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09/10/2011

Depardieu est amour.

Image 6.pngOn a tout dit sur Gérard Depardieu. Ses frasques récentes, ses provocations anti-fonctionnaires ou manifestants, ses ivresses répétées. Mais en dix petites minutes de rétrospective cet après-midi pour la Cérémonie de clôture de Lumière 2011, l’essentiel est enfin ramené à la surface : son jeu d’acteur époustouflant, sa carrière qui comporte des films qui ont fait notre vie et l’histoire du cinéma. Tout cela défile, je me dis que ce n’est pas possible d’avoir compté autant. Depardieu se mesure à l’aune de ses partenaires, masculins ou féminins. Les images passent, on se remémore forcément ces films qui ont fait un pan de notre vie, des « Valseuses » (frémissement dans la salle, réplique assurée par le public) à Martin Guerre, Danton, Rodin, Fort Saganne, le dernier métro. Avec Pialat dans « Sous le soleil de Satan », un de mes premiers vrais chocs cinéphiliques, sans compter la sortie du réalisateur à Cannes, un credo (sans jeu de mots) : « Je sais que vous ne m’aimez pas, mais laissez-moi vous dire que je ne vous aime pas non plus ». Depardieu présente son Cyrano, n’oublie pas Weber qui est passé du rôle-phare au Duc de Guiche avec délectation. Il dit quelques vers, on sait que dans le milieu, il est devenu célèbre pour ses oreillettes au théâtre alors qu’il peut encore, vingt ans après, sortir les tirades du Gascon. Il dit que même si Cyrano parle d’un amour impossible, il parle d’amour quand même et qu’il faut l’écouter, encore. Sur moi, ça marche : j’ai retenu des larmes au cinéma tout cette semaine, entre Zulawski et Rappeneau. J’aurais voulu dire à Anne Brochet qu’elle ne m’a jamais quitté depuis toute ces années, même s’il est difficile pour un acteur d’être plus que ce qu’ils ont été, quand ils ont été. Les mots de Cyrano, je me les murmurais pour moi dans l’intimité d’une salle de 5000 personnes et rien que ça, qui impressionne les comédiens les plus aguerris, c’est une expérience. La dernière scène m’émeut au plus haut point, toujours, entre le « Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas » et ça:

Ah ! je vous reconnais, tous mes vieux ennemis !

Le Mensonge ?

 (Il frappe de son épée le vide.)

Tiens, tiens ! – Ha ! ha ! les Compromis,

Les Préjugés, les Lâchetés !…

 (Il frappe.)

Que je pactise ?

Jamais, jamais ! – Ah ! te voilà, toi, la Sottise !

– Je sais bien qu’à la fin vous me mettrez à bas ;

N’importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !

La question se pose, elle s’est posée, déjà, quand j’ai vu arriver sur l’écran, décontracté, Hippolyte Girardot, l’homme d’un seul très grand rôle : le savent-ils, ces gens-là, qu’ils entrent dans l’histoire quand ils tournent, y a-t-il un parfum spécial qui rôde sur une scène ? Je n’ai pas envie de le savoir. 

19:16 Publié dans Blog | Lien permanent

08/10/2011

Star-TREQ

Image 7.pngCécile Massarotti, de la Bibliothèque de Marignier, m’avait déjà parlé de ça et je viens d’être contacté par Véronique Salaman, une des organisatrices du TREQ littéraire, « trois romans en questions » : un QCM de 30 questions (10 par livre) pour départager 6 équipes, des demi-finales et une finale avec des questions directes, boîtiers électroniques à l’appui mais sans Julien Lepers. Des auteurs qui viennent  soutenir les équipes en finale. Des questions qui peuvent porter sur le moindre détail, la couleur du poignet blanc d’Alain Larrouquis, par exemple, le point culminant du Col de Somosierra. J’avais trouvé l’idée fascinante et voilà qu’on me demande d’y participer, à Annecy, au tout début de l’été prochain. Des rencontres entre les trois auteurs et le public, le jeu l’après-midi, le buffet littéraire pour clore le tout. Mes beaux musiciens avec moi, peut-être, pour offrir un moment de chansons-livres ? L’année dernière, ce sont Pierre Péju, Fred Paronuzzi et Caroline de Mulder qui s’y étaient collés. Je ne sais pas encore quels seront mes petits camarades, mais j’attends ça avec bienveillance, puisque l’impatience n’est pas de mise sur une perspective aussi lointaine. Le lac d’Annecy, les ruelles de la vieille ville, j’y retournerai avec plaisir, fermer encore quelques portes. Voilà un parfum de « Lettres-Frontière » qui revient s’immiscer, c’est bien. 

