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17/02/2016

La fidélité.

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Il faut aimer Zulawski

note du 5.10.2011

Je quitte le cinéma cet après-midi, encore empli de l’émotion d’avoir revu « L’important c’est d ‘aimer » sur grand écran, je marche sous le soleil de la Rue de la République et je croise Andrzej Zulawski, qui retourne au cinéma après avoir introduit, dans le Cadre du Festival Lumière, ce film de 1994 qui montre une Romy Schneider au sommet, un Klaus Kinski dont le rôle a contribué à la mythologie d’acteur-fou et un Jacques Dutronc qui, en tant qu’acteur, n’a jamais été autre que génial ; Fabio Testi, dans le rôle principal, n’a pas connu la gloire de ses partenaires de tournage : c’est curieux comme le cinéma est parfois arbitraire. Peut-être, en le revoyant, parce qu’un Christophe Malavoy l’a supplanté dans le genre et l'allure, jusqu’à tomber lui aussi dans l’oubli ? Zulawski, c’est une ambiance cinématographique, que j’ai découverte avec « Mes nuits sont plus belles que vos jours » : des tensions permanentes, un sens du champ/contrechamp fabuleux avec, parfois, juste une ombre qui sépare les plans, de longs couloirs gris dans des appartements bourgeois qui furent prestigieux mais dont il ne reste rien. Il est venu dire qu’il a eu moins de 24h pour quitter la Pologne avec une valise en carton et, en main, trois numéros de téléphone dont deux ne répondirent jamais. Qu’arrivé à Paris, le vieux gérant d’un cinéma de quartier lui a dit qu’il lui devait sa plus grande émotion de cinéphile, puisqu’on s’était battu dans sa salle à propos d’un de ses films polonais. Que ses premiers contacts avec le cinéma français se firent via Sautet, à qui il dit beaucoup devoir, et au travail de « police des scriptes » qu’il occupait alors, jusqu’à ce qu’on lui confie l’adaptation d’une œuvre qu’on n’arrivait pas à adapter et dont on allait perdre les droits : le roman de Christopher Franck, « la nuit américaine ». On lui demande deux pages de synopsis, il en fait vingt, on lui confie la réalisation du film. Lui a un visage en tête, celui de Romy Schneider, il veut la sortir des dentelles de Sissi, la filmer à cru, sans maquillage, lui dit que dans « Qui a peur de Virginia Woolf », Elisabeth Taylor s’est vieillie de dix ans, pour en gagner vingt. De tranquillité. Modeste, Zulawski dit que le cinéma, c’est d’abord les acteurs. Mais qui a filmé Romy comme lui, dans la fragilité d’un être dont certaines scènes ont un écho terrifiant au vu de ce qui lui est arrivé ? Personne. Marceau non plus, pour ceux qui ont vu – nous étions quatre dans la salle il y a dix ans – « la Fidélité »… « L’important, c’est d’aimer » est un film essentiel pour ce qu’il dit des élections affectives, pas des affinités électives : les dernières scènes sont sublimes, Dutronc qui dit qu’il ne peut rien faire d’autre que l’aimer, elle qui rejette violemment l’idée mais lui demande d’être là, de ne pas la laisser seule. Romy, bouleversante, dont la quarantaine et la solitude sont déjà intimement liées… On aime par nécessité ou par essence, dans un champ électique de la question amoureuse. Dix-sept ans sont passés depuis que le film est sorti : plus que le fait de rentrer dans les classiques, il permet surtout d’interroger un parcours. Par effet-miroir, sans conscience de la cause.

photo: Romain Le Vern

Andrzej Zulawski dégage une humanité fascinante. Il redit sa fierté d’être là, et le bonheur d’un tel festival, sans compétition. A Cannes, il n’aurait pas pu marcher tranquille dans la rue ou pire, on ne l’aurait peut-être pas reconnu. Que choisirait-il des deux, j’en ai une idée assez marquée. En tout cas, le croisant une deuxième fois en l’espace des deux heures de projection, je l’aborde, rapidement, sans l’importuner. Pour le remercier.

20:45 Publié dans Blog | Lien permanent

16/02/2016

Des propos réducteurs.

L’apprenti-ethnologue se rappelait bien qu’il ne fallait pas hiérarchiser les cultures, dans son domaine, mais ne s’était pas souvenu qu’il était malséant de dire d’un peuple qu’il était atrocement primaire, in situ. Surtout chez les Shuars du Pérou.

16:16 Publié dans Blog | Lien permanent

15/02/2016

Ghost dancing.

