25/08/2011
La 56ème compagnie.
N'y voyez pas paresse de ma part (qu'est-ce qui vous ferait dire ça?...), mais au hasard de la Toile, j'ai croisé cette chaîne qui veut qu'on donne à lire la cinquième ligne de la cinquante-sixième page du livre que l'on est en train de lire. Etant toujours, et certainement jusqu'à ma fin, un auteur émergent, avant mes premiers adieux (pour bientôt), je m'offre ma première rétrospective de toutes mes cinquante-sixièmes pages. Ce qui devrait, bon an mal an, avec un inédit en prime, nous mener au moins jusqu'à samedi. Voici donc la p°56 de "Dom Juan, revenu des Enfers":
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24/08/2011
Tébessa, p°56
(...) On peut compter une vie en nombre de saisons, on peut donc compter une vie en nombre de fois où on a vu la Vogue s’installer, puis repartir. C’est ce qu’ils disent, les forains, depuis le temps que les riverains voudraient nous voir partir, à cause des nuisances sonores comme ils disent, elle est toujours là, la Vogue, quand arrive la fin du mois de septembre, et si jamais on voulait nous la supprimer, ça serait sûrement la deuxième révolution de l’histoire du plateau !
La petite place de la Croix-Rousse est attenante à la place Jacquard ; quand j’y suis arrivé, je me suis assis sur un banc, il n’y avait personne, mais j’ai tout retrouvé, tout entendu, les cris du marché, ceux, les plus perçants, du cousin : on l’appelle comme ça parce que lui appelle tout le monde cousin ! Du coup, les gens s’arrêtent, lui prennent un bouquet, c’est un peu comme s’il était de la famille.
Le petit marché, comme dit maman, par opposition à celui du boulevard… Cette petite place, là, elle résume tout le quartier, par sa tranquillité, l’ombre de ses platanes ; il faudrait juste qu’ils nettoient les pissotières un peu plus souvent, parce que des fois, quand on passe…. Mais là, ça me revient, ce que j’y ai ressenti, ce soir-là : c’était comme si tous les gens qui y étaient déjà passés me souhaitaient un bon voyage, comme si le temps m’accordait une pause. Peut-être parce qu’il savait qu’il ne m’en restait plus beaucoup. Quand je me suis levé de mon banc, la nuit était presque tombée, mais j’avais encore du chemin à faire, pour dire au revoir aux lieux autant qu’aux gens. J’ai pris la rue du mail, Canard était déjà fermé, puis j’ai bifurqué rue Dumenge, parce que j’aime bien cet endroit-là de la Croix-Rousse, quand les petites ruelles deviennent des artères plus grandes, avec des perspectives. (...)
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23/08/2011
www.quetedesens.com
Je vois à la tablée d'à côté trois personnes, deux femmes et un homme, se parlant visiblement de leurs vies respectives. Enfin, jusqu'à ce que le long récit de l'une éclipse progressivement tout ce que les deux autres avaient sur le coeur. Ils sont attentifs, relancent suffisamment pour montrer qu'ils s'intéressent, trop, déjà, pour qu'elle leur cède la parole. L'autre femme finit par se taire, elle doit se dire que ce n'est pas son heure et (là, c'est moi qui affabule) que l'homme lui en saura gré de ne pas accaparer la discussion. Je pense à Garcin, Inès et Estelle de Huis-Clos qui se finissent au coupe-papier. Je pense qu'il n'est pas si difficile de reconnaître les catégories d'êtres humains jusqu'à en faire des caractères. Je me dis même que je devrais m'en mêler, dire à cette belle femme qui parle qu'elle a sans doute mal placé l'amour qu'elle a voué à celui dont elle se plaint et qu'elle aurait meilleur compte, plutôt que de ressasser, de :
- renoncer (taper 1)
- tomber amoureuse de quelqu'un qui en vaille la peine. Moi, par exemple (taper 2)
Mais là, je digresse. Grêce.
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22/08/2011
L'obole.
C'est curieux, ce regard que les gens à qui j'ai affaire, portent sur moi, mi-amusé, mi-envieux. Tous, pourtant, me disent que c'est bien d'avoir autant de projets et de dégager autant d'énergie. Le savent-ils, tous ceux-là, que rien ne prédomine plus que le doute dans les paris que j'ai faits et que je poursuis avec l'obstination prévenue des gens qui savent qu'on n'a plus assez d'essence pour faire la route dans l'autre sens? Cette dime que je verse à l'avenir incertain, la relèguent-ils dans le lot commun des regrets ou se satisfont-ils silencieusement que d'autres s'y risquent pour eux? Je n'ai aucune réponse à tout cela, je me risque à voir arriver le futur, c'est déjà ça. Je ne tomberai ni dans l'aigreur ni dans la paranoïa, mais il se peut, en fait, que je me risque au silence, un jour.
