu, ce qui en fait deux sur deux générations… Qu’Adèle P. habitait Impasse Monsieur – ce qui ne s’invente pas, toujours dans le 6ème, que cette impasse s’appelle maintenant Impasse Molière. Que Marie-Pauline P. retournera vivre dans le Jura où, alors qu’elle est déjà âgée de 46 ans, un âge respectable à l’époque, elle prendra pour époux un homme de quatorze ans son cadet, sabotier, portant le nom de Marie-Alphonse M. Ce jour-là, le maire, Isidore M., lui attribue la qualité inédite de lingère.… Un mariage qui ne durera que six ans, puisque Marie-Pauline mourra le 24 juin de 1916, en l'absence de son époux vraisemblablement mobilisé. Pour quelles raisons Marie-Pauline s’est-elle réfugiée dans des terres qui désormais abritent vingt-deux habitants du même nom sur une zone restreinte de trois communes ? Que faisait l’homme qui l’a recueillie, était-il veuf, libre-penseur, recueillait-il une de ses anciennes amours au crépuscule d’une dure existence ? Il n’aura évidemment pas d’enfant avec elle, mais la vie qu’ils ont terminé de mener ne sera donc pas restée vaine.
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