08/02/2010
Le coeur en croix.
Les lecteurs d'Yverdon, Evian et Vougy auront droit à quelques extraits d'un manuscrit que je suis donc en train de terminer, après bien des années de gestation. Mais les passants d'ici ont aussi le droit à une exclusivité: la trame narrative du roman que j'entreprendrai juste après. Je l'avais annoncé il y a un an ou deux, mais maintenant, c'est réel: je compte écrire la véritable et fictive - comprend qui peut - histoire d'Aurélia Kreit, cette jeune fille dont on parla beaucoup, à Lyon, il y a vingt ans, mais dont on a par la suite plus rien dit.
Beaucoup de travail en perspective, mais une perspective exaltante, celle de recréer un tableau extrait d'un autre cadre de l'histoire du monde. Et puis peut-être une surprise dans les conditions de sa préparation... Mais ceci est une autre histoire.
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06/02/2010
Apprendre à finir.
J'ai souvent raconté, jusque récemment, cette autre correspondance qui s'est un jour trouvée entre Laurent Mauvignier et moi, cette nouvelle ainsi titrée écrite en 1999, juste avant que paraisse son roman. Je n'y reviens pas, je veux juste écrire là le sentiment étrange qui s'empare de moi alors que je touche à la fin de ma "partie de cache-cache", sans qu'aucun retour, encore, m'ait été donné du côté de l'éditeur. Comme si je n'avais pas forcément envie qu'elle se termine.
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05/02/2010
Chessex, Eicher & Hostettler
Je viens de terminer "Un juif pour l'exemple", il me fallait commencer par ce Chessex-là après avoir lu le "Jan Karski" de Haenel. Le lien historique se faisait de lui-même et, qui plus est, Chessex a eu les mots exacts pour dire cette fascination-répulsion qui nous pousse à chercher encore et encore les mécanismes qui ont fait qu'un jour, l'homme s'est de lui-même sorti de l'humanité pour n'en garder qu'un vague souvenir, pire, peut-être, un interdit de plus à transgresser. On parle de "crimes contre l'humanité" là où on devrait parler de crimes d'humanité, et lutter contre cette seconde nature qui s'est substituée à la première. Enfin, dans Chessex, le paradoxe est respecté: comme dans l'Allemagne nazie, on trouve toujours de très beaux théâtres naturels aux pires atrocités. J'en dirai plus bientôt, parce que j'écrirai sur ce monsieur que je n'avais pas lu avant de connaître les tristes circonstances de sa mort et de me rendre compte que j'allais bientôt être invité chez lui, dans son Valais natal. Justement là où il a perdu la vie. Une fois n'est pas coutume, pendant le voyage, je me mettrai des écouteurs dans les oreilles et je me laisserai bercer par les chansons de cet homme que j'ai aimé depuis le tout début de sa carrière pour sa simplicité qu'il ne me semble avoir délaissée que très peu de temps, le temps d'un égarement. On pardonne à un homme tous ses écarts quand il a su en revenir. Jeune, j'aurais tué, pas pour être Stephan Eicher, mais pour avoir comme Djian un homme à qui confier mes chansons. Maintenant, quand j'écoute "Eldorado" dans sa version trio, noir et blanc, très épurée, je me prends à rêver de ce que pourrait donner "Au-dessus des eaux et des plaines", d'Eric Hostettler, dans cette même configuration. Et je ne me réveille pas parce que je ne rêve plus, elle arrivera, bientôt, elle est déjà en place dans sa version récital, qui commence le lendemain d'Yverdon, à Evian. La veille de Vougy. Parce que dans un mois, je pars en tournée pour trois jours. Et même si ça devait être la dernière fois, ça aura été la première. Satisfaction? Non. Je reste un machadiste convaincu et viscéral et je porte en moi depuis plus de vingt ans la maxime selon laquelle il n'est pas un homme "pleinement satisfait de lui-même" qui soit "pleinement un homme". Et puis il y a Chessex. Pour qui pourrais-je bien me prendre quand je le lis et quand je sais que je vais règler pour un soir mon pas dans les siens? Je ne ferai l'injure à personne du jeu de mots sur mes trois suisses actuels, je le remise donc par devers moi.
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01/02/2010
Quand mes filles seront parties.
