10/11/2013
Dans les pleins, dans les creux.
Parfois, il suffit d’une seconde pour que l’indécision, la pensée d’un meilleur ailleurs toujours possible, fasse qu’on ne prenne pas la direction qu’on voudrait avoir suivie, quelques mois plus tard, quand – au hasard d’une rencontre - on envie l’autre de l’avoir prise. Les Anglais, fatalistes, ont une expression pour ça : c’est la vie.
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09/11/2013
En pleine paix.
Aujourd’hui, conjointement, c’est l’anniversaire de la mort d’Apollinaire, les 50 ans de la sortie du cultissime « Tontons Flingueurs » et le jour symbolique de l’ouverture du Mur de Berlin, et la chute du communisme qui s’ensuivit. Souvent, il m’arrive de penser que c’est peut-être, davantage que le 11 septembre 2001 qui valut principalement par son retentissement médiatique (via la multiplication des mêmes images), le dernier événement qui marqua réellement le monde contemporain. Que s’est-il passé depuis , à part une enfilade de déceptions, personne ne peut le dire encore vraiment. Mais je garderai ces images en tête jusqu’à la fin (filmées deux jours après), dussé-je agacer ma petite violoncelliste adorée qui, du haut de ses dix-sept ans, en a un peu assez que, parmi les suites, la numéro 1 en G majeur soit la seule qu’on lui demande toujours.
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08/11/2013
Le tiroir des romans disparus.
La jouissance ne dure qu’un temps. J’avais aimé voir Charlotte se mettre en danger plus que je l’avais jamais vu faire, mais cette projection pouvait mal tourner, c’était palpable. Et je n’étais pas épargné : après tout, que venais-je de faire, sinon de suivre quelqu’un dans l’inconnu ? Se pouvait-il que Charlotte ait posé la question juste pour que j’y réfléchisse, que je me demande pourquoi je ne l’avais pas suivie elle quand il en était temps. Il y a dix ans. Qu’elle ait organisé ce dîner pour que d’autres répondent à une question qu’elle se posait ? Après tout, rien ne paraissait plus irréel que ce dîner de six personnes n’ayant aucune connexion antérieure, en dehors de celle qui les reliait à Charlotte. Qui ne se reverraient peut-être jamais. Les codes sociaux ne sont pas les mêmes selon qu’il y a des enjeux ou pas dans les relations à venir… Je chassai à la seconde une mélancolie qui n’avait plus de sens : Charlotte m’eût suivi moi, je n’aurais pas su quoi lui dire de plus que tout ce qu’on avait échangé : des lettres, des serments, des postures que le temps avait méticuleusement détruits sans qu’on pût rien y faire. Les mots de Nizan sur « le temps détruit » - celui qu’il passe sans elle, à l’armée, alors qu’il a envie de la voir – ne sont valables que parce qu’il est mort avant qu’il l’ait revue, comme est mort le seul amour de Julie sans même qu’elle le vît une dernière fois. Je chassai cette mélancolie qui n’en était pas une : j’avais aussi construit ma vie, ma carrière, ma famille, dans cette voie parallèle à celle que nous aurions pu vivre ; je l’avais ancrée, cette vie-là, dans une réalité tangible, une démarche, toutes proportions gardées, similaires à celle de Julie : j’étais revenu à des amours plus calmes mais plus cohérentes. Ce n’était pas le spleen qui me taraudait, ni même le décalage qu’une journée de transport me faisait sentir : juste l’impression étrange que Charlotte n’avait pas posé cette question au hasard et que chacun de nous avait été pressenti pour y apporter des éléments de réponse. C’est pour cela que la jouissance ne dure qu’un temps : parce que les étapes du vestibule et de l’apéritif nous y conduisent mais que, comme le quotidien survit aux ébats amoureux les plus passionnés, les enjeux succèdent aux apparences les plus urbaines. Charlotte nous manipulait : la question restait de savoir dans quel but.
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07/11/2013
Mille Chevaux de Troie.
C’est un faux événement parce que j’ai déjà effacé, il y a quelques années, des dizaines de messages qui encombraient la mémoire de l’endroit et qui, relus par la suite, n’apportaient rien à l’ensemble. Mais c’est le 1000ème message référencé ici, aujourd’hui, mille étapes à ce projet autobiographique qui fuit l’idée de narcissisme pour défendre l’égotisme : j’ai donné à voir, à entendre, à lire, tâté de la radio, du studio d’enregistrement, de la galerie d’art, de la librairie, des médiathèques et même, donc, de la télévision. Mille notes et près des trois années de chroniques quotidiennes, depuis que Christian Chavassieux m’a convaincu que c’était possible. J’en ai connu, des moments de découragement, des envies de tout arrêter parce que, toujours, la question de la légitimité se pose. Il en a suivi, des humeurs, ce blog, des messages codés, des envies réfrénées, des déceptions. Il a été de toutes mes rencontres, toutes relatées dans la foulée, en ligne le lendemain, parfois à 4h comme à Evian, juste avant d’aller à Vougy. Il a attiré l’attention de Jean-Louis Murat, de Stephan Eicher, sans que ça m’importe davantage que l’attention des autres. Il s’en est bien trouvé un ou deux pour tenter de me faire abandonner, quand même. Qu’ils se fassent à l’idée : je continue. Dans cette partie de vie qui s’offre à moi, je concentre mes forces sur le roman qu’il me reste à écrire, et, peut-être, dussé-je parler dans le vide et perdre tout ou partie des 6000 passants qui reviennent tous les mois, vous parler du livre en train de s’écrire. Après 1000 notes consacrées à l’histoire en train de se faire.