Dans l’ivresse du vent, sur la plage déserte, je pense soudain à Emilie, ma petite fille maladive de « la Partie de cache-cache ». Elle avait onze ans dans le récit, il y a cinq ans, elle a survécu au drame, y a perdu un être cher, sans comprendre autre chose, dans l’instant, que ce qui fait la lâcheté des hommes. Comment a-t-elle grandi avec ça, comment s’est-elle construite sur ce double sacrifice ? C’est elle qui, déjà, m’a posé le plus de difficultés dans l’écriture, c’est elle qui m’obsède encore, aujourd’hui, dans toute sa fragilité, son anaphylaxie. Le fait que la personne qui m’a aidé à écrire sur l’allergie vienne d’avoir 50 ans ? Le fait de retrouver, samedi au Réalgar, Jean Frémiot, qui m’a inspiré le décor et le premier protagoniste de l’histoire ? On travaille dans le roman sur le passé des personnages, histoire que leurs réactions, les interactions avec les autres soient cohérentes, mais on ne se soucie pas assez de leur avenir. Et parfois, ils nous le font payer.

18:50 Publié dans Blog | Lien permanent

14/02/2016

La note bleue.

De toute manière, ça n’est qu’une question de note bleue, au bout du compte. Et, de fait, encore un problème des Romantiques, puisque l’expression est née de la musique de Chopin, de la bouche de George Sand. Laquelle était plus douée dans le port du pantalon que dans les droits d’auteur, parce qu’après s’être fait piquer par Musset la tirade de Perdican, elle a fini par la perdre, la note bleue qui résonne « dans l’azur de la nuit transparente » gnagnagna... On n'en a gardé que le cliché de la mélancolie et, en jazz, le fait d’attaquer par en-dessous la note qui fait partie de la mélodie. En tout cas qui en relève: on est dans les hauteurs sonores, dans l’harmonie, pas dans l’univers de mecs en noir et mal peignés ! La note bleue, c’est le tempo qu’on donne à sa propre vie, la façon dont on accepte que le temps s’écoule : les écrivains, les sculpteurs, tous ces boloss, seront dans le fugit amor, les musiciens dans le tempo rubato, le temps volé, dérobé. On accélère des notes, on en ralentit d’autres, on suspend le temps avant qu’il ne nous rattrape. Ça n’est pas de la mélancolie, c’est de la métaphysique !

(Travail en cours.)

14:06 Publié dans Blog | Lien permanent

13/02/2016

Vernissage.

Jean Frémiot exposera ses photographies (petit et grand format) au Réalgar, pour un mois à compter du samedi 20 février. L'occasion d'y présenter, également, le livre de photographies, "l'insecte et le Sacré", pour lequel j'ai composé une nouvelle métaphysico-entomologique. Et de retrouver toutes ces personnes qui comptent dans mon parcours, dans un lieu chaleureux et accueillant.

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18:03 Publié dans Blog | Lien permanent

12/02/2016

Achab.

Ces souvenirs auxquels on tient
Ne sont-ils pas de nos passages
Les indices les plus incertains
Des histoires le lambrissage ?
Allez, mon vécu, je te quitte,
Je marcherai vers d’autres lieux
De l’enthymème je m’acquitte
Séméion de maux fallacieux
Je fixe là-bas l’horizon
D’une vie qui reste à écrire :
J’en réitère l’ambition
Le doux espoir d’un avenir.
J’aimerai encore, je le jure,
Autant que j’ai jadis aimé
Je perpétuerai l’aventure,
Lien d’un homme et de son passé.

©LC "Etretat", 2013

17:03 Publié dans Blog | Lien permanent

11/02/2016

Argan.

Son hypocondrie n’ayant d’égale que sa mégalomanie, il se résolut à mourir, certainement, d’une maladie si rare que la médecine ne l’avait pas encore référencée. Qui porterait son nom, avec un peu de chance.

18:59 Publié dans Blog | Lien permanent

10/02/2016

Brève de cantine.

Si je m’interroge sur l’idée que l’infini puisse avoir une fin, je dois d’abord me demander de quelle fin je parle : est-ce la finitude, signifiant que quelque chose s’arrête et ne continue plus, ou est-ce la fin, l’objectif, dont on dit dans le langage courant qu’elle justifie les moyens ? Ainsi, une fois cette double acception tranchée, j’en saurai un petit peu plus, même si la première définition ne m’offre guère le choix : si les choses s’arrêtent, je ne serai pas là pour en témoigner. Mais si je considère la fin de l’infini comme étant un repère possible à quelque chose de maximal – dont je ne peux envisager, au moment où je le prononce, qu’il puisse s’épuiser de lui-même – alors je peux tendre vers cet objectif en toute tranquillité : pour atteindre un objectif, il faut viser plus loin et mesurer le chemin parcouru tant qu’il en est encore temps.

14:50 Publié dans Blog | Lien permanent