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07/10/2011

La première critique.

Image 5.pngDéjà une semaine, demain, que le livre est sorti. Les impatiences d'écrivain sont grandes et peu enclines à la procrastination. Je viens de répondre à une interview écrite assez poussée dont vous entendrez parler vite et suis programmé pour un "Labo" de 4X7mn, le temps de dire un certain nombre de choses, quand même. J'ai déjà quelques retours épars, j'espère évidemment l'article autorisé qui fera basculer les choses, sans l'attendre.

Dans l'univers du Net, des lecteurs s'adonnent aux billets critiques, pour retenir une émotion, souvent. J'ai croisé au Salon du Livre de Paris, en février, des lectrices qui s'envoient des livres et s'obligent à les chroniquer: de fil en aiguille, l'une d'entre elles m'a invité, j'irai rencontrer son groupe d'ici un mois. Là, c'est un ou une dénommé(e) LZ qui a dégainé le ou la première. Au vu de ce qu'il ou elle en écrit, il ou elle s'est habitué(e) à mes écrits. C'est là que je me dis que je commence à prendre de la place sur les étagères... Il va falloir, comme Jean-Paul Dubois, que je mesure combien de centimètres de livre j'ai écrits. Au cas où l'infiniment petit m'ait échappé l'espace d'une seconde.

 

NB: belle rencontre, en quelques jours, avec Gaële Beaussier, animatrice-productrice sur "Lyon 1ère", qui m'a présenté à sa bande de la formidable "radio quenelle", à qui j'ai proposé un feuilleton hebdomadaire. Peut-être le "Dom Juan", si l'on trouve des acteurs passionnés (et inconscients). "Le Dîner", autrement. Ou un work-in-progress si c'est moi qui tombe dans l'inconscience.

 

 

 

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06/10/2011

Qu'est-ce que je vais faire de ta vie, Marius Beyle?

Image 4.pngMon ami l'Inoxydable m'a confié aujourd'hui l'X-File Marius Beyle, du nom de cette personne à qui il a redonné vie l'année dernière dans l'album de son groupe, Deuce. L'expérience l'ayant marqué, il récidive en 2012 avec un album qu'il va lui consacrer. L'idée a cheminé d'associer à la musique une nouvelle qui restituerait une partie de ce que cet homme a été. La chanson que Stéphane Pétrier a écrite pour le groupe, "la débandade", m'avait déjà donné à penser : quitte à écrire à la première personne sur un homme pris sous le feu de la 1ère guerre mondiale, autant aller à contre-courant des grands écrivains que ça sollicite, derrière lesquels il est imprudent de passer. MB sera donc, chez moi, un aventurier pour qui en découdre vaut toujours mieux que d'essayer d'y échapper. Un angle particulier, que je vais essayer de tenir, avec les informations qu'on m'a données. Un beau projet, une nouvelle association. Et un moyen de repousser mon "Aurélia Kreit"? Je sais, je sais. Mais la période est la même, sachez-le, et il paraît certain que quand elle arrivera, elle nous racontera la rencontre qu'elle a faite avec lui, avant la fin, avant le grand saut et le paquet de lettres oublié dans un grenier, au 33 Place Bellecour. Ou pas. 

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05/10/2011

Jean Frémiot, photographe.

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22:23 Publié dans Blog | Lien permanent

L'important, c'est d'aimer Zulawski.

