09/04/2014
Brèves de métro (3).
Le matin, très tôt,à heure fixe, les mêmes visages fatigués, et, une fois de plus, ce grand jeune homme mou, dégingandé, qui occupe à lui seul l'espace de l'Escalator, et dicte son rythme. Je le double, agacé, sans me rendre compte que je marche sur le sol tout juste nettoyé: dans le regard de l'homme de ménage, la même et terrible accusation de mépris que je lançais, il y a vingt-cinq ans, quand on marchait sur mes couloirs, fraîchement lavés, de l'hôpital de la Croix-Rousse.
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08/04/2014
Brèves de métro (2).
Triste remake des premières scènes de "Metropolis", ce matin, avec ce wagon qui régurgite tellement de passagers que ceux qui attendent à quai sont incapables d'y entrer tous et doivent patienter, encore, pour rejoindre l'usine. A l'intérieur, à travers le Plexiglas, l'air élu, immédiat et fugace, de ceux qui y sont.
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07/04/2014
Brèves de métro.
Lui tire autant qu'il peut sur la paille en plastique, mais le gobelet de soda qu'il a demandé à emporter dans une grande chaîne de fast-food est désespérément vide; il porte une casquette à l'envers, des baskets bleues, et la première impression qu'il donne, c'est qu'il est déjà trop vieux pour ça. Elle, même quand lui et la sonnerie la préviennent qu'on arrive à destination, ne lâche pas son portable, sur lequel je vois les bulles de toutes les couleurs qu'il faut aligner et qui passionnent mes contemporains, à l'heure actuelle. Elle ne fait guère plus jeune que lui, somme toute. Ils ont tous les deux des écouteurs, écoutent peut-être la même musique, mais pas ensemble. Je replonge dans mon livre, mais l'idée m'obsède quand même un peu, jusqu'au soir: que vont-ils faire de leur vie déjà si déterminée?
19:20 Publié dans Blog | Lien permanent
06/04/2014
Enfans (celui qui n'a pas la parole).
J'explique à mon fils, à l'instant, que si la morale n'est pas obligatoire, elle est nécessaire à toute conduite d'une vie humaine, qu'on jugera au chemin qu'elle aura tracé. Le droit chemin est connoté, religieusement, mais l'éthique permet de discerner la juste ligne qu'on s'est fixée, et qu'on tient, tant bien que mal, justement. Et là, la réponse tombe, lapidaire: "laisse tomber, c'est pour mardi!".
20:52 Publié dans Blog | Lien permanent
05/04/2014
Pérégrination.
Dans les villes que l'on a quittées depuis longtemps, on ressent plus les destins croisés de tous ceux qu'on y croisaient régulièrement que leur absence, quand on y retourne.
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04/04/2014
Nécessité de mémoire.
A ma gauche, le beau jardin d'Eve, dans le Loiret, au Nord d'Orléans, sa pergola, ses petits carrés fleuris et pédagogiques: un petit îlot de paradis où je me suis égaré, en accompagnant quelqu'un. A ma droite, longeant les entrepôts, une ligne de chemin de fer rouillée dont je ne peux ignorer, quel que soit le bien-être environnant, qu'elle conduisait sans doute au camp d'internement de Pithiviers, la ville voisine. Dans le même temps, la fin d'"Aurélia Kreit" veut proposer une réflexion sur la fatalité. On n'est jamais tranquille.
14:54 Publié dans Blog | Lien permanent
03/04/2014
Gros bras.
On pourra toujours ergoter: le seul révélateur de la culture, c'est le déménagement.
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02/04/2014
Devant le néant.
La pochade premieravrilesque d’hier ne doit pas me détourner de mon objectif : j’attaque les derniers jours de la première phase de l’écriture. Les derniers instants, les dernières scènes, le choix des derniers mots. Je regarde l’ensemble, épais matelas d’un moment invraisemblable de ma vie. Et je repense à toutes ces années pendant lesquelles je me donnais l’impression de débarrasser le bureau pour m’y mettre, sans rien faire. Maintenant, je trouve des prétextes pour retarder le moment de la fin, la peur du vide : relecture, réécriture, équilibrage sont un autre exercice, fastidieux, mais moins prégnant. Mais tout va bien, même si mes avenirs d’édition sont encore très obscurs : à quelques pages de la fin, je peux le dire et me regarder en face, j’ai écrit le livre que je voulais écrire.
18:39 Publié dans Blog | Lien permanent