25/11/2015
De là-haut, sur la pierre, on voit loin.
Je regarde les images en action, elles ramènent les fabuleux instants vécus, quatre jours durant, il y a un an. Un an au cours duquel des milliers d’heures se sont écoulées à les mettre en ordre, à mixer le son, à rattraper les erreurs (humaines), en laisser d’autres (humaines). Une année au cours de laquelle les mots que j’ai écrits in situ ont servi de fil rouge au film, jusqu’à laisser trop d’importance à leur auteur : on pourrait croire qu’il était au courant. Je n’en dirai rien, pour l'instant, parce que je savoure d’être un privilégié : de l’aventure, servi un peu avant les autres. Mais l’esprit de la route est là, et il est en phase, complètement, avec ce qui sortira de moi bientôt : qu’est-ce que la scène dit des êtres qui s’y produisent et, forcément, doivent en descendre, une fois les lumières éteintes et la salle vidée ? Je revis des moments qui ne m’ont jamais quitté, il y a comme un déphasage entre ce que je vois et l’idée que ce temps-là s’inscrit désormais dans l’ère du souvenir, gravé. Une trace inaliénable, comme un livre, moins la solitude de l’exercice, l’entière responsabilité de l’assumer, derrière. Je suis infiniment fier de ce travail-là, peut-être parce que je n’ai rien fait, justement, à part essayer de leur rendre une partie de ce qu’ils m’ont apporté. La totale des chroniques est là. Mais l’important, pour les curieux et les collectionneurs (série limitée à 300 exemplaires), c’est là. Le générique de fin m'a laissé exsangue, je ne vous dis que ça.
photo: Val Lefebvre
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24/11/2015
Transition.
Reconnaître, dans l’activité des hommes, leur tenue, leurs gestes, des traditions ancestrales, des apprentissages sur le tas, les confronter à ce qui a dû changer, un peu plus de plastique, des relevés scientifiques discrets, deux mondes qui se côtoient et s’ignorent dans le même temps. Depuis qu’elle les a filmés en 1961, les pêcheurs de la Pointe Courte d’Agnès Varda n’ont changé que de génération, pas de métier. Mais le lâcher d’anguilles, dans le port, a des reflets d’antan.
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23/11/2015
Tout doit disparaître.
Ok, c’est bon. D’abord relire LA lettre, d’il y a un an, pile, ou presque, des remarques sur un manuscrit, celles que personne ne m’avait faites, encore. Considérer, après une phase de déni d’une même durée, à la louche, qu’elle est encore plus violente qu’elle avait paru l’être à l’époque, et Dieu sait qu’elle l’était, déjà. Ouvrir le fichier maudit, se convaincre qu’il y a matière – y’a tout, mais c’est pas en place, la sentence fétiche d’un ami musicien – mais qu’il faut tout défaire, tout reconstruire, éliminer, des actions, des personnages, des lieux, peut-être. Retravailler, refaire, remettre, en Canut, l’ouvrage sur le métier. Etre à mi-chemin entre le découragement et l’excitation. Se dire que personne ne nous attend et qu’on travaille toujours pour soi, d’abord. Pour avoir créé. Une millième fois depuis près de dix ans –que de visages, que d’existences, que d’histoires sont passés ! – débarrasser la table pour s’y mettre. Et ne plus perdre de temps. Pile à l’heure, dans ma vie, néanmoins, comme planifié : à regarder ma bibliographie dans le livre à paraître, inespéré il y a un an, pile, ou presque, les choses prennent du temps mais finissent par arriver.
(Miossec/Eicher)
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22/11/2015
36 choses à faire avant de mourir*.
- 33 - Ecrire un dernier roman à l’âge auquel Nathalie Sarraute a écrit le sien.
- 34 - Dire au-revoir à ceux que j’ai aimés.
- 35- Me dire au bout de ma vie que j’aurai vécu la mienne
- 36- Mourir en m’endormant sur un banc Place Colbert.
*Pour les trente-deux premières, s'adresser à Pré#Carré Editeur.
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21/11/2015
Il faut qu'on rie.
Quand les twin towers se sont effondrées, le réflexe de Jean-Louis Pujol a été de peindre ce qui n’étaient que des images qui passaient en boucle et conditionnaient le cerveau : le tableau est toujours dans les appartements de Cécile et Laurent Quillerié, à Bourges. Mardi, toujours dans l’hébétude, mon vieux complice Eric Hostettler m’a demandé comment je voyais les choses, sous-entendu comment je les écrirais, comment lui les mettrait en musique. Comme dans les meilleurs moments de la création – jamais les bons au sens où on entend le bon moment - j’ai cessé ce que j’étais en train de faire, sans qu’on me remarque, j’ai jeté des mots sur le papier, sans y revenir. Une heure après, la première version, brute, m’est arrivée. Ensuite, il s’est enfermé dans son studio d’Eloise et la chanson, la voilà. Elle n’a aucune autre destination que de penser, une fois encore, à ces beaux visages que leurs proches ne verront plus.
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19/11/2015
Tranches de vie.
En 1974, Serge Lama chante « Chez moi » et Régis & Nicole décident que la JOC, c’était bien joli, mais qu’il faut que la France avance. Puisque Chaban-Delmas se défausse, c’est à un jeune auvergnat qu’ils décident de confier leurs voix, même si Nicole commence à se dire qu’elle irait bien voir du côté des écolos. Mais l’époque ne s’y prête pas, et quarante ans plus tard, personne n’aurait imaginé que l’Ex de Chamalières s’adonnerait à la littérature érotique en compagnie du fantôme de Lady-Di.
19:29 Publié dans Blog | Lien permanent
18/11/2015
Hûrun‘în & Hurry Up!
Le problème majeur des imbéciles, c’est qu’ils ne sont pas instruits. Sinon ils sauraient que des soixante-dix hûrun‘în qu’on leur a promis au paradis, pas une de ces Pures aux yeux d’une grande beauté – la traduction littérale – ne voudrait d’eux: elles sont là parce que leurs actes furent vertueux.
NB: dès demain, recommencer à parler d'autre chose, continuer à vivre. N'y revenir que quand Eric Hostettler aura terminé la chanson qu'il m'a demandée sur le sujet.
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17/11/2015
De la communication scientifique (et de Pierre Dac, aussi).
Les habitats en résilience considérés, il convient que les livrables opérationnels, au vu des attendus de mission, considèrent l’acceptabilité de risque et le caractère obsolescent du problème, de l’intérieur et au-delà. Propos difficilement retranscrits de différentes interventions entendues aujourd'hui, je ne dirai pas où, par contre. Sauf que ça m'a furieusement fait penser à ça, et m'a rappelé que les êtres les plus brillants n'ont pas besoin de Powerpoint abscons pour se faire (mal) comprendre.
19:44 Publié dans Blog | Lien permanent