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19/09/2011

Therapy

Au bout de dix années de thérapie, elle avait fini par confier à son psychanalyste que deux choses la terrorisaient : les toros et les clowns. Pour la sortir du marasme dans lequel, selon lui, elle se complaisait, il l’avait inscrite au « Toro piscine » des Intervilles de sa commune. Il ne ressentit aucun étonnement quand elle lui planta une banderille dans l’échine, à la fin de la séance d’après. Juste de la douleur,  et puis plus rien.

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18/09/2011

La destinée des humbles, 2.

À l'identique ou presque, dans le film de Bertrand Blier, "Mon homme", sorti en 1996, une passante glisse à Olivier Martinez qui fait la manche à contre-courant d'une foule indifférentiste (j'assume le mot!) : "remettez votre bonnet, vous allez prendre froid!". Je me souviens de ça parce que cette anonyme-là, qui le fut moins que les autres, c'était Elsa Peruchetti, l'amie du formidable Richard Perret, qui comptait dans ma vie et que j'ai perdu de vue pour de mauvaises raisons. Elsa ne m'a croisé qu'une ou deux fois et ne se rappelle sans doute pas de moi, mais je n'ai jamais oublié sa réplique, qui doit lui valoir - c'est justice - quelques micro-cachets à intervalles réguliers. De l'ordre des 13,89€ que j'ai touchés de la SACEM pour "Je connais mes limites"?

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17/09/2011

La destinée des humbles*

En 1989, dans "Un monde sans pitié", d'Eric Rochant, Nathalie (Mireille Perrier) est à un arrêt de bus quand Hippo (Hippolyte Girardot), qui l'a cherchée toute la journée dans les couloirs de Normale Sup, rue d'Ulm, l'aperçoit et stoppe net sa vieille 403. Il l'invite à monter, elle hésite, elle ne connaît de lui que sa réputation d'inactif vivant de petits trafics. De séducteur, aussi. Elle est là, il lui sourit, insiste, elle ne sait pas quelle décision prendre. Tout est si décalé, dans cette version moderne et désabusée du Misanthrope: qu'allait-elle s'encombrer, cette femme à qui tout réussit, d'un parasite qui ne lui promettrait rien? Elle en est là, Nathalie, de sa réflexion, quand un homme, qui attend le bus comme elle, lui dit vertement: "Ben, allez, montez! Ça va pas vous bouffer!". J'aimerais savoir ce que ce comédien est devenu et ce que ça fait d'avoir participé, le temps d'une réplique, du mythe d'un film sottement dit générationnel.

* une belle expression, décidément. Merci.

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16/09/2011

La Chute du cheval.

Un peu de baume au cœur. J’ai rencontré hier des amoureux du livre et de la lecture. Ils vivent dans des sous-sols de médiathèque ou dans des petits réduits de (petite) boutique, mais ce sont de belles personnes. Qui ont du goût dans leur choix, leurs sélections et le souci des autres. J’ai pris date avec elles, vous en saurez plus bientôt. J’ai parlé d’autres auteurs de mes amis dont certains leur avaient parlé de moi, ça remet un peu d’humanité au cœur du système. Un peu comme d’habitude depuis quelques décennies, maintenant, j’attends que toutes ces semences prennent, qu’arrive le moment de la récolte. Tout en n’étant sûr de rien, puisque c’est un postulat.

Hier, pas de note, j’étais en villégiature chez mon frère choisi. Je suis arrivé quand il sellait les chevaux, pour la balade de deux de ses amis. Parce qu’il ne supporte pas la vision de l’échelle ( !), le demi-andalou qu’il possède s’est cabré. L’autre a eu peur, s’est agenouillé – si tant est qu’on puisse dire ça pour un cheval – puis s’est affaissé sur le côté, comme évanoui. J’ai eu peur d’avoir à vivre à mon âge la scène de « Stewball » qui m’a traumatisé enfant. Et puis, une fois l’Andalou écarté, l’autre s’est relevé, tranquille, a trottiné comme si de rien n’était. Il a été rebaptisé Sarah Bernhardt, depuis.

