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17/03/2014

L'effet Cadbury.

Je me souviens que, à Pigny, dépité d’avoir mis un terme de cette « partie de cache-cache » que j’avais tant attendue, j’en ai rajouté un épisode, une fin devenue alternative, que mon éditeur a immédiatement décrétée comme superflue. Il faudra que je m’en souvienne quand j’aurai tout dit d’Aurélia Kreit, même si tout restera à dire d’elle, après que je l’aurai quittée.  

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16/03/2014

Propitiations.

J’avais proposé, il y a longtemps, à des amis de me donner des noms de personnes qui leur avaient fait du mal : je profiterais du contexte historique de « Aurélia Kreit » pour judéiser leur patronyme, l’ukrainiser également, et leur réserver un sort atroce, que les pogroms et autres persécutions de l’époque que je travaillais autorisaient, hélas. Ce n’était pas malin, mais les exutoires, souvent, manquent de finesse. J’avais moi-même massacré une de mes anciennes connaissances dans des circonstances particulièrement innommables, je dois dire. Et puis, les années passant, les torts se partageant et, surtout, le travail s’étant fait, la sentence s’est allégée, la haine a disparu. J’ai changé le nom de cette femme qu’on a massacrée à Krementchouk. Mieux, j’ai gardé le nom de ma vieille connaissance et l’ai déplacé dans les remerciements, au début du livre.

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15/03/2014

L'anagramme de l'évidence.

photo.JPGIl y a encore mieux que d’aller écouter un auteur dont on apprécie le travail et l’humanité parler de son dernier livre, il y a ces moments un peu privilégiés où celui-ci est invité à parler littérature, plus largement. Je ne me pose jamais la question de la distance quand « l’affiche » m’attire, très largement. Et je suis donc entré dans cette belle petite bibliothèque de Fleury-la-montagne, à quelques encablures de la ville de Roanne dont Christian Chavassieux est, depuis longtemps, un des habitants capitaux – même s’il a émigré vers la campagne à proximité – et un des plus beaux biographes, puisqu’il est acquis qu’une ville a des griffes, une âme et une identité. Je suis arrivé juste quand il commençait, j’aurais aimé me faire plus discret encore, mais la disposition du lieu ne me l’a pas autorisé : en poussant la porte, je me suis retrouvé avec son visage dans l’axe, et si je voulais assumer le côté surprise, je ne voulais pas que mon arrivée le perturbe dans sa présentation des œuvres qui l’ont fait écrivain. Fort heureusement, l’homme a de la ressource, et c’est toujours un plaisir pour moi de l’entendre parler de lecture et d’écriture, parce qu’il sait très bien le faire, de cette petite voix et de ce lexique choisi dont on me dira, juste après, qu’il a la même musicalité que celle qu’il recherche à l’écrit. Chavassieux est venu sans ses bretelles mais avec Pascale, « sa douce », c’est mon deuxième zeugma de la journée. Il parle des livres qu’il a lus, assume que ceux qu’il n’a pas lus l’ont aussi influencé. Il dit des choses qui me parlent immédiatement, comme le fait d’écrire ce qu’il croit nécessaire d’écrire, énonce les verbes lire et lier comme une anagramme de l’évidence. Il dit la difficulté de catégoriser les genres, dans la littérature, prend ses romans comme un modèle de cette quasi-impossibilité : on sait que le Psychopompe utilise les codes du polar pour mieux les dépasser, que Mausolées, son dernier, fait de même avec la science-fiction. Pour les avoir tous lus et chroniqués, je sais que les livres de Chavassieux parlent principalement d’écriture, et réécrivent la vie telle qu’elle devrait être, comme Charon soigne ses chroniques mortuaires, en fonction des valeurs qu’il a lui. A Fleury-la-montagne, on s’intéresse beaucoup à son « J’habitais Roanne », à cet exercice que j’ai appelé en son temps une auto-urbographie, la compréhension intime et personnelle des lieux constitutifs de ce qu’il est, et de ce qu’il est devenu : Roanne, dit-il,  a participé de son identité d’écrivain. Il parle de la musique de ses mots, un autre sujet que nous avons en commun, des scansions et de cette écriture qui s’entend à l’oreille.  Des expériences de petite édition, de poésie, de théâtre avec la NU compagnie, revendique les pièces qu’il a déjà fait jouer mais qu’il ne considère pas comme terminées (trop de texte encore, écrire, c’est effacer), s’excuse de trop parler puis reprend, parce qu’on est là pour ça et que le reste n’a aucun intérêt : c’est dans ces instants que se joue la question de l’âme qu’il a posée en début de rencontre, quand les passeurs de ses livres reçoivent puis transmettent. Il parle de la condition d’écrivain, de la médiocrité (étymologique) qu’il revendique jusqu’à en faire un succès (paradoxe), revient, puisque Mausolées est son dernier, sur les niches des romans non édités, ou édités bien plus tard, et sous un autre titre, aborde la science-fiction et la bande-dessinée qui l’ont longuement porté, passe du Savon de Ponge au Tarzan de E.Rice Burroughs, de Conan – dont il dit que Howard prétend l’avoir écrit sous la dictée de son personnage, ce qui, de Dom Juan à Aurélia Kreit, me parle plus que tout ! – à l’épopée de Gilgamesh, roi d’Uruk, le premier écrit de l’humanité, daté de 5000 ans et contenant déjà, pourtant, une analepse pour commencer.  Un livre dont il s'est inspiré pour écrire "la Joyeuse", qui paraîtra aux Editions du Réalgar, dans la collection de mon "Valse, Claudel". Tout est passionnant, comme prévu, et je me fais signer les exemplaires d’un livre que j’ai déjà lu, mais que je compte offrir. Parce qu’il faut absolument que des auteurs pareils soient diffusés. L’après-rencontre, dans des endroits pareils, est toujours délicieux et les petits fours s’enchaînent, mais je dois rentrer. L’essentiel était dans la rencontre, la part personnel se règlera plus tard. Quand je l’interrogerai en septembre dans « ma » librairie pour « l’affaire des vivants ». Parce que l’homme est prolixe et récolte, récemment, les fruits du travail qu’il n’a jamais cessé de mener. Et dont, je dois dire, je me suis largement inspiré, dans la méthode et dans l’intention. Cerise sur le gâteau, on me rattrape par la manche et on me demande si je veux bien intervenir dans cette petite bibliothèque : le principe de Cachard – selon lequel une petite commune rend une rencontre plus essentielle qu’une grande – a fait le tour de l’assemblée, et ce que Chavassieux a dit de Tébessa, aussi, sans doute. J’irai avec plaisir, bien sûr. Mais avec modestie, également : ça sera dur de passer derrière.

