20/12/2012
Trouver sa voix.
Sylvain Bolle-Redat en lecture publique des premières pages de "Tébessa, 1956".
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19/12/2012
Le livre biffé.
Je mettrai en ligne demain, une fois chargée, une vidéo amateur de la lecture de Tébessa par Sylvain Bolle-Rédat. Avec son accord, même si l’exercice, hier, était un ballon d’essai pour une représentation plus aboutie, dans un futur que j’appelle de tous mes vœux. Mais l’essentiel était bien, hier, dans ce livre trituré, torturé, biffé de toutes parts, dont il ne resterait, en vue d’une lecture « intégrale », qu’une vingtaine de pages. Ces chapitres entiers barrés, ces phrases coupées, rendues exsangues juste pour que le spectateur soit saisi autant que le lecteur l’a été. En moins de temps donné. Ces heures de sueur et de préparation annihilées d’un coup de crayon à papier, tout ça rendrait morose si l’intention, joliment exprimée, n’était pas de pouvoir, au bout du compte, dire les mots de Gérard – déjà plus les miens – avec un léger sourire.
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18/12/2012
Retour au collège.
Comme Laurence Tardieu me l'a suggéré, j’ai quelques anges-gardiens dans mon parcours d’écrivain et Marie-Claude Douot ainsi que Cécile Dérioz en font partie. Je leur dois, à l’Espace Baudelaire de Rillieux, ma première invitation, en 2008, annulée pour des raisons qui leur ont échappé. Mais elles sont pugnaces et indépendantes et tiennent à le faire savoir : après m’avoir reçu en janvier pour « le Poignet d’Alain Larrouquis », elles m’ont invité de nouveau pour que je rencontre, dans leurs locaux, la classe de 3ème de M.Carnet, professeur de Lettres du Collège Paul-Emile Victor, autour de « Tébessa, 1956 ». Fabrice Carnet à qui je dois d’être entré de mon vivant dans le Bordas, cette année, ai-je donc appris cet après-midi. J’étais donc en territoire conquis et plus encore quand j’ai vu que la petite vingtaine d’élèves avait remarquablement préparé la rencontre en amont, par groupes et sous forme thématique : le premier groupe a découpé la première scène du roman en plans de cinéma, réfléchi à son adaptation, à sa bande-son, aux mouvements de caméra. Le second a fait pareil pour le théâtre, collé quelques didascalies dans le monologue du personnage, qu’ils avaient biffé pour le rendre plus vivant encore. Après, j’ai eu droit à la réécriture de l’embuscade côté algérien, à un article du « Progrès » la racontant le lendemain. De beaux exercices, réellement, à l’imagination débordante. Chacun d’entre eux, en plus de ça, avait écrit une lettre à l’auteur, quelques-unes me furent lues par les plus audacieux, il y avait un côté hors du temps de voir ces jeunes gens parler de privilège alors que le seul privilège m’était réservé de savoir qu’ils m’avaient lu et apprécié. Sylvain Bolle-Redat, qui m’a accompagné, a fait sa première lecture publique du texte, lui qui ambitionne, à moyen terme, d’en programmer une dans d’autres instances. Une première, donc, avec ses approximations, mais le plaisir dense de réentendre la musique des mots et de savoir que cette voix sera la sienne, pas une autre. Je crois que les adolescents ont apprécié la rencontre, je les exhorte de ne rien retenir de leurs capacités créatrices, surtout avec l’enseignant qu’ils ont, qui sait la transformer, obtenir d’eux ce qu’ils n’auraient peut-être pas donné ailleurs. Je sors heureux d’avoir vécu ça au moins une fois encore, surpris de n’avoir subi aucune réticence, curieux de ce qu’ils allaient en faire eux, de cet après-midi. Lire ces lignes là au plus vite ? S’approprier le seul auteur vivant qu’ils aient peut-être jamais vu jusque là ? En tout cas, « Tébessa » poursuit son chemin. Peut-être reviendra-t-il chez Baudelaire, d’ailleurs, si Sylvain poursuit l’expérience ? J’ai vu que M. Carnet avait noté avec gourmandise la parution prochaine de mon recueil de nouvelles, quand j’ai annoncé que parmi elles figurerait un « retours d’Algérie » qui vient de loin, lui aussi. Que tous ces jeunes aient une vie formidable, en tout cas. Et que celui qui m’a dit que me lire lui avait donné envie d’écrire le fasse : le monde ne s’en portera que mieux.
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17/12/2012
Plumer la volaille littéraire.
