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07/01/2014

L'angoisse de la page pleine.

Le primo-romancier prend pour du talent la verve qui l’inquiètera, des années et des parutions plus tard.

18:17 Publié dans Blog | Lien permanent

06/01/2014

Consigne.

Mon éditeur ne jure que par l’histoire qu’on lui raconte. Que j’aime, de mon côté, ancrer dans l’Histoire, ce qui nous amène parfois, tous les deux, à s’en faire quelques-unes, voire toute une d’un coup.

18:31 Publié dans Blog | Lien permanent

05/01/2014

2,39.

Trop tôt pour se prononcer encore, surtout après tant d'annonces non suivies d'effets, mais mes personnages vivent, et c'est très bien. Le cap symbolique des 100 feuillets est franchi, le récit n'en est qu'à son (petit) tiers, tout est en travaux, des pans entiers d'histoire et d'industrialisation devront être vérifiés, mais je ne perds plus mon temps, enfin. Il fallait toucher le fond pour rebondir, sans doute.

14:59 Publié dans Blog | Lien permanent

04/01/2014

Trentsichosé.

36.jpgJe ne peux pas résister à l'idée de faire des listes. Hervé Bougel, des éditions Pré#Carré, a lancé, sur le mode oulipien, les "36 choses à faire avant de mourir". Si tout se passe selon ses désirs, l'ensemble sera édité au mois de juin et la somme des vœux énoncés fera sens. Je contemple ma liste, envoyée dans l'heure, me dis qu'en réaliser un dixième serait déjà énorme. Mais l'exercice m'a plu, comme celui, réalisé il y a plus de quinze ans, d'écrire l'exhaustivité d'une semaine en cent "Je me souviens", dans un petit carnet.

18:31 Publié dans Blog | Lien permanent

03/01/2014

Balladurien.

Le fait que j’aie encore des amis de près de quarante ans me rassure et m’angoisse à la fois.

17:47 Publié dans Blog | Lien permanent

02/01/2014

Ce que les autres n'ont pas lu.

C’est en lui tenant la porte du restaurant qu’il comprit qu’il ne pourrait faire que rechuter. Cette petite Havane au cœur du vieux Lille, ils y étaient pourtant passés le premier jour de leur rencontre, mais au sein d’un groupe qui avait dilué le quelque chose qui s’était éveillé dans son regard à elle, sa mémoire à lui. Comme pour toutes les rencontres, la genèse avait été anodine, une question posée, une réponse qui ne convient pas, une émulation qui commence. Elle avait l’incongruité des filles du Sud arrivant dans le Nord pour constater les quinze degrés perdus, et le pull enroulé autour du cou semblait ne pas suffire puisqu’elle le relevait jusque dans la partie basse du visage. Il s’est amusé de ne savoir d’elle que ce qu’elle avançait bruyamment,  sous l’effet grégaire, étonné par son culot, la facilité avec laquelle elle riait de tout. Il n’en croyait rien et de ce chiasme naquit le trouble. Quand elle riait, elle avait un petit mouvement d’épaules moqueur qui lui faisait croire qu’elle voulait danser : le són de Cuba provoque cet effet. Il n’avait que son regard à opposer à sa jeunesse moqueuse, qui pouvait à tout moment lui signifier qu’elle s’ennuyait! Alors il ne cesserait plus de la regarder, de s’imprégner de son image. C’est toute l’âme de la Habana qu’il sollicitait, ces brumes du passé de Leonardo Padura. Ce qu’il appelait, comme une santeria, c’était une perception accrue de l’instant qui se vivait. Cette femme avait accepté son invitation, il n’y avait vu que du défi, la provocation sur laquelle il n’était pas question, pour elle, de reculer d’un pouce. Lui-même s’était organisé pour pouvoir retrouver les autres, regagner en neutralité, enfouir dans le collectif ce qui pouvait apparaître comme une anomalie.

