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01/05/2014

Thursday Morning.

image.jpgL'arrivée à New-York est généralement racontée sous le prisme du gigantisme, preuve que rien n'a changé depuis Céline. Les superlatifs dont j'userai resteront donc météorologiques puisque c'est sous une pluie dantesque, après un vol interminable soumis aux mêmes conditions de discourtoisie que les étapes précédentes, après un passage aux douanes somme toute paisible et rapide, que notre taxi coréen nous emmène de "Djieffequai" à notre hôtel. Un petit périple d'une demi-heure dont le seul intérêt est de découvrir les dimensions démesurées des panneaux publicitaires et l'état des routes, hors centre-ville. Avec la part de rêve en prime, quand même, les noms des sorties de périphériques, la Main Street sans exile, et, très vite, la direction sacrée, mythique, Manhattan. Qu'on suit, jusqu'à bifurquer sur le Queens, puis se faufiler dans les rues perpendiculaires aux grandes avenues. Des affiches gigantesques vantent les mérites des Giants, je croise un grossiste en fleurs qui livre dans une ambulance, et puis là, premier signe: la plaque d'égout qui fume, juste en bas des petits pavillons aux trois quatre marches d'escalier, dans l'imaginaire, ça va de Woody à Scorcese en passant par Sex & The City. Mais déjà, après trente minutes de soupe FM et d'une Macha Béranger locale, le conducteur nous gratifie d'un look look qui n'a rien de coréen: au détour de la 5th Avenue, c'est l'Empire State Building, bleu et rouge au sommet comme le crayon de la Part-Dieu, mais disons que... Ah non, on a dit qu'on n'en parlerait pas. kIl faut débarquer en triple vitesse parce que l'orage redouble. On s'effondre tout habillé parce que la journée a été double, sans nuit entre. Aujourd'hui, c'est le 1er mai. J'ai 45 ans, j'ai écrit Aurélia Kreit et je suis à New-York. It´s up to me.

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30/04/2014

A heart (soon) In New-York.

Plus j'avance dans l'âge et plus je me rapproche du XIXe siècle, j'avoue que ça à un côté pratique. Se rendre compte au dernier jour d'avril et des lilas blancs qu'on m'a gentiment offert - pour que je passe mes 45 ans sans trop d'encombres - un voyage à New-York il y cinq mois et qu'il est l'heure que j'y aille. Enfin, l'heure, c'est relatif, quand on va à l'autre bout du monde, à des endroits où il est cinq heures plus tôt que celle où j'écris ces lignes, ce qui fait qu'elles me survivront peut-être, en cas de crash. Un peu comme "le Monde" du lendemain. Je suis donc là, à Orly, dans une de ces villes-fantômes qui ont fait que, depuis quelques années et après en avoir bien profité, je préfère les voyages immobiles aux vrais, qui m'obligent à subir, avant d'apprécier, trop de contingences, des trains et bus bondés qui témoignent trop de la disparition de toute forme de courtoisie et d'espace public, jusqu'aux employés grimaçants des aéroports qui ne l'ont jamais connue. Mais je ne vais pas faire la fine bouche: dans quatorze heures de plus que les quatorze heures qu'il est, je vais connaître cette ville de cinéma et de littérature à laquelle personne n'a échappé. Dans laquelle je rédigerai les chroniques qui suivront.

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27/04/2014

Problème.

Le tatoueur dysorthographique faisait demi-tarif, et uniquement aux amateurs de cols roulés.

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26/04/2014

Hyperboles.

Cette réflexion, ce matin, entre deux corrections d’Aurélia : c’est laquelle, la plus belle chanson du monde ? Evidemment, une fois intégré le fait que l’avis peut changer toutes les heures, et ramené le choix à la chanson française, plus la contrainte de se dire que ce serait la dernière qu’on aurait à écouter, moins celles que j’ai écrites pour Eric et qu’il chantera à mon enterrement, tout cela crée un sacré casse-tête. Jusqu’à ce que l’évidence se rappelle et me remémore cet instant pas si lointain, pourtant, où j’allai jusqu’à pousser la chansonnette en pleine présentation de « la partie de cache-cache » dans une librairie qui portait le nom de cette chanson-là, écrite et intégrée en plein film par un homme secrètement amoureux d’une actrice que le réalisateur filmait amoureusement, lui aussi, ravivant le ménage à trois du livre du même nom, qui a marqué ma vie plus qu’il aurait dû le faire. Alors voilà, les classements ne servent à rien, par définition, mais quand la plus belle chanson est dans le plus beau film qui adapte le plus beau livre, il y a matière à faire une note, non ?