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06/11/2013
53'30 nuances de couleurs chaudes.
La voilà en ligne, cette émission dont je vous parlais. A la première diffusion, je m'étais accordé une note correcte, là, c'est plus difficile; des hésitations, des répétitions, et l'impossibilité de placer deux éléments que je m'étais promis de placer: une expression de droit "En fait de meubles, possession vaut titre" - ce qui, gageons-le, n'était pas facile - et surtout l'édition du "Valse, Claudel" au Réalgar. Mais la télé va vite, vous le savez, et j'ai fait le job. Avec un peu de dureté dans le regard, paraît-il. J'assume.
CULTURE POP - FERGESSEN par culturepop_mirabelle
Intéressez-vous aux autres invités, au moins au principal, le groupe Fergessen dont je parle beaucoup dans ces murs, accompagné pour l'occasion de Gérard Védèche, avec qui j'ai fait le voyage. Mais si vous êtes impatients, je commence à causer dans le poste vers 11'30 et après, sensiblement, on ne m'arrête plus, même pendant les chroniques des autres! J'avoue un petit faible pour ma sentence de 15'01.
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05/11/2013
la partie de passe-passe.
Vous avez remarqué que c’est souvent l’opinion la plus répandue qui accuse celui qui ne s’y soumet pas d’intolérance et d’élitisme ? Comme si le parcours, le travail au quotidien que demandent la curiosité et l’exigence, d’un coup, étaient balayés par ce tour de passe-passe qui consiste à masquer son impéritie par la prétendue prétention de son interlocuteur. C’est ainsi, au bout de la chaîne, qu’un créationniste pourra dire de son adversaire d’un jour, évolutionniste, qu’il ne respecte pas ses convictions alors que lui le fait, et gagner, le plus souvent, la bataille immédiate de l’image et de l’opinion, puisque je vous dis qu’il y a prestidigitation. C’est fort de thé, non (je ne bois jamais de café) ?
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04/11/2013
Sous le pont Mirabelle.
Ce soir, donc, à 20h30, l’heure mythique à laquelle l’homme occidental accepte qu’on lui inflige un pont publicitaire interminable qu’il contribue lui-même de financer, je passe à la télé. Sur une petite chaîne régionale d’une région qui n’est même pas la mienne : cela fait bien longtemps que j’ai compris que nul n’est prophète en son pays, depuis, en somme, que Tébessa, 1956, roman sur la Croix-Rousse autant que sur l’Algérie, a gagné ses jalons et ses rencontres partout sauf, en dehors des premiers soubresauts, à Lyon. Ce soir, si vous savez – contrairement à moi – jongler avec les canaux de votre téléviseur, vous me verrez anoner quelques mots en compagnie de Fergessen, dont j’ai déjà beaucoup parlé et pour qui je continue d’écrire. Inutile de chercher à me dire si j’ai été bon ou pas, j’ai déjà confessé, malgré l’accueil chaleureux de tous les membres de « Culture Pop », le peu d’estime que j’ai pour ce medium qui privilégie l’immédiateté et la réplique au détriment du fond. En plus, paradoxe à part, je m’en veux presque d’avoir des facilités pour l’exercice. Il est là, mon drame : j’aimerais être aussi bon que Modiano à l’écrit, aussi mauvais à l’oral. Non, je rigole : je n’envie personne, c’est une règle. Mais si vous voulez rire, de votre côté, c’est ce soir et c’est là.
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03/11/2013
Supplique.
Quitter cette ville dans laquelle on voudrait vivre, dans l’absolu, dans le calme de l’étage de la petite maison donnant sur la mer pendant qu’en-dessous, empiriquement, s’agite une autre vie accolée à la mienne, mais pas dépendante. Quitter ses quais colorés, ses bateaux qui mélangent le loisir et l’activité, la corniche et le théâtre de la mer, au fonds de scène unique au monde. Quitter tout ça et revenir là où on est né, là où, certainement, on voudra que sa vie s’achève, une fois qu’elle aura été (bien) menée. Se demander quelle est la question de la place, toujours.
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