Elle parlait de son fils avec un tel amour qu’il jalousa  l’homme avec lequel elle l’avait eu et d’avec qui elle était séparée. Il avait eu d’elle une exclusivité, incarnée, sur l’instant, il s’était vu lui demander la même marque d’éternité. La suite naturelle des frôlements qu’il recherchait. Elle touchait, caressait, frappait ou pinçait, au détour d’une remarque déstabilisante, revenait à ses mouvements d’épaule et de tête et lançait, entre deux plissements moqueurs, un regard qui lui venait du plus profond. Là où il était venu la chercher, là où elle avait accepté de le suivre.

Ils s’étaient, la veille, provoqué sur des chansons de variétés qu’on écoute à l’adolescence, persuadé qu’elles ont été écrites pour nous. Elle n’avait pas cédé face à sa mémoire et aux pièges qu’il lui tendait, à l’amener vers des chansons qu’elle avait sans doute écoutées en pleurant. Ses yeux dissimulaient mal les picotements qui la prenaient et les bulles du mojito ne pouvaient pas tout expliquer. Peut-être aurait-elle voulu le rencontrer avant,  pour qu’il la protège. Ou peut-être lui rappelait-il l’homme qu’elle avait perdu parce qu’elle n’avait jamais pensé qu’elle pût le perdre.

Ils étaient installés dans un coin discret du restaurant qui contrastait avec la table ronde et centrale qu’ils avaient occupée l’autre jour avec le groupe. Comme il parlait aussi bas qu’elle s’amusait à parler fort, il fallait qu’elle se penche sur lui, comme si elle allait l’embrasser. Parfois, le battement de sa poitrine, à travers le tricot noir, disait l’inverse des légèretés avancées quand il l’emmenait sur des terrains glissants. Quelque chose dans la situation l’attirait. Ce qui se passait ici n’aurait aucune incidence sur l’avenir, elle ne reverrait jamais ce type qui s’intéressait à elle. Pour une fois, elle n’avait pas envie de se poser ce type de questions. Il l’avait invitée alors que le groupe rentrait.  Quand il a annoncé qu’il l’invitait seule, elle ne s’est pas défilée : la boutade est devenue projet, puis rendez-vous, au grand dam des autres. La petite Havane s’est imposée à la pause du lendemain. Toute la journée, il l’avait fixée dans son travail, discrètement, captant de temps en temps son regard, s’était amusé à la provoquer sur l’appellation ex- mari : il voulait dire qu’un ex est encore une part de soi. Elle avait dû s’expliquer de l’admiration qu’elle lui maintenait, sans dire que cette admiration-là, elle lui avait fait payer au centuple. En libertine, avait-elle rétorqué, histoire que le rouge lui monte aux joues.

Elle aimait danser et dansait bien. Ses hanches l’avaient entraîné dans un tourbillon dont son regard ne saurait le tirer ; il rendait grâce en essayant de la suivre. Quand il reprenait pied, il la plaquait contre sa poitrine et rattrapait une partie des pas perdus. Ces moments-là les laissaient exsangues, elle était belle, charnelle, adaptée ; tout le ramenait à son état de décalage. Maladjusted, disait-il de lui.. Son corps à elle marquait et le rythme et l’impatience qu’elle éprouvait à communiquer. Ils avançaient doucement sur le récit de leurs existences. Qui lança la tirade de Perdican ? Lui, en associant l’orgueil et l’ennui des êtres factices? Elle, en la reprenant mot pour mot ? Alors qu’elle récitait la tirade, il lui prit la main, comme dans un geste d’encouragement. Elle ne se déroba pas, concentrée sur les mots qui - dans l’ambiance tamisée d’un restaurant cubain - n’avaient plus la moindre espèce de signification. Dans son esprit, à cet instant, le baiser s’imposait : un baiser hors du temps et des contingences, pour dire que leur entité existait. Les moments, il faut savoir les saisir. Lui aurait tout donné pour la volupté d’un baiser d’elle. La prendre dans ses bras, sentir son souffle. Il connaissait bien l’abandon , ses douleurs, ses déséquilibres. L’avoir pour lui n’était pas envisageable. Est-ce pour ça que, alors qu’il lui tenait la main, il ne fit, à la fin de la tirade, que déposer un baiser sur le bout des doigts ? Le silence s’était fait mais il n’avait pas lâché sa main : elle la retira doucement et d’une voix plus fragile que jamais, susurra: 

- J’ai envie qu’on se promène, tu veux bien ?