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13/09/2011

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11/09/2011

"Trop pas!" - la couv'

Merci à Véronique Frémiot, l'infographiste qui vous demande d'abord ce que vous attendez, puis fait ce qu'elle veut et qui a finalement raison! Il reste du travail avant que l'objet soit disponible (sortie décembre 2011), mais c'est un avant-goût. Et une façon de se raccrocher à ce qui va arriver, plutôt qu'à ce qui s'est passé.

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10/09/2011

Commissaires-mépriseurs.

Image 4.pngLa dernière fois, j’avais procédé par périphrase. Là, je le dis, c’est à Bourges que ça se passe. Bourges, la ville où Malraux a inauguré la première maison de la culture. Des artistes, justement, du moins l’un d’entre eux pour commencer - mon ami Jean-Louis Pujol - décident de s’engager au profit des enfants irradiés de Fukushima. La cause est noble, un galeriste, Laurent Quillerié, de Pictura – mon premier éditeur, pour les livres d’artiste réalisés avec Jean Frémiot – offre gracieusement les services de la galerie, ouvre son réseau. L’action est (trop ?) rapidement menée, d’autres artistes adhèrent, proposent des œuvres. La vente se fait un lundi, au début du mois de juillet, seule la presse locale relaie l’information et son correspondant, pour éviter une répétition, utilise l’expression « vente aux enchères » (voir l'article). Faut-il dire que, par jeu, une des œuvres en vente s’est arrachée à coups de surenchères de 10€, entre amis ? Disons-le. Mais qu’on aille taxer les jarretières des mariées, alors, ou interdire toute performance artistique mimant la geste des commissaires-priseurs. Autre chose, le bilan : cette vente humanitaire a rapporté 1300€ pour près de 40 œuvres vendues, soit des cotes très inférieures à celles du marché pour les artistes présents : normalement, dans un vrai « gala » de bienfaisance, la cause aurait voulu qu’on mît plus d’argent qu’elles n’en valaient. Mais, encore une fois, l’action a été menée rapidement, les artistes se montrant d’ailleurs les principaux acquéreurs, au final. L’occasion d’un Thimonnier ou d'un Badaire à 40€, le tout pour une association franco-japonaise, un entre-soi bon enfant. Et pourtant…

Pourtant, les vacances passées, Laurent Quillerié a été convoqué au commissariat parce que l’étude des commissaires-priseurs de Bourges a porté plainte. Son responsable, Me Darmancier, a d’abord piteusement argué du fait que son syndicat l’en avait obligé, que ce ne serait qu’une main courante. Ce que les policiers, écoeurés, ont infirmé : la plainte passera bien par le Procureur de la République et peut aboutir à l’annulation de la vente, à l’énoncé d’un délit et à une condamnation. Justice de classes, ou comment se payer sur de l’humain, quand on spécule soi-même au quotidien sur des successions ou des saisies. Le dégoût serait complet si cette farce ne se déroulait pas dans l’atmosphère feutrée et flaubertienne de la bêtise provinciale : chez ces gens-là, Monsieur, on convoque en douceur, on ne menotte pas. Pour peu que quelqu’un demande pourquoi, vous pensez… Faut-il faire le lien avec d’autres activités de Laurent Quillerié, dont le « Berry Ripoublicain » a fait plier, par jet d’éponge, Hortefeux et ses sbires dans l'autre procès des caricatures, l’année dernière ? Il semblerait, une fois le coup de blues passé, que l’effet produit soit inverse et c’est heureux. Dans ce petit théâtre picrocholin, un absurde chasse l’autre, pour autant : Quillerié est l’heureux détenteur d’une collection d’œuvres impressionnante bien connue de la Salle des Ventes de Bourges (qui n’organise jamais de ventes humanitaires, tiens…), lui-même connaissant parfaitement les lois liées à la vente d’œuvres d’art.  Donne des cours (particuliers) aux enfants des personnes qui aimeraient qu’il se taise, quand il ne les donne pas (collectivement) à des enfants des quartiers de Bourges qu’ils ne connaissent pas.