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25/04/2014

Rencontre.

Ce jeune homme bien mis vient me voir et me remercier de l'avoir tiré vers le haut, voire parfois, un peu, brutalisé, dans sa paresse d'époque. Il semble avoir réussi sa vie, et je me réjouis, de mon côté, qu'on puisse, à n'importe quel âge, entamer une carrière de dictateur. Il suffit d'en connaître la visée.

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24/04/2014

Vitas & Védèche, In Vivo.

1456599_763694420321065_1586155415_n.jpgIl y a plusieurs façons d'aborder un concert de Nicolas Vitas et de son acolyte Gérard Vedeche. On peut, comme les fois précédentes, se présenter à l'Atmo où, tous les jeudis, le duo alterne un répertoire rock des 50's, et le répertoire perso de Nicolas Vitas, mélange de chansons perso et jubilatoires, les deux phases du personnage. Vitas et Dgé, c'est le roman picaresque adapté à la chanson, que Gérard déteste, quand elle bavarde, c'est une donne qu'il a fixée. Après, rassembler une quinzaine d'amis pour investir un lieu pas toujours favorable à l'écoute est une août façon de faire, celle qu'on a choisie ce soi, juste là, au moment où j'écris ces lignes. Vitas entre, place déjà ses mots, Dgé l'accompagne au ukulelé, et c'est " le nez au vent" qui démarre, sur son accent mi-toulousain, mi-picard, qui touche, d'entrée. Les chemises se répondent, les accords aussi, et l'on net dans le pick spécial de Vitas, qui m'aurait fait dire, le même jour, à midi, à un guitariste débutant mais prétentieux, qu'il devrait davantage s'entraîner. Dommage que, déjà, certains habitués s'approprient une place au bar qui empiète presque sur le scène: on n'a pas tous les mêmes valeurs. Mais ça commence à swinger, derrière le comptoir comme dans l'auditoire, sur "Je me suis oublié", premier solo de Dobro du père Védèche, au gilet doit comme un i. C'est le moment de l'entrée de "Tout est là", qui envoie du bois juste comme il le faut à ce moment: tout petit et tout beau, le duo prend ses marques, même si, définitivement, les spectateurs qui tentent de parler plus fort que la musique me font poser des questions sur le genre humain, et l'avenir du spectacle vivant. On s'en fout, ça accélère, la descente de Dobro s'achève sur un "tout est dit", belle antiphrase contredite par la "balle perdue", hommage nougaresque à Bourvil, comme quoi cuisine au beurre et à la graisse de canard peuvent cohabiter, sans trop de soucis. Il y a des messages cachés dans les chansons de VITAS, clown triste, qui dit avec entrain les soucis les plus métaphysiques possibles, comme la séparation, l'amour et son déni. C'est plus profond que ses lancements, il le sait, et peu importe l'attention compliquée, il entame " vider son sac", une chanson qui ferait aimer Vitas à toutes les femmes qui l'écouteraient. Dgé, au lapsteel, souligne les rimes en aque, qui claquent, autant sonorement que dans le conscient de ceux qui l'écoutent. C'est osé de balancer une ballade comme ça, en début de concert, mais ça fait taire ceux qui ne l'écoutaient pas. Deux trois hésitations, et c'est quasiment un son de pedal-steel qui lance "le Couteau". "Devenir ce que l'on est", Vitas se fait philosophe pour avancer dans son univers de blessures et de thérapies par l'écrit. Quelques claques sur les cuisses, et Vitas entame son one-man show de "Ce que je voulais dire", autoportrait physique et sudouestiste, flamencisé par Thierry, qu'on ne retient jamais longtemps. ¡Ole! Une ou deux longueurs de Dobro suffisent à reconnaître ce morceau que j'ai des le départ placé dans mon Panthéon personnel, "Nous pourrons toujours courir", dont j'aurais rêve écrire le texte, mais que, de nouveau, on écoute mal, dans ce bar. Ce n'est pas grave, les gens que j'ai invités sont dedans, eux,et le finale est enlevé, et c'est le petit assis, là, qui enlève l'admiration. Pas de transition, Vitas a décidé de faire sobre, mais on sourit, ceux qui connaissent, parce que c'est "tu y verras mieux demain" qui ouvre la Valse psychanalytique, je veux dire celle qui m'a fait perdre mes sept derniers psychanalystes en un an et demi, à force que je leur chante tidadada à longueur de séances. Ça rallonge tant qu'il y a du plaisir, et on les comprend. Ça y est, il y a le feu à l'Atmo, et je suis content