J'en parle d'autant plus facilement que je n'ai qu'un garçon... Mais "les filles", c'est déjà un vieux morceau pour nous qui avons beaucoup oeuvré depuis un an et demi. Un vieux morceau mais visiblement un de ceux qui ressortent déjà des premières écoutes de "l'Eclaircie", avec, me dit-on, "le canapé rouge" et "faire l'hélicoptère", un premier tiercé qui sera sans doute différent ces prochaines semaines. Ce week-end, nous avons aussi travaillé à quelques captations acoustiques, pour donner envie, pour préparer la première "date" à Evian, en mars. Difficile, en son direct, de faire ressentir l'atmosphère de cette chanson-là, dont j'ai déjà suffisamment parlé dans mes chroniques. Mais on peut se risquer sans trop de difficultés à son écoute, je crois.
Quand mes filles seront parties (L.Cachard/E.Hostettler)
envoyé par cachardl. - Clip, interview et concert.
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28/01/2010
Lire & Chansons
Pardon pour ce mauvais calembour, mais c'est tout à ma joie, et après officialisation de Lettres Frontière que j'annonce le premier récital public de Eric Hostettler interprétant mes chansons (déférence gardée aux autres auteurs, qui auront leur heure!). Un pas de plus après le saut dans le vide (et avec une guitare qui n'était pas la sienne) de Bloye pour "l'embuscade". Six-sept titres en acoustique, déjà en préparation et une avancée de plus dans notre collaboration.
J'en profite une fois de plus pour inciter tous les passants de ce blog à se procurer au plus vite "l'Eclaircie" auprès d'Eric, par simple mail. Ou sur place, à Evian?
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23/01/2010
Les serments du jeu de Bloye
2ème rencontre Lettres-Frontière hier, pour moi, 1ère « sur le sol national », m’a-t-on fait justement remarquer, dans la petite commune de Bloye, dans la Yaute - renforcée, pour l’occasion, des bibliothèques de Rumilly et, suivant les dédicaces que j’ai pu faire, d’autres bibliothèques environnantes qui me comptent désormais dans leurs rayons, à St Félix ou ailleurs. Autant de communes constituant un cercle de lecture pour qui « Tébessa » fut le coup de cœur, "unanime", m’a-t-on rajouté poliment. Une rencontre sous le signe du nombre puisque je fis face à une bonne cinquantaine de personnes, réunies dans le très chaleureux foyer rural, qui au moins n’a rien de seulement métaphorique dans le nom : un âtre bien nourri, des chaises bien disposées, une soupe au potimarron maison pour récupérer du froid de dehors et la rencontre peut commencer, sur un mode différent de celle de Sierre en décembre. Ici, on me présente et, pauvres de mes hôtes, on me laisse disserter en stand up. Je parle donc des éléments qui font que les lecteurs de Tébessa se sont attachés à ce livre : la « matière » biographique, les lieux, la voix qui s’est tue et à qui on redonne du sens. Mes hôtes m’écoutent très attentivement, il ne me semble pas percevoir d’ennui, je suis en territoire extraordinairement complaisant, mais je me bats quand même, on ne se refait pas, je parle, longtemps, rapidement, je raconte des choses qu’habituellement je ne raconte pas, sur la genèse du roman, sur le lien qui existait, sans qu’il fût identifié, entre Gérard et moi et qui maintenant existe(ra), bien après que je serai parti à mon tour. On m’a prévenu que dans la salle, certains ont « fait » l’Algérie, d’autres, avec qui je parlerai, y ont vécu une enfance dont ils se souviennent qu’elle était heureuse, avant que… Le foyer communal de Bloye est décoré de documents d’archives, de reproductions de journaux, on a même mis au pied du petit bureau derrière lequel je ne m’assoirai pas, une valise, pas en fer blanc mais règlementaire quand même, il y a des photos de ce temps-là, des enveloppes aux couleurs identiques à celles que j’ai ouvertes il y a maintenant, pfoouuh… Je parle de « ma » Croix-Rousse, je parle aussi de la distance de l’écrivain qui doit suppléer l’estomac qu’il se doit de mettre, avant toute chose, dans ce qu’il écrit. Je parle des vingt mois, maintenant, d’exploitation de ce livre-là, de ce qu’il a créé chez ceux qui l’ont lu, simplement parce que, chacun à un moment du livre, ils se sont reconnus dans une des parcelles d’humanité que Gérard a laissées. Je