En passant, également, merci Christian.
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21/08/2011
Redonner vie.
Peut-être est-ce la canicule, ou la vacance qui s'éternise, mais cet entre-deux qui s'installe, quand les intensités se sont tues, affecte un peu mon humeur. Je disais hier que les articles de mon blog me semblaient s'embourber dans un "Vous allez voir" alors que, pour le moment, vous ne le pouvez pas. Mon rétroplanning existentiel est bloqué sur la veillée d'armes. Alors, dans ces cas-là, comme souvent, je repense à Vanneyre, et ça tombe bien. Puisqu'on ne prête qu'aux vivants, l'idée de ramener "la ballade de Johnny & la lune" sur le devant de la scène fait son chemin, dès lors qu'un Hostett II est d'ores et déjà programmé pour 2012. J'en livre ici le manuscrit, fraîchement retrouvé, et la maquette brute, d'il y a dix ans. Dix ans. Je disais à des amis, récemment, que j'avais ce don doublé d'une pathologie de tout pouvoir ramener à la surface de ce qui m'avait paru essentiel. Cette ballade en fait partie. Je vous parlerai des aubépines que je n'ai jamais cultivées plus tard. Après tout, je me suis bien affirmé comme écrivain à partir des lilas blancs et des chrysanthèmes dont j'ignore tout, au bout du compte. On ne peut pas avoir la main verte et les idées noires.
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20/08/2011
Eloge de la paresse.
Où le vent vagabond se repose. Moi aussi.
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19/08/2011
Esthétique.
On fabrique de l'image, de la musique et de la littérature de la même manière, au final. Il suffit d'une idée, d'une inspiration et, plus que tout, de l'envie de le faire. C'est l'envie, doublée de la nécessité, qui fait sens, et matière. Montrer Marjo telle qu'elle est ou la suggérer, c'est une question. A laquelle chacun peut apporter une réponse, même si c'est celui qui y croira le plus qui finira par apporter l'idée la meilleure. J'aurai rencontré cet été des personnes dotées d'une fantastique capacité artistique. Qu'elles refusent toujours d'appeler talent, sauf s'il s'agit de parler de celui de l'autre. On vivrait bien en autarcie, avec des gens comme ça, mais il faut bien s'ouvrir au monde, paraît-il. Je ne sais plus de qui vous parler, dans mon rétroplanning chargé: de Marjo', de Margot dans "le" Larrouquis qui arrive enfin, de Aurélia, aussi. Ecrire, c'est construire un monde à soi, qu'on sait meilleur que celui que l'on subit; écrire pour et avec d'autres, c'est s'assurer qu'on ne sera plus jamais seul. On n'en finit jamais de l'auto-analyse, finalement, pour peu qu'on ne l'inflige pas aux autres. Ou alors en la dépassant, par l'esthétique. Celle qui fait qu'on se révèle à soi pour le peu de temps qu'il nous reste. Mes deux vers personnels ne valent que par l'intonation qu'on leur donne et que je ne peux pas donner moi-même: après "à la moitié du temps donné" de "Au-dessus des eaux & des plaines", arrive (bientôt, également) un "On a le temps pour nous, j'ai sa main dans la mienne" mutin, complice, qui me serre le coeur de bonheur. Allez, allez, le vent nous portera.
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18/08/2011
L'Archevêque du CantalBerry.
Mon Tour de France de l'amitié se poursuivant, j'arrive ce soir à Pigny, où nous allons, Eric & moi, mettre au point avec Véronique, notre infographiste, la maquette de "Trop pas!" version livret et paroles des chansons, dessins de Léonie à l'appui. Une étape supplémentaires dans l'avancée des travaux, un pas de plus, aussi, vers la rentrée chargée qui s'annonce. Cette frénésie que j'ai cherchée dans ma vie, cette intensité que je tiens pour moteur de mon existence, je sais qu'elle a des contreparties, que je paierai chèrement, sans doute. Pour autant, c'est cela qui me nourrit, comme d'autres, en qui je me reconnais. Le grand repos, ce sera pour plus tard.
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