Le vieux Lille est sibyllin dans la façon qu’il a de s’ouvrir sur des ruelles sinueuses autant sur de larges places. Il pensa au sens du mot déambuler : marcher en espérant que la promenade ne cesse jamais. Déjà emmitouflée dans l’unique pull dont elle s’était munie, elle sollicita son bras puis son épaule protectrice. Elle réglait son pas sur ceux du contemplatif qui délaissait les façades flamandes pour qu’elle se sente en confiance, comprenne au toucher que le regard n’annonçait que du beau et du doux. Quand il lui montra une coupole hindoue côtoyant un créneau médiéval, elle lova sa tête contre le creux de son épaule, il continua ses explications. Tout convergeait vers le point symbolique mais s’il n’avait pas franchi l’étape dans le restaurant cubain, il ne le franchirait pas plus maintenant. Il saurait ne pas l’embrasser, encore. Dans le froid saisissant, elle avait besoin de lui. Elle ne l’écoutait pas, mais elle était bien : elle aurait bien passé la nuit contre son corps massif. Une nuit sans faire l’amour, pour mieux le faire au matin. Ils prirent un taxi, elle s’endormit contre lui, fatiguée par les poids cumulés des nuits précédentes, des journées de travail et de ses émotions. De temps en temps, elle remontait son pull sur sa joue, s’en servait comme oreiller entre sa tempe à elle et sa poitrine à lui. Il massait son épaule et la base de son cou. N’importe qui, à cet instant, les aurait pris pour des amants : ça lui suffisait, rien, dans la réalité, ne pouvait égaler un tel instant. Elle avait, parfois, de petits soubresauts, se recalait dans la courbe de son corps, cherchait à quoi se raccrocher, et se rendormait, rassérénée. 

« C’est triste de ne pas savoir aimer ». Elle avait fait cette réflexion en insistant, comme si elle la lui avait destinée. Elle l’habitait, alors qu’il la ramenait vers sa chambre. Savait-on aimer avant d’aimer ? L’amour est-il décelable par celui qui le ressent ou doit-il s’y brûler avant de dire que l’amour qu’il ressent, c’est de l’amour ? Qu’avait-elle vécu qui la ramène à cette tristesse ? Se plaignait-elle de n’avoir pas su aimer, ou qu’on n’ait pas su l’aimer ? Il ne pouvait la questionner: il avait dû la réveiller. Sa vulnérabilité le toucha doublement ; si elle s’était départie de son assurance, c’est parce qu’elle s’était sentie en confiance. Savoir aimer, c’était peut-être ne rien faire qui dénature le désir. Maintenir l’envie quand sa réalisation la pervertirait. Dom Juan souffre de ne pas aimer assez, parce que l’amour qu’il porte est à une hauteur à laquelle l’autre ne peut accéder. Le libertinage, elle en souffrait maintenant que celui qu’elle avait aimé en usait. Son corps cédait à l’endormissement, à moins qu’il ne s’agît d’une ruse pour qu’il la soutienne encore. Leurs pas crissaient sur les graviers du centre, peut-être les entendrait-on, nourriraient-ils la rumeur? Ils passèrent devant l’entrée de son bâtiment à lui, elle marqua une hésitation, comme si elle lui donnait le choix : continuer avec elle ou arrêter là. Elle se défit de son étreinte et se mit au travers de son chemin. Il caressa sa chevelure déliée, la prit dans ses bras et alla, sans qu’elle s’en défende, déposer un premier baiser dans son cou, puis un second à la commissure des lèvres. Elle se pencha pour le regarder, l’enserra de ses bras et alla s’enfouir de nouveau. Ils restèrent longtemps comme ça, au pied de son bâtiment, à une encablure de sa chambre d’étudiant. Il lui offrait ses bras sans qu’elle ait à expliquer qu’elle n’était pas seule, dans la vraie vie, qu’elle cherchait juste un répit. 