Rapidement, tout à l’heure, j’ai eu à choisir dans un Centre de Documentation quatorze romans que quatorze adolescents allaient devoir se fader pendant les vacances de Noël pour une séquence « Littérature au présent », histoire que quelqu’un leur dise au moins une fois dans leur vie que tous les auteurs ne sont pas morts. J’ai fait avec ce qu’il y avait, mais je garderai l’impression jubilatoire de faire mes courses dans les rayons, d’empiler (pas d’interprétation !) Beaune, Bertholon, Giroud, Chavassieux, Humbert, Ovaldé, Kaufmann et autres et de leur attribuer un chaperon chacun, sur quelques critères savamment arbitraires. En cette période de fêtes, ils devraient trembler sur leurs ergots, les chaperons, d’ailleurs: les plus en danger ne sont pas ceux qu'on croit.
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16/12/2012
En une seconde.
J’avais vingt ans, pile, le jour même. J’ai posé les oreillettes de mon Walk-man dans lesquelles passait « Perlimpinpin », en boucle. J’ai respiré profondément, contemplé ces personnes qui me recevaient avec aménité puis compris que je ne pourrai pas rester plus longtemps.
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15/12/2012
Notes éparses.
Une des solutions utilisées pour pallier la difficulté d’un roman historique : ne pas s’y fier. Ecrire comme on sait le faire, recentrer l’action sur la perception d’un des personnages à chaque fois, de plusieurs d’entre eux, parfois. Oser des dialogues, les ancrer dans une réalité d’époque qui n’est en fait pas éloignée des questionnements d’aujourd’hui, sinon écrire n’aurait aucun intérêt. Et puis laisser des blancs, des passages surlignés, sur lesquels il faudra revenir, qu’il faudra nourrir d’insères temporelles, de liens, de clins d’œil. Jouer l’intertextualité, alors. Mais ne plus reculer.
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14/12/2012
Défroqué.
Il y a trois dimensions du pouvoir politique, nous plaute-t-on - sans échappée mais bas les pattes : la potentia, la potestas et l’auctoritas. C’est omettre une quatrième, délicate, brodée et jalousement gardée secrète, Celle qui, portée, devient ascendance, et qui, non, dessine désir et convoitise. Audace, quand on en est affublé, au participe passé. Quitte à n’y rien comprendre, puisqu’affublé de quelque chose de non porté. De vue. A qui on rend parfois aubade – à Lydie, en do. Sur des images mentales, libertines bien cachées, combattues par des transports, des larmes et des soupirs. On omet donc en en mettant ou en n’en mettant pas, c’est homérique. Les gougnafiers l’inversent en hôte du cul, les dilettantes s’en moquent comme de leur première, les badernes la portent haut, les pauvres hères en usent le fond avant de le toucher. Le sportif défait s’en prend parfois de belles en s’en privant trop vite, Dagobert en devient ridicule, même le fumeur de pipe s’y met. Tout le plaisir est dans le changement, paraît-il. A chaque jour de la semaine suffit sa peine, ne peut-on (petit, aussi) qu’espérer. Parce qu’en sus de les user, il faut quelquefois faire ceux des tiroirs, pour suivre. Sur la forme. Le mieux reste qu’elle soit féminine, mais pas celles de trop près marquées, en phallocrates. Si les panties viennent en mangeant, ce n’est ni celle du chien, orangée, ni celle du Suisse, bonne poire, encore moins celle de cheval, de bœuf ou de pigeon qu’on goûte. Sous peine de déguster, puisqu’Eros tique, si celle donnant dans la rouge nous dénonce à celles d’Aristote. Au temps pour moi. Je vais m’en donner une bonne, en souvenir de celles que j’aurai aimées.
NB: ma particpation à ça.
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13/12/2012
A petits pas.
Me voilà reparti en septembre 1903, du côté de Homel, en Ukraine. Rien de mirobolant, mais comme tous les accidentés de la route de l’écriture, quelques lignes qui viennent et qui me recollent au projet. Tant mieux, après cinq mois, quasiment, pendant lesquels je ne suis pas resté inactif, mais pendant lesquels j’ai délaissé le chantier (« vous plaisantez, Monsieur Tanner ! »). Mon bilan 2012 est plutôt bon, si je me penche dessus : je crois bien que je n’aurai jamais plus de prix du deuxième roman, "Camille" est définitivement programmée, sous deux formes, au deuxième trimestre de 2013, vers les beaux jours. Je crois même que je vais retourner m’ennuyer vers mes fantômes du Salon du Livre à Paris, en mars… Mais le dernier projet était toujours le plus important, j’accepte que celui-ci me soit vital, comme une marque. Mais je ne me fixe plus d’échéances, de contraintes, ni même de finalité éditoriale, qui viendra si elle doit venir. Juste y retourner, voilà mon plaisir du jour.
14:06 Publié dans Blog | Lien permanent