Les petits combats font les grands changements. Ce blog, je l’ai déjà dit l’année dernière, n’a pas d’autre vocation politique que celle de l’esthétique. Ça ne m’empêche pas de me demander comment se dit indignation, en japonais.

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09/09/2011

Un bout de roman avec des dialogues dedans.

Extrait du Dîner, un roman qui existe et que je reprends de temps en temps, quand ça me chante. Ou quand j'ai faim. Dans ce roman, la maîtresse de maison confie à ses invités - qui ne se connaissent quasiment pas entre eux - qu'elle a le fantasme de suivre quelqu'un dans la rue jusqu'à en savoir plus sur lui. Ce qui n'est pas au goût de certaines de ses amies. Il me manque une fin à cette histoire: je ne l'écrirai que quand l'envie de mêler le vécu et l'écrit et, par conséquent, de trucider un des personnages dans d'atroces souffrances, m'aura passé.

 

Fallait-il qu’elle l’aime, sa Laure, Julie, pour avancer à sa place des choses auxquelles elle ne croyait pas ! Julie, qui aurait remonté le cours du temps pour revoir, une seule fois, le visage de cet homme qui ne l’avait trompée que pour la mort, absurde, violente, subite, à laquelle elle ne s’était jamais résolue parce qu’on ne peut se résoudre à l’injustice. A l'impression d’en prendre pour perpétuité. Julie que le sujet ne concernait en rien et qui aurait justement pu trouver matière à rester silencieuse. Qui ramenait le curseur de l’embarras sur moi quand je l’avais déplacé sur Laure et qui, consciente que sa  parole avait du poids, s’était un peu plus enfoncée dans son fauteuil pour me laisser lutter seul : l’axe latéral de la table avait parlé.

- La banalité, oui. Mais après tout, Laure n’a pas parlé d’aborder la personne, non ? Alors, ce n’est pas celui ou celle qu’on suit qui a de l’importance, ce sont les projections qu’on lui prête, c’est tout ! Il faudrait ne rien savoir de ceux qu’on est prêt à aimer, ça éviterait d’être déçu.

- Ça me rappelle un film avec Robert de Niro et Meryl Streep, je crois… dit Ana, qui fit mine d’ignorer l’attaque

- « Falling in love !», sursauta Gaëlle, comme si elle avait répondu à un jeu télévisé.

- Falling in love with whom ? , plaisanta Adrian, en verve.

Je me souvenais de ce film, un des premiers que j’ai vus avec De Niro, quand j’ignorais même qu’il s’agissait d’un des plus grands acteurs du siècle et que ce n’était pas ce film-là qui allait en témoigner. Une bluette sur la lassitude du couple, la façon dont un inconnu peut réveiller tout ce à quoi vous avez renoncé… Une allégorie de l’éternel retour, en fait, l’illusion qu’à n’importe quel moment, votre vie peut recommencer. De ces choses auxquelles on croit longtemps quand on a aimé, mais que l’existence ramène à leur juste valeur : Julie sait qu’elle ne peut pas dire qu’elle aime son disparu autant qu’elle l’a aimé puisqu’il n’est plus là pour qu’elle l’aime ; Ana sait qu’elle ne doit pas aimer Esteban parce qu’elle a renoncé à sa famille pour le suivre mais justement parce que sa famille ne l’a pas aimée suffisamment pour qu’elle le suive ; de Gaëlle, on peut imaginer que la légèreté avec laquelle elle aborde la question cache des manques, sous l’ironie ; de Adrian, on peut tout imaginer. De Laure, par contre, je ne savais guère plus à cet instant que ce que je connaissais d’elle dix ans auparavant, sinon qu’elle savait désormais choisir le vin et qu’elle mangeait moins de gâteaux. Mais sur Vincent, rien, à part son évocation insistante par Julie. Pourquoi n’était-il pas là, pourquoi, d’ailleurs, aucun des conjoints n’était-il présent, c’était la question… Etait-ce une condition pour que le sujet fût abordé en était une autre.

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