Ils étaient là, dans le silence. Le baiser qu’il lui avait donné, c’était celui que l’instant appelait ; ils n’étaient plus des adolescents, n’avaient plus personne à qui demander l’autorisation. Ils allaient faire l’amour dans cette chambre d’étudiant, se quitteraient au matin, vivraient leur retour bercés d’images, elle redescendrait vers le midi, lui aussi, en s’arrêtant plus tôt, seulement. Ils marchaient dans l’obscurité du couloir, en attente. Peut-être ne se quitteraient-ils pas, iraient-ils jusqu’à tout bouleverser? La 403, déjà. Elle ouvre la porte, sans le regarder. Il est derrière elle, perçoit les petits mouvements de tête nerveux. Il ne sait pas s’il la désire plus qu’il en est fier. D’avoir été avec elle sans avoir pensé la posséder. Elle lui tourne encore le dos, une seconde peut-être, elle balaie sa chambre du regard, doit décider là si elle le laisse entrer ou pas. Il ne perçoit, derrière elle, que les vêtements qu’elle a rangés sur le dossier de la chaise. La veille, elle était en baskets roses, pratiques pour marcher et prévenir du froid ; ce soir, elle s’était faite femme, talons, robe noire à bustier. Elle pourrait se rappeler, des années après, qu’elle a revêtu cette robe parce qu’un inconnu l’a invitée à dîner. Dans l’intention de faire l’amour avec elle ? Qu’allait-il faire qui ne pût ni la blesser ni la décevoir ? Elle se retourna, toujours sur le seuil de la porte. Il vit à la seconde qu’elle se demandait s’il fallait le faire, ce fut suffisant pour que l’impulsion définisse l’action : il passa ses mains autour de son cou, appuya son front contre le sien, dégagea les cheveux qui masquaient son regard. Il se pencha vers son oreille, approcha ses lèvres et, au moment même où elle crut qu’il allait l’embrasser, où elle aurait accepté que l’instant l’emporte, il se mit, dans un murmure, à chantonner une chanson. Au premier Ciao Bella, elle ne put réfréner une larme ; à les autres on s’en fout, elle l’entoura de ses bras, sans rien chercher d’autre qu’il continue. Au dernier tu manques à ma vie, elle sut qu’elle n’oublierait jamais sa voix. C’est juste là, qu’il déposa un baiser sur le bord de ses lèvres, la fit reculer de quelques pas sans la quitter des yeux et referma la porte sur elle, sans bruit.

Extrait de "la 3e jouissance du Gros Robert", 2013, Editions Raison & Passions.


17:46 Publié dans Blog | Lien permanent

01/01/2014

A bon port.

Est-ce le parallélisme, l’alignement parfait des embarcations ou les trois strates que le ciel offre au passant, mais il se dégage de ce cliché, impromptu, non retravaillé, l’équilibre de certaines toiles, le grain d’une œuvre a-temporelle. De celles qui donnent la signification qu’on veut bien y mettre : le cours d’un bras qu’on remonte, à contre-courant, une ville qui s’offre presque à rebours, annonce qu’il en faudra, des heures, pour la dépeindre mieux que je le fais là, dans l’urgence. Souhaitant à tous que l’année leur soit belle et à moi qu’elle m’y mène, enfin.

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19:30 Publié dans Blog | Lien permanent

31/12/2013

Comme en 14!

Regarder in situ le monde tel qu'on voudrait qu'il soit: le chemin le plus court entre le vœu et la résolution.

19:28 Publié dans Blog | Lien permanent