de partager mon traumatisme. Les castagnettes, ça va pas avec tout, ose Védèche, pendant que les accords lancent "le Printemps au vestiaire", qui ne passe toujours pas chez moi et laisse, dans l'espace, l'occasion aux parleurs de nous faire profiter de leur brouhaha: à chaque fois, je m'imagine à la place de Dgé et fais le décompte des morts qu'il y aurait. C'est pour ça que je ne "joue", avec mes camarades de "Littérature & Musique", que dans des endroits où l'on écoute, ou l'on s'en va. C'est dommage pour eux, "le Pêcheur de centimes" enchaîne et c'est une des plus belles chansons que j'aie jamais écoutée. Je ne dirai rien d'autre: s'ils ne savent pas entendre, c'est leur problème. Moi, j'ai des oreilles, une queue et du goût. Nico sait gérer ça, même s'il doit y avoir une légère amertume à l'idée de faire danser les mêmes une semaine sur deux... Il le dit lui-même, pourtant, "je suis de bon conseil, après coup", et qui sait ce que cette sagesse, et la bouteille qu'il continue de prendre, l'amèneront à faire. Mais c'est pénible de devoir forcer la voix seulement parce que d'autres n'ont aucun scrupule à le faire. Le show continue, et si je sais la confiance que Thierry et Claire lui font, j'aimerais emmener mes amis l'écouter dans de meilleures conditions, ou venir avec trois ou quatre premières lignes de son pays d'origine. Histoire de régler la question une fois pour toutes. Nico l'a dit à l'apéro avant, un jour, il se fera tatouer sur le bras: je ne suis pas un juke-box, et pourtant, le consumérisme ambiant, qui touche aussi les Pentes de la Croix-Rousse et peut-être même plus qu'ailleurs, lasse. Je fais un signe au plus grand des bavards, il me le renvoie, goguenard. La dernière fois, on m'a répondu: "excuse-moi de vivre". Si vivre, c'est passer par-dessus un artiste vivant, eh bien, ma foi, je préfère mourir, en somme. Mais revenons: une fois "lessivé" essoré, "le ciment de nos pleurs" bute sur une voix un peu retenue, mais s'élève sur le lapsteel, qui ne doit pas avoir beaucoup de retour, sinon le cul rouge de la dame venue régler son addition. Allez, on envoie, meilleur moyen pour des musiciens d'éviter la neurasthénie. Les chaussures orange, marque de fabrique du gaillard, s'approchent de son Sancho Pança, cherchent un peu de réconfort et récoltent un lâcher-prise, à coups d'éléphant et de mouette au lapsteel. C'est "au nom du pire", et son scat, qui terminent le show et honnêtement, on préfère, puisqu'on ne peut même plus dire que l'écoute est mauvaise, il n'y en a plus. À part les quelques convives du début de soirée qui ont tenu. Vitas remercie, annonce qu'ils vont venir boire des coups et que ça va être bon. Mine de rien, ils ont tenu le show, près de deux heures de concert, et ceux qui n'ont rien écouté sont ceux qui en redemandent le plus, me dit ma voisine. C'est l'occasion pour Dgé de reprendre le ukulelé, "son plus bel organe". Vitas demande l'attention, et au moment où il lâche, enfin, en fait vous en avez rien à foutre, quoi,  le silence se fait, et là, pour le dernier, tout ce qui fait le duo, un fine, ressort: l'interdépendance, le texte, la diction, le Vitas & Védèche show, à qui il ne manque que la testostérone qu'il tourne en dérision, dans la chanson. Ça tombe bien, au risque d'assumer ma misanthropie, le jour où elle sera au programme, j'aurai piscine. Allez, triomphe! Va comprendre.

Photo Vincent Assié.

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En boucle.

Aujourd'hui, parce que j'allais revoir une amie de vingt ans, les gens que j'ai croisés, sur le chemin, en avaient vingt de plus et me rappelaient tous qu'un jour, on allait définitivement être plus vieux que ce que nous pensons l'être, et le penserons longtemps.

16:57 Publié dans Blog | Lien permanent

23/04/2014

Brèves de métro (10 - de der).

Très tôt ce matin, ce jeune homme à la moustache naissante, au corps massif et mal dégrossi, il a des mains immenses, qui triturent le sac plastique transparent qui détonne sur son bleu tâché de peinture. Dans le sac, une bouteille de jus d'orange entamée, un sandwich, une compote de pomme. Il pense peut-être à sa Pologne natale, à la famille restée là-bas, au mandat qu'il envoie chaque mois et à la maison qu'il y construit.

08:58 Publié dans Blog | Lien permanent