17/07/2011
Portraits de mémoire
J'avais créé une annexe de ce blog, il y a quelques années, pour présenter certains des "portraits de mémoire" que j'ai rédigés en commençant, en 2005, par un portrait de moi-même signé Paul Herfray. J'ai supprimé cette page, certain(e)s de mes ami(e)s n'ayant pas très envie de trouver sur la toile un article les présentant, sur le mode des portraits de dernière page de "Libération", de façon et distanciée et sensible. Ce que "Libé" fait avec des personnes connues, je le fais avec des gens que j'aime, que j'ai aimés ou avec qui j'ai passé un bout de chemin. Une rencontre, une émotion, une de ces marques du temps qui passe que j'appréhende particulièrement et que j'ai le culot d'arrêter. Il y en a que j'ai montré, d'autres que j'ai gardés pour moi. Je me dis que ce serait bien qu'ils soient un jour tous regroupés sous forme de recueil, sans qu'on ait - comme pour les romans - à se demander ce qu'il s'est passé entre le portraitisé et moi. Ce serait osé qu'un éditeur y pense: parce qu'à réunir des inconnus, c'est à une autre comédie humaine que le lecteur serait convié.
Un exemple ici.
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16/07/2011
La quatrième de mon troisième.
Un dernier tir, décisif et raté, d’un joueur de basket-ball, dans les années 80, va déterminer la vie d’un adolescent qui s’identifie à cet échec. Devenu adulte, il lui faudra un long parcours, jusqu’au Col de Somosierra, pour se défaire de sa façon d’être, de ses amours périlleuses et ses modèles d’adolescent.
« Parce que quand j’annonçais normal, moi, c’était pour que mes coéquipiers s’écartent du même côté, entraînent leurs défenseurs et me permettent de faire un un contre un avec le meneur adverse. Comme Alain Larrouquis. C’est pour cela que j’annonçais normal avec l’accent du sud-ouest, que je n’avais pas dans le civil. Pas pour faire comme lui, mais parce que quand je jouais à cette époque, j’étais persuadé que j’étais lui. »
sortie septembre 2011
08:50 Publié dans Blog | Lien permanent
14/07/2011
"trop pas!" - Chroniques - 13
Ce n'est pas la force de la voix qu'il faut entendre, c'est l'émotion. Les gouttes de rosée d'un matin d'été. Et l'histoire qu'elle raconte. Quand, en plus, c'est quasiment un chant grégorien auquel Pauline (quinze ans dimanche, je le rappelle) doit s'attaquer, il faut sortir l'artillerie lourde. Le cours du chant du matin, fondé sur le bâillement, a permis à Pauline de fabriquer des possibilités qu'elle ne s'était sans doute pas imaginées. Le matin, c'est "la chanson d'Alex & Marjo", la première qu'Eric a composée, que Pauline a entrepris de chanter. "A&M", à ne pas confondre avec le duo Marjo & Alex (vous suivez?), c'est la lancée de la comédie, le choix du père qu'a fait Marjo quand sa mère l'a quitté. Morceau dur, texte abrupt, il faut, comme énoncé, ne pas tomber pile là où on l'attend, mais justement entre les interstices (private répétition!). C'est donc en douceur que Pauline l'attaque, pour que les "Pleure pas, Alex!" portent, réellement.
Jules, le padawan de Xav', aux manettes la matinée, équilibre le morceau entre les poussées et les retenues, nous gratifie même de quelques back vocals qui montrent que les airs sont pugnaces. Ça le fait, puisqu'on vise les djeun's... Fred mime cette ligne que Pauline ne doit pas suivre sur une droite mais sur une courbe. Celle qui prend source dans le ventre, jambes fléchies, bassin en avant. Tout est question d'estomac, finalement, ça correspond à mon idée de la littérature, ça tombe bien.
Pour "Esther & Alex", cette chanson qu'Olivier Gailly a sublimée de son violoncelle, Eric a chanté cette nuit, dans la pièce à côté de là où j'essayais de dormir. Parce que la tessiture n'était pas la bonne, parce que, leçon de chant numéro deux, quand on ne trouve pas, on fabrique des idées négatives qu'on a un mal fou à chasser. Il était convenu qu'on la reprenne, ce qu'il a fait. Une octave en-dessous, comme pour "le Café des Écoles" et le voilà dans le mood. For love. Émotion, encore, que cet éloge aux "chansons d'amour tristes", avec de la Princesse de Clèves dedans. Ce n'était pas "qu'est-ce qu'il faut que je fasse", mais "qu'est-ce qu'il faut que j'arrête de faire", simplement. Heureusement qu'il me reste la cuisine et la vaisselle à faire, sinon je pourrais considérer que je n'ai plus rien (d'autre) à écrire.
