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27/12/2010

Rewriting

Il y a quelque chose de masochiste que de donner de soi à lire. Il y a quelques jours, dans ces colonnes, je dévoilais les premières lignes d'un roman en relecture, dont je viens de terminer les épreuves. Pourtant, à la relecture, je me rends compte que le travail n'était absolument pas terminé et que ce qui convenait à telle date ne convient pas du tout maintenant. Et ne conviendra pas plus à l'éditeur, gageons-en. Je veux montrer ici quelles sont les évolutions d'un texte en devenir.

Version O.9

"J’ai toujours aimé le basket. J’ai aimé jouer au basket, j’aime aussi entendre William Sheller chanter qu’il était alors un type qui jouait pas mal au basket-ball. J’ai aimé le basket  parce qu’il m’a d’abord permis d’échapper à la religion : dans ma famille, le choix se faisait tôt, à six-sept ans, on allait à l’Eglise avec ma mère ou au basket avec mon père. Il ne s’est pas fait de lui-même : au début, j’avais du mal à me dire que j’allais devoir jouer avec les autres, qui savaient faire des choses que je ne saurais jamais faire. A l’époque, il n’y avait pas de baby-basket, on accrochait des petits panneaux sur les grands, ce qui mettait le cercle à 2,60m plutôt qu’à 3,05m et on n’avait pas d’autre issue que de marquer, ou de ne pas marquer. Mon premier match officiel, je l’ai perdu 34-0. On n’a pas pu mettre un panier ou plutôt si, le meilleur joueur de notre équipe, celui dont le père avait joué dans un grand club français, en avait mis un sublime, tout en délié, double-pas bien appliqué, mais c’était sur l’entre-deux de la deuxième mi-temps : il avait oublié qu’on devait changer de côté ! Il a fait rire tous les spectateurs, les plus anciens ont obligés de commenté : quand un joueur marque contre son camp, le panier est attribué au capitaine de l’équipe adverse, ce qui fait qu’un joueur peut très bien comptabiliser deux points sans même être rentré sur le terrain de toute la partie. Moi, je ne m’étais même pas rendu compte qu’il s’était trompé de côté : ça aurait pu m’arriver, c’est sûr, mais avec moi, les risques étaient moins grands parce que ce panier-là, je l’aurais raté.

Quand je regarde les photos de cette époque, je me dis d’abord que j’ai les genoux cagneux. Ensuite que les shorts étaient vraiment courts, comparés au dernier que j’ai acheté et qui ne me sert plus à rien depuis que je ne joue plus : on ne met pas tous les jours un short vert avec un 11 énorme sur la cuisse gauche, surtout quand il vous arrive en dessous du genou et taille très large. Enfin que le 11, j’aurais dû le porter tout de suite plutôt que de vouloir absolument arborer le même numéro que mon père. Un 11 à la place du 9, à 8 ans et tout aurait été différent : parce que si le basket-ball m’a délivré de la religion, il m’a enfermé, moi, Paul Herfray, journaliste, écrivain et un peu moins que tout cela, dans une analyse que je pensais ne jamais pouvoir terminer. En tout cas pas tant qu’on ne m’aurait pas donné le poignet d’Alain Larrouquis."

Version 1.0

Je détruis tous les adverbes, les préciosités, je chasse les tournures négatives et passives, rajoute des points, évite les énumérations (pas plus de deux adjectifs maximum!). Je réécris et trouve ça beaucoup mieux. Jusqu'à la prochaine fois?

J’ai toujours aimé le basket. Jouer au basket, entendre William Sheller chanter qu’il était un type qui jouait pas mal au basket-ball. J’ai aimé le basket parce qu’il m’a  permis d’échapper à la religion : le choix se faisait tôt, l’Eglise avec ma mère, le basket avec mon père. Au début, j’avais du mal à me dire que j’allais devoir jouer avec les autres, qui faisaient des choses que je ne saurais jamais faire. On accrochait des petits panneaux sur les grands, le cercle à 2,60m plutôt qu’à 3,05m, pas d’autre issue que de marquer, ou de ne pas marquer. Mon premier match, je l’ai perdu 34-0. Pas un panier ou plutôt si, le meilleur joueur de l’équipe en a mis un sublime, double-pas appliqué, mais  sur l’entre-deux de la deuxième mi-temps : il avait oublié qu’on devait changer de côté. Il a fait rire les spectateurs, les plus anciens ont commenté : quand un joueur marque contre son camp, le panier est attribué au capitaine de l’équipe adverse, ce qui fait qu’un joueur peut très bien comptabiliser deux points sans même être rentré sur le terrain de toute la partie. Moi, je ne m’étais pas rendu compte qu’il s’était trompé de côté. Ça aurait pu m’arriver, mais avec moi, les risques étaient moins grands : parce que ce panier-là, je l’aurais raté.

Quand je regarde les photos de cette époque, je me dis que j’ai les genoux cagneux. Que les shorts étaient courts, comparés au dernier acheté qui ne sert plus à rien depuis que je ne joue plus. Que le numéro 11, j’aurais dû le porter tout de suite plutôt que de vouloir arborer le même numéro que mon père. Un 11 à la place du 9, à 8 ans et tout aurait été différent : parce que si le basket-ball m’a délivré de la religion, il m’a enfermé, moi, Paul Herfray, journaliste, écrivain, dans une analyse que je pensais ne jamais pouvoir terminer. En tout cas pas tant qu’on ne m’aurait pas donné le poignet d’Alain Larrouquis.

14:53 Publié dans Blog | Lien permanent

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