Image 1.pngJe quitte le cinéma cet après-midi, encore empli de l’émotion d’avoir revu « L’important c’est d ‘aimer » sur grand écran, je marche sous le soleil de la Rue de la République et je croise Andrzej Zulawski, qui retourne au cinéma après avoir introduit, dans le Cadre du Festival Lumière, ce film de 1994 qui montre une Romy Schneider au sommet, un Klaus Kinski dont le rôle a contribué à la mythologie d’acteur-fou et un Jacques Dutronc qui, en tant qu’acteur, n’a jamais été autre que génial ; Fabio Testi, dans le rôle principal, n’a pas connu la gloire de ses partenaires de tournage : c’est curieux comme le cinéma est parfois arbitraire. Peut-être, en le revoyant, parce qu’un  Christophe Malavoy l’a supplanté dans le genre et l'allure, jusqu’à tomber lui aussi dans l’oubli ? Zulawski, c’est une ambiance cinématographique, que j’ai découverte avec « Mes nuits sont plus belles que vos jours » : des tensions permanentes, un sens du champ/contrechamp fabuleux avec, parfois, juste une ombre qui sépare les plans, de longs couloirs gris dans des appartements bourgeois qui furent prestigieux mais dont il ne reste rien. Il est venu dire qu’il a eu moins de 24h pour quitter la Pologne avec une valise en carton et, en main, trois numéros de téléphone dont deux ne répondirent jamais. Qu’arrivé à Paris, le vieux gérant d’un cinéma de quartier lui a dit qu’il lui devait sa plus grande émotion de cinéphile, puisqu’on s’était battu dans sa salle à propos d’un de ses films polonais. Que ses premiers contacts avec le cinéma français se firent via Sautet, à qui il dit beaucoup devoir, et au travail de « police des scriptes » qu’il occupait alors, jusqu’à ce qu’on lui confie l’adaptation d’une œuvre qu’on n’arrivait pas à adapter et dont on allait perdre les droits : le roman de Christopher Franck, « la nuit américaine ». On lui demande deux pages de synopsis, il en fait vingt, on lui confie la réalisation du film. Lui a un visage en tête, celui de Romy Schneider, il veut la sortir des dentelles de Sissi, la filmer à cru, sans maquillage, lui dit que dans « Qui a peur de Virginia Woolf », Elisabeth Taylor s’est vieillie de dix ans, pour en gagner vingt. De tranquillité. Modeste, Zulawski dit que le cinéma, c’est d’abord les acteurs. Mais qui a filmé Romy comme lui, dans la fragilité d’un être dont certaines scènes ont un écho terrifiant au vu de ce qui lui est arrivé ? Personne. Marceau non plus, pour ceux qui ont vu – nous étions quatre dans la salle il y a dix ans – « la Fidélité »… « L’important, c’est d’aimer » est un film essentiel pour ce qu’il dit des élections affectives, pas des affinités électives : les dernières scènes sont sublimes, Dutronc qui dit qu’il ne peut rien faire d’autre que l’aimer, elle qui rejette violemment l’idée mais lui demande d’être là, de ne pas la laisser seule. Romy, bouleversante, dont la quarantaine et la solitude sont déjà intimement liées… On aime par nécessité ou par essence, dans un champ électique de la question amoureuse. Dix-sept ans sont passés depuis que le film est sorti : plus que le fait de rentrer dans les classiques, il permet surtout d’interroger un parcours. Par effet-miroir, sans conscience de la cause.

Andrzej Zulawski dégage une humanité fascinante. Il redit sa fierté d’être là, et le bonheur d’un tel festival, sans compétition.  A Cannes, il n’aurait pas pu  marcher tranquille dans la rue ou pire, on ne l’aurait peut-être pas reconnu. Que choisirait-il des deux, j’en ai une idée assez marquée. En tout cas, le croisant une deuxième fois en l’espace des deux heures de projection, je l’aborde, rapidement, sans l’importuner. Pour le remercier.

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04/10/2011

Le siècle des Lumière.