Demain (aujourd'hui, en fait), repos. En âme charitable, respectueuse de la Fête nationale, je resterai dans mon lit douillet et ne raconterai pas l'after Deuco-védechien qui nous a amenés à quitter la Casa tard dans la soirée. Et différer, donc, le debriefing journalier. Rendez-vous lundi pour ceux que ça intéresse encore. Les autres, je ne sais pas, peut-être vous réserve-je un deuxième Traité du discours amoureux. Mais silencieux, celui-ci. Et paf.
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12/07/2011
"trop pas!" - Chroniques - 12
« Petites choses, grandes choses », disait la femme qui a appris à chanter à Fred Dubois, avant que lui-même ne décide d’aider les autres à poser leur voix. Il fut question, aujourd’hui, à la Casa, de chat qui tombe, de balle de tennis, de MESSSSSSEN, des métaphores destinées à mettre Pauline en valeur. Et ça prend. Le générique, guitares et orgue Hammond sur une basse/bat’ qui monte, au final teinté de « Here comes the sun », lance la comédie mieux qu’on l’aurait jamais imaginé. Je sais, je dis ça pour chaque morceau. Mais entendre Pauline placer ses intonations mutines de fin de syllabe suffit à notre bonheur commun et quotidien, à Eric et moi. Quand Fred lui demande de prendre une autre pulsation que celle qu’elle entend, de diviser par deux la mesure en pensant baroque, qu’il sautille comme un cabri en face d’elle pour qu’elle se lâche, ce sont des moments qu’on va garder (et qui vaudront le coup dans l’épisode 2 du making-of…). Les espaces et les interstices se remplissent petit à petit, Jean-Frédéric-Baptiste Lully-Dubois y veille. Placer la syncope, ne pas toujours chanter sur la noire, la méthode est corporelle, psycho-motrice et, donc, plutôt surprenante. Il faut reprendre cent fois l’ouvrage sur le métier, on s’y attendait, mais le résultat est là, quand même, après action de Xavier-les-doigts-de-fée.
Et puis le moment est arrivé, là où l’émotion nous rattrape. « Le Café des Ecoles », encore, déjà vantée hier par Stéphane Jardin, Fred l’a fait reprendre à Eric, lui a demandé ce qu’il en ferait s’il avait vécu la vie qu’Esther a imposée à Alex. « Le Café des Ecoles », indépendamment d’être un signe à « Tébessa, 1956 » et à la permanence croix-roussienne que Gérard et moi avons partagée, c’est le constat que chacun d’entre nous peut faire des instants qui sont passés sans qu’on s’en soit rendu compte. C’est une autre paire de manches que de s’y attaquer. Il faut assumer, maintenant ? Soit. Demain, j’évoquerai les sessions commençantes des deux sommets de « Trop pas ! », « la chanson d’Esther & Marjo », dont j’ai déjà posté ici la mise à plat, et "l'Ecole buissonnière », véritable genèse du projet.
21:02 Publié dans Blog | Lien permanent
11/07/2011
"Trop pas!" - Chroniques - 11
De retour à la Casa, aujourd’hui, sous la canicule, pour la reprise des enregistrements de « Trop pas ! ». avec deux invités de choix pour les rôles qu’on dit seconds que parce qu’on n’a pas trouvé d’autre mot. Evelyne Gallet, d’abord, venue apporter sa voix et son expérience pour interpréter avec Pauline le duo mère/fille que Christine (la vraie mère de Pauline) n’a jamais pu écouter sans pleurer. Evelyne la rouge, c’est un naturel, déjà, une voix dont la tessiture (pas au-dessus du si bémol, mais pas besoin !) et le vibrato répondent parfaitement à la fragilité paulinesque. C’est aussi quelqu’un d’enthousiaste et de profondément humain, ce qui ne gâche rien. Après deux-trois cafés et quelques analyses de texte (c’est difficile, parfois l’anacoluthe cachardienne), c’est l’échauffement qui a commencé. Le père, la mère, la fille, le proviseur qui se prépare au baladeur, la petite famille est réunie et ça démarre : une prise pour que la voix se libère, une autre pour que les énergies se rassemblent et c’est parti. Evelyne bouge beaucoup pendant les sessions, elle s’accompagne de la main et du bassin, cherche Pauline du regard tout en déchiffrant le caractère 8 du texte qu’elle a sous les yeux. Il faut peu de temps pour que « la chanson d’Esther & Marjo » soit dans la boîte, il en faudra plus pour le duo d ‘Alex & Marjo, Fred D., « Herr Direktor », ayant choisi de les faire chanter en premier pour que Pauline soit moins tendue.
