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06/12/2013

Hamba kahle.

Le silence vaut mieux que toutes les hagiographies. Un silence spirituel, respectueux d’une âme qui s’en est allée au terme d’une longue et tumultueuse existence. Ce n’est jamais celui qui part qu’on pleure, c’est ce qu’il laisse de nous, les passions qu’il a incarnées, les idéaux de notre jeunesse dont on accepte moins qu’ils vieillissent que nous-mêmes. Puisque les comptes sont ronds, c’est vingt ans après 68 qu’un homme mince au t-shirt noir à manches longues et à la génuflexion mythique lançait cet hymne qui, après d’autres, accompagnera notre vie jusqu’à ce qu’on se dise que, sans qu’on en ait rien vu, vingt ans et quelques de plus ont passé. Les forces de l’esprit sont grandes sur ses terres à lui, l'Africain capital, que j’ai foulées en me disant qu’on aura au moins partagé ça. Plus l’espoir d’un monde nouveau et plus égalitaire, qui me semble hélas parti avec lui. Mais ça, c’est parce qu’on est triste, pour un moment. La colère, ça revient naturellement.

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05/12/2013

Inimitiés.

Je croise sur le quai de la station de métro cet homme avec qui j’ai passé les deux ou trois premières années de mon cursus universitaire. Un homme très maniéré, déjà, à l’époque, revendiquant un dandysme certain, chevalières, chemises à jabot, vestes croisées. De prime abord, sa culture impressionnait, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’elle ne lui servait pas à grand-chose, lors des exercices imposés : je me souviens que la professeure de Littérature comparée, à qui il objectait que son oral eût été meilleur s’ils eussent été, tous les deux, à la terrasse d’un café, lui avait répondu sèchement qu’il faudrait qu’il travaille davantage pour que ça arrive. Cet homme que je revois ce matin, mêmes cheveux poivre et sel  – un vieillissement parallèle – qui détourne le regard à peu près comme je l’ai fait moi, il ne devine pas, par contre, que je sais depuis des choses de lui qui n’ont guère arrangé l’image que j’en avais : du harcèlement envers une amie proche qui l’a conduit jusqu’au poste de police, de la tournure avortée de la brillante carrière qu’il se prédisait jusqu'à ses échecs répétés dans l’écriture et l'édition. Je replonge dans mon « Mausolées », bêtement satisfait, l’espace d’un instant.

10:19 Publié dans Blog | Lien permanent

04/12/2013

L'indifférence des sens.

Hier, les pas d'une balade sur les quais de ma ville m’ont mené pour la première fois depuis très longtemps vers l’Université des Lettres ; j’ai passé la porte, l’atrium, traversé le petit patio comme si j’allais assister au cours de Littérature au Présent de Monsieur B., personne n’a réellement fait attention à moi, sauf peut-être à mon absence de cartable, à mon air d’enseignant qu’on n’a encore pas eu, qui sait ? Dans les allées, les mêmes étudiants qu’au siècle dernier, la même assurance d’un monde à conquérir. Une sociabilité dont ils ne savent pas qu’ils ne la retrouveront peut-être jamais, ailleurs. Même si c’est autre chose. Je me suis rappelé des prénoms, des visages, les ai imaginés sortir, là, juste après moi, me proposer de poursuivre l’instant, au Café des facultés. Mais je ne me suis pas attardé : à travers une porte entrouverte, j’avais aperçu un jeune professeur, en pleine action, pensé que ça aurait pu être moi, que ça aurait dû. J’ai choisi d’autres voies. Et suis reparti en Vélov’: on les chevauche plus facilement qu’on accepte que les temps le fassent entre eux.

17:37 Publié dans Blog | Lien permanent

03/12/2013

Berges & Ponts.

Les amours exclusives, jusque là symbolisées par le canevas, le sont désormais par les cadenas. Il faut s’y faire.

16:58 Publié dans Blog | Lien permanent

02/12/2013

Va, ma mémoire est inflammable.

Chez Hans Jonas, si je me souviens bien, la perspective de voir l'infamie finir devant l'immortalité est intolérable. Ce sont pourtant les malfaiteurs qui, selon lui, accaparent l'immortalité. Les représentations du passé sont telles qu'il conviendrait presque de ne regarder que devant nous, et rien d'autre. C'est le problème de la vérité, entre l'équité et la dette. La mneme, le souvenir qui nous affecte et l'anamesis, la mémoire qui nous compose. L'épistémologie contre le politique et la morale. Trois mâts, mais une seule embarcation.

17:57 Publié dans Blog | Lien permanent

01/12/2013

Les clés de la boîte à mails.

On est vite dépassé par les technologies censées nous faciliter la vie : au point même qu’en justice, on pense créer un poste de juge de peine des applications.

16:55 Publié dans Blog | Lien permanent

30/11/2013

Les heures pâles.

Ainsi donc, hier, me suis-je amusé, dans une parfaite mise en abyme du temps qui passe, à filmer l’horloge que j’ai récupérée de chez ma grand-mère paternelle. Cette horloge de chez Charvet, Lyon, qui tous les quarts d’heure, ceux de la nuit compris, rappelle l’esto memor et qui, à chaque heure fixe, sollicite Big Ben pour dire qu’une heure de plus vient de s’écouler. Rien de nouveau sous le soleil, aux mécanismes remontés de la réminiscence, mais l’impression étrange de devoir éprouver une mémoire quand toute la technologie récente nous abreuve. Les deuils seront-ils plus faciles à ceux qui n’auront pas d’effort à fournir pour se remémorer un visage, un lieu, une odeur ou une sonorité ou bien tout cela ne contribue-t-il qu’à l’illusion de la présence de l’autre ? Quels types de passage, de filiation, le monde moderne prépare-t-il ? Je garde la mémoire vive de ces moments-là, même si les tableaux s’estompent, peu à peu. Et je remonte l’horloge : elle s’était arrêtée, juste après.

14:31 Publié dans Blog | Lien permanent

29/11/2013

Mots doux sur le PAL.

pal.jpg"J’ai passé une bonne partie de ma nuit en compagnie d’un type qui jouait pas mal au basket ball. Pour quelques instants, je ne suis qu’un type qui joue un peu de rock’n’roll. Je pense à certains de mes lancers qui n’ont pas atteint leur but. Un petit défilé de loupés qui font les voies royales. Normal."




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