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14/03/2014

Les enfants de novembre.

Dans les cartons que je fais, en même temps que mes personnages font et défont les leurs, je retrouve des archives que j’ai gardées vingt ans ou plus, dans l’espoir de les consulter ou de les exploiter un jour. Qui n’arrivera certainement pas. Mais un autre viendra où les gens qui m’auront connu se demanderont s’il ne vaut mieux pas garder ça encore un peu, une petite vingtaine d’années ou plus. En tout cas, si vous comptez faire une thèse ou un roman sur les manifestations étudiantes de 1986, contactez-moi : j’ai gardé toute la presse régionale et nationale (avec les exemplaires du « Matin », qui n’existe plus), tous les tracts, tous les autocollants. Mais je n’écrirai pas dessus, j’aurai trop peur que les voltigeurs me rattrapent.

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13/03/2014

La vieille Madame Cachard.

Dans “Régis Mille, l’éventreur”, René Belletto, dont j’ai déjà dit que je le tenais comme un des plus grands auteurs contemporains vivants, parle d’une « vieille Madame Cachard ». L’action se passant à Lyon – comme à peu près la moitié des ouvrages de cet auteur – je me suis toujours demandé si l’écrivain avait un jour rencontré ma grand-mère paternelle, figure du quartier croix-roussien. Je ne le saurai jamais, mais alors que, dans l’écriture de mon roman, les temps se collapsent et ramènent Aurélia dans cette même ville, après tant d’aventures, je me sers du jeu de la fiction et vais faire rencontrer à mon héroïne – qui n’a que trois ans de moins que ma grand-mère, née en 1899 – une « vieille Madame Belletto », à l’étage au-dessus. Ça me paraît la moindre des choses.

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12/03/2014

Aliénations.

On ne sait jamais ce qui préside aux histoires qu'on raconte. J'aurais de quoi étaler la vie de mes personnages sur plusieurs volumes de toute une vie, dont la mienne. Le plus dur, avant que commence, cet été, le travail de vérification - in situ, je l'espère - c'est de commencer à accepter l'idée d'avoir à les lâcher. Ce n'est pas le plus facile.

19:21 Publié dans Blog | Lien permanent

11/03/2014

Le métier de faussaire.

Quelle jouissance de pouvoir s’emparer de ses notes prises au Colloque Nizan, en 2005, relire les propos de Benoît Kermoal sur le reportage qu’a fait Polyves (« le camarade journaliste parisien »)  à Brest, durant les manifestations des ouvriers de l’Arsenal, en août 1935, et les adapter aux mouvements ouvriers de la fin 1912, à Paris, dans l’angoisse d’une guerre à venir et les interrogations qui vont avec !

13:21 Publié dans Blog | Lien permanent

10/03/2014

Espace public.

J’ai pris un Gambetta Limonade dans cette ville dans laquelle je n’avais plus mis les pieds depuis vingt ans, et qui s’est livrée, depuis, aux mains d’une municipalité frontiste, laquelle, comme souvent, avait promis de régler dans le même temps les questions de la sécurité, de l’emploi et de l’immigration, en n’en faisant qu’une, ce qui attire les électeurs mais ne produit guère de résultats, au final. Bilan ? Je ne sais pas si c’est la retenue ou le délai qui m’a un peu refroidi, mais j’ai trouvé, autour de son théâtre antique qui jadis reçut tant d’artistes lumineux et qui reçoit désormais des troisièmes choix au motivations douteuses, un endroit sale, abandonné, aux nombreuses pancartes à vendre, comme marqué d’infamie. Peut-être est-ce mon imaginaire qui a joué, mais j’ai laissé un pourboire à l’homme sympathique qui m’a servi ma boisson de jeunesse, pour l’encourager, en somme. Et l’envier, un peu : ils n’ont jamais été aussi prêts de se débarrasser d’un fléau qui ne fait que s’annoncer chez nous.

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