29/10/2009
Généalogies
C’est l’histoire de quelqu’un qui s’est demandé pourquoi on avait dit de Marie-Pauline P., née en 1863 de parents inconnus, qu’elle était sans doute péripathéticienne quand on l’a pourtant déclarée domestique, en même temps qu’indigente, le jour où l’on a déposé le fils qu’elle venait d’avoir à l’Assistance Publique. C’est l’accoucheuse - Hélène N., qui a mis au monde le jeune Louis-Marius P - qui fait cette déclaration, alors même que Marie-Pauline est employée chez elle, rue Duquesne, dans le 6ème arrondissement de Lyon. Drame bourgeois - bien qu’anticonformiste, puisque Hélène N. et Louis L. n’étaient pas mariés - amours ancillaires? Monsieur L., restaurateur, aurait-il fauté avec la servante, laquelle s’est quand même acquittée de sa tâche en mettant l’enfant au monde, puis en prenant en charge les procédures d’abandon ? Ou Madame N. tenait-elle elle-même une de ces maisons closes dans lesquelles on suivait les filles à qui la contraception avait échappé ? Toujours est-il que le jeune Louis-Marius, après avoir connu trois familles d’accueil, rencontrera un jour Marthe P., qui mettra au monde Edouard, lequel donnera naissance à celui qui cherchera à en savoir plus sur Marie-Pauline. Qui découvrira des choses curieuses, comme le fait qu’elle était l’enfant naturelle de Adèle P., lingère de son état. Que le père, déjà, était inconnu, ce qui en fait deux sur deux générations… Qu’Adèle P. habitait Impasse Monsieur – ce qui ne s’invente pas, toujours dans le 6ème, que cette impasse s’appelle maintenant Impasse Molière. Que Marie-Pauline P. retournera vivre dans le Jura où, alors qu’elle est déjà âgée de 46 ans, un âge respectable à l’époque, elle prendra pour époux un homme de quatorze ans son cadet, sabotier, portant le nom de Marie-Alphonse M. Ce jour-là, le maire, Isidore M., lui attribue la qualité inédite de lingère.… Un mariage qui ne durera que six ans, puisque Marie-Pauline mourra le 24 juin de 1916, en l'absence de son époux vraisemblablement mobilisé. Pour quelles raisons Marie-Pauline s’est-elle réfugiée dans des terres qui désormais abritent vingt-deux habitants du même nom sur une zone restreinte de trois communes ? Que faisait l’homme qui l’a recueillie, était-il veuf, libre-penseur, recueillait-il une de ses anciennes amours au crépuscule d’une dure existence ? Il n’aura évidemment pas d’enfant avec elle, mais la vie qu’ils ont terminé de mener ne sera donc pas restée vaine.
Comment ça, c’est confus ? Allez, je vous confie le schéma que j’ai fait sur la nappe du restaurant, hier.
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27/10/2009
L'histoire en train de se faire...
Petites nouvelles en direct du studio d'Eloise où, hier, la "cancion de Esteban" a vu le jour, version fin de fiesta... Une petite touche flamenca à cette comédie musicale qui prend très franchement forme...
L'andalou ( de la République indépendante de Triana) en pleine préparation:
21:19 Publié dans Blog | Lien permanent
25/10/2009
Le Panorama d'Eric Hostettler
Waouh, ça foisonne, en ce moment, par ici! Tant mieux: je connais un photographe du Berry qui manie des métaphores plus que viriles pour dire qu'il ne faut jamais s'arrêter de faire. Mais là, disons qu'aujourd'hui, cette journée qui avait mal commencé m'a donné envie, plus que de mesure, de faire l'hélicoptère. Il y a des motifs qui resteront privés, mais de savoir par exemple que le Hostett' est tombé amoureux du "Panorama" de Kent me comble d'aise, dussé-je accepter qu'il fricote avec un autre auteur que moi-même. Qu'il l'enregistre comme ça, à brûle-pourpoint et a capella, c'est magnifique. Que je le jette en pâture à tous ceux qui passent par là, je ne pense pas qu'il m'en voudra... Eh, Hosttet', ça foire un peu au début, mais après c'est superbe. Tiens, ça me donne envie de faire "Taïga", moi... Quoi, attends les cinquante ans? Pff.... Que des ingrats!
