23/11/2025
Agend’Arts, 23.11
Voilà un bel épisode qui s’est écrit aujourd’hui encore, dans le décor feutré d’Agend’Arts, à la Croix-Rousse, pas loin (200 m) de là où habitait ma grand-mère, de la fenêtre du 1, rue du Mont d’Urville, au croisement de la rue Dumenge, le territoire connu de Jean-Christophe Géminard, qui a interprété Jean-Louis Murat pour moi, sans hésitation, avec juste la dose de questionnement sur la légitimité qu’il a toujours quand il joue et que beaucoup d’autres n’ont jamais. D’où l’essai de présenter notre Un monde sans Murat, comme ça, sans même de livres, en l’occurrence, avec en alternance, lecture d’extraits et chansons appropriées, réinterprétée, qu’on donnerait à voir et entendre à ceux qui ne l’avaient jamais fait encore. Ça a commencé aux alentours de 11 heures, pour un brunch à la Croix-Rousse, comme je n’avais pas fait depuis une éternité. Quand on a commencé, l’idée était de me substituer à une voix off, la mienne en concurrence, emprunter à un entretien de l’Au-delà mené avec Jean-Louis, chanson en sus. Ça fonctionne, JC chante deux chansons (pour ne pas passer à un mode trop classique chanson-texte), je lis un extrait du Portrait de Jean-Louis Murat. Ensuite, JC chante Vénus, extrait de ce fabuleux concert de 1993, dont j’ai tiré une nouvelle dans le orgueil. Je mets en avant la présentation du livre– que je n’ai pas à vendre –lie le chapitre Murat et les femmes, à Plus vu de femmes et l’Irrégulière, que j’attendais avec fébrilité . Pourquoi ? Je ne veux pas le dire ici, je le dirai après le tout dernier concert qu’on aura interprété fin décembre. Je trouve JC plus juste que je l’ai jamais trouvé, dans le jeu, dans l’interprétation, je suis ravi qu’un homme comme lui reprenne du Murat : lui-même doit se juger illégitime, alors qu’il est qu’il l’est beaucoup plus que d’autres. J’ai ce sentiment que notre jeu fonctionne, entre la distance que je mets dans le discours et le sérieux qu’il met à l’interprétation: il y a un équilibre. C’est sympathique, parce que quand tu joues avec la lumière qui éclaire la scène, tu as l’impression d’être à l’Olympia. Il n’y a que les illusions qui diffèrent, on est là tranquillement tous les deux devant une vingtaine de personnes, ce qui suffit à notre appel. Une fois revenu parmi les vivants, au moment, j’entends plusieurs personnes qui me disent que 40 minutes, ça n’était pas assez long.. En guitare voix et support littéraire, pour moi, c’était largement suffisant, mais tant mieux si cette impression a été laissée. L’anecdote ultime de cette rencontre, c’est que j’ai promis une place en loge pour notre prochain Bercy à la personne qui ferait le lien entre le Café des écoles, cette chanson que j’ai écrite pour Eric Hostettler, et Jean-Louis Murat: à peine revenu parmi les mortels, une dénommée Christelle fait le lien avec Amour zéro, extrait de l’album Mademoiselle Personne, BO d’un film jamais sorti, en inédit, du Live 93. Chapeau, mais c’est une ayatollah, dit-elle elle-même , et ça me fait bien rire, en perspective de tous les ceux du même nom qui vont ignorer mon livre sans penser une seconde qu’ils se tirent une balle dans le pied. Je ne peux pas revenir sur le moment le plus expressif du récital, pour moi, ce serait énoncer des secrets qui sortiront quand j’en aurai fini. Je n’ai pas remplacé Jean -Louis Murat, JC, non plus, ça n’était aucunement l’intention, mais j’ai la prétention de penser que ça a participé à son travail, à son œuvre. On n’a volé le temps de personne, on s’est retrouvé ensemble, autour d’un brunch et d’un apéritif, autour de l’œuvre du Bougnat, et en cela pour moi c’est réussi. Il me reste, dans cette assemblée, a annoncer les dates en Librairie, à Saint-Étienne, à Lyon, à prévenir d’une interview qui m’attend avec Gaële et Guillaume pour une radio lyonnaise, à dire aux gens qui étaient là que s’ils veulent le livre eh bien il faudra le commander ou revenir à la prochaine rencontre parce que déjà la journée dédiée s’est terminée. Je sors fatigué de la rencontre, mais c’est parce que je dois bien à Jean-Louis Murat, parce qu’il y a une espèce d’urgence à demander aux gens de l’entendre et de le comprendre. Quand JC a terminé par le Café des écoles - il connaît bien le morceau - je savais qu’on allais confronter le lieu à sa puissance de temporalité. Je me réjouis d’avoir participé à ça et d’avoir fait rire entendre la voix du Bougnat. On était bien à Agend’Arts ce matin, le reste résonnera longtemps.
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