07/01/2015
Non.
Refuser les amalgames en même temps que la terreur. Refuser simplement qu'elles soient mortes, ces personnes familières dont le métier – heureux hommes ! - étaient de nous faire rire et qui y parvenaient. Ne jamais laisser s'immiscer l'idée seule qu'on ne les reverra pas, qu'on ne les entendra plus, qu'on ne trouvera plus leur chronique chaque semaine, dans les deux derniers titres de presse indépendants. Refuser de croire que des abrutis décérébrés ont décidé de leur sort en cinq minutes, une éternité pour qui les subit, un laps dérisoire pour qui leur survit. Ne pas les dissocier, dans l'histoire, même si l'un est plus connu, si l'autre est notre préféré, ou le père d'un chanteur qu'on a aimé et qui est parti, aussi. Depuis longtemps. Refuser les notes biographiques qui encrent qu'un dessinateur est né il y a 75 ans et mort assassiné aujourd'hui. Assassiné. Un dessinateur. Rien de bien étrange, à y réfléchir : les pacifistes finissent souvent criblés de balles. Comme les poètes (« Vous n'allez pas me tuer, quand même ! » furent les derniers mots de Garcia-Lorca à ceux qui rétorquèrent : « A mort l'intelligence ! »), les intellectuels, les instituteurs : tous ceux qui pourraient, mon Dieu (« si tu existes, délivre-nous des religions ! ») nous rendre indépendants, capables de penser par nous-mêmes.
15:36 Publié dans Blog | Lien permanent
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