Bon d'accord, il a l'air un peu sérieux comme ça, en image fixe, mais ça n'est pas toujours le cas...
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24/10/2009
Looking for Stéphane Pétrier!
Avec un joli clin d'oeil à l'Inoxydable, qui le côtoie régulièrement. Oui, ce sera la première offre d'emploi (non rémunérée!) par blog interposé, avec un "électro-Opéra" fou, dont le compositeur attend patiemment le livret pour commencer à oeuvrer. Il me faudra une voix, dans un an, dans deux ans, qui ne sera pas - pour une fois - celle de Eric Hostettler. Et cette voix, je voudrais que ce soit celle de Stéphane Pétrier. Mes amis d'Aurélia Kreit me pardonneront cette infidélité, je leur ai promis la vraie-fausse biographie de leur personnage, elle arrivera. Merci à Pierrot, grâce à qui j'ai pu trouver sur le net cette magnifique photo du chanteur en pleine action, en vert et contre tous!
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23/10/2009
Devoirs de vacances...
17:36 Publié dans Blog | Lien permanent
22/10/2009
Il faut sourire à Drucker!
Belle rencontre, à l'instant, avec Jean-Louis Murat, dans cet atroce et inconfortable forum de la FNAC Bellecour; j'ai hésité à y aller, parce que je suis toujours réticent à l'idée d'aller voir ceux que je lis et que j'écoute en vrai, mais l'époque a fini de me convaincre: il est difficile, désormais, de "défendre" l'auvergnat, tant ses dernières prestations médiatiques l'ont soumis à la vindicte populaire. Ce qui me le rend immédiatement sympathique, de fait. Il allait forcément, l'aborder, ce point-là, j'étais curieux de l'entendre, lui, sur la question. Et je n'ai pas été déçu; oubliée très vite la formule interviewer/interviewé, le portrait en filigrane via les oeuvres qui l'ont inspiré. On a bien eu droit à une petite analogie entre John Ford et Claude Zidi pour souligner un éclectisme d'autodidacte, sans chapelles ni barrières précises. On a eu quelques prescriptions de musiques et de livres qui ont pour fonction "d'enlever le mal de tête". Une heure avec Simenon, par exemple, pour Jean-Louis Murat, c'est la santé assurée. Peut-être parce qu'entre "brutes sophistiquées", l'oxymore muratien du jour, ils se comprennent, qui sait, souffle-t-il, admiratif des "trois femmes jour" de l'auteur de Maigret. Dans les musiques qui sont bonnes pour la santé, des musiques de dentiste ("parce qu'on sent plus la douleur") ou de bouddhistes ("une religion pour les gens fatigués"), il y a Neil Young et "Bob dit l'âme", dont il (et on) reparlera. Parce qu'il est déjà parti sur autre chose, Jean-Louis, il a de lui-même donné la parole au public, sans attendre la fin de l'entretien, l'exortant de ne pas poser des "questions de journalistes". Alors on a droit au chapitre auvergnat, aux lieux dont la charge poétique est désormais, chez lui, "ventilée par les éoliennes", à son séjour à Nashville, sa passion pour le blues, "la dernière musique où les grands-pères ont le droit de chanter". "Je cherche la nouveauté dans la voix des grands-pères", assène celui qui se proclame par ailleurs esclave des mots "ange", "âme", "amour" aussi, le terme le plus usité chez Racine. Un mécréant qui assume ses références sacrées, qui redresse une croix quand il investit un lieu...