fais, une fois n’est pas coutume, allusion à mon métier, à ses spécificités, on se demande, comme bien souvent, comment je peux cumuler autant d’activités aussi chronophages. Je réponds en filigrane, j’aimerais que la société écoute davantage ces personnes-là qui cotiseraient volontiers pour me laisser travailler à mon écriture, exclusivement. Je me sens redevable de toute l’attention, pour ne pas dire autre chose, qu’ils m’apportent, je vois, tout autour de moi, mes camarades de promotion, on me demandera, comme à Sierre, quel a été, à moi, mon coup de cœur, je peux me protéger derrière mon décalogue mais je ne me défile pas, je dis comment je suis allé de Durif à Chavassieux, sans délaisser les autres pour autant. Je suis le 9ème auteur invité par les deux communes réunies, je me bats, encore, pour que mes réponses soient claires et donnent à ceux qui les posent – et ceux qui les écoutent – les éléments qui leur manquaient peut-être : on me demande si j’ai éprouvé le besoin d’en savoir plus, après, sur la vie réelle de celui à qui j’ai redonné vie, je réponds non (en un peu plus long…). On m’interroge sur la portée philosophique du roman, sur la distance que le personnage acquiert quand il finit par se focaliser sur le Cèdre de Liban, dernière composante de son tableau de fin, j’essaie d’expliquer que mon rapport au monde se joue aussi ici, que j’ai la lourde responsabilité – depuis enfant, il me semble – de poser un regard sur le monde plus que distancié. Inadapté jusque là, jusqu’à ce qu’on me le reconnaisse par le biais de l’écriture. Je plaisante un peu, je parle de Mauvignier et de sa « concurrence » que seule Pascale Desbruères a relativisée, j’envoie quelques vannes, il faut bien désacraliser : ce qu’il me faut, c’est être accepté comme quelqu’un parmi eux, qui sait juste faire ça, c’est tout. Ça marche, je crois. On me dira après coup que le temps a passé vite, que la soirée était très bien : tant mieux, parce que moi, je ne sais pas. Pour les autres. Pour moi, je rentre avec les immensément gentilles personnes (dont j'attends très vite un signe) qui m’ont invité à dormir chez eux, on refait un peu le monde littéraire devant une tisane et je me demande, parallèlement, ce que j’ai pu faire pour qu’il m’arrive des choses aussi sublimes d’humanité. Ça va finir par être dur, parce que si j’ai le Goncourt comme on me l’a – par plaisanterie – prédit, j’ai dit que je viendrais le fêter à Bloye. Ou que j’emmènerais tout le monde à Stockholm, il faudra voir.
Cerise suisse sur le gâteau de Savoie, en plus de la présence de mon amie (et néanmoins libraire) Martine : Eric Hostettler, que je n’attendais pas, m’a fait l'honneur de sa présence. Quelqu’un s’est dépêché d’aller chercher une guitare. Ça a donné ça, filmé abruptement. Il trouvera ça imparfait, bien sûr, mais c'est de l'émotion pure...
L'embuscade (live Lettres Frontière, Bloye 22.01)
envoyé par cachardl. - Regardez la dernière sélection musicale.
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22/01/2010
L'esprit de Bloye.
Je pars dans quelques minutes pour la petite commune de Bloye, en Haute-Savoie. Evidemment, toujours lié, frénétiquement, à l'écriture de l'histoire en train de se faire, dans l'humble continuité du journal d'HPR* dont j'ai encore pu parler cet après-midi, je dirai dans ces colonnes, très rapidement, ce qui s'est dit là-bas. Ma prochaine étape est à Evian, peut-être Eric Hostettler sera-t-il prêt pour m'y accompagner, dans tous les sens du terme.
*Henri-Pierre Roché, voir colonne de gauche.
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18/01/2010
Les cinéastes du rouge
Je m'essaie donc, depuis peu, à cette autre activité qu'est le montage vidéo; j'ai quelques projets pour lesquels j'irai moi-même faire les images dont j'ai besoin. Pour le premier clip de "l'éclaircie", j'ai joué avec des références cinématographiques, en tenant compte évidemment de la propriété intellectuelle: toutes les oeuvres auxquelles j'ai emprunté des images sont référencées. C'est un "premier film", mais c'est un exercice passionnant. Chronophage, mais passionnant.
"Dans mon canapé rouge" (H.Beynel/E.Hostettler)
envoyé par cachardl. - Regardez plus de clips, en HD !
12:18 Publié dans Blog | Lien permanent