Stéphane Jardin avait prévenu : s’il était dit qu’ « Alain » avait pu la chanter, il le ferait sans problème. La Bashungerie, c’est finalement Gérard Védèche qui s’en est occupé sur « la chanson d’Alex & de Marjo », mais « La Chanson du Proviseur » était faite pour lui. Un rock à la Smashing Pumpkins, aux multiples pistes de guitares, une complainte d’un pur produit de la République dont il n’a pas tardé – sans même connaître la teneur du texte – à récréer la genèse, dans la voiture. Jardin, c’est du 100% dérision, en permanence, impros, vannes, mimiques irrésistibles. Mais quand il est au micro, c’est une belle voix grave, qu’il module à sa guise, qu’il retient ou qu’il lâche, en fonction des sensations. Des prises pour le fun, d’autres pour le mixage, Steven Garden nous a même offert des back voices dignes des plus grands. Difficile d’en dire plus sinon que je serai particulièrement vigilant sur l’avenir de ce garçon. Et qu’il a d’ores et déjà émis le souhait de reprendre « le Café des Ecoles » sur son album en septembre…
Un Café des Ecoles sur lequel Eric s’escrimait quand j’ai quitté la Casa pour raccompagner les guests. Le directeur artistique n’autorisant aucune facilité, surtout pas celle qui tombe pile là où on l’attend. C’est donc une version décalée, suave, groovée, en accord avec les slides du lapsteel qu’on écoutera demain, à tête reposée. Marjo attendra un peu, encore, même si elle doit – déjà – trouver le temps long. Après tout, elle n’a chanté que deux chansons, aujourd’hui…
19:09 Publié dans Blog | Lien permanent
10/07/2011
J'veux du cuir.
10:45 Publié dans Blog | Lien permanent
09/07/2011
Mises à plat
Nul ne peut dire aujourd'hui ce qu'il adviendra de cette comédie musicale à laquelle Eric et moi avons consacré près de deux années de notre vie. Juste sur le plan de l'enregistrement, l'idée étant de trouver les partenaires susceptibles de la réaliser, de quelque façon que ce soit. Il faut lutter, je l'ai dit, ici, contre les préjugés liés au mode, les récentes énormes productions ayant rendu méfiant le public le moins exigeant. Rappeler que la comédie musicale, ce peut, ce doit être Stanley Donen & Gene Kelly, un air inoubliable, le pari de chanter ce qui est habituellement dit. Jacques Demy, Christophe Honoré...
L'histoire de Marjo', cette ado confrontée à la séparation de ses parents et à sa propre vie amoureuse qui prend cours, elle prend source dans "la Boum" et corps dans le mythe d'Hamlet. Libre aux spécialistes de trouver dans les treize chansons qui ponctuent les tableaux du livret les marques empruntées, ici et là, à la mémoire collective. À l'aube (lundi) de reprendre l'enregistrement et de poser les voix qui resteront, je veux dire ici, encore, à quel point j'y crois, à quel niveau d'émotion ce projet-là peut m'élever. Pas par fierté imbécile, mais réellement. Ce ne sont pas les "mises à plat" envoyées par Xavier Desprat qui me démentiront: l'ensemble est équilibré, tend vers le Beau comme jamais nous n'aurions pu le souhaiter. Dès lundi, je tiendrai de nouveau les chroniques de cette belle aventure.
Je sais que ça ne se fait pas de mettre en ligne un morceau non mixé, non finalisé, mais à l'attention de mon ami lointain, un premier aperçu de ce qu'il a longtemps appelé son "Masterpiece":
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06/07/2011
Affable
Un jour, un pinson vit un ours tourner dans son antre, maugréant après tous les malheurs que l’univers avait choisi de lui faire porter, à lui, l’ours maugréant ; le pinson, épris, attiré par cette force si obscure, s’approcha, papillonna, et finit par entraîner l’ours maugréant dans une valse effrénée et irrégulière qui manqua de les faire chuter tous les deux. Puis, lassé, il s’éloigna : l’ours maugréant, qui n’avait pas vu la lumière du jour depuis bien longtemps ne comprit pas et voulut rattraper le pinson, mais en s’approchant de lui, il se prit les pieds dans le lierre grimpant de la forêt et s’étala de tout son long.
Moralité : il faut bien se brûler à la lumière des profondeurs pour entrevoir la juste clarté mais on peut aussi se trouver bien dans la chaleur d’un antre réel.
11:13 Publié dans Blog | Lien permanent