18/02/2014
Fictiobsessionnel.
J’ai souvent dit qu’il fallait écrire les romans que nous devions écrire, mais il semblerait, à l’épreuve, que ça ne se passe pas comme ça : ce sont les romans qui se dessinent eux-mêmes, et « Aurélia Kreit », dans sa démesure, ne fait pas exception : les actions ne sont pas toutes celles initialement prévues, les déplacements non plus, des personnages, je l’ai dit, prennent une dimension qui n’était pas initialement celle qu’ils devaient avoir (c’était déjà le cas d’Emilie dans « la partie de cache-cache ») et les issues, même les issues, dépendent de leur humeur davantage que de celle du romancier. L’image de l’écrivain-démiurge est plus que jamais caduque, chez moi, du moins. Ce sont des choses à accepter : voyez, là, présentement, je suis dans une scène d’action digne des films d’espionnage, un attentat se trame, sur le parvis de l’Opéra de Vienne, en 1910, on y joue Der Schneemann - « le ballet en deux actes, Der Schneemann, de Erich Wolfgang Korngold, le gamin qui avait impressionné Gustav Mahler et qui livrait là sa première pièce publique » - et je ne sais pas, JE NE SAIS PAS, si mon personnage va aller au bout de son action ou s’il va faire volte-face. Vous comprendrez pourquoi, en ce moment, je ne lis aucun livre ni ne vais voir aucun film : toute ma capacité de fiction est accaparée.
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17/02/2014
Gemmélités.
La référence, filée, à Hugo - des bribes de "A Villequier" distillées ici et là - un lointain renvoi à Louise Michel, aussi, l'évocation de l'Exposition Internationale de Lyon, en 1914... Au fil et à mesure qu'il avance, "Aurélia Kreit" se reconnaît une filiation avec un roman qui n'est pas encore sorti mais que j'ai déjà lu: j'en ai reconnu des marques (coïncidences), j'en ai emprunté (clins d'œil). Ce ne sera pas la première, ni la dernière des correspondances, mais le droit d'ainesse vaudra citation. Tant mieux.
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15/02/2014
Rien de 9.
Cet été, j’ai écrit 3X80 octosyllabes, au bord des falaises d’Etretat ; je conçois le roman que j’écris, là, en 3X180 pages : j’en ai écrit 180, puis 100 (j’attaque les 80). J’espère qu’on me versera, une fois dans ma vie, 3X1800€ de droits d’auteur, ça compensera les 3X18000 heures que j’y aurai passées.
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14/02/2014
Train d'enfer.
J’écrivais ce matin : Mes amis musiciens sont si talentueux et si beaux quand ils jouent qu'ils me forcent à être le meilleur écrivain possible. Que trois d’entre eux se retrouvent sur la même scène hier, que j’entende les attendus « Nous pourrons toujours courir » et « le Pêcheur de centimes », et un inespéré et fétiche « Thunder Road » joué pour moi, à l’occasion, a décuplé mes forces, une journée de travail plus loin : j’atteins les deux tiers de ma deuxième partie, des personnages secondaires prennent plus d’importance et de consistance qu’ils le devaient, offrent des ouvertures, des rebondissements. Je m’oblige à la symphonie, je le leur dois.
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13/02/2014
Animisme.
Si j’écris vite ce roman que j’ai longtemps mûri (Choplin a dit un jour dix mois trois pages, dix mois tout le reste, mon Dieu qu’il avait raison !) c’est aussi parce que mon ordinateur donne des signes de faiblesse et qu’il est très dur pour moi d’envisager de continuer sur du matériel autre qui n’aura rien fait pour.
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12/02/2014
Suzanne m'emmène.
A la toute fin d’avril, je partirai pour une semaine à new-York, une destination que je n’avais encore jamais envisagée – je n’aurais pas pu, d’ailleurs, doté que j’étais du beau visa cubain sur mon passeport hélas abandonné ! – mais que je suis ravi de découvrir. Autant pour sa mythologie que pour marcher sur quelques traces, musicales ou littéraires. Sans m’inscrire nulle part : à consulter, aujourd’hui, les étals de ma librairie, je renonce définitivement à quelque catégorie que ce soit, au vu du travail que je suis en train de faire. Un beau signe du destin a voulu qu’au même moment, et de façon naturelle puisqu’elle est là-bas chez elle, je puisse aller écouter un récital de Madame Suzanne Vega, que je vénère absolument, et Dieu sait que c’est pas mon genre. Une belle coïncidence, comme je les aime, une façon élégante d’aller lui rendre visite chez elle quand la première fois que je l’ai vue, c’était en décembre 1987, à deux pas de là où j’habite maintenant.
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11/02/2014
Jakobson of a bitch.
La difficulté – et l’intérêt – de situer un roman dans une période marquée de l’Histoire, c’est de ne pas tomber dans le registre didactique, et restituer au lecteur une somme de ce qu’on vient d’apprendre, souvent. C’est l’appropriation-restitution qui importe, un va-et-vient entre la fonction référentielle d’un côté et, de l’autre, les expressive et poétique réunies. Dans un roman, on se prépare la chance de ne pas avoir à approfondir tel sujet, on peut se poser la question, au pire, des notes en bas de pages – lourdes – en fin de l’histoire ou la possibilité de l’absence de notes. Un rappel en remerciement, des sources données ici et là et hop ! l’obligation morale qu’a le lecteur, désormais, de choisir l’épistémologie plutôt que la paresse. Mais là, ça ne nous regarde plus : nous, on espère qu’il a aimé l’histoire, et que l’Histoire l’a intrigué.
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10/02/2014
Grroinnk!
J'ai le sens de la structure romanesque comme les chefs de clans corses celui de la démocratie: eux bourrent les urnes, moi je fais un plan très précis. Mais après, eux comme moi, on jette le tout à la mer et c'est le plus fort qui gagne.
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