Puis on ripe, Jean-Louis Murat redevient Bergheaud et s'emporte en tant que lui-même, par pour donner un change médiatique, puisqu'il est là comme à la maison: c'est l'industrie du disque, la situation "dramatique" - le mot est répété cinq, dix fois, des musiciens, des personnels des maisons de disque, plus encore, une agonie qu'il nous raconte parce qu'on ne veut pas la voir. Il dit être très proche de ces techniciens ou musiciens qui ne trouvent plus de travail et dont certains achètent des fusils après avoir épuisé les anti-dépresseurs. En six ans, les ventes de disques ont chuté de 60%, lui-même est passé de 200 000 exemplaires en début à 20000 pour Taormina, 15000 pour l'exellentissime "Cours ordinaire des choses"... S'il est allé à Nashville, dit-il, c'est parce qu'il est loin d'être sûr de pouvoir faire un autre album, c'est aussi parce que le cours du dollar lui était bénéfique. Il dit ces artistes - pourtant reconnus - obligés d'hypothéquer leur maison pour financer un album pour lequel la maison de disque n'avance pas un centime. Il confie être "périmé" dans sa façon de faire, voit les nouveaux groupes qu'il appelle "les jeunes job-à-côté", ou les groupes d'instituteurs puisque, comme pour la littérature, l'Education Nationale est le premier fournisseur de deuxième-boulot-qui-devient-le-premier... Et là dessus, il y arrive, aux journalistes radio et télé pour qui il est impératif de faire comme si tout allait bien, comme si, une heure avant, on n'était pas justement avec un musicien désespéré qui menaçait de se faire sauter le caisson... Pour lui, il est désormais impossible de dire que "ça ne va pas", de la "ramener", puisqu'il est acquis que tout doit aller bien, et que la fonction policière des médias et de l'opinion fait que si on va à contre-courant, si on n'offre pas le visage attendu, la condamnation est globale, via Internet immédiatement, via l'opinion publique qui ne veut pas plus de vagues que les médias qu'elle consomme. Pourtant, dit Bergheaud, "il faut déraper!" Il raconte l'envers de ce qu'on a dit de lui, Nagui qui fait effacer la bande de sa prestation en cabine, Pascale Clarke qui le reçoit froidement et qui, avant même qu'il ait quitté le studio, lance sur Internet une vidéo alors même qu'il ne savait pas qu'il était filmé. Il dit les cours de "coaching" que reçoivent les nouveaux artistes, dispensés à prix d'or par les mêmes qui les intervieweront après, satisfaits de leurs réponses de "footballeurs" ou de "députés UMP". "Pas d'autres solutions que d'être imbuvable", lâche-t-il enfin, le coeur gros mais en confiance. Et de citer encore en exemple Dylan ou Neil Young dont il a appris à Nashville qu'ils étaient absolument odieux en studio. Seul moyen selon lui de "préserver la source", "ce moi intime" qu'il ne faut absolument pas altérer. Dylan était génial, dit Murat, quand il donnait une interview par an; maintenant qu'il en donne trente, rien n'en ressort. Il faut préserver la source, jusqu'à la folie peut-être, au prix d'une immense solitude, souvent. Murat ne dira rien d'autre. Il s'est auto-proclamé à l'agonie, déjà mort. Il n'y aura ni live, ni dvd, peut-être même pas de concerts puisqu'un chanteur qui ne vend pas ne remplit pas de salles et que les petites salles ferment puisqu'il n'y a plus de chanteurs pour les remplir. L'absurdité du système est démontrée, mais ce que est bien avec Bergheaud, c'est qu'il ne nous épargne pas puisqu'on est aussi responsable de l'état dans lequel on se trouve. Il est "tricard", y compris dans les dernières forteresses qui l'abritaient - dont Inter. Nous aussi, sans doute, dans notre quotidien.