IMG_0371.JPGVu « The Artist », hier soir, dans ce qui devient, pour l’occasion du Festival Lumière, la plus grande salle de cinéma du monde : 7000 personnes, peut-être plus, dans l’attente de la projection. Et le silence qui se fait, davantage que dans ces salles où je ne vais plus. Le festival est cinéphile, le public aussi. Le film, vous en entendrez parler partout dans la presse, et j’ai cessé depuis bien longtemps la critique de cinéma. Mais ce qui m’a attiré, hier, c’est le défilé de stars – dont certaines sont bien réelles -, les minutes qui précédaient leur entrée, diffusée sur grand écran, dans l’énorme Halle Tony Garnier. L’applaudimètre, cruel pour les uns, flatteur pour les autres. L’entourage proche mais inconnu, dont la cinéphilie se révèle, ou pas, en fonction de qui ils reconnaissent. J’applaudis à tout rompre Tavernier, Zulawski ou Varda, mais également Maria de Meideros ou Kathia Lewkowicz, pour leur singularité. Je tressaille à la vue des seules images des « 400 coups » ou des « Tontons flingueurs ». Il se confirme en une seule image que Robert de Niro n’est pas réel. Je retrouve le cinéma tel que je l’aime, comme sujet de mémoire, et objet en même temps. Le cirque tout autour, que j’ai vécu à Cannes dans une autre vie, n’a pas d’intérêt en soi et les acteurs le savent bien, qui cachent l’impéritie de leur personne derrière l’importance de leurs rôles. Je regarde Dujardin évoluer dans les travées, me demande quand il a basculé : mon quart d’heure (d’accord, un poil multiplié), je l’ai eu au Tramway samedi, j’en ai eu d’autres avant, j’en ai même aligné pendant plusieurs mois, consécutivement. Je sais qu’il ne faut pas leur laisser prendre la poussière, pas par nécessité, mais parce que la mélancolie est mauvaise conseillère. Dans « The Artist », un comédien réputé se voit dépassé par l’apparition du parlant : à partir de quand les livres dépassent-ils leurs auteurs ? A mon sens, dès qu’ils les lâchent. Dujardin parle sur la scène après les quinze minutes de standing ovation, il souhaite au film de continuer sur la voie royale qu’il a entreprise. Ce n’est plus le sien depuis bien longtemps, mais, comme le rôle, il l’incarne. Michel Hazanavicius en est l’auteur, il s’efface.  Ce n’est pas la place des auteurs d’être devant.

Ah, une clé ! Dans « le Poignet d’Alain Larrouquis », les personnages féminins portent le prénom des personnages du « Conte d’été » d’Eric Rohmer. Sauf Léna, que j’ai oubliée, parce qu’elle est déjà présente dans un autre de mes romans de tiroir.

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03/10/2011

Post Partum, animal critique.

297183_10150314138014317_608064316_8094765_945971562_n.jpgLe post-partum, ce sentiment décuplé que la première est passée, que maintenant on n'y peut rien et qu'en plus de ça, il reste à affronter les avis des lecteurs. Ceux qu'on attend et ceux qu'on espère. Ce n'est pas la critique que l'on craint quand on écrit, c'est l'indifférence. Pour le roman, je suis prêt, je l'ai dit. Mais ce que j'ai engagé avec Eric et les musiciens de la comédie, dont ceux qui l'ont accompagné au Tramway, c'est quelque chose de l'ordre de la troupe. Quelque chose auquel je ne croyais pas, il y a peu, maintenant. Mais les routes qui se sont croisées depuis deux ans, les retours, les rencontres, tout cela a contribué à faire que le cheminement est collectif, que j'offre à ceux qui viennent me rencontrer en tant qu'auteur deux pans de mon travail, dont celui musical est plus haut qu'il ne l'a jamais été. Quoi qu'on en dise: Jean Frémiot, qui n'abhorre rien de moins que la chanson française, s'est montré enthousiaste devant le quatuor (Pauline incluse) de samedi. S'est enfui, ce sont ses mots, devant ce que contenait la seule critique négative qui ait été formulée. Trop vertement pour que ça ne cache pas quelque chose : c'est lui qui s'en est ému, rétrospectivement. Moi, là aussi, je laisse les choses venir. Elles sont faites, et bien faites. Je les ai remerciés d'eux-mêmes, ces beaux musiciens, et j'attends les moments où je reprendrai la route avec eux. En gardant mon jardin secret et ma nécessité de silence. Je n'aime pas le bleu, mais j'accepte celui de l'horizon, ou du regard  porté sur moi et sur mon travail.

19:02 Publié dans Blog | Lien permanent