31/10/2012
Pas au vieux singe...
J’ai cette impression que plus j’avance en âge, plus ce qui est attendu m’ennuie. Dans les livres et les disques aussi. Alors, même si j’ai mes repères, les artistes et auteurs que je suis depuis longtemps, je me laisse de plus en plus séduire par l’enthousiasme d’un tiers. Quitte à le lui reprocher après, gentiment. Ce ne sera pas le cas, aujourd’hui, tant Philippe Ache - qui écumait, sans qu’on se soit jamais rencontrés, les mêmes petites salles de concert que moi, dans les 80’s - ne s’est pas trompé en me conseillant le EP entièrement homemade de Lidwine, « No Monkey ». Cinq titres entièrement dédiés à la harpe, l’harmonium et la voix, une voix cristalline perchée entre Björk et Kathe Bush - s’il faut faire des analogies – qui se joue de la prosodie et sert la musicalité des mots. Une voix qui n’aurait pas supporté un mixage approximatif et là encore, c’est heureux : Gizeh Records a bien fait son travail. Les titres s’enchaînent, aériens, Duet for ghosts (Call my name) est une belle déclaration, dans un propos général ancré dans des états passés, toute furie bue et chaos apprécié (« Pardon me for having denied your existence »), des rivages atteints et (sans doute) perdus. Les cinq morceaux s’accordent, le tout est ciselé, précieux, enregistré, ai-je lu, dans une église gothique parisienne. « Sorry for my insistance », termine-t-elle, dans une demi-lumière et sur un ton victorien: c’est qu’elle voudrait nous voir sourire, en plus de ça, après avoir tout relevé de notre petit tas de misère. Unfair and rude. Qu’elle ne s’inquiète pas, du coup: il est de (tout) petits investissements qui nous rendent de la Beauté au centuple.
13:33 Publié dans Blog | Lien permanent
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