Murat s'est emballé, il est temps d'en finir. Je lui glisse à lui aussi une petite enveloppe kraft, il est important de rendre ne serait-ce qu'une infime partie à ceux qui nous ont beaucoup donné. Il signe mon "Baudelaire/Ferré/Murat", un peu hébété peut-être de la violence de son propos. Mais à part ça, "il va bien", rassure-t-il. Oui, finalement, dans ce marasme, la bonne nouvelle est là, elle reprend la relativité: l'heure que j'ai passée avec lui, je ne l'ai pas perdue.
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20/10/2009
Un Dom s'immisce...
Petite capture d'écran sur le site du Salon du Livre de Dijon, qui aura lieu fin novembre... D'ici là, il se sera forcément passé quelque chose, entre Lyon et Genève, sans même le train bleu de Jean-Louis Murat. Il faudra par contre que j'intervienne rapidement sur la graphie choisie, le Dom de Dom Juan, qu'elle soit ainsi respectée.
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16/10/2009
Re Mauvignier
Je suis très énervé. J'ai pris quatre pages de notes mercredi, après avoir rencontré Laurent Mauvignier et voilà que j'ai égaré mon cahier. Sur d'autres lieux de la toile, j'ajouterais à cette entrée quelques petits émoticônes expressifs, du style qui trépignent de rage. Mais peu importe: je dois dire ici que j'ai enfin pu parler avec cet homme qui serait en somme une espèce de double brillant tant nos thèmes correspondent, depuis dix années quand même. Un Mauvignier plus détendu que je l'aurais imaginé, maniant les références que je lui avais devinées, néanmoins, dont le formidable film de Philippe Faucon qui ne m'avait pas échappé dans la description de la trahison des harkis de la garnison... J'ai déjà écrit sur Des hommes, si, si, juste en bas, pas loin; je ne rajouterai rien sur le sujet, sinon le petit amusement de voir cet homme-là livré maintenant à des incidences de son livre qu'il n'avait peut-être pas anticipées. Il y aura toujours en face de lui des personnes qui lui renverront leur propre expérience, directe ou indirecte, de l'époque et lui ne pourra jamais qu'écouter poliment, ce qu'il fait à merveille. Je sais maintenant, néanmoins, que Laurent Mauvignier écrit avec des boules quies dans les oreilles, qu'il redoute particulièrement le récit linéaire, ce dont on se serait douté en le lisant. Ses constructions cycliques, ses dénouements qui n'en sont pas mais qui libèrent davantage qu'ils le firent, ses silences (plutôt que les non-dits, dont il a raison de dire que la seule appellation dit plus qu'elle voudrait cacher...) auxquels il donne une forme dans la suspension de ses phrases, ses arrêts sur un mot, ses attentes qu'il fait subir au lecteur.
Mauvignier a de jolies lunettes fines, aux montures rouges. Son regard est perçant, toutefois. Aigü. Il rit en rêvant d'un livre dialogué dans lequel rien de lourd n'arriverait à ses personnages, mais il se doute que ça ne lui arrivera jamais. Il admire Carver pour ça, mais reconnaît immédiatement qu'en dépit d'apparences contraires, les ennuis des personnages de Carver sont les mêmes que ceux qui arrivent aux siens. Il cite Sarraute pour Enfance et, en cinéma, renvoie à Scorcese et Cimino. Parce que dans Voyage au bout de l'enfer, les personnages ne disent rien de ce qu'ils ont vécu et que du Vietnam, il n'est directement question dans le film qu'une quinzaine de minutes.
J'ai discuté cinq minutes avec lui, sans vouloir l'importuner; j'ai inversé les codes, lui ai remis une enveloppe kraft dont j'espère qu'il ne l'aura pas laissée chez "Passages". Je n'attends rien en retour, l'écriture est un exercice bien solitaire. J'aime juste l'idée qu'il l'ait eue.
Bon, si je retrouve mon cahier, je ferai un papier plus complet, un jour. Là, c'est la Cie Antonio Gades qui m'attend...
18:07 Publié dans Blog | Lien permanent